Les crix enjoués de la foule s'unissent en harmonie avec le déclic de mon appareil, braqué en direction du gardien de but étoile de l'équipe locale. Le spectaculaire arrêt effectué quelques secondes avant la fin de la deuxième moitiée du match était on ne peut plus important; Nick s'était ainsi assuré que son équipe s'emparre de la victoire alors que les dernières secondes s'écoulent au tableau indicatif. Trois à deux, la possible marque finale. Les chants scandent, faisant vibrer l'entièreté du stade, attirant tout le monde dans la frénédité des célébrations.

Il était bien difficile de ne pas laisser paraître mon évident biais pour FC Séoul; ou du moins, pour l'équipe de Nicholas. Ma présence ici n'est que strictement professionnelle, après tout. Quelques contrats de photographie sportive, quelque chose pour faire grossir les coffres bien que la nécessité n'y était pas. Maintes fois ai-je changé ma position, cherchant les meilleurs portraits, tentant de diversifier les sujets. Des photos de tout le monde, des photos d'action, de buts marqués et célébrations subséquentes. J'ai, toutefois, bien fait attention de terminer le match tout près du filet de Nick; pour finir le travail sur une bonne note surtout mais aussi, en quelque sorte, pour qu'il sache qu'il est supporté par des visages familiers.

Mon regard se dirige à nouveau vers le panneau indicateur, les sourcils froncés. Plusieurs années de « vie commune » avec Kazuya n'auront malgré tout jamais fait de moi une experte en football, encore moins en sports en général. Malgré les matchs télévisés auxquels il portait parfois un peu trop d'attention, jamais les règles et les subtilités du sport n'ont voulu s'installer dans un coin de mon cerveau. Ainsi, c'est confuse que je regarde ledit panneau indicateur, annonçant le temps additionel. Pourquoi les périodes ne se terminent-elles jamais au bout des quarante cinq minutes allouées? Mystère.

Appareil photo toujours à la main, je me concentre à nouveau sur le match visiblement non terminé. Trois minutes de temps additionel. Que trois minutes, me dis-je; mais il ne faut que quelques secondes pour approfondir l'écart ou, pire encore, l'éliminer entièrement. Soundainement, la nervosité s'installe en moi, même si un peu timide. Pourtant, mon ami fut solide tout au long du match; les deux buts qu'il a malheureusement accordés ne semblaient pas de tout repos à empêcher, ou même possible. Il avait enchainé les arrêts, certains plus routiniers, d'autre avec un flair qui lui est unique.

« Allez, Nick... » Il devait simplement garder le fort trois minutes de plus.