Reveriesong || outfit ||  @Jang Ma Eum

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« Entrez, je vous prie. ». Laissant glisser l’ombre nouvelle venant tapisser son décor harmonieux. Il avait été prévenu par son ami artiste, aux paroles aussi éloquentes qu’une rose épineuse, mais n’est-il point contrarié par les comportements humains. On l’avait prévenu que la curiosité portée par le genre littéraire est semblable au cœur d’un enfant : chaud comme l’été, avec la fraicheur du printemps. Du moins, cela en ressort nettement sous les pourtours de son interlocuteur, arborant l’expression de la politesse gentillet ; sous le pendentif en forme de croix valsant contre sa nuque. Jusqu’à le guider vers l’enceinte de son foyer : un charme cousu par une beauté complice, entre ses aspirations et ses désirs. Le point d’honneur dans ce qu’il a réalisé et non pas dans ce qu’il a souhaité. Cette distinction s’en ressent : Llewelyn est un homme aux actions accomplies, enivrant les pensées jusqu’aux décors de son propre univers.

Et son regard est l’exemple de ce qu’on lui a toujours offert : comme un morceau de jour laissé là, chassant le crépuscule que les autres amènent avec eux. « Il semblerait que Ye Jun ait confié notre point commun à apprécier la littérature ? Vous avez un genre favori, Ma Eum ? ». L’intonation est nette : tout est à l’intérieur, entre eux, demeure au bonheur et le reste, en dehors, est libre au tourment. D’un geste élégant, il l’invite à choir contre son canapé, disposés de quelques carnets crayonnés, des autres romans français et œuvres de philosophes, écrit dans leur langue d’origine. Si bien ordonné qu’ils ne dérangent pas, décorant l’espace comme on anime un mur d’un tableau ou d’une plante. L’art et la finesse, comme sa démarche souple et apaisante.

« Du thé ? Café ? Autres boissons, peut-être ? ». Si les mots de son ami danseur sont véritables, ils auront besoin de se désaltérer à force de communiquer leur opinion. La tignasse vient acquiescer sous la réponse, se déplaçant dans l’endroit aux arches ouvertes, cette même considération auprès des uns et des autres à l’écoute certaine. « Vous souhaitez peut-être que l'on se tutoie ? » Même si l’on ne le voit pas, on peut entendre ses pas, suffisants pour ne pas se sentir abandonné, ni craintif dans un environnement aussi irrégulier que le sien. Il n’y a rien de superficiel, simplement celle d’un homme qui a appris à devenir sage. Ou presque.

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Les doigts en proie à une torture silence, le visage s'incline à l'approche de son interlocuteur. L'enfant se montre timide au premier abord, dans une démarche lente aux regards vagabonds. Il s'imprègne du lieu en gardant les lèvres closes, pincées dans une expression réservée. Ye Jun n'avait pas menti quand il lui a parlé de rencontrer le fameux passionné de lecture. Et pour le coup, le brun a opté pour une tenue différente et particulièrement chic pour un garçon aussi désordonné. Les pupilles se posent ça et là, une lueur pétillante dans le fond des iris. Si le visage n'exprime pas encore la joie débordante, si la langue ne se délie pas dans un déferlement de curiosité, son regard parle suffisamment. Le dos légèrement voûté sous la timidité se redresse face à l'émerveillement, l'intérêt qu'il porte sur le jeune homme accueillant.

- C'est exact. Je n'aurai pas cru qu'il soit allé si loin.

Un sourire, un petit rire. Une main qui se loge dans sa nuque, dans un grattement significatif. Un brin de gêne, mais aucun malaise.

- Pas vraiment, non. J'aime un peu tout, même si je lis beaucoup plus de livre éducatif que des romans.

Tout ce qui peut avoir rapport à la connaissance, aux faits divers, au savoir de la vie, de la terre, de l'être humain et bien plus encore. Sous l'invitation de l'hôte, le garçon vient s'asseoir délicatement sur le bord du canapé, les mains jointes sur ses genoux, les jambes ramenées vers lui dans une position presque trop droite. Les yeux ne cessent de changer de point d'ancrage, tantôt sur le décor, tantôt sur l'homme. Il ne s'attarde pas plus de quelques secondes sur lui, revenant aussitôt sur l'intérieur de la demeure.

- Seulement de l'eau, merci.

Les stimulants sont mauvais pour lui, et de toute manière il n'aime ni le café, ni le thé. Un môme dans l'âme, il garde les goûts d'un temps passé qui persiste. Soda ou sirop, boisson aromatisée ou de l'eau claire. Tout comme sa personnalité, ses goûts ne sont pas compliqués. à la question de Llewelyn, le brun se tortille doucement comme pour voir s'il parle à quelqu'un d'autre. Peuvent-ils se tutoyer? Il en serait plus à l'aise.

- B-bien sûr! Ce serait cool. Enfin, ce serait bien.

Il se tapote les lèvres du bout des doigts, s'infligeant une correction pour son langage familier. Trop de mauvaises habitudes dans ce petit corps, à la limite de croire que l'univers est son ami et qu'il pourrait jouer les paris avec Dieu. Les épaules s'affaissent lentement, il prend ses marques dans ce milieu encore inconnu. La tête se lève, poussant son observation vers la plafond, sur les murs ou des points en hauteur. La curiosité se peint dans ses prunelles, envieux d'en voir davantage, de découvrir les recoins inspirant le mystère dans l'esprit inconstant du garnement.

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Le rire s’échappe comme la joyeuseté peu commune des êtres vivants dans ce vaste monde en perdition. Cette capacité détonante frappant les esprits par la clarté de cette vivacité, lorsque les liquides entre en contact avec leurs conteneurs. « Nul besoin de contenir vos propos. Il est vrai que mon langage peut en dérouter plus d’un. N’ayez crainte de ce que vous dites, vous ne serez jamais dans le faux. ». Pas plus que lui. De ses diversités langagières et la retenue pudique de la silhouette longiligne, dont les pas mesurés déposent de nouveau vers son interlocuteur empreint de curiosité enfantine. La douceur du printemps soufflant sur les déchéances ternis des autres. La prévenance dans les phalanges qui entourent la tasse et la croix autour de son cou qui se pavane.

« Ainsi, tu es davantage dans les livres éducatifs. As-tu déjà lu toutes disciplines ou certaines attirent bien plus ta curiosité que d’autres ? ». De la psychologie à la nature humaine de manière physiologie, en passant par les données mathématiques structurées ou l’écosystème végétal et animal au sein de la planète. Il ne peut témoigner que d’un regard attentif et la tendresse comme un professeur envers un élève passionné. Bien qu’alimenter par la littérature et la philosophie, il n’en demeure pas moins un irréversible amateur de richesses et de variétés insoupçonnées. « De même, les langues ne sont pas une barrière à l’apprentissage ? ». Qu’elles soient vivantes ou plus anciennes, roulant sur la langue ou disposant de ses facettes inexplorées.

Et, fort heureusement, il n’éprouve aucune problématique envers les attraits différés, qu’ils ne soient pas envers la littérature classique ou orienté vers des horizons voisins. Llewelyn est le fervent épris des passions peu communes, des sensations vibrantes qui assagissent l’âme et font appréhender les perspectives de sa propre conscience. « En supposant, tu n’es pas réfractaire à certaines déclinaisons ? Tel que la poésie, l’ésotérisme, la dramaturgie ou d’autres mouvements culturels ? ». Même le fantastique ou le réalisme déroutant, vers la politique ou la religion. Des questions qui lui permettent de mieux orienter et ainsi faire découvrir de nouveaux trésors.

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Le contrôle dans les mots, les lippes figeant l'air plus vite que ses pensées fougasses. Ce n'est pas un bordel ici, un peu de manière. L'enfant fait tâche dans ce décor, qu'il ait voulu faire un effort vestimentaire ou qu'il se soit coiffé avec un peu de gel pour donner l'impression de ne pas être un sac. L'adulte le rassure, il peut rester celui qu'il est. Le môme turbulent et indiscipliné, qui n'écoute que la petite voix dans sa tête. Ma Eum acquiesce, lentement, trop lentement. Tout en restant petit face à ce monde trop grand, entassé dans son fauteuil, sous un haut plafond.

- Je peux seulement dire que j'en ai lu beaucoup, peut-être pas toutes car je ne les connais pas toutes en réalité, mais assez.

Il ne pourrait les compter sur ses doigts, dérivant d'un sujet à un autre dès lors où il saisit un bouquin au titre accrocheur. Les thèmes de base, il connaît. La psychologie humaine, qu'elle soit saine ou complètement à la dérive. Les mythologies, de différents pays et origines. La science sous plusieurs formes. L'astrologie, l'astronomie, la nature, du côté animal comme végétal. La géographie, l'histoire à travers les âges, les mathématiques, l'écosystèmes, et bien d'autres dont il ne se souvient. Le brunet s'est aussi penché sur des contextes plus fantastiques, inventés, aux thématiques plus compliquées.  

- Je ne comprends pas toutes les langues, en dehors de l'anglais que j'ai appris à l'école, ou du latin qui me fascine. Le Coréen, bien évidemment. Il y aura toujours une barrière si ce n'est pas traduit.

à son grand malheur, il n'est pas polyglotte. Ce n'est pas faute de s'être intéressé à diverses langues, comme celles des différents pays Asiatique ou encore celles des continents occidentaux. Hélas, il n'aura pas assez d'une vie et d'un cerveau pour parvenir à tout savoir, tout retenir. Les questions suivantes font réagir le plus jeune, d'un entrain particulier.

- Non, bien sûr que non! J'aime aussi la poésie! J'écris des paroles de chanson, c'est un peu comme de la poésie. Presque. Pas totalement, mais presque ouais.

Il se râcle la gorge, gêné de parler d'un tel sujet. Sa plume est propre à lui-même, il dépose sur plusieurs supports ce qui lui trotte dans la tête. Quelques songes, des rouages complexes qu'il retire de son coeur.

- Je ne suis pas fermé d'esprit. De mon point de vue, tous les thèmes qui composent notre univers ont le droit d'être abordé? Chacun peut décider si ça lui plaît ou non, mais pour moi, je trouve tout cela intriguant.

Un petit tic nerveux le saisit quand il cherche à s'exprimer plus sérieusement. Il gesticule, se gratte la cuisse, quand ce n'est pas sa jambe qui bouge seule. Ses yeux se fixent sur un point, pas vraiment dans ceux de son interlocuteur, mais plutôt vers le bas à ras-du-sol. Son esquisse est retenue, tel un enfant qui voudrait en dire beaucoup trop, mais qui ne sait pas comment le faire. Une facette de sa personnalité qu'il n'affiche pas fièrement.

- E-et vous? Vous aimez ces choses-là?

Les dernières déclinaisons qu'il a abordé, bien qu'il aimerait aussi savoir pour les langues apprises par son interlocuteur.

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Prêtant oreilles attentives envers son interlocuteur, une certitude répond à chacune des syllabes énoncées sur les lippes chastes. Ce rayon de soleil possède un bonheur simple : celui de reprendre un livre favori. La résolution de ne pouvoir émettre des mensonges sans dévier par des mécanismes inconscients, aimant à l’adoration ses passions et la timidité de pouvoir s’en exclamer aussi véritablement. Sans détour ni singeries enfantines, est-ce là le tableau d’un cœur sincère et bon. Que rien ne soit un ridicule lorsqu’il observe pas même de la classe sociale ou de la verbe, pas même des passions et du manque de vanité. Tout est dans le confort d’aimer. Chacun porte un masque pour mieux porter le délice de l’égoïsme à prouver une existence sur Terre. Et d’autres s’animent des simplicités.

« Mes déclinaisons sont nombreuses, mais il est vrai que je possède un inexorable penchant pour la poésie et le Romantisme. L’attrait, sans nul doute, de sensibilité et l’esthétique de la sagesse par le biais des émotions. Chatterton, Hugo, Delacroix ou Cowper, Füssli et même Blake dans la peinture et leurs goûts pour l’étrange et le gothique. Pardonne-mes auteurs, j’ai vécu une majeure partie de ma vie en Grande-Bretagne. ». Énonçant ainsi son aisance parmi la langue anglaise et fredonnant avec le français comme on murmure des mots d’amour à l’élu de son cœur. Ses rétines parlent pour lui, vitraux des sentiments vibrant de l’âme. Il n’y a rien de plus beau que ce qui parait si timidement évident à ses yeux.

Sous un sourire à la finesse tendre, à la frontière entre la politesse d’un voisin et celle d’un ami proche. « Et cela est toujours intéressant de constater des références littéraires ou picturales dans les chansons. Tu écris sous des thématiques particulières ou selon l’idée fugace ? ». Après un rendez-vous, une animation animée, un film vu. Sans tenir rigueur au vouvoiement qui s’est glissé de nouveau entre eux, il faut croire que cela prendra encore un peu de temps. « Vois cela comme une curiosité fascinante. Il n’est pas aisé de composer et peu ont le mérite de se l’octroyer. Écrire n’est pas une simple discipline, as-tu déjà parlé de cela à quelqu’un ? Ou même, montrer quelques textes ? ». Assurance envers cet aspect : il n’y a aucun mal à visualiser l’homme à ce qu’il est.

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Ma Eum se plait dans sa simplicité, dans le partage de ses passions et de ses découvertes littéraires. La douceur dans les gestes, la compassion dans le regard, le feu dans les prunelles. Sous ce masque de timidité, sous quelques mouvements imperceptibles d'une anxiété sourde ou d'un stresse éphémère. Et l'intérêt grandit, là où l'inconfort disparaît. Suspendu aux lèvres de son aîné, bercé par les mots qui en sortent, tel un récital. Des noms qu'il cite par connaissance, autant que l'homme est bleu d'eux, de leur style d'écriture ou de ce qu'ils comptent dans leurs écrits. Des noms connus ou peu connu, que le brun peine à reconnaître une fois sur deux.

- Désolé, je n'en connais pas autant. Chatterton à la rigueur, mais j'ai encore tant à apprendre.

Il se confie, sous couvert d'une certaine réserve. Sa palette de préférence est si grande et son âge si jeune, qu'il n'a pas encore le répertoire étendu de son hôte. Il connaît les classiques de la littérature de son pays, un peu ceux des autres, mais pas assez bien pour en débattre librement. Néanmoins, le garçon perçoit l'exaltation dans le regard de l'autre. Une dévotion pour l'art, un amour pour un pays de coeur l'ayant accueilli une partie de sa vie.

La lecture est ce qu'il aime davantage dans son quotidien, mais au-delà de ça, il y a l'écriture. Il n'est pas écrivain, ni auteur de livre. Rien d'aussi prétentieux ne vient de lui. Ce ne sont que des textes, des paroles qui viennent du coeur et décrivent des situations ou des sentiments. Il nomme ça de "rap", parce que ce n'est pas chanté, juste énoncé d'une manière différente avec des émotions similaires.

- J'écris.

C'est sa première réponse, comme pour dire qu'il écrit de tout et de rien.

- J'écris comme ça me vient. Parfois c'est pour partager un sentiment que je rencontre et qui me traverse. Parfois c'est une thématique particulière qui me tient à coeur et que je veux partager à travers des mots plus percutant, sur une sonorité qui accroche les esprits.

Facile à dire, à présenter. Plus difficile à retranscrire, à déposer sur papier. à coucher ses idées, ses pensées. Nullement honteux de s'exprimer par les mots, à l'écrit ou à l'oral, seul ou devant des gens. La fierté de s'exclamer, de laisser libre court à son coeur de s'évader, de s'étaler. Que son encéphale se libère et sorte de sa cage, pour se délivrer de ses chaînes qui le retiennent. Sans limite, sans contrainte. Juste d'ouvrir sa bouche, d'exalter, de prouver que la peur de parler n'a rien d'insurmontable. Que comme le temps, ça passe.

- Je l'ai déjà fait. Je n'ai pas honte de faire lire mes mots, même si c'est intimiste ou personnel, que ça me concerne moi. Je n'ai pas honte de qui je suis, de ce que je veux exprimer, ni de ce que je pense ou éprouve. La honte n'existe pas dans ce genre de chose, car il n'existe que la fierté de savoir l'exposer.

Il se défait d'une mine trop sérieuse et passionnée, pour se vêtir d'une esquisse sincère.

- Et vous? N'avez-vous jamais essayé d'écrire et de le faire lire? Vous vous contentez de lire et de partager ensuite? écrire, c'est la délivrance des psychés.

Si l'enfant était hésitant des minutes auparavant, désormais il se tient droit et fier sur son siège. Le regard fixé sur son interlocuteur, les yeux grands ouverts sur des prunelles brillantes de mille étoiles.

- Voulez-vous lire ce que j'écris? Je pourrais amener des textes la prochaine fois. Vous pourriez me donner votre avis en me disant ce que vous en pensez. Ce n'est pas vulgaire, ni violent. ça reflète simplement ma façon de parler ou de penser, d'être ou de vouloir être.

Tout en douceur, avec des mots percutants et qui ont du sens. Des fois dans une lourdeur impactantes pour un sujet intense. Sans gros mots, sans tuerie, seulement en ayant le coeur ouvert.

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Sans gêne apparente sous la délivrance de ce que la plume exhorte de l’esprit, peut-être mène-t—il cette vie délicieuse de ne plus décider de la prendre au sérieux. Reste à savoir si, plume en main, n’est-ce pas plus destructeur qu’une joyeuse forme de consolation. Sûrement est-ce mieux de coucher les tiges nerveuses qui fissurent l’être dans une vie aussi fragilisé qu’est l’être humain. Certainement, d’étendre les syllabes au lieu d’un silence ou de quelques mots. « Tu laisses ainsi tes sentiments te guidés lors de ton écriture ? Nul besoin de te tourmenter ou soupeser de tes angoisses, tu écris tout de même ? ». On dirait ceux qui aiment avec autant de passion que d’ignorance. Ceux qui adulent sans savoir si cela sera bénéfique ou carnassier, d’une utilité quelconque ou jeter dans la froideur de l’indifférence. Il fait tout simplement partie de ceux qui aiment, de manière passionnée.

Et pour répondre à la sienne, le sourire en est presque trop mystique. « Comme Paul Éluard dirait : le tout est de tout dire et les mots me manquent. ». De sa fascination auprès du romantisme disparu, en dépit des avancées, de toutes ces mœurs en faveur d’un bonheur qui dépend de tant d’éléments si éloignés de l’individu, lui crève le cœur à bien des égards. Quand bien même cela peut paraitre douloureux, il est persuadé que de vivre pour quelqu’un est l’un des plus sentiment qui puisse exister. De tout ce qu’il apporte, si bien que l’on semble incapable d’exprimer scrupuleusement ce que le myocarde essaie désespérément de faire comprendre. « Je serai ravi de lire quelques-uns de tes écrits, Ma Eum. Je ne suis aucunement prompt au jugement quant à la langue. La sensibilité est un attrait unique. ». Que beaucoup déplorent à son plus grand regret.

Et nul besoin de se défendre en raison de sa propre manière, étrange pour beaucoup, mais révélateur selon lui. La beauté se décline sous toutes ses combinaisons. « Si tu éprouves suffisamment de confiance envers ma personne pour apposer un avis sur tes textes, reviens la prochaine fois. Je suis toujours curieux envers des domaines que je ne maitrise pas. ». Sincérité du bout des lippes. « Et quels sont les mots dont tu parles le plus, dans tes écrits ? ». Après tout, le cœur est un fieffé menteur, dissimulant des parties par crainte ou en ajoutant paradoxalement pour la même raison. Et ces mots, couchés sur du papier blanc, permettent de rassembler les idées là où ce même cœur décide toujours d’en faire assez ou un peu de trop. Et Llewelyn, il est curieux de connaitre ce qu’il se tapit sous ce soleil resplendissant, qui ne vit qu’avec un amour innocent.

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C'est une question qui mérite réflexion. Les mots ont un impact, ils peuvent être plus tranchants que la lame d'un couteau et faire davantage de dégât qu'un tir d'obus. Ma Eum a conscience que les propos peuvent faire autant de bien que de mal, pour soi-même, mais notamment pour les autres. Les mots, il faut savoir les peser et ne pas surcharger les doses. C'est comme la recette d'un gâteau, trop de ça et pas assez de ça, et la préparation est ratée. Trop d'amertume et pas assez de lâcher-prise, et c'est la caboche qui implose.

- C'est ça. Je laisse parler mon cœur.

C'est bien léger de le formuler ainsi, sans prendre en compte toutes les difficultés à s'énoncer soi-même.

- Je ne suis pas tout lisse, les sentiments et les émotions font partie de l'être humain. C'est plus facile de les écrire et de les décrire quand on arrive à les analyser et à les accepter.

Que ce soit douloureux, effrayant, joyeux ou apaisant. Les coucher sur une feuille blanche permet de vider sa tête et de se sentir moins encombré. Le parolier amateur est prêt à partager ses œuvres avec le propriétaire de cette belle maison. Sans honte, ni inquiétude. Rien de plus qu'une réjouissance face à l'acceptation de l'autre. Une large esquisse, des babines qui s'étirent jusqu'aux oreilles et une lueur d'excitation dans les pupilles. Il est heureux, sans plus d'exubérance. Une joie peinte sur les traits délicats d'un enfant surexcité faisant preuve d'une grande aménité.

Le brun acquiesce, ravi à l'idée de pouvoir apporter quelques carnets de notes à la prochaine visite. La question le fait hésiter, par pas crainte, mais plutôt pour un brin de réflexion. Il en utilise des mots, des centaines et des milliers de mots. S'il devait en garder quelques-uns, ceux qui reviennent souvent dans ses textes, ce serait ceux qui animent ses songes et font pulser son palpitant.

- Il y a beaucoup en rapport avec l'espace et le ciel, comme les astres et les planètes. Le temps aussi, particulièrement la météo ou les saisons. Dans les plus investies, c'est le cœur. J'ai longtemps écrit sur lui, sous différentes formes et différentes époques de ma vie.

Les peurs, les incertitudes, les douleurs secrètes d'un corps rebelle. Les appréhensions, les révulsions, la colère d'un avenir incertain. L'espoir, la déraison, le besoin de sentir soi. Les larmes, les crises, l'air qui manque dans sa poitrine. Ce n'est pas toujours joie et gaieté, des projets dans le temps ou des promesses à tenir. L'innocence d'un enfant sur un radeau qui flanche, la beauté d'un insouciant au cœur d'un volcan, la folie de celui qui désire décrocher les étoiles pour s'en faire un collier. Vivre, avec ses hauts et ses bas, le bonheur qui va de pair avec le malheur, car il n'y a pas d'ombre sans soleil ... Et que Ma Eum est semblable à cet astre incandescent.

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Il laisse échapper la fébrilité d’un rire doux. « Les sentiments sont des vieux amis qui se pavanent à nos côtés. On peut s’entendre dialoguer d’eux avec considération, ayant un respect envers tout ce que nous rejetons continuellement. ». Certains les oublient, d’autres les confondent et les plus malheureux essaient de s’en débarrasser. L’horloge tourne, sonnant une cloche dans la psyché des êtres auprès d’une réalité bien acerbe et pourtant si belle. Le couvre-feu imposé pour faire taire les appréhensions et mourir avec les peines. Que chaque signal du myocarde offre une pénibilité ou un essaim d’amour, dépendant de celui qui l’écoute. Des notes profondes ayant besoin de s’externaliser. Et qui serait-il pour refuser cela ? Llewelyn est son propre mystère, plus fou qu’un moyen et plus sage qu’un grand.

« Et penses-tu de chacun de tes écrits ? Qu’ils parlent des astres ou du cœur, qu’ils parlent du temps où des pans de ta vie. Qu’en ressens-tu ? Une exaltation d’apposer des mots à tes pensées ? Quelques appréhensions repoussées ? ». Les émotions tangibles sont comme deux personnes face à un miroir qui leur renvoie leurs images côte à côté. On y reconnait les traits communs des dissemblances plutôt flagrantes. Si certains sont jolis, la proximité avec d’autres tels que la haine, la possessivité ou la jalousie a pour effet une dissonance disgracieuse. Il existe tout type de beauté dans les sentiments qui se font valoir mutuellement. Certains se heurtent douloureusement, d’autres pousses et condamnent l’un en faisant impitoyablement du tort à l’autre. Surtout les affres de l’amour et de son contraire. Les écrire est une belle preuve de sagesse, tant que l’on essaie d’y comprendre son sens ou de s’aveugler jusqu’à le ressentir. L’un comme l’autre, le poète espère que son interlocuteur en ressort tout aussi vivant.

Il n’y a pas plus flatteur qu’une part de vérité bien émise, tant que cela ne boursouffle pas l’orgueil. « Ressens-tu parfois certaines fragilités ? De tes hésitations, de tes craintes ou d’envies ? ». La beauté jadis de l’innocence n’est jamais éternelle ou rares sont ceux ayant abdiqué toute prétention ou ne sont pas corrosifs. Les moins touchés, selon son point de vue, sont ceux ayant le moins côtoyer l’espèce humaine. Ils n’ont jamais songé à leurs propres charmes, le cristallin d’une candeur jamais esquinté dans leurs gestes et d’autant plus dans leurs sourires. Ce tremplin au cœur envers ceux qui n’ont jamais été souillés par tout ce qui condamne un être humain, paradoxalement.

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Les rétines viennent chercher celles de son interlocuteur, un partage d'intrigue et de réflexion. Là où la pensée s'effrite et se transforme en mot, dont l'ensemble forme une phrase distincte. ‟ Ce n'est pas toujours satisfaisant, mais quand j'en suis fier, j'éprouve une grande joie. Le cœur bat si fort que ça me donne chaud. „ Exprime-t-il en essayant de se replonger dans le souvenir récent d'une séance écrite où la psyché s'abandonne à l'émotion venant du cœur. ‟ Si le sujet est sensible, les appréhensions apparaîtront. Les mots ont ce pouvoir de dérégler l'âme, de faire ressortir la sensibilité. C'est dans ces moments-là que je réalise toute l'ampleur des sentiments, que ce soit le bonheur, la tristesse, les angoisses, l'excitation et bien d'autres. „ L'homme possède ses secrets et tout un panel de couleur en lui, du plus sombre au plus lumineux. Il n'est pas nécessaire d'être un artiste pour les reconnaître et savoir les peindre sur une toile vierge. S'écouter est la clé, percevoir est ce qu'il se trouve derrière la porte.

Sous la décadence de sa démarche et ses grands sourires goguenards, se dissimule un garçon plus sensible. Du bout des doigts, il effleure les fluctuations dans l'air, les vagues s'échouant à ses pieds ou les étoiles scintillantes au-dessus de sa tête. Chaque petit élément composant l'univers est tel une pièce d'un puzzle, et ça vaut aussi pour l'homme. Pour ce qu'il ressent et ce qu'il partage avec autrui, ce qu'il garde en son sein pour mieux le détruire ou ce qu'il veut bien offrir pour se sentir plus libre. Ma Eum adore les mots, que ce soit pour les lire ou les écrire, ils sont magiques à ses yeux. Son visage bouge légèrement d'avant en arrière, le regard un peu perdu dans le vide. Sa réminiscence s'effile au-delà de la vision, s'évadant dans son for intérieur pour repêcher le moindre de ses ressentis.

‟ Beaucoup. „ Il papillonne des yeux, ramenant ses iris sur son ainé. ‟ La sensation de n'être que du verre. „ Fragile et cassable, susceptible de voler en éclats. ‟ J'ai grandi dans des lieux où les gens attendaient l'espoir, quand la mort n'était qu'à quelques pas d'eux. „ Souffle-t-il, sur le ton de la confidence, comme si des oreilles indiscrètes pouvaient les écouter. ‟ J'ai moi-même cru l'apercevoir à plusieurs reprises, au pied de mon lit. Une fois, elle m'a fait un signe et je lui ai répondu d'aller se faire voir. „ L'insolence revient colorer les traits de son visage, une mine espiègle se logeant sur ses badigoinces comme pour narguer la faucheuse elle-même. ‟ Ce n'est pas des choses que je délivre facilement, si ce n'est parfois dans les écrits. Je trouve cela terriblement triste et barbant, les journées à l'hôpital à attendre dans l'incertitude et à subir les pleures des parents. Les miens, ainsi que ceux des autres, car ce n'était que très rarement une chambre privée. „ Un soupir et il lève les yeux au plafond. Une page sombre qu'il a longtemps tâchée de son encre, jusqu'à savoir lire entre les lignes serrées de paragraphes désordonnés.

‟ Ça ne se résume pas seulement à ça. Il y a aussi la joie de rencontrer des nouvelles personnes et d'échanger avec elles. Le bonheur qui s'immisce dans votre être quand les yeux se perdent dans le ciel, sur les étoiles, sur cette ville qui a toujours été la même. Certes, il y a des hésitations et des peurs, mais tout autant d'envie et de désir, du plaisir aussi. „ C'est la beauté de la vie, celle que peu de personne parvienne à saisir. ‟ Parfois, j'écris simplement sur le récit des autres. Quand ils se confient et se délivrent, ayant ainsi la chance de capturer davantage d'émotions et de sensations. Dans ces moments-là, je me dis que l'humain est particulièrement beau dans sa franchise et dans son honnêteté. „ Et c'est ce qu'il veut garder, la sincérité des mots, la capacité de les utiliser pour s'exprimer clairement, sans barrière, sans peur.