Caché par les nuages de la nuit noire.. @Kang Nattawin Sky

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J'ai mal.. Si mal encore. Ce besoin d'échapper à mon appartement. A la vision de nos photos, de ses mots, de ses souvenirs. Pourtant, il ne pourra jamais quitter mon coeur ou mon esprit. Je le sais. Et ça me fait un mal de chien. Serait ce trop difficile de simplement me permettre d'oublier ?

Un pull et une veste en jean sur le dos, tête baissée et coeur emplit de douleur, Shi Bao traine ses pieds sur le chemin du parc. Son visage sillonné de larmes. Heureusement, le ciel est sombre, sans étoiles, sans lune. Les nuages cachent tout, comme s'ils savaient pour sa peine et voulait lui laisser la pénombre pour se reposer. Portable laissé dans son appartement, ordinateur encore ouvert sur ce fond d'écran de son petit ami et lui riant ensemble.

- Pourquoi tu as fais ça..

C'est un souffle. Une plainte. Ses doigts venant serrer son pull au niveau de son coeur. Partit trop vite, le pas trop rapide, le palpitant trop agité. La douleur n'est plus seulement psychologique, mais aussi physique. Souffle entrecoupé, ses jambes tremblent et ses genoux viennent toucher le sol.

J'aurai préféré mourir dans ce lit d'hôpital que devoir vivre sans lui. C'est tellement injuste de l'avoir fait sans m'en parler. D'avoir offert ce que je voulais de son vivant. Est ce que c'est le vent qui vient me refroidir ou juste ce vide à l'intérieur de moi qui se propage..? J'en suis même plus certains en cet instant. Peut être que c'est chez Tao que j'aurais du aller.. Mais, je le dérange si souvent aussi. Je ne voudrais pas qu'il croit qu'il n'est là que pour me réconforter. Le son de son violon est toujours si apaisant.

Un sanglot propagé par la brise hivernale nocturne. Ses bras qui se replient sur le banc et le visage caché dans sa veste. Son coeur pleure et saigne. Sa douleur l'envahit et son souffle toujours aussi court brûle sa gorge autant que les larmes qui s'échappent de ses paupières closes.

caché par les nuages de la nuit noirefeat. @WEI SHI BAO

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La nuit, c’était son moment préféré. Se balader seul dans les rues à peine éclairées, dans un silence presque complet, son chemin illuminé par les étoiles et la lune. Quelques années auparavant, il aurait été accompagné par son fiancé, leurs pas en harmonie et leurs mains entrelacées. Désormais, il déambulait seul. Il marchait parfois pendant presque une bonne heure avant de trouver un endroit où se poser, profiter de l’anonymat qu’apportait l’obscurité. Aujourd’hui, ou plutôt ce soir, il était encore une fois dehors, seul. Il avait trouvé un parc bien sympathique et il s’était décidé d’en faire le tour avant de se reposer sur un banc.

Un message illumina son téléphone. Soupirant, il sortit l’appareil pour y jeter un rapide coup d’œil : il savait déjà qui le contactait. Certainement la seule personne qui connaissait ses heures de sorties nocturnes : son meilleur ami. Ses parents étaient eux aussi au courant mais avec les années, ils avaient appris à ne pas s’inquiéter ou du moins, à ne pas lui faire savoir. Répondant rapidement, il indiqua qu’il n’était ni mort ni kidnappé et enfin, il put continuer sa route. Le banc devant lui était parfait : à l’aide des luminaires, il avait une vision dégagée sur la faune et la flore du parc. Seul sur son siège, il laissa la nostalgie s’emparer de lui.

Son moment de calme fut de courte durée. Les yeux fermés, il profitait du léger vent qui soufflait dans ses cheveux quand des sanglots attirèrent son attention. Il n’avait certainement pas remarqué l’autre présence quelques mètres plus loin, bien trop perdu dans ses propres pensées. Quelques bancs plus éloignés se trouvait ce qu’il semblait être un autre être humain, précisément un homme. Et au vu des pleurs qu’il laissait sortir, quelque chose n’allait pas. Hésitant quelques instants, il décida enfin de se lever pour le rejoindre. Il tenta de se faire le moins discret possible pour éviter toutes mauvaises surprises, laissant les petites branches qui traînaient craquer sous son poids.

« Tout va bien ? » demanda-t-il, sa voix faisant presque un écho dans le parc désert. La question était presque idiote : bien sûr que quelque chose n’allait pas. Mais il ne se voyait pas arriver en psychologue du dimanche : avant toute chose, il devait l’approcher sans brusquer personne. Après tout, ils étaient deux inconnus dans un parc désert, dans les tréfonds dans la nuit… Maintenant qu’il y pensait sérieusement, il espérait ne pas faire face à un psychopathe qui venait de lui tendre son meilleur piège… Il était trop jeune pour mourir. Mais bon, il était trop tard désormais pour faire demi-tour, pas vrai ? Ce serait quelque peu gênant, après avoir posé sa question, de repartir sans attendre une réponse…

Caché par les nuages de la nuit noire.. @Kang Nattawin Sky

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Le coeur serré dans sa poitrine, de façon douloureuse tout comme son souffle parcourant ses poumons. Pourtant, il ne peut retenir ses sanglots, songeant encore une fois au sacrifice fait par celui qu'il avait.. non, qu'il aimait tellement. Le grand amour de sa vie, celui dont il avait voulu garder le coeur pour le reste de sa vie, mais pas au sens propre comme c'était le cas actuellement..

J'entends du bruit autour de moi. Enfin, derrière moi je crois. Alors je tente un peu vainement de tarir mes larmes, d'étouffer mes sanglots. Pourtant, je n'y parviens pas et c'est à la voix que j'entends par la suite, que j'ai confirmation d'une personne présente dans ce parc en milieu de la nuit. Il me demande si tout va bien et j'ai besoin de quelques secondes de plus pour essayer de récupérer mon souffle.

Shi Bao passe une main sur son visage et se redresse un peu. Son regard encore brillant de ses larmes douloureuses et ne parvenant pas à dessiner de sourire sur ses lèvres. Doucement, il se relève, frottant ses doigts sur son pantalon en se posant sur le banc.

- Excusez moi.. Je ne voulais pas déranger..

Sa voix n'est qu'un souffle, ayant un peu de mal à le reprendre. Sa vue est un peu floue encore et il doit cligner des cils une bonne dizaine de fois au moins pour mieux capter les détails du visage de l'inconnu. C'était un beau jeune homme et il semblait gentil au premier abord. Une petite inspiration, un souffle difficile et il parvient finalement à étirer un peu ses lèvres dans un léger sourire.

Inquiéter les inconnus n'était pas mon but après tout et je n'étais pas sur que ce soit le mieux non plus de discuter de ce qui me tracassait tellement avec quelqu'un que je ne connaissais pas. Ou peut être cela me ferait il du bien ? Je ne saurais le dire au final..

caché par les nuages de la nuit noirefeat. @WEI SHI BAO

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Il était un peu partagé. D’un côté, demander à quelqu’un comment il allait, c’était la meilleure chose à faire et la plus logique, surtout. De l’autre… Il avait déjà sa réponse, en fait. Au son des pleurs de l’inconnu, bien sûr qu’il n’allait pas bien. Mais il ne se voyait mal faire semblant de ne rien voir ou entendre : repartir comme si la personne à côté de lui n’était pas en pleine crise d’angoisse ou quelque chose du genre… Ce n’était pas son style d’ignorer la tristesse des autres. Il l’avait bien trop connue pour passer à côté et laisser quelqu’un dans cet état, seul.

« Ah mais non ! » réfuta-t-il rapidement. « Vous ne me dérangez pas du tout. » Son but n’était pas qu’il se sente mal-à-l’aise ou gêné. Il comprenait. Vraiment. Ne pas vouloir pleurer devant les autres, venir ici à des heures pas possibles pour ne croiser personne et laisser toutes les émotions sortirent sans se retenir. Si quelqu’un devait être de trop, c’était totalement Sky. Ce parc ne lui appartenait pas ; les bancs non plus et encore moins ce silence réconfortant. Il s’approcha encore un peu plus, incertain mais n’ayant toujours pas envie de laisser l’inconnu comme ça.

« Je peux ? » demanda-t-il. « M’asseoir à côté de vous, je veux dire. » dit-il, attendant son accord pour faire le moindre mouvement. C’est avec délicatesse qu’il déposa son humble postérieur sur l’autre moitié du banc, froid. Un frisson le parcouru et il laissa planer un silence de quelques secondes avant de se racler la gorge. « Je sais qu’on ne se connaît pas mais… Je suis là. Pour écouter. » proposa-t-il. « Dîtes vous que je ne suis qu’un visage inconnu dans les ombres. Je peux écouter et je ne juge pas. » Il lui en faisait la promesse. Tant que l’autre ne lui avouait pas un lourd secret de famille honteux ou le meurtre de sa quatrième femme…

Il devait vraiment arrêter avec son imagination un peu trop débordante… Ce pauvre homme pleurait toutes les larmes de son corps, impossible qu’il simule pour pouvoir mieux l’étranger et le cacher derrière un buisson. Ou alors, il cachait vraiment bien son jeu, le fourbe… Dans tous les cas, Sky attendait. Qu’il acceptait ou non sa proposition, il comptait bien lui tenir compagnie encore quelques minutes. Encore une fois, il refusait de détourner le regard et faire comme s’il n’avait rien vu ou entendu. S’il souhaitait lui parler, il le ferait. Sinon, ils resteraient dans ce silence ensemble. Parfois, une simple présence était un réconfort certain et suffisant.