On dit toujours qu’il a pire que soi dans la vie. Mon ablation d’un sein. Je ne suis pas à plaindre contrairement à certains. Il a des personnes qui ont eu une lourde opération ou d’autres ayant perdu des membres. Toutefois, ma convalescence n’a pas été de tout repos. Déjà, la douleur n’aidait en rien. La douleur physique, mais surtout psychologique. Voir son corps aussi différent, se sentir aussi différente n’aide pas du tout à se sentir normal. J’ai perdu un sein à cause d’une maladie. Je suis guérie, semble-t-il, mais je suis toujours surveillée afin de ne pas récidiver. Je ne suis pas tout à fait rassurée. L’angoisse est toujours présente. Le stress de savoir, qu’un jour, je pourrais retomber malade est là. De savoir que le pire est à venir. De savoir que je ne serai peut-être pas au côté de ma fille tout au long de sa vie. Je suis démoralisée, déprimée. J’ai déjà parlé par précaution. On m’a déjà conseillé. Et ce sein manquant n’aide pas du tout à ma situation. Je ne me sens pas bien dans ma peau. Affreuse. La première fois qu’on m’a retiré le pansement, je n’ai pas osé regarder jusqu’à la prochaine fois. La seconde fois tout comme les autres, je me suis sentie dégoûtée. Quelle horrible cicatrice !

Toutefois, à mon retour à la maison, je n’ai jamais été aussi heureuse de goûter les petits plats de mon époux. Normalement, ça ne me ferait rien. Ni chaud ni froid. Depuis mon retour à la maison, c’était calme. C’était bien, agréable. Je pouvais enfin me reposer convenablement sans me faire réellement déranger. Ça, jusqu’au jour que monsieur puisse partir en voyage d’affaires. Pendant combien de temps ? Je ne me rappelle pas. Il m’a sûrement dit une date, mais je n’ai pas fait attention à sa réponse préférant m’occuper de ma fille ou de mes affaires. J’aurais pu le traiter mieux, mais j’ignore pourquoi je ne l’ai pas fait. Peut-être un automatisme ? Je ne sais pas. Cela dit, tout le temps de son absence, j’ai repris tranquillement contact avec mon amoureux. L’appelant, envoyant des sms, le visitant de temps en temps sans rien faire de si intime. Je ne me sens pas prête à me montrer à lui.

Malheureusement, une mésaventure entre nous m’a refroidi, encore. Plaignant que je ne m’offre pas à lui, sûrement mon époux s’occupe trop de moi le pourquoi et le comment je le délaisse. Jin woo s’occupant de moi ? Je n’ai jamais réellement posé cette question. J’ai surtout ri, bien sûr que non. En-tout-cas, cette jalousie ridicule m’a tourné vers ma fille où je suis assise à terre dans le son et elle, sur son tapis d’entraînement entourée de ses jouets. Je la vois se lever la tête et se mettre à quatre pattes. Sourire, s’exciter, rigoler. Elle recule, ça oui, à défaut d'avancer, elle se pousse pour reculer. J'imagine que ça ne tardera pas pour aller par en avant. Je souris, la contemple tout en réfléchissant. Jin woo est attentionné avec moi ? C’est vrai que sans lui, mes nuits sont écourtées. Sans lui, je n’ai pas de plaid sur les épaules lorsque je m’endors sur le canapé. Sans lui, je dois faire le repas. Sans lui, je dois faire tout, toute seule puisque je n’ai pas de bras supplémentaires pour m’aider dans les tâches. Sans lui, je me sens étrangement bien seule. Je n’ai pas ce sourire, ce calme et son silence. Je ne mange pas sa cuisine et je ne l’entends pas discuter avec notre fille. Oui, sans lui, cette maison est trop grande, vide. Je soupire finalement en me disant qu’il est plutôt attentionné, mais qu’est-ce que ça signifie ? Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage que la porte d’entrée s’ouvre. Il est de retour ? À peine, voyant sa présence, je vois du coin de l'oeil Ae jin s'écrier et aller en sa direction. Pardon ? Elle avance ?!

Je me demande pourquoi mon amoureux est si jaloux envers mon époux. Je me pose cette question et en même temps, je suis lasse de toujours me la poser. Je ne comprends pas cette petite obsession à son égard. Jin woo est différent contrairement à lui. Jin woo possède un calme immense dont Ae jin et moi avions de besoin. Quant à mon amant, il a mon cœur et mon corps, mais ça semble lui faire ni chaud ni froid. Est-ce qu’il souhaite me marier ? Ça aussi, cette question est dans ma tête. Hélas pour lui, avec son comportement d’homme jaloux et capricieux. Agissant comme un mec qui souhaite avoir le beurre et l’argent du beurre. J’ignore quoi penser de cet homme. Je dois me concentrer sur ma santé, ma convalescence et aussi me tourner vers ma fille. Peut-être que j’aurais les réponses à mes questions en me changeant les idées, pour le moment, je suis confuse.

Autant confuse du grand vide à la maison dont je ressens. C’est idiot. Jin woo est un personnage si discret presque fantomatique. On remarque très rarement qu’il est présent. Pourtant, on ressent un vide. Dans cette grande maison, près de nous. Lorsque je tombe endormie, j’ai normalement une couverture qui apparaît comme par magie ou je me retrouve dans mon lit. Mes nuits blanches ne sont plus autant nombreuses. La cuisine n’est plus aussi bonne lorsqu’elle n’est pas partagée. Il manque une présence. Un fantôme en question. Un fantôme où Ae jin apprécie beaucoup et s’endorme dans ses bras. Elle lui permet de sourire, rire et d’être épanouie. Un petit rayon de soleil. Pourtant, je me retrouve seule à contempler, jouer et aider ma fille au besoin. Cette solitude commence à se faire ressentir, ce que je trouve bizarre. Puis cette petite douleur de ma cicatrice, mais ça, c’est mon opération.

Une porte, une voix. Quand on parle du loup. Je tourne ma tête à la direction de la porte. « Bon retour. » Fis-je doucement en lui souriant poliment. Cependant, mon regard se tourne vers quelque chose de nouveau. Ae jin a arrêté de reculer à quatre pattes pour avancer ! Ça, en voyant son père. Je suis surprise et fière d’elle. « Mon dieu, Ae jin ! Bravo ! » Je la félicite de plus belle. « Elle vient tout juste ! Elle attendait appa, il faut croire. » Ça me donne un pincement au cœur, mais je comprends sa préférence. Jin woo est calme contrairement à moi. Je suis très souvent avec elle. « Une infirmière est venue pour vérifier si ma cicatrice soit belle et c’est le cas. Oui, ça va et toi ? » Lui révélais-je avant de me lever. « Veux-tu quelque chose à manger, à boire ? » Il a besoin de repos malgré son voyage. « Ton travail n’a pas été trop difficile ? »

Est-ce que je m’attendais que ma fille fasse ses premiers pas à quatre pattes ? Éventuellement, mais pas maintenant. Je jouais avec elle, je l'observais travailler fort afin de se maintenir sur ses quatre pattes et d’essayer d’avancer. Le reculons était là, mais je ne pensais pas qu'elle allait avancer rapidement en voyant son père. Enfin, l’homme qui l'a reconnu comme tel. Il aurait pu la refuser. Il aurait pu fermer les yeux et de ne rien faire. Étonnamment non. Lorsqu’il a reconnu, je suis restée sans voix et j’étais touchée par son geste. Il aurait pu me faire un coup bas, me poignarder et demander le divorce en sachant que ça ne vient pas de lui. Non. Jin woo est un homme tolérant et d’une grande gentillesse. Est-ce qu’un jour, je vais devoir parler d'Ae jin a son véritable père ? Je suis en train d’hésiter. Même si cet homme, je l’aime énormément, il a des points qui me font douter. Des points me rendent confuse. Voir cette vision de mon époux interagir avec ma fille est magnifique. Ae jin aime beaucoup ce père et ce dernier est merveilleux avec elle. Je trouve ça touchant, mon cœur fond sous cette vision et me donne envie d’avoir un autre enfant. Sauf que cette idée est chassée de mon esprit. Je refuse de retomber enceinte avec mon amant et je chasse encore plus cette idée d’avoir une relation autre qu’amical avec Jin woo. Jamais cela arrivera. En revanche, il ne faut jamais dire jamais, non ?

Je laisse père et fille ensemble avant de retourner pour ramasser les jouets de la petite. Laissant la féliciter, la bisouter pour la énième fois. Je fais attention pour ne pas forcer inutilement à cause de mon opération. D’ailleurs, cette idée, de posséder uniquement un sein me dégoûte de plus belle. J’ai l’air difforme sans offenser personne. Je me trouve horrible. Je soupire doucement avant de terminer de ramasser les jouets et de déposer à leur place. « Non, je n’ai pas mangé. J’allais préparer le repas. » Fis-je en le regardant et en souriant doucement. Sur ces mots, je ne suis pas plus surprise qu’il ne peut rien me dire sur ces futurs projets. Ça ne me dérange pas, bien que je suis curieuse. Quant à mes dossiers, je ne peux rien dire, secret professionnel. Alors, je le comprends sur ce sujet. Cela dit, je suis surprise des souvenirs ; « Pour moi aussi ? » J'arque un sourcil avant de m’approcher de lui. Souriant légèrement avant de prendre son menton : « Pour le repas, tu m'invites au restaurant ou tu veux goûter à ma cuisine ? » Je rigole avant de donner un bisou à ma fille et d’aller à la cuisine. Fouiller pour déterminer ce que nous mangeons. « Si tu veux, tu peux prendre ta douche le temps que je prépare le repas. »