Stay wildoutfit || song ||   @Nae Hayan   

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La table se fait plus silencieuse et après des regards entendus, le chorégraphe intime du menton. L’ordre est clair. « Vous avez entendu la dame ? On n’a pas votre temps. ». Et sans autres formes de procès, l’un se lève afin de trouver le trésor dont elle semble clamer. Le brun se contente de sa boisson, trempée dans ses lèvres et le sourire qui ne le quitte pas. Il n’émet aucune protestation, aucune remarque, rien qu’une babine élevée au coin comme un renard. Et la guitare est arrivée, déposée entre les doigts de la belle. Ye Jun l’invite d’un geste de la main à se rendre sur la petite scène juste à côté d’eux. Deux pas et elle s’y trouve, le micro et les lumières n’attendant qu’une âme pour venir réchauffer la salle et donner le ton auprès des visiteurs.

Il vient bousculer ses voisins pour qu’ils scandent son nom et applaudissent. Sous l’ambiance, chacun parait s’échauffer, quémander une chanson, quelque chose. Qu’elle puisse étaler son savoir musical et tout ce qui se tapit chez la jeune femme. Loin de l’image démontrée lorsqu’ils sont dans la haute sphère, sous les postures et la fierté arborée pour les apparences. Tout ce domaine qu’elle n’arrive à maitriser, à supporter, se dérobant sous les sons plus imposants. Et lui, qui sort son téléphone pour capturer ce moment, sirotant sa boisson et chantant avec le reste qui s’unissent d’un air faux, mais au moins, amusé et joyeux. Frappant des mains et des pieds, devenant bien plus bruyants et abrupts. Dansant sur les chaises, levant les bras et les verres alcoolisés. Et même lorsque la fin sonne pour un « encore ». Il cherche à croiser son regard, soulevant et épaules et les sourcils.

La provocation toujours présente. Mais pour quelle raison ? Sous ces airs de sale cabot, un louveteau dont les crocs sont aiguisés. Néanmoins, ce soir, un renard aux rétines aiguisées, sous les lèvres cloisonnées par des rictus et sans une once de parole. Encore une fois lors d’une nouvelle chanson. Des clichés, des rires, chantonnant avec les autres, les bras et gobelets levés. Même quand elle revient, il lui tend son verre et se penche vers elle, abaissant la voix. « Belle voix, dommage que ça ne profite qu’à un groupe restreint. ». Pas la famille. Pas le cercle dans lequel chacun a grandi. Il penche doucement la tête sur le côté, presque innocent.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

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L'audace se peint sur son visage, le menton levé dans une moue dédaigneuse. Elle est hautaine, la reine de coeur. Si le Chat de Cheshire n'était pas à sa table pour ordonner, personne ne se bougerait les fesses pour l'écouter. La courbe s'agite, comme s'il venait de jeter une pierre dans un lac sans ride. Les ondulations se propagent, créant un effet de vague. Et elle le sent, ce mouvement qui fait chavirer son palpitant d'un bord à l'autre, prêt à tomber à l'eau. La guitare arrive bien rapidement entre ses mains, l'invitation à monter sur scène pour éblouir un public déjà ivre. Elle ne se fait pas prier, la femme fière qui claque ses bottes aux semelles épaisses sur le sol à peine visible. Les cheveux en cascade sur ses épaules fines, elle les dégage d'un mouvement sur le côté et se positionne devant cet amas curieux, les yeux plissés ou en soucoupe volante.

Tel un alien, elle envahit cette petite scène.

Les doigts pincent, ils glissent et font résonner les notes endiablées. Le corps en ébullition, elle s'agit d'elle-même sur cet estrade qui l'affiche aux yeux de tous. La musique frappe contre les murs, elle heurte les tympans dans un fracas dévastateur. Et elle se sent partir, la poupée de porcelaine. Elle tangue, d'un pied à l'autre, les phalanges sur les cordes et les yeux sur ses mains. Tantôt par-ci, tantôt vers la foule qui s'anime. Sa voix monte, elle connait les aigus comme les plus graves. Des paroles qui lui parlent, qui lui portent au coeur. Loin d'une richesse exagérée et d'une vie désabusée, au creux de son être où les papillons s'envolent par millier.

Elle a de l'éther dans ses yeux.

Le visage penché, le souffle court. Ses iris se posent sur cette aura qui scintille dans la pénombre, ce regard rusé qui va de paire avec cette esquisse malicieuse. Il doit bien s'amuser, ce renard sournois. Dans sa bulle, Hayan ne veut pas redescendre trop vite. Elle profite d'une nouvelle salve d'acclamation pour faire durer ce moment. Encore pour une chanson. Le plaisir se faufile sous sa peau, se nichant dans sa poitrine où le coeur palpite. Encore une fois, il faut redescendre, revenir au commun des mortels. Guitare rendue, elle réapparaît aux côtés du peuple. Verre à la main, la rebelle s'enfile une grosse gorgée.

- C'est très bien comme ça.

Un soupir, pour un supplice. Un rêve qu'elle a laissé derrière elle. De la poussière d'étoile qui persiste dans son ombre, mais ne tient jamais dans sa conviction.

- Sois chanceux d'en profiter.

Elle les a vu les flashs et les caméras, elle se savait épié dès le départ. Pourtant elle n'a pas fuit, elle n'a pas quitté la scène prenant un peu plus le risque d'être découverte. Sur le coup, elle s'est dit tant pis ... Hélas, le naturel revient au galop et l'impression d'être à nue aussi. La panique au bord des lèvres, là où se cogne son verre. Gorgée sur gorgée, jusqu'à atteindre le fond. Et elle en redemande, prête à s'enivrer pour oublier ce sentiment infame qui la ronge en secret.

La peur, la crainte d'être attrapée et emprisonnée.

Stay wildoutfit || son chanté dans le bar
@Nae Hayan   

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« Ah, mais je ne vais m’en plaindre. Au contraire. ». Il lui offre un haussement de sourcil joueur, suivi d’un rire en lui offrant un autre verre. Il la laisse reposer sa voix et reprendre son souffle, dérivant de sujet avec les autres qui suivent le mouvement. De toute façon, ils sont assez éméchés pour ne pas se rendre compte de tout ce qu’il se passe, sauf les deux oiseaux princiers, certainement. D’autres verres, des claquements qui en reversent les liquides, sous des cris et des jeux. Bientôt, ils en viennent à chanter fortement d’autres genres musicaux, sans tellement savoir pourquoi, ni comment.

Le chorégraphe danse sur sa chaise, de manière synchronisée en chantant avec ses partenaires. « Tu la connais ? ». Ils tapent sur la table, ils émettent les onomatopées correspondant. Peu importe la langue, ils s’amusent, ils sont bruyants, mais ne dérangent personne : car tout le monde est dans le même état. Il vient même attraper le poignet de sa voisine pour la soulever et frapper dans ses mains joyeusement. Il exagère certaine expression en laissant sa voix se fondre avec la musique de fond, les bras levés lorsque le « Ready for my show » et ce qui suit. Bientôt, certains ont même fini par se lever.

Mais cela ne semble pas étranger, puisque les serveurs ne paraissent pas alarmer. Le brun ne serait certainement plus capable de justifier le changement soudain d’ambiance, de musicalité, s’éloignant fortement avec le genre de base. Mais en vérité, est-ce important ? Lui aussi est debout, la finesse des mouvements, la fluidité des gestes qui en ressort par sa danse électrisante. Même si elle se lève, de lui prendre la main pour la faire tourner sur elle-même, belle princesse et rockeuse. « Si tu veux retourner sur scène, tu me le dis. ». Comme si, en cette nuit, tout était réalisable. Sans heure, sans rien d’autre après.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

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S'abandonner soi-même n'a jamais été aussi bon pour son moral qu'en cette soirée de délivrance. Après une mise en scène spectaculaire et quelques verres d'un alcool inconnu, mais enivrant. La belle se prête aux jeux et aux conversations, oubliant sa propre identité face à ces gens dont elle ne sait pas grand chose. Et dont elle s'en moque complètement. L'ivresse délie les langues, pousse à la complaisance. Peu à peu, elle se défait de son masque de marbre et de sa toison d'argent pour enfiler une tenue plus ample et commode. Des rires, des éclats de voix, des menaces soufflées entre deux gorgées. L'ambiance est affreusement incroyable, excellente. Elle plaît à la demoiselle, l'esprit embrumé et le coeur enfermé à double-tour dans une cage hermétique. Elle ne veut plus penser, ni ressentir ce qui pourrait être une condamnation pour elle.

Elle fredonne à la cadence de son interlocuteur, répondant à sa question par un mouvement lent du visage. Les joues colorées par la chaleur de la pièce, par l'effet de la boisson, par les corps qui se rapprochent et s'éloignent à chaque instant. Hayan n'est plus Hayan, en cet instant elle ne porte plus aucun nom, plus aucune identité propre. C'est la fille qui rit, qui déconne avec son voisin, qui se laisse entraîner par le loup. Cette jeune femme qui danse avec maladresse, emporté par l'étourdissement, à s'en griser les neurones. Qu'importe si ses ailes sont liées par des fils de soi, si elle ne peut les déployer entièrement.

Elle danse.
Elle suit le rythme et la musique.
Elle se perd dans les notes et les encouragements silencieux.

- Un dernier verre avant!

L'anxiété et la peur semble avoir disparu, pendant qu'elle sourit à son partenaire de soirée. Traîné dans sa valse, elle demande un nouveau verre à un serveur, sans cesser de se balancer d'un pied à l'autre, dans un semblant de chorégraphie improvisée. Son verre entre les phalanges, la brunette le descend d'une traite sous les acclamations du petit groupe qu'ils ont rejoint. Elle n'est plus princesse, sa couronne est à terre.

- C'est bon! Je suis prête!

Elle fait signe à Ye Jun qu'elle veut retourner sur scène, rallumer le feu dans les coeurs, exploser les psychés. S'oublier, encore et toujours plus.

Stay wildoutfit || son chanté dans le bar
@Nae Hayan   

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Il hoche la tête et joue des coudes afin de prévenir que la princesse revient au-devant de la scène. Échangeant un regard, il la laisse reprendre le cœur même de la soirée. Et ainsi, tous convergent de nouveau vers celle qui s’essouffle sous le chant, faisant lever les bras et hurler à en perdre la voix. Le loup reste sur la réserve, la discrétion comme arme et s’animant docilement sous la nuitée qui ne parait vouloir se terminer. Les minutes défilent, encore une fois, sonnant quelques arrêts pour ceux qui repartent et d’autres qui s’écroulent sur leurs tables. Il fronce légèrement les sourcils, sentant nettement que les esprits s’échauffent bien plus qu’ils ne devraient, enivrer par l’alcool et celle qui performe comme un diable.

Petit ange s’étant délesté de son rôle, prouvant qu’elle n’a rien à envier au monde et encore moins aux autres. Il ne peut que l’applaudir, lorsqu’il rencontre les prunelles de la brune, le signe de tête respectueux. Et lorsqu’elle finit par revenir, le chorégraphe s’empresse d’être à ses côtés. Le bras s’enroule autour de la taille, sans jamais la toucher, approchant les lèvres pour se faire entendre parmi la foule animée. « On va y aller, ça commence à dégénérer. ». Il désigne, du menton, les braves amis dont l’alcool animent les paroles, les mouvements décousus et à la limite du respectable. Après tout, ils n’ont absolument pas mangé, ou quasiment pas. Même elle, n’ayant pas aperçu davantage de grignotage. Pauvre oisillon libre qui se doit de revenir à la réalité. Il lui tapote le dos, poussant irrévocablement la fin de ce voyage.

Les rêves en fuite, le déclin des étoiles vers un soleil brûlant. Le même qui détient les clés pour l’enfermer, quand bien même, il vient de lui servir une partie de la lune sur un plateau d’argent. Ye Jun lève la paume, une fois les affaires récupérées, signalant leur départ. Nuit ou petit jour, l’étroitesse des heures défilées. « J’ai filé ton numéro à ceux qui ont demandé. ». Il échange un regard avec elle, avant de rire en se défilant si elle essaie de le frapper, ne dévoilant aucunement si ces mots sont un mensonge éhonté ou une vérité calamiteuse. Il préfère ce secret espiègle, le petit louveteau ravit dans les ruelles inanimées et la fraicheur autour des épaules.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

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C'est une descente aux enfers camouflée en accession vers le paradis. Une folie qui s'accroisse dans cette enveloppe charnelle à la dérive, portée par la mélodie. Une voix qui porte et s'élève au-dessus des têtes dont la psyché ne percute pas toujours la réalité. Elle-même s'abandonne au plaisir de se sentir libre, loin d'être dans l'abnégation. Au diable son monde de richesse et les attentes de ses paires, elle délaisse la raison et se vêtit de bêtise. Le temps ne cesse de courir dans cette pendule qui se balance, d'un bout à l'autre, sans ralentir pour lui permettre de respirer. La vie continue, elle s'amuse de la patience de la rockeuse et lui donne la sensation que la pente est trop raide pour être arpentée en toute insouciance. Hayan titube, touché par l'ivresse de la soirée. Ses pas la ramènent vers ceux qui l'ont soutenu, vers celui qui l'a promu. Une esquisse s'écrase sur ses badigoinces, dans l'ombre d'une expression faussement joyeuse.

- Déjà ?

Question absurde, les yeux analysent cet amas de chairs qui s'agite. Tout est flou dans sa vision, les lumières trop éblouissantes agressent ses rétines sensibles. La brunette ne parvient pas à suivre les paroles abstruses, se sentant comme abêtie devant ces flots énoncés et toute cette acrimonie. Le ventre aussi vide que sa caboche, la demoiselle ne rechigne pas quand le loup la pousse loin de la foule, proche de la sortie. Elle ne contrôle plus rien, la poupée de chiffon emportée par ce faux et preux chevalier. Un mouvement de main, un sourire malhabile et elle se détourne de tout ce petit monde ahurissant.

- Tu as fait quoi?

Elle se pare d'une expression sévère, à deux doigts de décuver à la seconde même où il a osé prononcé cette infamie. Son numéro est précieux, aussi intouchable qu'elle. La rockeuse n'a aucune envie de s'acoquiner avec des inconnus, de mêler les brebis à un pedigree de renommé. Quoi qu'elle fasse ou quoi qu'elle dise, Ye Jun n'est pas ce garçon qui écoute. Elle le laisse filer en retenant son bras de se lever, incapable de le gronder plus que ça par crainte des retombées.

L'air frais dissipe l'effet de l'alcool, ramenant la demoiselle à la raison. Il souffle avec lui toute l'ostentation et la bravade de cette joueuse de guitare. Elle ne s'enorgueillit plus autant, fatiguée par son excès d'insanité. La nuit a été suffisamment longue pour la prolonger davantage, le corps réclame une trêve et le cerveau est déjà en berne.

- Peu importe... Je n'aurai qu'à changer de numéro.

Résignation, elle abdique sans difficulté face à l'adversité.

Stay wildoutfit || son chanté dans le bar
@Nae Hayan   

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« Tu es bien conciliante. Fatigue ? ». Suppose-t-il en ayant aperçu le bras retombé avec mollesse le long du corps, la fatuité lorsqu’il revient vers elle au petit trot, accordé par son sourire en coin qui ne tarit pas. Il est vrai qu’il peut l’avaler sans efforts, les images et les sons, les vidéos et les échanges pouvant nettement amener à une hystérie désarmante d’un environnement princier. Cette fameuse cage dorée dont peu peuvent s’échapper entre toute sérénité. Il peut être une exception, mais pas d’autres comme celle qui se tient à ses côtés. « Ils ne sont pas méchants, tu n’as pas envie de les revoir pour jouer de nouveau ? Tu as au moins un public. Petit, certes, mais il faut bien commencer quelque part ? Réunis, cela s’agrandit. ». Il penche la tête afin de croiser son regard, essayant de déceler tout et n’importe quoi.

Pour mieux rebondir dessus une fois l’émotion captée. « Autant te complaire dans une activité euphorisante. Cela s’est distinctement vu sur ton visage, outre l’alcool. Tu rêves bien au-delà de ce que tu espères, mais tu te condamnes dans ton immobilisme. Est-ce par crainte ou par couardise ? Plus rien ne t’attache à ta famille et tes biens sont tout de même protégés. Quelle est ta peur, Hayan ? ». Lui s’est délogé de toutes ces inquiétudes, ses parents rampant à lui pour des explications, sous des supplications de reprendre sa passion, le chemin glorieux dont on lui octroyait tant d’éloges et d’adorations. Il possède ses raisons, mais elle ? La seule figure accrochée n’est plus là. Que lui reste-t-elle ?

Une passion ? « Si cela devient une réalité, où pourras-tu t’échapper ? ». Est-ce pour cette raison ? Elle qui s’agite si joyeusement, qui s’enchante des regards, qui s’exprime en chantant, loin de l’extravagance et la superficialité. Vu son statut, cela n’engage qu’une poignée de main. Néanmoins, elle est totalement encerclée : par celui qui l’accuse de tout ce qu’elle ne fait pas et de toutes les attentes, de tous les espoirs, des déceptions et des supplices silencieux. En définitive, qu’est-ce qui la retient ? Les autres ou elle-même ? Cela n’est pas si simple et Ye Jun sait qu’il est cruel, car il le sait, bien évidemment, qu’il est au courant. D’où ils sont, rien n’est jamais si simple.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

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Elle n'a pas besoin d'exprimer sa fatigue par des mots, celle-ci se lit facilement sur les traits tirés de son visage blafard. Consommation d'alcool sans limite du raisonnable, carcasse en mouvement sur une scène où la chaleur des corps remonte consumer la sienne. Le brouhaha, les cris, les applaudissements, les rires de joie, l'hystérie planant tel un brouillard envoûtant. Et au milieu de tout ça, une poupée de chiffon dansante, les jambes flageolantes et le cœur recollé à la peinture doré. ‟ Je dois admettre que oui. „ L'envie de toucher à nouveau cette euphorie ambiante qui fait chavirer sa conscience, l'épine dans son myocarde oublié pour un temps indéterminé, mais salvateur. Hélas, ces gens n'appartiennent pas à son monde de richesse et elle craint de n'en tirer qu'une faiblesse à vouloir les recontacter dans un avenir proche, incertain.

Les propos s'avèrent véridiques, difficiles à saisir. Pourtant, la brune ne peut les approuver vaillamment. Ce n'est plus que lâcheté et crainte, à être la fille d'une famille aisée, prisée. Une étiquette qu'elle peine à retirer, une peur ineffable lui tordant les boyaux jusqu'à se vautrer à terre. Hayan a vu bien des choses que beaucoup ne supporteraient pas, qu'elle-même ne supporte pas, mais qu'elle se force à subir pour ne pas finir seule, à la rue. Sans ses parents, sans cet argent, seulement avec une identité traîné dans la boue et une réputation décevante aux yeux de tous ces parasites. La demoiselle voudrait ne plus exister pour ce monde, pour ces gens-là. Si seulement, c'était aussi facile d'en sortir, d'en disparaître et qu'on l'oublie. ‟ Pourrais-tu vivre sans tout ce que tu possèdes déjà ? As-tu déjà imaginé ta vie sans tout ce que tu as, sans plus rien qu'une identité bafouée ? Que pourrais-je bien faire d'une guitare et de quelques soirées rocks comme celles-ci ? „ Elle est perdue, Hayan. Entre ce qu'elle désire réellement et ce qu'on lui impose à longueur de temps.

Ye Jun est différent d'elle. C'est un loup, un lion, une bête féroce mordant et dévorant le moindre de ses opposants. Face à lui, la jeune femme n'est qu'un cygne fragile, un vilain petit canard qui se roule dans la farine pour donner l'impression d'être pur comme neige. Elle a peur que, sans sa famille, son ce nom, sans cette richesse, elle ne soit plus rien qu'un oisillon tombé de son nid, les ailes brisées. Ce n'est qu'une cocotte-minute, une bombe à retardement, un kamikaze. Encore une minute, une nuit, un bout de vie sous ces projecteurs éblouissants, et la poupée de cire explosera comme de la dynamite. Ce sauvage à la langue de vipère a le don pour la foutre devant des réalités amères, piquantes. Elle le déteste, rien que pour ces mots justes et ses paroles authentiques. ‟ Tu t'occupes trop des affaires des autres. „ Élude-t-elle, pour ne pas répondre à cette question. De quelle réalité peut-il bien parler, de toute façon ? Si elle vivait pleinement de sa passion à en devenir une femme heureuse, dans ce cas, elle n'aurait plus besoin d'échappatoire, ni de fuir cet univers instable.

Néanmoins, Ye Jun marque un point. Plus rien ne la rattache à cette famille, à ces gens qui ne veulent d'elle qu'intérêt et garantis. Et pour la énième fois de sa vie, Hayan ne souhaite pas retourner chez elle. Dans ce cocon familial semblable à une fourmilière, à la tanière d'un ours, à l'entrée des enfers. Replongée dans les flammes, se noyer dans une marre, suffoquer sous les attentes d'êtres humains qui n'en ont rien à faire de son existence, de sa présence.

Stay wildoutfit || son chanté dans le bar
@Nae Hayan   

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Les rétines se rétrécissent à ces questions rhétoriques et cette phrase qui fait office d’un tranchant d’une lame, une vilaine émotion refaisant surface. Celle d’une colère sourde qui bourdonne dans ses tympans. Il a quitté ses rêves pour être ce qu’il est aujourd’hui. Il a bafoué son seul plaisir dans la vie pour se concentrer sur les actions et les parts d’un conglomérat important. Il s’est éreinté pour épouser le vide des attentes et des regards jaugeurs. Il s’est acharné dans sa conduite afin de défier l’autorité. Il s’est écorché vif en arrachant son socle et faire autre chose pour apercevoir les lignes fines d’amertumes et les crachats de déception. Le boxeur a fait en sorte de devenir ce qu’il est désormais en tuant une partie de ce qu’il affectionnait le plus. L’identité bafouée ? La crainte de tout perdre pour ses rêves ? C'est-elle déjà battue pour un millimètre de ses passions ?

C’est exactement ce qu’il a fait, le chorégraphe. Plus de renommée sous les regards et les applaudissements de ses créations. Des nuitées dévorées avec des agents afin de protéger ses biens et ses finances, ayant avalé les autres sans pitié, ayant écrasé des membres en subtilisant des parts, des papiers jetés au visage et une violence verbale nouant la gorge. Il a essuyé les critiques et la frustration, la rage et l’appréhension, les gifles et les hurlements. Tout ce qui lui reste est un tréfond de vanité, tintée d’une arrogance qu’il parsème après s’être relevé. Non, bien sûr que non, il n’a plus peur de tout cela. Il a été au-delà de ces étapes, de cet immobilisme. Il sait qu’il a éventré une partie de lui qui pleure encore, qui s’est recroquevillée et dissimulée sous son arrogance. Le menton relevé, la froideur palpable sous les paupières plissées. « Et toi, tu resteras dans cette peur qui te tuera. Qu’à cela ne tienne. ». La crainte oblitère l’esprit et il s’est juré de ne jamais renouer avec celle-ci.

Que la confusion s’échappe, qu’elle se torde sous sa fierté. Le ton lancé comme une lame d’un couteau qui ne rate pas sa cible, la tignasse se détournant de son sujet. Sa langue passe contre sa joue intérieure, sous un reniflement de dédain à peine dissimulé. « Soit, restes à la place que tu te procures et pleure ce que tu ne te résoudras jamais à combattre. Si toi aussi, tu abandonneras. ». Comme sa sœur avant elle. Il sait qu’il est odieux, frappant exactement dans la fêlure qui ne s’est jamais résorbée, de ce passif douloureux qu’il vilipende sans retenue. Elle qui geint et qui ne fait pourtant rien. Elle qui pleurniche alors que les possibilités sont devant ses yeux. Lui s’est battu contre les travers, en paie le prix constant et ne regrette que le temps. Celui de ne pas avoir agi avant.

Il secoue la tête. « Je ne m’excuse pas pour mes mots, Hayan. Tu passes ton temps à fuir en te sentant acculée. Il serait temps de passer à autre chose. ». Le deuil n’est jamais simple. Le boxeur est cruel à bien des égards. Sous son attitude parfaite, ses choix de carrières sans failles, son importance dans la société et toutes ces lignes dont on ne peut rien attaquer, pas même fragiliser. Il s’est évertué à ce que cela en soit ainsi, peu importe la déception envers les individus, la condescendance et leurs yeux enflammés. Son trône est rempli de ronces, ayant éjecté le plus important. Le sentimentalisme n’a pas sa place dans leurs rangs. Surtout au plus haut.