La mission avait été intense, plus que ce dont Shi Heon aurait imaginé et, bien qu’il avait tenté de prendre sur lui, ça n’avait pas été facile. Parce que peu importait les années écoulées, le traumatisme restait toujours fermement ancré dans son esprit, les souvenirs du mauvais moment passé le piquant, le hantant et le faisant trembler de l’intérieur. Il avait beau être fort et courageux, il avait ses faiblesses et se retrouver enfermé trop longtemps, dans un lieu étroit et restreint, faisait partie des choses qu’il ne supportait plus. Non, il ne le montrait jamais et, comme souvent, il prenait sur lui pour ne pas laisser les pensées négatives le dévoraient, pour se concentrer sur autre chose, cependant ça n’effaçait pas moins les difficultés éprouvées. A chaque fois que cela arrivait, il peinait à respirer correctement, il devenait plus silencieux – bien que cela donnait souvent l’impression qu’il était juste concentré – et il tentait d’atténuer ses mains tremblantes par lui-même, sans jamais laisser son état influencer l’enquête. Probablement que si son mal-être venait aux oreilles de ses supérieurs, on l’obligerait à rendre des comptes, on l’empêcherait de résoudre certaines affaires ou, pire encore, on lui demanderait de rendre son badge. Donc, il préférait se taire sur le sujet, se soignant comme il le pouvait de son côté et se faisait toujours suivre par un psychiatre. S’il n’y avait que la claustrophobie, certainement que sa condition ne serait pas aussi dérangeante toutefois, malheureusement, il y avait aussi ses voix qu’il entendait, lorsqu’il s’y attendait le moins.

Un soupir traversa ses lèvres alors que, adossé contre un mur à l’extérieur, il profitait de quelques minutes de pause pour se droguer à la nicotine. Shi Heon n’était pas un grand fumeur ; en réalité, il ne fumait pratiquement jamais, que dans de rares occasions. Le plus souvent, c’était comme aujourd’hui, lorsqu’il avait besoin de décompresser, de souffler après une dure journée puis s’aérer l’esprit. Parfois, c’était uniquement par pure envie, ou en soirée entre potes, cependant il n’abusait jamais, se contentant d’une ou deux cigarettes. Pas plus. La porte de l’entrée du commissariat s’ouvrit, le motivant à détourner son regard, pour observer son coéquipier qui lui tendait un café. « Hum ? » L’interrogea-t-il, le sourcil arqué, quelque peu perplexe par sa question. Pourquoi aurait-il besoin de parler ? Il n’était pas nécessaire de réfléchir trop longtemps, ses collègues avaient probablement encore parlé. Le garçon ne le leur reprochait pas, il les comprenait, puis il savait que ce n’était pas fait avec une mauvaise intention ; on s’inquiétait pour lui sans qu’il ne réclame quoi que ce soit et, d’une certaine manière, il les remerciait pour ça. Cela lui permettait de savoir que, si un jour il en éprouvait le besoin, il pourrait compter sur ses coéquipiers. « Ne t’inquiète pas, je vais bien. » Le rassura-t-il dans un sourire sincère ; maintenant qu’il était dehors, il allait beaucoup mieux donc ce n’était pas un mensonge. « Merci pour le café. » Sur ses dires, il leva son gobelet, non pas sans les accompagner d’un clin d’œil, fidèle à lui-même. Shi Heon était cet officier toujours professionnel, mais toujours aussi un peu farceur, particulièrement sociable et attentif aux personnes qui l’entouraient. Contrairement aux bruits de couloirs, il n’allait pas mal ; il avait été chamboulé par les évènements, oui, cependant il s’en remettrait. Comme à chaque fois. « Et toi, comment tu vas ? » Demanda-t-il, après avoir bu une gorgée de son café, en profitant ensuite pour prendre une bouffée de nicotine et la recracher. Sa question n’était pas posée pour fuir le sujet le concernant, le jeune homme n’avait nullement besoin de ça, il était sincèrement curieux de l’état de son camarade. Tout n’avait pas été simple pour ce dernier, cela l’était encore en ce moment et, comme il l’avait promis, il souhaitait être là pour lui.