Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Attis   


Quelque chose le gêne, lui picote l’échine depuis des jours déjà, sous le mutisme plus profond de son petit frère – qu’il côtoie à peine d’ailleurs. En son être, un sentiment profond grouille comme les ténèbres l’appelant parfois, lorsque l’encéphale est violent et ne cherche que les infamies les plus terribles pour octroyer leurs maux. En baissant les yeux sombres, ses dessins sont griffonnés d’orbes noircis, tout juste reconnaissables, sous les pliures et traits tragiques pour l’issue, normalement emplies de couleurs et de beauté. Se mordant les lèvres, la silhouette se relève subitement, parcourant les pièces dans un fracas singulier, lui habituellement si calme et discret. Ses pupilles attrapent vivement d’autres fuyantes, coupant l’intervention par le bras levé. « Attend, At’. S’il te plait. ». Le ton est pressant, moins doux.

Il grimace sensiblement sous son manque de délicatesse, réduisant ainsi l’écart aisément pour se retrouver face à l’autre, bloquant par sa corpulence imposante. « J’ai besoin de te parler de quelque chose, on va dans ta chambre ? S’il te plait ? ». Adoucis, mais le timbre inquiet. Néanmoins, dans l’antre du plus jeune, pour qu’il ne se sente aucunement oppressé par la soudaine tournure de situation. Ensemble, ils se dirigent vers la chambre – Eros a attrapé la main de son frangin par la même occasion, le relâchant lorsqu’il se retrouve au milieu de la pièce. Il passe une main derrière la nuque, ne sachant comment développer ses propos.

« Est-ce… est-ce que tout va bien ? On ne se voit beaucoup en ce moment. Cela ne peut pas être avec tes projets, je ne te vois pas avec ton matériel. ». Trop attentif à l’autre pour rater ces détails, surprotecteur à bien des égards. Il se rapproche d’un pas, les bras légèrement tendus, comme s’il souhaitait l’envelopper dans ses bras. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? Peu importe. ». Il ne sait pas voir jamais, ce qui se trame dans le cerveau du brun et cela ne fait que croitre son anxiété. Quelque chose ne va pas.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Eros   
Le doute s'immisce dans ses veines, il remonte jusqu'à son cerveau et court-circuite ses neurones. Apathique, c'est ainsi qu'il se sent en ce moment, comme si son âme avait déjà quitté son corps. C'est toujours la même chose quand sa conscience se jette dans ce dédale de réflexion sans fin. À l'approche d'une date fatidique ou quand les cauchemars remontent avec eux tout un tas d'angoisses, de questions sans réponses. Il revoit ses parents, le jour de leur perte, mais aussi quand ils étaient heureux. Et il ne comprend pas. Pourquoi ? Comment ? À quel moment c'était plus facile de tout gâcher que s'accrocher ? Quand il tombe aussi bas, son moral flanche avec lui et une certaine obsession prend le contrôle. La part sombre de son être, celle qui ne veut pas croire à cette vérité qu'ils s'obstinent à lui donner. Un rapport sans preuve, une enquête à peine faite, un dossier bâclé.

La fatigue dessine des cernes sous ses yeux noircis par la sensation de tout perdre. Il se paume lui-même, entre une question et le fil décousu de sa propre pensée. Là où il n'est même plus sûr de se trouver. Égaré, tel un enfant dans un pays imaginaire. La carcasse se traîne, heureux du silence qui règne en ce lieu. Une paix rapidement dérangée par le fracas d'un second vivant dans ce logement. S'il voulait fuir son aîné, le brun rate son coup. Vite rattrapé, il se fige à l'approche de la carrure imposante. Bloqué, telle une biche face à une horde de chiens hurlants. ‟ Ai-je le choix ? „ Ainsi retenu, malgré l'inquiétude et la douceur de son frère.

Le choix, il ne pense pas l'avoir en sentant la main d'Eros tenir la sienne. Son regard est las, porté sur l'autre. Quelque chose lui dit que son comportement n'a pas échappé à son aîné, ni sa tête de déterré ... Depuis quand n'a-t-il pas fait une nuit complète ? Sans songes morbides, ni visite de quelques fantômes de son passé. Ses yeux se lèvent au plafond, ennuyé par la perspicacité et l'attention dirigé sur lui. ‟ Tout va bien. „ C'est sa seule réponse, car il ne sait que dire pour justifier son changement d'attitude soudain.

Eros approche, Attis recule. Un réflexe qui revient au galop chez le plus jeune, comme s'il retombait dans ses vieux travers. Il grimace, conscient de ne pas réagir comme il devrait. ‟ Rien. Il n'y a rien à faire, parce qu'il n'y a rien du tout. „ Et c'est ce rien qui l'énerve le plus. Hélas, les mots font office de barrière, mais les gestes trahissent l'agitation. Un regard fuyant, la torture de sa lèvre entre ses dents, les doigts qui agrippent son vêtement et serrent jusqu'à blanchir ses jointures. ‟ Tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi. Je sais me débrouiller tout seul, je n'ai plus quinze ans. „ L'âge où il a atterri dans sa vie, dans leurs vies.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Attis   
Un éclair de douleur passe dans ses rétines lorsque son petit frère recule lorsqu’il effectue un peu en avant. Il retint le chagrin entre ses tripes et s’immobilise fermement, refusant d’acculer le brun qui ne se sent pas en sécurité. Il peut le voir au regard, à la manière fuyante et le manque de regard, sous le mutisme et le refus de communication marquant. Il est habitué à ce qu’il parle peu, l’expression souvent inhibée de bien des manières, mais jamais aussi vigoureusement, comme s’il refusait catégoriquement qu’Eros se mêle de ses affaires. Il fronce les sourcils, les sentiments partagés à son égard. « Attis… », commence-t-il, la douceur un peu brisée par l’inquiétude et la tristesse. « S’il te plait. Tu sais que tu peux tout me dire ? Je ne ferai jamais rien contre toi, au contraire, si je peux t’aider, je le ferai. Tu le sais. ». De se condamner pour lui. De s’éreinter, s’esquinter s’il peut attraper un sourire ou une émotion. De s’effondrer ou parcourir les milliers de kilomètres pour emplir le myocarde qui renâcle.

Se débrouiller. Cela sonne comme une alarme dans le crâne du brun, qui le scrute avec une attention renouvelée, plus prudent dans le choix de ses mots. Et plus hésitant. « Je sais que tu n’as plus quinze ans, tu as bien grandi depuis. ». Il essaie, sous la taille similaire, se rappelant à quel point il n’est pas très grand alors qu’il est le plus vieux. « Mais ne m’empêche pas de prêter main forte à mon petit frère si le besoin est là ? Tu sors beaucoup et tu es fatigué. ». Il ne peut s’enquérir de ce mot : inquiétude. Par peur que l’autre ne recule ou se braque davantage et ne ferme définitivement les portes. Néanmoins, il ne peut pas être aussi souple qu’habituellement. Pas quand il scrute ses prunelles aussi détruites que les siennes. Il ne peut pas. « Même si tu n’as pas besoin de mon aide, d’accord. Juste, peut-être, me dire si quelque chose te tracasse ? ». Il se mord la lèvre, un sentiment coincé dans son ventre et dans sa gorge, qu'il refoule ardemment.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Eros   
Son propre prénom, prononcé de cette voix douloureuse, envenime doucement son encéphale et laisse une marque en son cœur émietté. Le garçon sait qu'il agit mal, que ce n'est pas une solution de reculer quand son grand frère veut s'approcher. Une part de lui voudrait tout lui dire, déballer son sac et le mettre face à la vérité. Face à sa vérité, celle qui l'obsède depuis une éternité. Néanmoins, l'autre moitié lui dicte de se taire, de ne pas vendre la mèche trop rapidement et de préserver les innocents. Attis est piégé, entre un désir sourd de sincérité et une envie déplacée de s'évader en silence. Tout est contradictoire chez lui, au point d'en devenir fuyant et froid, plus distant qu'au début de leur relation. S'il écoutait réellement la petite voix dans sa tête, cela ferait longtemps qu'il aurait tout renversé, tout détruit, tout délaissé.

Il n'aurait jamais dû dire les choses ainsi, de cette manière-là, mais il est trop tard pour reculer ou ravaler ses mots. Eros le caresse dans le sens du poil, en accord avec ses paroles. Oui, il n'a plus quinze ans et il a bien grandi, mais il y a forcément un "mais". Attis le sent venir, et il se replie dès qu'il l'entend. Dans son état, avec la fatigue, chaque mot sonne comme une accusation. Comme si son grand frère l'observait de trop, tout le temps, sans lui laisser l'espace qu'il désire. C'est étouffant, il suffoque dans ce petit monde qu'il ne reconnaît pas, dans cet environnement qui ne lui sied pas. Et c'est un supplice de faire l'impasse, de se dire que ça ira, qu'il n'y a pas matière à paniquer ou à s'énerver. ‟ Il n'y a rien. Qu'est-ce que tu ne comprends pas là-dedans ? „ Il s'agace un peu, secouant lentement son visage comme pour chasser tout le brouillard qui s'accumule là-haut. Il ne veut pas s'anesthésier lui-même, pour échapper à tout ça. ‟ Arrête de m'observer tout le temps. Ça devient lourd. „ Sa pensée dépasse sa parole, ou est-ce l'inverse, il ne sait plus. ‟ Je n'ai pas besoin de toi, ni de personne. „ Le cadet peine à faire la part des choses, surtout la bonne.

‟ Pitié, Eros, occupe-toi de tes affaires. „ Dit-il d'une voix suppliante, le désespoir dans les prunelles et l'agacement peint sur les traits de son visage éreinté. Il le repousse à nouveau, plus violemment, sans geste. Juste avec les mots, avec un ton plus dur, plus sec. Il ne veut pas que son grand frère s'en mêle, il ne veut pas non plus être ralenti ou dissuadé. Il ne veut personne à ses côtés, pour ne prendre le risque de perdre à nouveau ce qui lui est cher. Attis est blessé en son for intérieur, marqué à vie par une cicatrice qui ne guérira jamais. Une plaie ouverte, béante, qui suinte encore. Et ça le rend fou d'imaginer le pire, de revivre cet instant fatal de sa vie. En boucle, tel un supplice, une torture. Hélas, plus il fouille dans les vestiges de son passé, plus il se rapproche de cette version atomisée de sa propre personnalité. Et moins il assimile comment il doit se comporter.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Attis   
Chaque syllabe alourdit sa culpabilité, ce sentiment si écrasant, rampant jusqu’au dégout de soi qu’il éprouve depuis tant d’années. D’être trop présent, étouffant les choix et les envies de son petit frère. Il ne pensait pas être aussi intrusif dans le quotidien de l’étudiant. Est-il trop pesant dans ses demandes ? Trop prenant dans le calme ? Les questions se bousculent dans son crâne, bouillonnant dans ses veines et nouant son estomac. L’impression de déranger, de ne pas être à la bonne place, pas les bons mots et encore moins la raison d’être là. « Désolé. », dit-il, le timbre de voix suintante de regret. Il ne désire aucunement être un fardeau pour qui que ce soit, essayant toujours de faire de son mieux. Eros ne pensait être un problème dans la vie du brun.

Les craintes grimpent dans son cœur, pulsent de manière effrénée, cette dépréciation de soi, le besoin de montrer à son corps toutes les incertitudes et les ratés. Toutes ses fautes et ses erreurs, marquant de chaque striure pour se rappeler à quel point il est une erreur. Les cris répétés dans ses souvenirs lorsqu’il s’excusait péniblement, ravalant un haut-le-cœur pénible. La bouche s’ouvre à plusieurs reprises, sans concrètement savoir comment rebondir depuis le « je n’ai pas besoin de toi ». Plus douloureux que tout, fracassant son être dans un éclat de douleur. « Je suis désolé. Je ne pensais pas être aussi pesant pour toi. ». Sa peau le démange, là où les cicatrices peinent à disparaitre. Est-il si gênant ?

Est-ce le cas à chaque fois qu’il vient lui parler ? De déranger par ses demandes, ses intérêts, comme avoir un animal ou les cours d’arts ? De l’observer pour celui qui ne parle jamais, qui reste enfermé dans sa propre bulle. Ses bras entourent sa taille dans un geste instinctif, se protégeant de quoi ? Du mal qu’il cause aux autres sans le vouloir, la bêtise de penser qu’il fait bien quand il fait le contraire. Le manque de confiance en se molestant. S’il le dit, c’est que cela est le cas. Il fronce les sourcils, tout est dissipé dans son esprit, confus. Il ne désire pas laisser tomber en même temps, ses pensées lui hurlent n’être qu’un parasite, qu’il ferait mieux de disparaitre de la vie d’Attis, comme celles des autres. « Fais attention à toi, c’est tout ce qui compte, tu sais. », dit-il, la crainte d’en faire encore de trop.

Tout serait plus simple ainsi.
Pour eux, pour lui.
N’est-ce pas ?

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Eros   
La fatigue creuse des cernes immenses sous ses yeux, rendant son regard plus sombre et ennuyé. Dans cet échange, il se sent comme le méchant. À expulser sa colère sourde, à traduire son mal-être par des mots blessants, des actions récalcitrantes. Une inspiration lente, brûlante, qui consume son myocarde à la dérive. Il lui fait mal, Attis a conscience de le toucher de plein fouet en employant ces termes, en usant de ce ton accusateur. Ça se voit dans ses yeux, dans son âme qu'il aperçoit au fin fond de ses prunelles à la lueur de désespoir. Et il se mord la lèvre, fortement, jusqu'à sentir une pointe de douleur lancinante.

Il ne veut pas le blesser.
Il ne veut pas l'attaquer.
Il veut seulement le préserver.

Il n'a pas besoin de lui, c'est plus facile à dire que le contraire. Rejeter, pour mieux se protéger. Épargner, pour ne plus perdre. L'enfant se renferme sur lui-même, se recouvrant d'une infime pellicule pour former une bulle. Ainsi à couvert, pour ne plus penser à ce qu'il serait capable de faire pour éluder ses problèmes. Le brun sait qu'il est blessant, cette évidence se répète dans son encéphale depuis la minute où il a prononcé ses phrases. Elles font écho dans sa tête, ricochant sur les parois de son crâne. Ses pupilles restent figées sur son aîné, la bouche fermée et l'expression épuisée. Il veut pleurer. Crier. Frapper. Exulter. Tout envoyer chier.

Mais il n'y arrive pas.
Parce qu'il n'y a rien.

C'est impossible de le voir ainsi, croulant sous le poids des incertitudes et des craintes, sous la peur des échos et le rappel de soi-même. Lui-même s'enlise, ces sables mouvants l'engloutissent ... Et il ne veut pas emporter son frère aîné avec lui. Sa bouche se tord, une grimace traduisant à quel point la situation est inconfortable, ingérable. ‟ Arrête de penser à moi. „ Le ton est plat, las. Ce n'est pas lui le plus important dans l'immédiat, mais Eros. Qu'il cesse de s'inquiéter pour son cadet, quand lui-même ne parvient pas à se tenir droit dans ses baskets.

‟ Je sors. „ L'air est irrespirable, aussi lourd que du béton dans un lac. Attis détourne son attention du plus vieux, à la recherche d'un sac à dos. Celui de ses cours, qu'il vide maladroitement sur son lit, éparpillant un peu de sa vie sur ce matelas au drap tiré. Un semblant de vie, où il ne se retrouve pas totalement. Et ses rétines se perdent sur ses crayons, sur ses pochettes à dessin, sur cet univers qu'il a créé de toute pièce. Il étouffe. Il sent sa poitrine se serrer peu à peu, rendant chaque inspiration plus douloureuse que la précédente. Sa main remonte à sa poitrine, serrant son vêtement entre ses doigts tremblants. Il est à bout, crevé, épuisé, vidé. Sans réponse. Sans raison. Rien de plus que des souvenirs flous, d'une sensation lâche de n'être qu'un enfant indigne.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Attis   
Il se mord les lèvres sous les mots, se sentant comme un chiot frappé. Encore une fois, sous l’erreur de son jugement, de réaliser ce qu’il ne devrait pas. Il laisse presque un gémissement pitoyable s’expulsait de ses lèvres. « Tu es mon petit frère, c’est normal de penser à toi. ». De s’inquiéter quand il aperçoit les traces noirâtres sous les yeux de son interlocuteur. Il est tout aussi normal de vouloir connaitre les détails comme les habitudes dérives, que le silence se fait plus pesant et le refus plus virulent. Il ne saisit pas, l’artiste, mais comprend aisément qu’il n'a pas fait ce qu’il fallait. Se souvenant de chaque main levée pour une faute commise. Voir l’être dont il se préoccupe le plus sur cette terre se détourner fracture son cœur un peu plus. Il pourrait se mettre à genoux en s’excusant. Il pourrait joindre les mains en lui promettant de ne pas recommencer.

La main portée contre la poitrine sonne comme un coup de grâce chez le plus âgé, qui encombre la distance de ses pas et se retrouve contre le dos de celui qui ne s’y attend pas. Les mains tremblent, le désir ardent de couvrir ce petit corps du sien pour lui promettre que tout ira bien. Que le mal ne soit pas ici, que tout se passera bien. Mais il sent que cela ne fera que rendre le tout plus pénible. Attis ne veut pas qu’il le touche. Son frère ne veut pas le voir près de lui. Pas plus qu’entrer dans sa vie. Et pourtant, il serait capable de tout lui offrir s’il le lui demandait. Il dévaliserait le monde pour le voir peindre les couleurs de ses émotions. Il achètera à s’endetter des millions de tableaux pour le laisser étendre son talent. Il vendra tous ses biens pour offrir un confort mérité. Mais il ne veut rien. Si cela vient de lui.

Cela arrache son cœur de ce constat. « Fais attention à toi. Est-ce que tu préviens maman de ta sortie ? ». Celle qui s’échine pour tout ce qu’ils possèdent ici. Elle qui sourit toujours, qui les prend dans ses bras, qui leur chuchotent des mots d’amour d’une mère envers ses enfants. Elle-même inquiète depuis quelque temps, d’où son initiative. S’il ne peut plus l’atteindre d’une manière ou d’une autre, ainsi soit-il. Eros se pliera aux volontés de l’autre, même si cela le casse un peu plus. Même si cela lui fait atrocement mal à la poitrine. Ce dégoût de soi, d’être si peu important parce qu’il n’est pas méritant. Rongé par la culpabilité de ne pas être parfait. Et d’en être profondément désolé.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Eros   
Il n'y a pas de bon ou de mauvais comportement pour cette situation. Il y a surtout un garçon terriblement épuisé, qui ne parvient pas à accepter qu'on puisse vouloir l'aider ou le soutenir. Pire encore, un môme paumé qui a peur d'impliquer son entourage dans des histoires qui ne les concernent pas et qui pourraient leur faire du tort. Attis n'est qu'un gamin qui ne sait pas comment agir, ni prendre une main tendue. Eros n'a rien à se reprocher, il n'est pas coupable des actions de son cadet. Ce n'est pas lui qui le pousse à se renfermer, ce n'est pas non plus lui qui l'empêche de dormir. Tout vient de sa propre personne, de cette personnalité bordélique et instable, proche du craquage. Comme en cet instant, où son cœur est piégé dans un étau et que l'air se retrouve bloqué à l'extérieur, sans réussir à rentrer à l'intérieur. Il suffoque, sentant la panique rôder dans les parages de sa conscience en éclats, tel un vase brisé au sol.

Pourquoi tout devient si compliqué ? Pourquoi est-ce si pénible d'accepter ? Il pourrait s'effondrer si son aîné n'était pas là, prêt à le rattraper, à le réconforter. Attis sent sa présence, son étreinte, cette aura réconfortante malgré son égoïsme qui l'occulte. Et il se renferme un peu plus, par honte de le blesser, de le décevoir, de ne pas être le petit frère qu'il aurait souhaité. Chaque inspiration est une brûlure dans sa trachée, des charbons ardents à la place de sa salive. Il se consume de l'intérieur, partant lentement en fumée. Comme tout ce qu'il touche devient cendres, perdu à jamais. Un sanglot ébranle sa carcasse, secouant ses frêles épaules, mais il se refuse à fondre en larmes dans cette situation. Il s'interdit de capituler, de baisser les armes, de se mettre à genoux pour se faire pardonner.

La pression lui monte trop vite au cerveau et les mots sortent plus vite qu'il n'a pu les réfléchir. ‟ Ce n'est pas ma mère. „ Il le regrette. Chaque syllabe, l'intonation sèche telle une détonation. Il s'en veut de l'avoir dit, quand il ne l'a pas pensé. ‟ Ah ... Je ne voulais pas ... Dire ça ... „ Fit-il, la voix tremblante, les larmes au bord des yeux. Soudainement, Attis devient l'enfant faible et fragile, celui qu'il était après ce jour tragique. à sentir l'odeur du gaz dans chaque lieu où il se pose, à broyer du noir comme un gosse désemparé, à hurler dans l'espoir que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, un mensonge. Dans un mouvement désespéré, il ramène ses mains à son visage dans l'intention de se couper entièrement. Lui non plus n'est pas parfait, mais ce n'est pas le dégoût de soi qui le ronge, plutôt le dégoût de cette vie gâchée. Ruinée. Gazée. À se demander comme seraient les choses si tout ne s'était pas passé ainsi, de cette manière-là.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Attis   
Il se faisait sans nul doute des illusions.
Un peu plus chaque jour, ayant commencé à remplacer les ombres dansantes dans leurs rétines, ressentant toujours l’eau trouble parcourant leurs veines froidement. Il pensait que le temps aiderait à guérir, mais ce ne sera pas le cas. Tout ce qu’il peut entendre, ces mots que l’autre avait sûrement besoin de dire, lorsque la douleur est si palpable sous la surface. Rien n’est parti et encore moins maintenant. Eros, il perd de son éclat, si encore, en avait-il, un. Il économisait chaque instant de son temps pour mieux retarder l’inévitable. Il pensait véritablement être assez bien. Tout cela n’est-il qu’un gaspillage ? Il n’en avait jamais l’impression. Il a l’impression de s’écrouler un peu plus et que cette fois, personne ne sera capable de le sauver.

Les bras entourent la carcasse du jeune, qui engourdi la douleur là où lui n’en est aucunement disposé, piégé dans ses propres tourments. Le berçant doucement sous des caresses fraternelles, sentant le jour saigner là où les larmes leur font défauts. Le dessinateur ne le laissera jamais choir, ne connaissant la tempête qui règne dans le cœur de son jeune frère, ravageant les pensées et paralysant les membres. Pourtant, il dérivera de chaque vague pour mieux affronter les dangers, se noyant pour le sauver, s’écroulant pour l’apercevoir se relever. « Ce n’est rien, Att’. Ce n’est rien. ». Cela le tue un peu plus de constater à quel point il est inutile. Ce n’est jamais le bon moment, ni les bons mots. Ils ont si mal sous la surface, que peut-il faire pour entendre ce cœur battre un peu plus ? Qu’il soit heureux ?

Il ne lui souhaite que le meilleur, si désolé d’être problème d’une manière ou d’une autre, de le faire tomber ainsi. « Pardon d’avoir dit ça. J’ai débordé ». Parce qu’il se souvient, de ses conversations avec sa mère, lui demandant d’être là pour Attis. De le protéger et il s’y attache. Avant qu’il ne parte, que ce brunet puisse sourire comme il le faisait lorsqu’ils ne se connaissaient pas. Qu’il s’attache vers la personne qui sera capable de l’étreindre et de se sentir aimé. Avant qu’il ne parte, qu’il cesse de souffrir tant. Dans ses bras, le menton sur le sommet du crâne et ce seul barrage qu’il peut offrir, en espérant ne pas être encombrant. Que cela ne soit pas de trop. Jusqu’à ce qu’il soit remplacé. Pour l’éternité.

Sorry, i’m not perfect.   outfit  @Song Eros   
Il déteste l'impact des mots sur la psyché des gens, c'est la raison pour laquelle il préfère être mutique que bavard. Dès que les lèvres bougent et que la voix sort, il y a une chance sur deux pour que ce ne soit ni joyeux, ni agréable à entendre. Dans son cas et dans son état, le brun est certain que ses paroles seront mauvaises et détestables. Regrettables par ailleurs. Elles font mal, pour l'un comme pour l'autre, et il s'effondre lentement sous le poids de ce regret qui pèse une tonne. Les bras qui entourent son être ont l'effet d'un baume sur ce cœur meurtri, entaillé. Il voudrait hurler sa peine, pleurer toutes les larmes de son corps, insulter cette vie et peut-être même ce dieu qui s'amuse à la rendre plus compliquée que désirée. Hélas, il n'en fait rien. Bloqué contre cette carcasse, le plus jeune se contente de se renfermer sur lui-même en s'empêchant de céder à ce ressentiment écrasant.

Ce n'est rien, Att'. Ce n'est rien de plus qu'une vague à l'âme, qu'une sensation de mourir de l'intérieur, de ne pas être à sa place dans ce monde. Ce n'est qu'une impression de ne pas mériter la tendresse des autres, d'être coupable de la perte de ces deux êtres chers. D'être celui qui détenait les cartes, la lame plantée dans leurs dos. Et il ploie sous cette roche qui explose sa carcasse, s'accrochant désespérément à cette étreinte, à ces bras protecteurs qu'il a voulu rejeter avec colère et mépris. Il voudrait s'excuser, dire qu'il avait tort, qu'il a besoin de lui et de sa mère, qu'il ne veut pas être seul, qu'il voudrait revenir en arrière et corriger ses erreurs. Pourtant, rien ne sort, rien ne vient. Plongé dans son mutisme, la gorgée enflée et serrée, les membres tremblants et la poitrine douloureuse de vouloir tant pleurer.

Il ne comprend pas, les excuses de son aîné, cette manière de croire qu'il a fait quelque chose de mal quand il s'obstine à ne vouloir que son bonheur. Non, Attis ne pige pas les nuances chez son grand frère, mais peut-être que lui non plus ne parvient pas à saisir les siennes. ‟ Arrête. „ C'est trop pour lui, il ne veut pas entendre ces excuses qu'il ne souhaite pas recevoir de sa part. ‟ Arrête de t'excuser... „ La voix étouffée par l'enlacement, le visage enfoui contre le torse de son aîné. Un sanglot secoue ses épaules, ébranlant sa carcasse frêle. ‟ Tu n'as rien fait... „ C'est vrai, il n'a rien fait pour le blesser ou écarteler cet organe qui ne bat plus correctement. Attis renifle, refoulant ses larmes et repousse doucement Eros. ‟ C'est moi qui agis mal et c'est toi qui t'excuses... Ça n'a aucun sens... „ C'est lui qui devrait lui demander pardon, d'être égoïste et d'avoir autant de secrets à lui cacher. Il voudrait le mettre dans la confidence, l'avoir à ses côtés, mais il craint les répercussions et les interdits.