Ji Ah pensait pouvoir se libérer de Shi Heon en le faisant passer pour le méchant de cette situation, mais ce dernier semblait avoir plus d’une corde à son arc. Ses sourcils se froncèrent lorsqu’il mentionna une preuve tout en sortant son portable. « C’est des foutaises, il n’y aucune preuve. » À quel moment avait-il pu en avoir une ? Son regard glissa sur l’agent de sécurité qui ne semblait pas savoir qui croire, ce qui ne l’arrangeait pas du tout. « Ce type ment, il essaie de me faire passer pour la méchante. » continua-t-elle à clamer d’une voix (faussement) tremblante, mais les mots du jeune homme la fit plonger son regard sur lui à nouveau. Elle se tût, ses yeux exprimant clairement ses pensées injurieuses envers lui. Même si elle l’avait voulu, elle fût interrompue par le jeune homme qui passa son appel, commençant à parler à la police. La réaction de Ji Ah fût immédiate, elle tenta de l’arrêter, mais n’y arriva pas. « Putain, t’es vraiment un connard. » cracha-t-elle. Malgré les années, le coréen n’avait pas changé, toujours cette fichue balance prête à la dénoncer aux professeurs au moindre faux pas. Un sale gosse de riche qui n’avait aucune idée de ce que pouvait signifier réellement le mot survivre dans ce monde.  « T’as rien contre moi. ». La pickpocket voulait encore croire sur le fait qu’il lui mentait juste pour la piéger et lui faire avouer son acte, mais la jeune femme comptait bien camper sur ses positions.

Finalement, sous les paroles de Shi Heon, l’agent de sécurité prit le relais en la maintenant, ce qui lui valut un regard noir de la jeune femme. « Vous les hommes, vous êtes tous pareils. Solidaires entre vous dès qu’il s’agit de s’en prendre à une femme. Vous êtes vraiment des salauds. » À quoi bon continuer à jouer la pauvre victime alors que l’autre homme avait fini par décider de croire son ex-camarade de classe plutôt qu’elle ? Elle tenta de se débattre à nouveau, mais l’autre homme la tenait fermement de ses deux mains, elle tenta donc de vouloir lui écraser le pied, mais comme s’il s’y attendait, il l’écarta au bon moment. « T’es vraiment un enfoiré de riche. » Elle sentait chaque fibre de son être bouillonner de rage.  

Jusqu’au bout, Ji Ah ne lâchait pas l’affaire. Et c’était vraiment dommage pour elle puisque, si elle avait reconnu ses torts dés le début et saisit les opportunités que Shi Heon lui donnait, ils n’en seraient pas là à présent. Elle pouvait se débattre autant de fois qu’elle le voulait, elle pouvait riposter et l’accuser, cela ne l’atteignait guère. Lui savait qu’il n’avait rien à se reprocher et il ne comptait même pas sur l’argent pour se sortir de la situation ; il connaissait assez le milieu pour savoir comment gérer ce genre d’énergumène. « A ce que je sache, je t’ai donné plusieurs chances de te rattraper. Tu ne t’en prends qu’à toi-même. » Hors de question de la laisser filer alors que son métier était de faire régner l’ordre dans son pays. Certes, il ne comptait pas la mettre derrière les barreaux pour si peu, mais un petit avertissement ne lui ferait sûrement pas de mal. « Qu’est-ce qui te laisse croire que je n’ai rien contre toi ? » Il ne s’appelait pas Kwon Ji Ah et n’avait donc aucune raison de mentir dans de telles circonstances. Toutefois, si ça la rassurait de se voiler la face puis de rester braquée, grand bien lui fasse.

« Laissez là parler. » Souffla-t-il, n’ayant aucune peine à s’adresser à l’agent de sécurité, comme si la jeune femme n’était pas auprès d’eux et ne les entendait pas. « Ils réagissent tous de la même manière. » Bien qu’il traitait avec de plus gros criminels, il avait quand même eu plusieurs occasions de travailler avec la petite délinquance et, oui, ils se comportaient comme Ji Ah. Au lieu d’admettre leurs erreurs, d’avouer leurs délits, ils préféraient s’enfoncer, clamant ô combien la vie était difficile, et ils n’étaient jamais fautifs. Peu importait ô combien ils essayaient de cacher leur jeu, la vérité finissait toujours par éclater tôt ou tard, mais la fierté semblait les empêcher de s’exprimer avec sincérité. A son insulte, Shi Heon ne s’en formalisa pas, haussant simplement les épaules puis, après quelques minutes, deux agents de police arrivèrent enfin. Le lieutenant expliqua la situation de plus bel puis, avant même, que la demoiselle puisse riposter, il sortit son portable sur lequel se trouvait la vidéo concernée. Les hommes observèrent la jeune femme, prêts visiblement à lui faire la morale et l’emmener au poste, néanmoins l’autre garçon intervint pile à ce moment là. « Je ne compte pas porter plainte. Je m’en fous de l’argent également, si vous pouvez simplement lui coller un avertissement. » Et sur ses mots, Shi Heon se tourna vers la concernée afin de lui offrir un sourire en coin, un brin provocateur aussi. Cependant, Ji Ah l’avait cherché ; ce n’était pas faute d’avoir tenté de lui faire dire la vérité, un petit tour au poste ne lui ferait donc aucun mal. Le jeune homme s’inclina ensuite, les saluant d’un signe de la main avant de simplement s’en aller. Tout ça pour ça ? Oui, tout ça pour ça. Contrairement à son attitude immature d’autrefois, il n’avait pas fait cela pour l’embêter – il aurait agi de la même manière avec n’importe qui d’autres – c’était sa façon de la recadrer. Parce que, non, voler n’était pas un comportement correct et ce, peu importait les excuses qu’elle lui donnerait.

Qu’est-ce que le jeune homme pouvait bien avoir contre elle ? Ji Ah était loin de se douter que celui-ci l’avait filmé discrètement en train de fouiller son porte feuille pour prendre l’argent. Cette vidéo constituait une preuve accablante de sa malhonnêteté, révélant ainsi que depuis le début, oui, elle mentait. L’évocation de cette preuve sema le doute chez l’agent de sécurité, une attitude qui irrita qu’un peu plus la belle. Elle réalisa que les mots de Shi Heon semblait être plus crédible que la sienne, une démonstration d’une solidarité masculine dégoûtante qu’elle n’hésita pas à décrire comme telle. L’autre homme doutait d’elle, alors la jeune femme ne voyait plus l’intérêt de ménager se smots. Sans se soucier des conséquences, elle les insulta de salaud. Le Ahn n’avait pas changé d’un iota. À ses yeux, il était toujours ce même connard qu’elle n’avait jamais pu sacquer, une présence irritante qui avait toujours été sur son chemin depuis le lycée. Elle regrettait cette nuit passée avec lui, de ce moment charnel motivée par l’ivresse et un besoin de satisfaire ses désirs humains. Ji Ah regrettait d’avoir apprécié cette nuit.

La police ne tarda pas à arriver sans que la jeune femme ne puisse réussir à s’échapper. Lorsque le coréen exposa sa version des faits aux deux agents, Ji Ah tenta de répliquer, mais il l’interrompit en montrant quelque chose sur son portable… La preuve ? Le regard des deux autres hommes dans sa direction lui fit comprendre que ce qu’elle pensait être un bluff n’était en réalité pas un, mais bien la vérité. Ses poings se resserrent et sa mâchoire se crispa de rage en voyant le sourire satisfait qu’il affichait, semblait prendre plaisir à la voir contrariée à nouveau, à réussir une nouvelle fois à l’emmerder. « Tu me le paieras, Ahn Shi Heon ! » hurla-t-elle dans sa direction alors qu’il s’éloignait avec un attitude nonchalante agaçante. Les deux agents de police s’approchèrent pour l’emmener jusqu’à la voiture, elle resta silencieuse tout au long du trajet jusqu’au poste de police. Une fois là-bas, elle resta un instant assise, subissant une nouvelle réprimande concernant son comportement, ainsi qu’une leçon de moralité sur le fait que voler était mal. Des mots qui entrèrent par une oreille et ressortirent aussitôt par l’autre. Les remontrances ne l'atteignaient guère, car sa situation ne lui laissait pas d’autre choix que de mener cette vie. Elle s'en sortit avec un avertissement et une mise en garde claire : toute récidive ne serait pas tolérée. Elle acquiesça sans réellement penser ce qu’elle disait, désireuse seulement de quitter ce maudit endroit qui lui filait de l’urticaire. Une fois dehors, Ji Ah ressentit un mélange de colère et d’amertume, la prochaine fois qu’elle verrait le coréen, elle comptait bien lui rendre l’appareil. Oeil pour oeil, dent pour dent.