Stay wildoutfit || song ||  @Nae Hayan  

---

Le son des guitares, la pyrotechnie presque abusive, les paroles limites et les mains en l’air. Scène bientôt trop étonnante, lorsqu’il chante à côté de la jeune femme avec un large sourire sur les lèvres. Hurlant lorsque le feu se déclenche, balançant la tête en même temps quand la voix résonne et vient acquérir celle du public. Les regards échangés, les pas sautés pour mieux correspondre aux autres. En simplicité : profiter de ce concert de rock, dégoté par le jeune homme juste devant la scène. Et le fait encore plus étrange est d’avoir invité celle-ci à partager cette ambiance enflammée.

Et pourtant, dans son encéphale, cela était aussi simple que ceux sur scène actuellement. Il repousse sans ménagement ceux qui s’approchent et bousculent, sachant que les pogos sont assez fréquents et douloureux la plupart du temps. Lors d’un moment de flottement, le jeune homme vient près de l’oreille de sa voisine, pour se faire entendre dans ce brouhaha impressionnant. « Je pense qu’elle va nous tease l’une de ses prochaines chansons. ». Peut-être a-t-il bien trop travaillé au sein de l’industrie du divertissement pour prévoir lorsque le moment est opportun, mais cette assurance est si palpable, outrepassant son arrogance. Croisant son regard, il lui demande du menton si tout va bien. Demande silencieuse si elle a besoin de quelque chose, pour celui qui ne formule jamais vraiment ces mots doux.

Et peu à peu, les lumières reprennent et la chanteuse reviennent sur scène avec un de ses nouveaux titres. Il échange un clin d’œil espiègle sur sa prédiction, avant de lever la paume pour de nouveau prendre part aux chants, la joie dans les yeux. Ils auront probablement mal à la gorge demain, ils seront sûrement fatigués, mais rien ne vaut ces cœurs battants et ces pupilles animées pour ce court moment, mais magique. Lui s’anime, s’exulte, le palpitant bourdonnant presque à ses oreilles, les bottes battant contre le sol. Tout bouge, tout est bruyant, mais c’est tout aussi bien.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

---

Il n'y a rien de plus libérateur qu'une ambiance électrique face à une scène surélevée, devant un public en effervescence. C'est souvent qu'elle se retrouve dans ce genre de situation, au milieu d'une foule animée par le son de quelques instruments et d'une voix puissante. Néanmoins, ce n'est pas elle qui a initié ce plan de soirée. Elle a suivi la folie de ce garçon qui l'intimide, qui lui donne plus souvent envie de fuir ou de mordre, qu'être docile. Quand il s'agit de rock, les barrières tombent. Elle ne cherche plus à se défendre, ni à se reclure dans son château aux murs impénétrables. Elle laisse tomber ses défenses, s'accordant une trêve dans sa guerre intérieure.

Le corps frêle, elle parvient à tenir entre ses vagues qui déferlent. Ye Jun est comme une digue, protégeant les terres de la puissance d'un océan déchaîné. Elle n'a rien demandé de tel, pourtant elle le remercie silencieusement. Qu'il le fasse pour lui ou pour eux, elle s'en moque bien car elle peut en profiter en étant à ses côtés que partout ailleurs dans la foule. Hayan sourit au commentaire du violacé, lui intimant de rester concentré d'un mouvement du menton. Or, Ye Jun a toujours une œillade qui traîne, attentif aux changements chez son interlocutrice. La brune fait un "ok" avec ses doigts, n'ayant pas envie de hurler par dessus le bruit assourdissant pour se faire entendre.

La chanteuse revient sur scène, donnant raison au garçon qui l'accompagne. Elle en rit, se retenant de le complimenter pour sa perspicacité ou son don divinatoire. Quand la musique revient, les carcasses s'animent. Hayan n'est pas à part, elle sautille sur place, bras levés et voix qui porte pour partager sa joie d'être là. Elle chante parfois sur les refrains, en criant à coeur joie. Ses bottes tapent le sol au rythme de la mélodie et en accord étroit avec son compagnon de soirée. C'est l'hiver dehors, pourtant elle crève de chaud à l'intérieur. Sa veste en cuire serrée autour de sa taille, elle ne cesse d'être en mouvement, emporté par l'orage qui gronde. Au bout d'un moment, son énergie perd en intensité et elle s'arrête de sauter, optant pour des mouvements moins fatiguant.

- J'ai mal aux pieds.

Intime la princesse en criant proche de l'oreille de l'autre. Elle s'agite depuis un moment déjà, faisant du surplace. Malgré la douleur dans ses jambes et ses pieds, elle ne demande pas à partir ou à s'isoler. Elle veut seulement éviter les questions de la part du violacé sur ce soudain ralentissement.

Stay wildoutfit || song ||  @Nae Hayan  

---

Ses rétines se tournent vers la jeune femme, qui lui murmure l’inconfort présent et la raison de la perte d’énergie. Les rouages de son cerveau s’actionnent aisément et après quelques secondes, il penche la tête pour partager ses pensées. « Accroche-toi. ». Et sans autre forme de procès, ses bras s’avancent et viennent soulever le corps léger, assurément surprit. Surtout venant de cette figure d’arrogance, qui semble détenir tant de secrets entre ses phalanges, sous son rictus espiègle, entre ce qu’il connait d’elle et ce qu’il pourrait dévoiler et qui ne fait pourtant rien. Il la dépose sur ses épaules, la surélevant parmi la foule qui hurlent, qui dansent, les bras levés et les jambes qui sautent. Il la maintient en frôlant la jambe d’une de ses mains, faisant attention à ce qu’elle ne tombe pas. Ainsi, elle peut profiter de la scène sous un meilleur angle, sans souffrir et poser problèmes.

Par amusement, il vient parfois la secouer, comme s’il allait la faire tomber, avant de rire et continuer à s’illuminer sous le concert endiablé. Les cris sont bruyants, les basses plus fortes et la chanteuse aussi joviale que participative. Unanimement, les gens partagent les chansons, expriment sous des sauts, les doigts en l’air et les têtes bougeant au rythme des musiques. Des nouveautés, des morceaux légèrement différents, des growls maitrisés. Une symphonie aux oreilles de ceux qu’on ne devinerait jamais être là et pourtant, partageant cette passion à s’en casser la voix. Malgré les rétines éclatées par les stroboscopes, la chaleur de la pyrotechnie, les oreilles mal protégés des guitares. Peu importe, puisqu’ils profitent sans se soucier de la fatigue, des courbatures et des ecchymoses du lendemain. Ils se perdent et c’est tout aussi bien.

Cela dure, encore longtemps. Des minutes, des heures, il se perd lui-même tant les chansons et l’ambiance sont plaisantes. De tout mettre de côté pour ce moment, ce partage et oublier les problématiques, les entreprises, leurs familles, tout. De tenir le poignet de la jeune femme pour qu’elle le laisse en l’air, qu’elle s’amuse comme lui avec ses douleurs tant il sourit, tant il est heureux. Jusqu’à retrouver, peu à peu, un calme étranger. Celui d’une pause. Celui d’une fin, peut-être encore une ou deux chansons pour un rappel. Il lève les yeux vers elle, hurlant « J’espère qu’on aura un encore ! ». Il l’exclame de vive voix, ayant toujours eu un ton qui s’entend, malgré la foule.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

---

Les mots n'étaient pas prononcés pour que son partenaire trouve une solution. Ce n'est qu'une vérité susurrée pour s'éviter bien des questions. Elle ne s'attend à rien de l'autre, ni à de la compassion, ni à de l'attention particulièrement. Ye Jun aurait pu l'ignorer qu'elle n'aurait eu ni chaud ni froid, mais le fait est qu'il ne se montre pas si glacial envers elle. De là à la soulever de terre pour la ramener sur ses épaules... Il est évident que la demoiselle est surprise, se retenant où elle peut en paniquant. C'est seulement quand elle est placée en hauteur qu'elle se calme, venant tapoter la tête du violacé comme pour lui dire que ce n'était pas la peine. Bon, elle en profite un peu car, grâce à ça, elle a une meilleure vue sur la scène et l'assemblée en général. C'est une sensation grisante, qui fait palpiter son coeur d'une intensité alarmante. Elle aime ce genre d'ambiance, être emporté par les vagues, sous les éclats de lumière et des cris hystériques.

Il est quand même bien étrange ce Ye Jun. Un loup au pelage doux, quand il ne montre pas les crocs ou qu'il ne cherche pas à mordre. Il n'a jamais essayé de la gnaquer. à ses yeux, il serait un peu comme le loup dans le petit chaperon rouge. Menaçant, effrayant, mais qui ne tente pas de suite de dévorer l'enfant. Le violacé a sûrement d'autres tours dans son sac pour piéger ses proies, comme avaler la mère grand et enfiler sa robe de nuit, à attendre patiemment dans son lit que la gamine se pointe. Elle délire, ce n'est pas le moment de songer à des contes stupides.

Ses doigts tirent sur les mèches violettes de son acolyte quand celui-ci s'amuse à la secouer légèrement. Elle n'a pas peur de tomber, mais elle ne dira pas non plus qu'elle se sent à l'aise à l'idée de perdre son équilibre. De ce fait, elle préfère donner une tape sur le haut de son crâne pour le prévenir de faire attention. Avant de revenir au concert, à l'atmosphère libératrice et à la délivrance de pouvoir se déchaîner sans être enchaîné. Hurler, chanter, gesticuler, rire aux éclats et s'agiter sans crainte d'être remarquer. Elle laisse tomber ce masque royal pour un visage plus franc, plus sincère.

Chaque chose en ce monde possède une fin, il ne faut pas se leurrer. Hayan ne pense pas à la fin de cette soirée, elle préfère écouter les paroles chantées, les accords des guitares ou le rythme de la batterie. Ce que la foule donne à ce groupe aussi. Elle sait que ça va se finir, qu'elle devra redescendre de ce petit nuage pour terminer sa soirée sur un retour désillusionné. Tant pis, elle n'y est pas encore.

- Suffit de le faire!

Elle répond à son tour en haussant la voix, proposant à son binôme de réclamer une suite. C'est rien de plus qu'un mouvement de foule, un écho qui se propage. Ce sourire éclatant illumine rarement son visage, surtout en présence du jeune homme, mais elle se laisse aller ce soir. S'il ne peut voir son esquisse, il peut l'entendre dans le timbre de sa voix. Beaucoup plus jovial et dynamique, beaucoup moins froid et cinglant.

Stay wildoutfit || song ||  @Nae Hayan  

---

Et chacun hurle pour le « encore », les bras levés, les secousses et autres exclamations à s’en vriller les tympans. Quelque chose d’assez sonore pour la faire revenir, sous les applaudissements, les cris de joies et les sourires éclatants. Ensemble, ils chantent les paroles qu’ils connaissent, une des favorites du public. Happé par les instruments, crevant sous la chaleur de la pyrotechnie, légèrement limité dans ses mouvements, mais peu importe. Son esprit se laisse entraver par ce moment, le condamnant dans l’euphorie pleine sous ce concert battant son plein. Avant la fin. Les musiques s’apaisant lentement, sous les remerciements de l’artiste qui finit par disparaitre de la scène.

Et tout redescend, s’apaise, sous les mirages de ces heures disparues désormais. Cela vient de se dérouler et l’immense vide se propage dans son battant, sous cette exception qui se tarit sous les souffles et les sourires, sous les rires et douleurs. Agréable, presque douloureuse, mais de la bonne façon. Il fait choir la jeune femme de ses épaules jusqu’au sol, les mains autour de la taille jusqu’à ce qu’elle retrouve son équilibre. Les rétines pétillent encore, les lèvres ourlées vers le haut, devenant bientôt insupportable, mais dont il n’arrive à faire dissiper. Trop heureux de ce partage joyeux, de cette euphorie encore pulsante à travers ses veines. Du menton, il désigne la sortie. Lorsqu’elle démarre, il lui emboite le pas comme un loup, prêt à dévorer tous ceux qui osent bousculer la silhouette devant lui, repoussant sans ménagement les braillards et les pressés.

Et dehors, ils profitent de l’air frais, la truffe en l’air et sa veste sous le bras, profitant de la nuitée pour rafraichir la chaleur de sa peau, de tout ce qui se dégageait dans la salle. « Tu peux marcher jusqu’à la voiture ? ». Il questionne, prêtant un regard enfantin à sa compagne nocturne. Ce visage qu’on ne voit habituellement pas, la ligne fine de l’espièglerie ou le sarcasme, complètement délester pour une innocence charmante. « La tête dans les nuages, diva ? ». Un peu comme lui, un peu comme tous.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

---

Parfois, il suffit de le vouloir pour qu'une chose arrive. Hayan a compris que rien ne vient à soi sans un petit effort, aussi absurde soit-il. Crier un « encore » ensemble, à tue-tête, et se faire entendre. Ce n'est que quelques minutes accordées en plus, quelques minutes qui suffisent et qui plaisent. Tout le monde s'en délecte, tout le monde est heureux. C'est ce genre d'ambiance qui plaît à la princesse, qui donne envie de traîner davantage dans cet univers-là que dans son royaume froid et sans vie. Perchée sur les épaules du jeune homme, elle s'agite légèrement en clamant sa ferveur, un large sourire aux lèvres. Et si la fin arrive, rien ne le prédit chez elle. La paix revient dans la salle quand l'artiste quitte la scène, que la musique se tait et que l'effervescence redescend peu à peu.

La vague est passée. La brunette contemple les ravages de cet ouragan, une lueur démente dans le fond des pupilles. C'est beau, c'est tout ce qu'elle se dit. L'orage a laissé derrière lui des débris festifs, des étoiles échouées au sol. Et dans un dernier regard au sommet de son perchoir, la demoiselle inspire et s'imprègne de cette poignée de seconde avant de redescendre de son nuage. Pieds à terre, l'esquisse étirant ses pulpeuses, un sentiment d'euphorie peint sur le visage. Elle relève ses iris scintillantes vers ce visage qui la tourmente souvent, incapable de faire disparaître ce tableau sur les courbes de son fasciés.

Et elle ne comprend pas.
Elle ne comprend pas comment il peut autant l'intimider.

Lui, la tête droite, le regard percutant. Celui qui ne ploie jamais l'échine, qui s'enivre de la détresse d'autrui. La sienne, particulièrement. Celle d'une poupée de porcelaine qui ne se sent pas à sa place dans ce palais d'or et d'argent. Hélas, tous les chemins ramènent dans cette direction. Ses bottes frappent le sol quand elle tourne les talons, elle fend la foule sans une œillade en arrière. Elle sait qu'il est là, pas trop loin, ni trop près. Dans une démarche assurée, mais une présence rassurante.

L'air étouffant de la salle se change en quelque chose de plus respirable, une fois dehors. Hayan respire à plein poumon, les paupières closes. Elle se recoiffe de ses doigts, la tignasse rebelle. Il est trop tôt pour se rhabiller, laissant sa peau respirer encore un instant avant de remettre sa veste sur ses épaules.

- Je ne suis pas en mousse.

Dit-elle en lançant un regard confiant à ce qui pourrait ressemble à un preux chevalier, quand il n'est qu'un brigand. D'un mouvement souple de la main, elle dégage sa chevelure dans son dos et vient tapoter gentiment le bras de son compagnon pour la soirée. Tout va bien, c'est ainsi qu'elle le traduit dans son langage.

- Hum. Malheureusement il faut redescendre.

Ce bonheur a si peu de saveur, quand elle sait la suite de son programme. Et si elle n'écoutait qu'elle? Une nuit à l'hôtel, supplément mortel. Même si c'est ainsi, que la réalité revient la hanter, la belle cherche encore des miettes de ce rêve égaré.

- C'était sympa, n'est-ce pas? Un goût de trop peu une fois dehors, mais quand je ferme les yeux, je peux me replonger dedans comme si j'étais encore à l'intérieur, au milieu de la foule.

Et elle sourit, les yeux fermés. Pour un temps indéterminé, elle se remémore l'ambiance endiablée, la cadence insensée. Les cris, les applaudissements, ce « encore » qui la fait frissonner.

Stay wildoutfit || song ||  @Nae Hayan  

---

« Et pourtant, je te pousse et tu voles, diva. ». Apportant une touche de rudesse dans ses propos véridiques. À ses yeux, son interlocutrice ne représente que ce branchage qui se plie sous le vent, attendant un dernier soupir pour se briser, le dernier ouragan pour se faire transporter. Et dans tout cela, il pourrait bien être celui qui la décroche à l’en faire hurler sous le craquement. De tout ce qu’il sait, de tout ce qu’il a appris et qu’il conserve étrangement entre ses lèvres carnassières. Les épaules se soulèvent avec nonchalance, à la fois entendu sur les mots énoncés et l’habitude des années. « L’effet post concert. C’est ce que tu veux faire ressentir quand tu joues ? En tant que violoniste et rockeuse, évidemment. ». Son regard est équivoque : Ye Jun à toujours apprécier la provocation.

Comme ce soir encore, après un moment partagé sous les sons métalleux et la chaleur de la pièce dans laquelle ils étaient. Dorénavant, seule la pénombre les accompagne jusqu'à la voiture du propriétaire. S’installant au siège conducteur, il lui dépose une couverture sur ses jambes avec un geste lâche et se permet de répondre à quelques messages. Sa tête se penche sur le côté, durant quelques secondes, avant de passer sur autre chose. « Il y a un after avec des fans dans un bar, on peut y aller. Ils vont jouer en acoustique, ce sera sympa pour rester un peu dans l’ambiance. ». Il ne parait pas lui laisser le choix, à la princesse dont le destin est semblable au sien et pourtant si peu élaborer en comparaison. Il lance la voiture sans autres formes de procès, affichant la navigation jusqu’au prochain lieu de rendez-vous.

« De toute façon, ce n’est pas comme si tu étais attendue ou que tu désirais retrouver ta cage dorée. ». Il en poufferait presque, l’odieux cabot qui ne saisit pas la mentalité de la belle brune. Lui qui dévore tout sur son passage, qui attrape ce qu’il a pour en faire ce dont il désire. L’arrogance peinte dans son regard, décrite sur ses lèvres et ses yeux, jusqu’à la pulpe de ses phalanges et dans le son de sa voix. Comme si l’échec n’était jamais présent dans sa vie. Il ne l’a jamais connu, pas encore. Mais ne respire pas non plus ce qu’il semble déclarer de vive voix. « Ça te donnera une bonne raison de fuir un peu plus. ». Vers ses horizons lointains, vers des rêveries chantonnées, sous des bavardages et une ambiance aussi électrisante.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

---

Le regard est de flamme, sous cette apparence fragile et cette peau d'ivoire. Rien de plus qu'une poupée de verre, une statuette de porcelaine. ça l'horripile d'être ainsi comparé à une brindille fine et cassable, à quelque chose d'aussi solide qu'une coquille vide. Les mots fusent dans son esprit colérique, mais aucun ne vient perturber l'atmosphère festive régnant autour d'eux, dans leur dos, au coffin de leur être. Si elle réplique, ce serait le début de la fin. Si elle ose dire ne serait-ce qu'une parole irritée, l'autre le prendrait comme une déclaration de guerre.

- Chacun est libre de ressentir ce qu'il veut quand il m'écoute jouer. Je peux éprouver un sentiment que la foule n'est peut-être pas susceptible de comprendre.

Comme si c'était simple de faire véhiculer une émotion à travers des notes. Elle a appris, tout au long de sa vie, à transmettre des sentiments dans sa manière de jouer du violon, puis de la guitare. Un rythme qui diffère, une pulsion sanguine ou un calme olympien. Ce n'est peut-être pas l'instrument qui exprime le sentiment, mais celui qui s'en sert. à moins que ce ne soit les deux, en harmonie. Quelle importance. La princesse se détourne de cet univers euphorique pour se laisser choir avec nonchalance sur le siège de la voiture. Couverture sur les jambes, les yeux portés à l'extérieur.

Un after? Ses iris se portent sur le visage presque trop parfait de son interlocuteur et elle le scrute ainsi en silence, les pulpeuses formant une petite moue condescendante. Ce sale cabot sait à quel point elle déteste les retours à la maison, plus encore le chemin qui mène jusqu'aux beaux quartiers. Alors il pourrait lui proposer tout ce qu'il lui passe par la tête, qu'elle le suivrait sans réfléchir.

- Quelle délicate attention. J'en serais presque conquise.

Elle roule des yeux, un soupir à fendre l'âme quittant ses lèvres entrouvertes. Si quelqu'un l'attend chez elle, la demoiselle s'en moque bien. Quant à cette cage dorée, il est évident qu'elle ne désire la retrouver. Une tombe, le palais d'Hadès, tout ce qu'elle représente n'est rien de plus qu'un enfer sans nom. Si sa soeur est tombée, elle se doit de rester. C'est là l'origine de la fissure, d'où part la brisure. Elle s'étend d'une part et d'autre, brisant le corps frêle de la violoniste. Serait-elle différente sans cette cicatrice dans le coeur? Serait-elle plus forte et battante aux côtés d'une soeur modèle? Elle n'a jamais pu le savoir et elle n'en saura plus jamais rien.

- Tu m'as convaincu. Je ne pense pas que ce soit ton but, ceci dit. Tout est mieux que là-bas et tu le sais, ne fait pas semblant.

Un nouveau soupir, plus las et ennuyé. Elle n'aime pas rappeler ce qui la détériore autant, la raison pour laquelle elle se lance à corps perdu dans ces chutes mortelles.

- Même si tu le sais, tu restes mordant.

Stay wildoutfit || song || @Nae Hayan  

---

« Je n’ai jamais prétendu le contraire, diva. ». Un souffle sous le sourire carnassier du chien des Enfers, tenant entre ses crocs gigantesques la jeune femme qui essaie de se frayer un chemin. Il sait tout autant, par ses gestes et ses souffles, par ses expressions et ses non-dits, tout ce qu’elle déteste et tout ce qui l’anime. Fondamentalement aux antipodes de leurs choix, elle qui préfère se morfondre dans l’incertitude et la rêve de croire à de la fantaisie. « Je dirais davantage adepte de la provocation. Une simple boutade envers une amie, si je puis dire. ». Les rétines apposées en une vague qui déferle sur la silhouette qui se tient à ses côtés, sans jamais se séparer de ses crocs luisants. Mordant à qui veut bien l’entendre, pour tous ceux dont l’épiderme ne peut résister à chacune de ses syllabes. S’il le désire vraiment, elle ne reviendra pas indemne de la morsure. Et dans le fond, tous deux doivent le savoir.

Ils arrivent vers les quartiers encore fort animés à cette heure. Là où les bars et les boites de nuits font le tri, adeptes des chansons fortes et des corps qui s’enlacent, des regards adorateurs et d’autres plus malins. Un lieu parfait pour les diablotins et pousser les hommes dans leurs plus grands excès. Ainsi, trouver une place est moins aisé, mais le manque considérable du respect envers autrui lui procure un endroit parfait pour eux, moins pour ceux qui se sont fait subtiliser celle-ci comme on coupe la priorité – de quoi octroyer une certaine hilarité du chorégraphe. « Ce n’est pas loin, mais certains se sont mis une mine. ». Prévenance envers la princesse glacée face aux hommes dont les paroles dériveront vers l’absurdité, en plus de leurs gestes.

Tous deux descendus, ils arpentent les ruelles joyeuses et retrouvent les autres adorateurs du concert qu’ils viennent de quitter. Des poignets de mains, des accolades presque amicales et trop bruyantes, bientôt assis sur des tabourets et des verres servis prestement. Installé à côté de la belle, il sirote sa boisson et lui offre un regard taquin. Mauvais signe quand on le connait. « Sinon, Hayan est rockeuse et elle se débrouille assez bien. ». Pauvre jeune femme envoyé dans la fosse aux lions, sous un loup discret et aux aguets, les yeux et le rire aiguisés.

Stay wildoutfit || song ||  @Love Ye Jun  

---

cette provocation qui a le don de faire s'hérisser les cheveux sur son crâne. La diva roule des yeux, elle ne désire pas être mordu par ce chien. Être le jouet d'un toutou enragé n'a rien de plaisant, surtout quand celui-ci prend un malin plaisir à la secouer dans tous les sens. Hayan ne jouera pas avec le feu, ni avec les crocs pointus de la bête. Elle préfère se rétracter, prendre une distance raisonnable, sans pour autant le fuir. S'il parvient à la chopper, elle a peur qu'il soit incapable de lâcher. La demoiselle n'a jamais tenté le diable avec ce garçon provenant du même monde, mais dont les idéaux sont différents, diamétralement à l'opposé. Là où il nage comme un poisson dans l'eau, l'autre cherche encore à apprendre comment ne pas couler.

Tout chez cet énergumène inspire le dégoût chez la belle. Une irritation difficile à camoufler par moment, quand les nerfs sont à fleur de peau. Si c'était elle à la place des autres, une chance sur deux que le rétroviseur de sa belle voiture ne pende misérablement dans le vide. Son conseil étire un sourire à la brunette, elle le toise de haute en bas comme si ce n'était rien de plus qu'une étape à passer. Des hommes aux mains baladeuses et aux paroles affreuses, elle en a déjà rencontré des tonnes. Que ce soit dans ce genre de soirée ou dans son propre univers, celui de la richesse, de l'apparence et du pouvoir. Les hommes sont ainsi, pour beaucoup d'entre eux.

Quittant l'habitacle pour rejoindre les rues animées du quartier. Hayan est loin de ressembler à cette princesse hautaine dont elle détient le rôle en journée. La rockeuse se font dans la masse, ne craignant pas les accolades et les poignées de main, ni les étreintes. Verre aux lèvres, elle se balance légèrement sur son siège en regardant les gens danser et s'enivrer. si ça ne tenait qu'à elle, la belle serait déjà avec eux. Un sourcil levé, elle scrute le jeune homme à ses côtés en abaissant son verre à moitié vide.

- Tu me provoques, belle gueule?

La princesse est au placard. Elle rit, un son qui n'a rien de joyeux, mais plutôt d'hystérie. Un écho qui se perd dans le bruit, tandis qu'elle lève son verre.

- Donnez moi une guitare et je vous anime la salle.

Et ses yeux tombent lourdement sur ce visage fier.
Elle le provoque, l'incite à continuer son petit manège.