never better outfit
ft.  @Hwang Gyuri    
« Tu vois, meuf. La vie, c’est de la bite en bois. Tu peux peut-être pas comprendre où j’en sais rien, mais dis-toi juste que tu le sens et que ce n’est pas agréable, du tout. », râle le jeune aux cheveux rose, allongé contre la bordure d’une… route ? Possiblement, la bouteille à moitié vide dans les airs et à une heure si tardive qu’ils sont obligés de sortir les téléphones pour un semblant de lumières. Et pourtant, les lampadaires sont toujours allumés. « Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter pour que ce soit aussi profondément empalé ? Vraiiiiiment, riri. Genre, on est attachants, non ? ». Pathétique. Pitoyable petit chiot qui essaie sans cesse d’avoir de la compagnie pour recevoir un tant soit peu d’attention. Qu’on lui mette une laisse et il mordra, mais pourra se coucher les lèvres ouvertes s’il ne finit par dans sa profonde solitude.

Tout est profondément merdique. « Je me suis plié à tout et voilà le résultat ! Bien la peine de se faire aux autres, hein ! ». Les mots sont parfois un tantinet mal prononcés, mais tant qu’il reste compréhensible, quel est donc le fond du problème ? Persévérance vaine et audacieuse, muée par une rage qui n’en finit pas, enflant aussi fortement dans sa poitrine que le chagrin de son existence. Il soupire bruyamment, essayant de chercher sa voisine du regard, obligé de plisser les paupières pour se repérer. « Heureusement que tu es là. ». L’ayant trouvé dans un hasard vaporeux, se retrouvant durant ces situations catastrophiques, larguant deux âmes en peine qui trainent leurs carcasses dans l’indifférence du monde. Ou presque, ceci-dit. « On a tout pour nous, nan ? ». Et pourtant, la véracité des faits est bien plus douloureuse.

Asmodée est un petit démon qui geint et se traine aux pieds des autres pour ne plus être un fantôme errant, cherchant un amour qu’il n’aura sans doute jamais et seulement des bleus et l’alcool en guise de consolation. Se complaisant dans ce beau mensonge, le sourire aux lèvres et le contenant qui cherche à être tendu à son interlocutrice. « Tiens. J’ai plus très soif pour le moment. ». Il fixe les astres dans ce ciel nocturne et à peine voilé. Triste vie.

Elle rit fort, un peu trop fort, sans trop savoir si l'image mentale qui s'était installée dans son esprit était crade, hilarante, ou un mélange des deux. Elle se doute bien qu'il a raison, Asmodée, elle lui fait confiance à ce niveau-là. Il en fait plus qu'elle, dans la vie; plus de libertés, plus de conquêtes. La dernière fois qu'elle a réellement pu vivre l'amour ou profiter de la chaleur d'un autre remonte à trop longtemps, un des nombreux sacrifices qu'elle doit faire de par son statut.

Parfois, elle se demande si tout ça en vaut la peine.

Assise au sol, dos fermement planté contre... quelque chose, un mur sans doute, elle lève les yeux vers le ciel alors que ses rires s'affaissent et qu'elle porte à nouveau cette bouteille à ses lèvres. Un rare moment où elle n'a pas à s'inquiéter de rien, où elle peut faire fi des attentes que tous ont envers elle ou pire, celles qu'elle a envers elle-même. Parce qu'elle est épuisée, Gyuri. Elle adore ses membres, adore son travail, adore ses fans. Mais cette pression étouffe parfois, et elle sent qu'elle n'a pas sa place, que quelqu'un serait mieux qu'elle dans son rôle. Et elle n'est même pas capable de faire sourire celle qui fait chavirer son coeur.

« Nah, h'reusement que toi t'là, Momo » Simples mots qu'elle laisse glisser sans trop de contrôle sur ses lèvres ou sa langue. Et celle-ci cherche un peu plus d'alcool, mais sa bouteille est vide; alors elle la jette lassement sur le côté, moue déçue qui se dessine sur son visage. La lueur de l'écran de son téléphone l'aide à retrouver Asmodée, et elle glisse, roule même vers lui, cherchant à s'allonger à ses côtés, tête déposée d'une manière ou d'une autre contre son épaule.

Elle attrape la bouteille tendue avec plaisir et en boit déjà une partie sans se relever, un miracle sans dégâts. Et sitôt gorgée bue, sitôt le fond du contenant heurte le sol et sa main libre cherche à retrouver celle de son ami. Un peu de réconfort dans ce monde. « C'con, j'ai tout pour moi mais tout c'que je veux c'est qu'on soit fiers. Genre pourquoi c'est important? » Un rire s'échappe, un peu nerveux, un peu maladroit. « C'est moche, les émotions. »

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ft.  @Hwang Gyuri    
Sa tignasse rosée retombe sur celle de sa voisine, la moue aussi contrariée sur les cieux boudeurs en cette soirée fracassée. « Toi, tu cherches… tu cherches à ? Ah oui, à ce qu’on soit fière de toi. Moi je le suis, t’es trop une bonne amie. ». Loin des sourires carnassiers qui fracassent son encéphale des pires atrocités, prouvant à son corps endolori de couleurs à ses hanches et à son battant. Pour un semblant de proximité, d’attention, de quelque chose qu’il mérite ? Pourquoi pas lui ? Parmi les étoiles, parmi les courbes qui s’échinent et qui se prosternent, lui aussi a-le-droit à un peu de reconnaissance ?

« C’est importaaaaant… », commence-t-il en relevant la paume vers le ciel, criant de vérité sur sa condition pathétique, fondant sur sa langue en une amertume salée. Il vient humidifier ses lippes trempées de liquide étourdissant, ressentant arpenter ses veines et y insuffler une marque perverse. Comme les sentiments. « C’est affreux, les sentiments. ». Se condamner lorsqu’on ressent aussi fort, aussi intensément que son corps frêle et longiligne, les lèvres naturelles, si singulières, que l’on mord et dont on y appose des verbes peu romantiques. « Pourquoi on doit se plier au aux autres pour avoir quelque chose ? Pour crier à ce qu’on nous regarde, même un peu ? ».

Courber l’échine, les diamants aux coins des iris par les étouffements pernicieux. De ses paumes enroulées autour de sa nuque, de sa poitrine, de sa taille. Des griffes arrachant son épiderme, grattant la surface pour en contrôler ses aspects, ses mouvements, ses pensées. Ses souvenirs à se recroqueviller dans les draps froissés, la froideur d’une solitude pour seule compagnie après le désert d’un énième corps passé par l’égoïsme. Il le sait, à chaque fois. Le même disque rouillé, le même registre poignant sous les sanglots. Personne. Est-il si contraignant ? Regardez-moi, qu’il supplie. Pas comme la poupée qu’il est, mais comme l’humain qu’il aimerait être.

Il essaie d’attraper les bouteilles. Fait chier. « C’est vide ? ». Déjà ? Elle paraissait encore pleine en sortant. « On trouvera ! Tu veux quoi ? Moi, qu’on me regarde. Qu’on ne me traite plus de salope, mais juste… moi. Ouais ? Pourquoi pas. ». Pas l’ombre d’un jeune frère évincé, pas la silhouette parfaite pour des heures à le casser. L’ami avec lequel on peut s’amuser avec confiance, l’amant avec qui on resterait jusqu’au matin. Pas un fantôme, un passage dans la vie comme le train utile afin d’arriver à sa destination. Qu’il n’en soit pas le commencement, ni même l’entre-deux. Asmodée, il désire ardemment en être le terminus.