Don't ask anything boringsong || outfit ||  @Nae Hayan

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La musique bourdonne en fond, assez basse cependant pour ne déranger les conversations. Chacun vaque à ses occupations, plus dépravés et indécents pour les yeux innocents et un exutoire pour ceux qui désirent s’évader de ces moments tragiques. Sous les centaines de vidéos, de divers streams dans l’immense pièce. L’aquarium présente des êtres exotiques, qu’il observe quelques secondes avant de se tourner vers son amie d’enfance. Belle créature loin de sa propre réalité, quand bien même, il embrasse une voie différente, frôlant l’immoralité. Mais qu'en a-t-il à foutre, finalement ? « Pourquoi tu ne coupes pas les ponts avec ta famille ? Je l’ai fait depuis longtemps et je vis terriblement bien. ».

Point de vue différé, ne comprenant encore pas comment elle peut rester dans cette prison dorée. Il se sent nettement plus vivant entouré de ces corps lascifs, cette débauche qui vient écraser peu à peu les mentalités auprès des générations et balaient consciencieusement les puritains avides de garder leur position. Une décadence qui finit par se retourner contre eux : on préfère les écrans à la télé, on préfère les drames en guide d’information, on préfère alimenter la haine et la luxure que le romantisme fané et les dialogues de sourds. Que les traumas ressortent pour s’en échapper que se condamner à les encaisser. « Je ne te demande pas de finir comme les autres, mais au moins de vivre comme toi, tu le veux. ».

Sachant que sa porte sera toujours ouverte. « Tant que tu ne rejoins pas la sc et toutes leurs merdes. ». De la poudre aux yeux, écrasant les espoirs et anéantissant les chances. Il s’y glisse volontiers afin d’entraver les choix et les solutions qui n’aboutissent à rien. Des liens qu’il mord avec un geste déplacé pour mieux faire enrager. Il n’a rien de bon qui en ressort, mais encore une fois, il s’en fout complètement. « Vraiment, Yaya, ne traine pas avec eux, tu vas descendre de plusieurs étages et je ne veux pas que tu souffres à nouveau. ». Une perte est suffisamment lourde, pas une de plus.

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Les yeux observent la vie entre ces parois de verre, ces petits êtres nageant dans une eau à la température ambiante. Les jambes croisées, un coude appuyé sur son genou et son menton contre le dos de sa main. Une jolie moue fait ressortir son côté petite fille, un masque enfantin pour cacher un caractère plus explosif et tranchant. ‟ Pourquoi donc t'intéresses-tu autant à ma petite vie familiale ? „ Ses pupilles se déportent de l'aquarium à son ami, le toisant de ce regard complice. Ce n'est pas un jugement, il n'y a aucune arrogance dans sa voix. Elle aussi s'interroge, sur le pourquoi elle n'envoie pas tout balader. Dans le fond, la violoniste a peur des répercussions. C'est la richesse de sa famille qui lui permet de bien vivre. Que ferait-elle si elle venait à tout perdre ? À n'être qu'une parmi tant d'autres.

Au-delà des apparences et de l'argent, c'est une faille trop grande qui la retient dans cette cage. Un fantôme qui rôde dans sa psyché et l'empêche d'ouvrir la porte, l'emprisonnant au fin fond de son cachot. Comment veut-elle vivre ? C'est une question qui revient souvent et qui la hante. Libre ? Que veut dire la liberté ? Sortir tous les soirs dans des bars et s'enivrer jusqu'à perdre pied avec la réalité ? C'est ça, être libre ? Sa sœur est libre, elle n'a plus aucune contrainte, aucune crainte. Les mots acerbes de Woojin la font ricaner, un crachat haineux sur cette agence à deux balles. ‟ Qu'irais-je faire vers eux, de toute façon. „ Elle n'a pas besoin de leur aide, ni qu'ils viennent juger de son existence.

Hayan est trop fière pour réclamer de l'aide, quitte à se noyer dans cet océan d'affres et de désarroi. Une éternité déjà qu'elle a abandonné l'idée d'être sauvée, tirée de son désespoir. ‟ À nouveau ? „ À quel moment a-t-elle arrêté de souffrir ? Cette épine, elle n'a jamais quitté son cœur. Elle est toujours là, s'enfonçant un peu plus chaque jour. ‟ Respire, Jinnie, je ne vais pas fricoter avec eux. „ Enfin, c'est ce qu'elle dit aujourd'hui. Elle peut promettre de ne jamais se rendre dans cette agence, mais elle ne peut savoir qui travaille là-bas et s'ils sont vraiment dangereux pour sa propre santé mentale.

‟ Et pour en revenir à ta question ... Comment pourrais-je tout envoyer bouler ? „ Sa famille, les mœurs, la réputation d'un père ou la folie d'une mère. La culpabilité ronge déjà son âme, elle s'est immiscée par cette faille que son aîné a laissée. ‟ Même Ha Eun n'a pas réussi à le faire... „ Sa grande sœur, le spectre qui rôde à la nuit tombée quand le sommeil ne vient plus.

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Il trottine jusqu’à la jeune femme, posant les genoux aux sol et venant croiser ses bras sur l’accoudoir sur lequel elle se trouve, levant ses rétines sombres vers la princesse emprisonnée dans sa propre cage dorée. « Parce que tu te raccroches à elle, désespérément. Chacun de nous porte un poison, yaya. Il continue de s’écouler jusqu’à l’empoisonnement total, à moins de réagir à soigner le mal avant. ». On dirait un chiot devant sa maitresse, essayant de lui faire comprendre à quel point les clés de la liberté sont à portée de main. Ils proviennent d’univers quasiment opposés, aux mentalités différés et agissements, conduisant ainsi à ne voir le monde comme l’autre le perçoit. Toutefois, Vox est aujourd’hui dans un carcan qui lui permet certains de ses mots. Surtout envers son amie d’enfance.

« Tu sais que je serai toujours à tes côtés. Nombreux à la V. ent seront ravis d’être de ton côté également. Bon, évite de trop tourner autour de Val et Hadès est un tantinet… propre à lui. Mais tu pourrais faire tout ce dont tu as envie. Tu peux te débarrasser de toutes tes chaines, de toutes tes douleurs. Parole de meilleur ami. », déclare-t-il sous les yeux brillants de malice. Les deux savent que Woojin est un tantinet baratineur, s’étant entouré d’excentriques tout aussi hystériques que sa haine. Néanmoins, chacun sombre dans ses envies, suivis par les autres et jamais seuls. Ils sont sûrement détestés par beaucoup, mais qu’en ont-ils quelque chose à foutre quand ils vivent heureux et l’exclament à quiconque ? « Jamais, je ne vais t’abandonner. Je vis avec ma haine. Et toi, avec quoi vis-tu ? ».

Du chagrin. Sous ce monde hypocrite et propre aux déceptions. Il en connait certaines facettes et partage le quotidien de la belle dame depuis tant d’années qu’ils ne peuvent rien se cacher, ou presque. Vox a appris depuis le temps que le jardin secret et inévitable et la complexité féminine au-delà des interrogations. Il pose sa joue contre ses bras croisés, observant toujours celle au-dessus de lui. « Peu importe tes choix, tu auras quelqu’un derrière toi. Pourquoi continuer à vivre dans ton malheur quand tu sais qu’une porte de sortie est sur le chemin ? On ne pourra jamais oublier Ha Eun. Elle aurait voulu quoi, pour toi ? ». Certainement la même chose que lui.

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Ce poison s’écoule dans ses veines et empoisonne son âme. Ce qu’ils nomment de famille, des parasites contaminant son hôte pour le contrôler, bouffer sa cervelle et ne faire de cette carcasse qu’une enveloppe vide. Sans conscience, sans libre-arbitre. Ce n’est pas une famille, ce sont des gens qui ont décidé d’enfanter un jour et qui n’ont pas eu la chance d’avoir un garçon pour reprendre les rennes. Que des filles, des poupées bonnes à vendre au plus offrant pour ne pas faillir dans leur tâche de puissants humains au sommet d’un royaume construit sur le dos de quelques esclaves. Et elle, impuissante, effrayée, manipulée, contrôlable. La peur engourdit ses pensées, la réduisant à l’état d’un objet avec une valeur approximative, changeante, capable de passer de l’or à la pacotille.

Hayan sait, depuis la décadence de sa grande sœur, que cet univers n’a plus rien de magique, de prospère. Une prison aux barreaux épais, si proches qu’ils pourraient être des murs de fer. La violoniste ne tient pas à s’approcher trop près des amis de Woojin, ou avec quelques précautions sous les paroles admonestées de Vox. Si elle venait à tout foutre en l’air, une porte lui serait toujours ouverte. La brune retient ces mots, ceux qui lui font du bien au cœur. Un sourire en guise de réponse, de remerciement sincère envers les encouragements et la main tendue. ‟ As-tu conscience que tu me pousses à me rebeller contre ma propre famille ? Enfin, ceux disant être ma famille. „ Elle-même en a conscience et plus elle échange avec lui, plus elle ressent le besoin de mettre fin à ce supplice. Rendre son tablier, ne plus porter le poids de cette société hypocrite, abandonner comme sa sœur avant elle. Peut-être pas de la même manière, car il y a une chose qu’elle possède que son aînée n’avait pas… Un ami, un meilleur ami, un soutien, son pilier.

La peur de l’abandon et de la solitude rôde dans son ombre, lui susurrant toutes les atrocités qu’elle pourrait subir si elle perdait tout, si elle se retrouvait sans rien. L’enfant terrifié tremble en elle, se recroqueville dans un coin en sanglotant, terrorisé par un avenir incertain où personne ne serait là pour la soutenir, lui rappeler qu’elle existe. La question fait monter une vague de peine, frôlant sa psyché à lui en piquer les yeux et le nez. Avec quoi vit-elle ? Un fantôme, un chagrin si grand que n’importe qui ploierait sous son poids. ‟ C’est ça le problème, Jinnie… Je n’ai pas la sensation de vivre. „ Doucement, la fissure remonte et fendit son être, élargissant les failles déjà présente. Elle ne le dit pas, sa faiblesse, cette frayeur, cette impression d’être morte en même temps que sa sœur. Un appel à l’aide, un besoin d’échapper à tout ça, de vivre à nouveau.

‟ M’en ferais-tu la promesse ? Croix de bois, croix de fer ? „ Qu’il sera toujours derrière elle, à ses côtés, prêt à la rattraper si elle tombe dans le vide. Une lueur folle brille dans ce regard sombre, une jeune femme dont la démence guette la moindre faiblesse pour éclater au grand jour. Perdre la raison, s’arracher les poumons, s’écrouler telle une poupée de chiffon. ‟ J’ai peur. Ils pensent que j’ai tout et j’ai fini par le croire, au point d’avoir peur de tout perdre. D’être seule, sans rien, livrée à moi-même. „ Il lui dit être là, mais jusqu’à quand ? Quelle est l’assurance que son ami d’enfance reste pour toujours, sans briser sa promesse, sans faillir à sa mission ? Hayan n’est pas forte, elle s’en donne des airs pour survivre dans cet univers. ‟ Ha Eun disait que ce n’était pas pour toujours… Que ça prendrait fin un jour… Qu’il fallait s’accrocher, qu’il y aurait une sortie… Mais regarde-moi, Woo Jin, elle a abandonné. Elle m’a abandonné. „ Et elle s’effondre, un creux béant à la place de son myocarde. Les mains tremblantes qu’elle ramène à son visage, pour dissimuler l’émotion dans son regard, les larmes scintillantes au coin de ses paupières. Toute la peine se dessinant sur son faciès à la pensée d’une lâche, d’une sœur sans cœur, d’une âme déchue.

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« Oh, yaya. ». Ses pieds se dérobent pour venir devant les jambes de la jeune femme échouée. Ses bras viennent entourer la taille de celle qui s’écroule devant lui, la crainte étirant les tripes et les souvenirs chapardant le bonheur qu’elle ne semble pouvoir atteindre. Le menton sur ses genoux et la laissant se poser contre lui dans une étreinte tragique. De tout ce qu’elle vit depuis des années, quand bien même, il lui intime de tout rejeter. Rien n’est simple, lorsque tout espoir parait être enterré. Il ne comprend que trop bien ce désespoir qui la noie, sans avoir les piliers assez solides pour se relever. Ou, du moins, le penser. La solitude écrasante face au monde qui dévore sans scrupules, qui ne laisse que des gisements épais et collant, comme une boue impossible à retirer, plongeant dans l’ombre jusqu’à étouffer. Il n’a jamais pu compter sur sa famille, ses meilleurs amis comme boucliers. Mais elle ? Elle se retrouve quasiment, seule, dépouillée de toutes ses joyeusetés.

Et il geint légèrement pour qu’elle le regarde, qu’elle baisse la tête lorsqu’il la remonte pour être front contre front. Ces amis d’enfances. Sans fêlures. Jamais de disputes, rien qu’une amitié solide. « Tu sais que je serai toujours là pour toi, quoi que tu dises, quoi que tu fasses. Rien ne changera. Jamais. ». Et il en est persuadé, lorsqu’il croise les prunelles et lui dépose un sourire doux. Ses bras se serrent un peu plus, pour qu’elle ressente toute la chaleur d’un individu, qui ne se dérobera pas, qui ne partira jamais, il s’en fait la promesse. Rien de volontaire, en tout cas. Ils ont toujours été ainsi. Même quand il était au plus bas, des années auparavant et qu’elle l’avait ramassé sous la colère et apaisé sa violence. Quand il avait hurlé sa rage et jeter sa frustration sur les murs et les objets, avant d’aller dans ses bras sous les pleurs et le chagrin. Le carcan établit par la société, car cela doit être ainsi ?

Uniquement des foutaises. Des machinations et des mœurs qui se veulent bien pensantes et pratiques, mais qui parsèment tous et chacun dans un labyrinthique enfer, sans savoir comment se relever. Lui bafoue outrageusement tout cela, avec ses pépites ensanglantées, sous leurs désirs ardents et destructeurs. Il a choisi ce chemin, écrasant avec fracas tous ceux qui persistent à son contraire. « Si tu as la nécessité d’un toit, tu peux rester chez moi. Si tu as besoin d’argent, j’ai mes coffres-forts. Si tu as l’envie de présence, je suis toujours là. Si tu désires un travail, je t’en trouve un prestement. Rien ne t’est impossible, ma rockeuse. Tu demandes et tes désirs sont tes ordres. ». Il a toujours été souple avec celle qui n’est jamais partie. Petits, déjà, sous leurs chamailleries d’enfants, offrant un cocon. Parce qu’elle ne déçoit jamais, Hayan.

« Jamais, je ne t’abandonnerai. Et tu le sais. ». Jamais volontairement. Pas celle qui reste, qui sourit et l’encourage. Qui le dispute et le recadre, qui lui a permis de tenir et d’être ce qu’il est aujourd’hui. À son tour de l’aider, de l’épauler. Son amie d’enfance, sa meilleure défense, sa plus belle rencontre. Sa main remonte pour se poser contre sa joue, le pouce chassant les larmes qui veulent s’échapper. « Je ne partirai jamais. ». Elle le sait.