Euphoria song || outfit
 @Song Attis

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C’était un jour de plus sans lui. Un jour rayé sur ton calendrier. 1767 jours. Un infini dans lequel tu t’étais perdu. Tu te demandais ce qu’il était devenu, où il se trouvait. Tu l’imaginais à côté de toi à la bibliothèque de l’université, à une table du café dans lequel tu travaillais. T’avais jamais réussi à oublier. A tirer un trait sur ce que vous aviez. Sur un regard d’enfant qui t’avait permis de grandir. Tu continuais de vivre, d’avancer, mais dans un coin de ta tête, il y avait toujours cette image. Un « vous » que t’avais cru inébranlable. Tu soupirais doucement, la fumée sortant de ta bouche. Tu ressemblais pas aux filles de magazines avec ton bonnet et ton gros sweatshirt. T’avais pas les moyens de te payer des fringues de marques. Dans le fond, t’avais jamais cherché à plaire. Les relations, c’était secondaire. Toi t’étais trop concentrée sur tes études et une façon de gagner assez d’argent pour réaliser ce rêve fou qui te poussait à te battre depuis plusieurs années.

Tu frottais tes mains, pour les réchauffer. Tu devrais être en train d’étudier avant de prendre ton service au café, mais t’avais besoin de t’aérer l’esprit. Besoin de t’éloigner de cet appartement dans lequel tu passais la plupart de ton temps libre. Ta mère, elle continuait de se tuer au travail et t’avais pas cessé de jouer son rôle. D’éduquer ton frère qui entrait dans l’adolescence et te rendait complètement dingue. Peut-être que tu pourrais t’autoriser un petit chocolat chaud ? Mais tu refusais de piocher dans tes petites économies. Même dans les moments difficiles, tu restais drapée dans ton optimisme. T’étais pourtant pas du genre à croire au miracle. T’avais simplement confiance en toi, en cette vie dans laquelle tu comptais te vautrer pour n’en louper aucune miette.

Tu frôlais une épaule. Un passant dans la rue. Pas n’importe qui. Tu le savais parce que ton corps entier réagissait. Un frisson qui faisait trembler jusqu’à l’échine. Un frisson qui ne trompait pas tes souvenirs. Ça t’était souvent arrivé. De le rêver au milieu de la foule. Tu tournais les talons pour saisir son bras, pour l’arrêter avant qu’il ne s’évapore à nouveau. Peut-être que tu t’accrochais à un inconnu. Peut-être que t’allais passer pour une cinglée. Tu tentais le tout pour le tout. « Li Wen !!! » Il n’était plus un petit garçon, mais son regard, il perforait ton âme.

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 @Kim heiran

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Toute sa vie est un joyeux bordel. Elle manque de sens et d'intérêt, comme si ses parents avaient tout emportés avec eux. Attis a eu la chance d'obtenir une deuxième chance alors qu'il se retrouvait seul, du jour au lendemain. Ces gens sont entrés dans sa vie, ils l'ont relevé et épaulé, lui permettant de vivre à nouveau. Normalement. Aussi normalement qu'un jeune homme de vingt ans avec des traumatismes peut vivre. Si au départ ce n'était pas facile à surmonter, les choses sont devenues plus abordables par la suite et au fil des années. Déjà plus de cinq ans qu'ils ne sont plus là, cinq années où il ne comprend plus rien à sa propre histoire. Pourquoi ? Comment ? Il ne cesse de s'interroger sur les raisons ayant poussé ses parents à commettre un tel acte ... Et il n'en trouve aucune. Malgré les dettes, le manque de moyens, la pauvreté, ils pouvaient encore s'accrocher. Leur fils était prêt à tout pour aider, quitte à travailler à côté de ses études, à dormir peu, à se tuer à la tâche. Hélas, il n'a rien pu faire pour eux, ni pour lui-même.

Le brun se cloître dans sa bulle hermétique, ses écouteurs dans les oreilles et une musique classique à fond pour ne plus rien entendre du monde qui l'entoure. Son visage est toujours marqué par la fatigue, le manque de sommeil, les insomnies récurrentes, les cauchemars qui n'en finissent pas. Avec ses recherches, son envie de découvrir la vérité, d'obtenir des réponses, Attis dort encore moins et subit davantage de mauvais rêves. L'enfant s'enfonce de plus en plus dans cet état catastrophique, à moitié déconnecté de la réalité et à moitié dans son passé. À naviguer sur ces flots déchaînés, sur un radeau qui prend l'eau et coule progressivement. Plus le temps passe, moins il est sûr d'arriver à trouver quoi que ce soit.

Sa carcasse avance, mais son esprit est ailleurs. Ses jambes le mènent dans une direction, tandis que sa psyché voyage à des millions de kilomètres d'ici. Quand il sent une main attrapée son bras et l'empêcher de continuer. Par automatisme, le Chinois retire un écouteur de son oreille, au cas où quelqu'un lui adresserait la parole. Ses yeux s'écarquillent à l'entente de ce nom, celui qui était sien à une époque lointaine. Et il reste figé sur place, paralysé, sans le moindre mouvement. Même s'il a grandi, qu'il a déménagé, qu'il a changé d'identité, Attis ne peut oublier qui il était par le passé. ‟ R-Ran ? „ Fit-il, sous le choc de cette rencontre hasardeuse. Ran, Heiran, son amie d'enfance, sa meilleure amie jusqu'à ses quinze ans. Le souvenir de la petite fille s'était évaporé avec la mémoire qu'il gardait pour son père et sa mère, rangeant tout ce beau petit monde dans une boîte de Pandore.

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 @Song Attis

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Tu mettais un pied devant l’autre, le regard vers l’avenir même si ton cœur était resté dans le passé. C’était pas qu’une histoire de gamins. Une amitié qu’on oublie. Si t’étais là aujourd’hui, c’était grâce à ce petit garçon qui avait été le premier à te tendre la main et à sécher tes nombreuses larmes. T’avais grandi mais ta sensibilité était toujours aussi intense. Il suffisait d’un instant émouvant dans un film pour te faire pleurer. Un animal blessé. N’importe quelle situation triste. T’en avais fait une force. T’avais pas honte et t’en avais besoin pour évacuer tous les sentiments qui te submergeaient. Tu faisais confiance à la vie, même si elle ne t’avait pas vraiment gâtée. Li Wen il avait sa place dans un coin de ta tête. Ça t’empêchait pas d’avoir des amis, des relations importantes. Mais ça serait jamais pareil. Parce que son âme sœur, on ne la rencontrait qu’une seule fois. Le ticket gagnant, tu l’avais tiré avant qu’il ne t’échappe.

Tu pensais d’abord à une hallucination quand tu pensais l’avoir reconnu. Après toutes tes recherches infructueuses t’avais du mal à croire qu’il pourrait apparaitre au coin d’une rue. Les premières années, tu dévisageais chaque personne que tu croisais dans l’espoir de le reconnaître avant de lentement abandonnée cette technique qui te prenait beaucoup trop d’énergie. T’étais paralysé quand il prononçait ton nom d’une voix plus grave que tu l’avais imaginé. Tu clignais des yeux plusieurs fois, tes doigts toujours enroulés autour de son bras. T’avais besoin d’un peu de temps pour réaliser. Pour comprendre. Et puis tes paumes trouvaient ses joues pour les presser doucement. « C’est bien toi ! T’es réel ?! » C’était toi que tu devrais pincer pour vérifier. Le cœur en pagaille, perdu entre la surprise, la joie et une partie de chagrin, tu sentais les larmes rouler le long de tes joues. Des torrents que tu pouvais plus retenir. Là, en plein milieu d’une rue.

T’avais toujours imaginé, ce que tu ressentirais si t’avais la chance de le revoir. Tout ce que tu lui dirais. Maintenant que tu pouvais le toucher, plus aucun mot ne sortait de ta bouche. Trop choquée pour parler. Tu te contentais de pleurer comment l’enfant que t’étais cinq ans plus tôt.

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 @Kim heiran

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Le choc dû à la perte de ses parents l'avait plongé dans un état second durant des mois, peut-être même des années. Son cerveau avait déployé un système de sécurité bien connu, occulter la plupart des souvenirs pour permettre au corps de ne pas s'effondrer avec le reste. Ainsi, il a mis de côté toute sa vie d'avant, ses amis, ses voisins, jusqu'à la moindre petite chose qui composait son monde. Rangé dans une boîte, comme il le fait souvent pour ne pas souffrir des souvenirs, des images d'un temps passé et dépassé. Son changement d'identité l'a bien aidé à éloigner les réminiscences, à les laisser devant cette porte close pour ne pas qu'elles viennent déranger son nouveau cadre de vie. Li Wen semblait avoir disparu avec ses parents, mort et enterré, comme eux. C'est ce qu'il se dit souvent quand il rechute, quand le battant s'entrouvre pour débloquer des mémoires archivées ou ce qu'il pensait être archivé. Ce n'est pas évident de vivre autrement, de se comporter différemment, de ne pas être lui pour survivre.

Et cette main, qui l'attrape, le retient. Ce lapse de temps où le sable se fige dans le sablier, rendant l'instant plus intense qu'il ne devrait l'être pour n'importe qui dans ce monde. Car ce n'est pas n'importe qui, cette personne qui vient de l'intercepter. Attis pense halluciner, il ne veut pas croire l'information que son cerveau lui envoie, et pourtant, il ne peut faire autrement que l'accepter quand ce surnom quitte ses lèvres. Il est surpris, un brin choqué par cette apparition soudaine. Jusqu'à grogner légèrement quand celle-ci vient saisir son visage en pressant ses joues, lui donnant certainement un air affreux et enfantin. Le brun tente de retirer les mains sur son visage, mais il ne parvient qu'à les poser sur celles de son amie d'enfance.

Ses larmes l'interpellent, elles le paralysent sur place. En toute honnêteté, Attis n'a jamais imaginé ses retrouvailles avec Heiran, car son encéphale l'avait éjecté violemment pour se protéger. Son psychiatre lui dirait que c'est normal, qu'il fait son possible pour vivre sans chuter à la moindre pierre sur sa route... Cependant, c'est un crève-cœur pour lui de réaliser qu'il avait complètement rayé la jeune fille de son existence. Son corps réagit avant sa conscience, il détache les mains d'Heiran pour venir la prendre dans ses bras, en douceur, pour ne plus la voir pleurer. Il s'en veut subitement, comme si son être ressentait un manque de ne plus éprouver une petite part de culpabilité. Ça l'épuise de le garder en lui, ce sentiment douloureux et lourd, qui pèse sur ses épaules, son cœur et sa conscience. Il voudrait vivre sans, ne plus jamais s'en vouloir pour telle ou telle chose, juste vivre normalement comme tout le monde. ‟ Chut ... C'est bien moi ... „ Attis pensait la fuir à la première seconde où elle apparaîtrait devant lui, mais il faut croire qu'il avait tort.

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 @Song Attis

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C’était un rêve. T’avais peur que ce le soit. De te réveiller en te rendant compte qu’il n’était toujours plus là. Que malgré tes recherches, tu n’avais rien trouvé sur sa disparition. T’aurais pu traverser le monde pour le retrouver, dépenser tes économies. Mais t’avais aucun indice et ça te rongeait l’estomac, de courir après son fantôme. T’étais obligée de le toucher, de presser ses joues pour accepter sa présence. Il n’avait plus l’air d’un enfant. C’était son regard, qui t’avait percuté. T’aurais pu le reconnaître au milieu d’une foule. T’étais sous le choc, abasourdie, submergée par la joie et la peine que t’avais encaissé durant trop d’années. C’était trop pour ton cœur malmené, et les larmes, tu ne pouvais pas les retenir. Des larmes de gamines qui ne t’avaient jamais vraiment quitté.

T’avais tant de questions à poser, tant de temps à rattraper. Cette boule douloureuse au fond de ta gorge te privait de paroles. Tu restais là, à pleurer comme une enfant, sous le regard des passants. Tu te fichais bien de ce qu’on pensait de toi. Li Wen était là, c’était tout ce qui comptait. Tu sentais la chaleur de ses bras t’envelopper, ce sentiment de sécurité qu’il t’avait toujours apporté. Tu t’agrippais à lui de toutes tes forces, terrifiée à l’idée de le voir disparaître. Tu lui en avais voulu. Longtemps. Cette incompréhension qui te torturait l’esprit. Les questions restées sans réponses. Le silence. « T’étais où ??? Je t’ai cherché partout !! » C’était tout ce que t’arrivais à dire et à répéter entre deux sanglots. T’étais sur le point de t’écrouler.

Tes jambes tremblaient. Tu voulais pas le faire fuir, mais t’avais besoin de savoir. Est-ce que t’avais fait quelque chose de mal ? Pour qu’il ne réponde pas à une seule de tes lettres. « J’ai cru que…t’étais mort. » que tu bafouillais en reniflant les joues toujours inondées. Il avait l’habitude lui. T’avais toujours été une pleurnicheuse. Certaines choses n’avaient pas changé.

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 @Kim heiran

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Cette sensation est vraiment étrange, celle de ressentir une certaine chaleur se développer dans son coeur, quand ce dernier n'était plus que glace et vide intersidéral. Heiran est telle une luciole flottant dans le noir et qui vient se poser proche de cette carcasse sans vie. La conscience du garçon est stimulée par les souvenirs d'un passé qu'il pensait avoir oublié, effacé. Des réminiscences surgissant uniquement dans ses cauchemars et dans ses nuits agitées, pour lui rappeler sa culpabilité d'être vivant quand ses parents ne sont plus de son monde. Et quel phénomène impensable d'apercevoir cette lueur scintillante dans son univers sans étoiles, sans lune. Attis la capture, avec la tendresse d'une étreinte et la délicatesse d'une caresse pour ne pas que les pétales se détaches de leur centre.

À quand remonte la dernière fois où il a enlacé son amie d'enfance dans ses bras, tout contre son cœur ? Une éternité. Un temps oublié, qu'il se remémore lentement en sentant la prise de la jeune fille. Elle se raccroche à lui comme elle l'a toujours fait depuis le départ, telle une naufragée agrippant sa seule bouée de sauvetage pour ne pas sombrer dans cet océan destructeur. ‟ Calme-toi. „ Le brun reçoit la tristesse et la détresse de sa cadette en pleine face, lui martelant le dos d'une multitude de lames de couteau. Il se sent coupable de l'avoir laissé à son ancienne vie, pour mieux fuir vers une nouvelle. Elle n'est pas mieux, ni plus belle, mais elle était tout ce qu'ils pouvaient lui offrir pour ne pas s'échouer dans sa folie.

Le mot qu'elle utilise se répercute douloureusement dans son crâne, avec l'effet d'une bombe atomique éradiquant une ville entière et ses alentours. Mort. Elle l'a cru, comme elle a dû savoir pour ses parents. Et l'enfant qui hurle en lui cherche à s'éveiller, à vouloir se détraquer, mais l'adulte qu'il doit se forcer à être aujourd'hui le repousse, ne lui cédant aucun millimètre de son chemin. ‟ Ça va aller ... Je suis là... „ Il suffoque lui-même, la respiration courte et le cœur serré. L'idée qu'elle l'ait cru mort fait remonter à la surface une tonne de souvenir enfoui, enterré sous les grains de sable d'un désert aride. Et il a peur de ne plus être capable de sécher ses larmes, ni de la bercer dans ses bras, quand les démons reviennent lui murmurer à l'oreille qu'il ne serait pas non plus capable de la sauver, elle.