Un visage, deux personnes @Hwang Nikita

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Bien au chaud dans sa veste polaire crème, les mains dans les poches et le bas du visage fourré dans son écharpe noire, Lukas avance tranquillement sur un chemin assez peu fréquenté à cette heure ci. Enfin si, par des adultes rejoignant d'un pas pressé un rendez vous ou certains ayant surement finit leur journée. Pas tout à fait l'heure de la fin des cours, lui semble-t-il en tout cas. Il n'est plus très à la page des horaires depuis qu'il a quitté les bancs de l'école et puis, ce n'est pas plus mal d'avoir un peu de temps pour lui même. C'était compliqué de gérer les cours et son ascension douce vers sa petite renommée. Heureusement, il n'était pas encore connu au point de se faire arrêter à chaque coin de rue, mais il était tout de même assez souvent reconnu maintenant. Evitant habillement les endroits où ses pubs étaient parfois déposées.

En entendant un bruit de pas pressé, Lukas s'écarte du milieu du chemin pour laisser passer une femme assez pressée. La regardant le dépasser, la suivant des yeux quelques secondes. Avant de remarquer quelques étudiants plus loin. Tiens, les cours devaient être finit pour certains. Ou peut être séchaient ils la fin de leur journée ? Ca le fait sourire un peu, amusé de se dire qu'il n'aurait jamais eu cette idée pour sa part. Trop attaché au fait de plaire à ses parents, de leur faire plaisir plus que de raison. En pensant à eux, il sort son portable pour envoyer un message. Quelques mots emplit de l'amour d'un fils pour ceux qui l'ont élevé et éduqué.

Quitter l'Australie avait été difficile, mais jamais il ne leur en a voulu. S'adaptant bien en Corée depuis le temps. Quelques amis, plus ou moins proches. Des découvertes étranges aussi et des sensations un peu bizarres par moment, mais rien d'alarmant en soit. Continuant d'aimer ses doux rêves et ses romans un peu trop fleur bleu. D'ailleurs, il avait bien l'intention de retourner fouiner dans cette grande librairie non loin d'ici. Ayant fait une commande pour deux tomes indisponibles au moment voulu, mais désirant aussi regarder quelques nouveautés qui pourraient faire tourner un peu plus son coeur de rêveur sensible. Aimer l'amour, c'était étrange. Du moins, c'était ce qu'on lui avait déjà dit.

Comment aimer quelque chose qui n'était pas réel ? Pas palpable.. Il ne saurait l'expliquer vraiment au final. Perdu dans ses pensées, n'ayant toujours pas reprit sa marche, il lève le nez vers le ciel d'un blanc presque grisonnant. Surement qu'il allait neiger prochainement. Ne se souciant même plus du fait que son visage soit totalement à découvert en cet instant. Ses cheveux blond laissés libre et légèrement secoué par la brise délicate de ce milieu d'hiver. Son regard éclairé par ses pensées pleines de rêves et d'espoirs. A aucun moment il ne songe que l'on pourrait le reconnaitre. L'aborder. Le prendre en photo dans cette situation un peu étrange.

Mais encore moins que l'on pourrait le prendre pour quelqu'un d'autre..

Un visage, deux personnes  @Wheat Lukas

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T’avais besoin de prendre l’air, de te sortir le nez de tes bouquins. T’en pouvais plus de suivre ces cours. C’était pourtant ce que t’avais toujours fait. Obéir pour faire plaisir. Jouer les bons garçons à la recherche d’un peu d’affection. Tu savais pas comment faire, pour reprendre ta vie en main. Pour avoir une conversation avec tes parents sur ton avenir. Tu parlerais à un mur. Personne ne t’écouterait. T’en avais conscience et c’était probablement ce qui te blessait. Le refus d’ouvrir les yeux sur ta détresse. Ils avaient minimisé ta souffrance. On disait que tu devais t’endurcir. Que la vie, c’était pas facile. Que des obstacles, y’en aurait toujours. C’était pas ce que tu voulais entendre. Pas quand tu trouvais plus la force de survivre.

T’avais que dix neuf ans, alors pourquoi tu t’amusais pas ? Pourquoi tu manquais d’énergie. C’était pas normal. C’était pas juste. Tu pouvais pas te permettre de finir à la rue. Et tu prenais des risque avec ce tatouage dans ta nuque. Si tes grands-parents l’apercevaient, ils te foutraient à la porte. T’étais déjà la honte de la famille en Russie, tu pouvais pas les confronter à tes problèmes ici. Tu soupirais, la fumée sortant de ta bouche alors que tu resserrais l’écharpe autour de ton cou. Quand tu levais les yeux, t’avais l’impression de reconnaître un visage familier. T’étais pas amis avec Loukas, mais t’avais l’impression de le comprendre. Que lui aussi, il jouait un rôle à l’université et qu’une fois la nuit tombée, il laissait tomber le masque.

Tu pressais pas pour le rattraper et c’était par reflexe que t’attrapais son bras pour le faire ralentir. « Loukas ! » Un visage familier, t’en avais besoin, pour ne pas perdre pied. Tu pensais pas une seconde que le garçon face à toi était quelqu’un d’autre. Ça te traversait même pas l’esprit. « T’es pas en cours ? » Toi non plus tu l’étais pas. « Tu veux qu’on prenne un café ? » Pour se changer les idées. Il était le seul à t’avoir vu au club ce soir là. Le seul à savoir que toi aussi, t’étais pas vraiment ce que tu prétendais être.