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Le soleil brille sur la ville éveillée. La démarche gracile, la jolie brunette arpente les allées menant à l'entrée du bâtiment. Un complexe imposant, rectangulaire, mais plutôt bas au milieu des autres building qui l'entourent. Hayan lève le menton, elle dépose ses iris sur les façades éblouissantes des immeubles. Un peu plus près des étoiles. Si l'homme pouvait se rendre jusqu'à la lune, il n'hésiterait pas à construire des tours encore plus haute. La demoiselle secoue négligemment son visage et reporte son attention sur les portes qu'elle doit repousser pour pouvoir rentrer à l'intérieur. Le hall est immense, grandiose. Elle est arrivée par l'étage du haut, ses yeux se posant directement sur les grandes bibliothèques qui décorent le lieu. Une pépite, pense-t-elle en se perdant un instant devant ce tableau.

Où qu'elle pose ses yeux, il y a des livres. Des tonnes de bouquin dont elle ne saurait quoi faire. à part des partitions et des livres scolaires, la violoniste n'a jamais été attiré par la littérature en elle-même. C'est joli, ces étagères couvertes d'ouvrage, mais pour elle, ce n'est pas passionnant ou transcendant. Elle laisse ça à qui voudrait se perdre entre les lignes d'un roman ou sur des images illustrées. Son corps pivote, tandis que ses jambes l'entraînent vers l'escalator. Elle ne compte pas s'éterniser ici, à se perdre dans la décoration. C'est tout un univers qui se joue là, des gens qui passent, qui s'arrêtent, qui observent. Des gens assis dans un coin ou un autre, qui travaillent sur les tables à dispositions avec des prises électriques, ou ceux qui sont sur les marches à lire un bouquin emprunté. Des clients des quelques boutiques diverses, des curieux ou des touristes. Beaucoup de personne sur leur portable ou leur tablette, déconnecté de la réalité, mais connecté à leur machine.

Et elle continue d'avancer, sous quelques regards indiscrets. Elle s'enfonce dans l'édifice, passant les îlots de livres et les sièges offerts, en quête de plus. Une entrée dans le fond, un couloir qui progresse au-delà du visible. Ses iris traînent sur les vitrines, sur les vêtements portés par des mannequins de plastique, sur des portiques. D'une boutique à une autre, jusqu'à trouver celle de son choix. Elle erre sans but, la sensation d'avoir déjà tout vu rôdant dans un coin de son encéphale. Quand une enseigne attire son regard, un commerce de musique. Ses chaussures claquent sur le sol, se rapprochant des meubles proposant différents styles d'album ou de singles. Hayan opte plutôt pour les vinyles, elle laisse la pulpe de ses doigts glisser sur les bords des pochettes, poussant une ou l'autre pour lire un titre. Un plaisir visible, une esquisse aux lèvres. Elle sélectionne quelques trouvailles, les gardant d'une main pendant que l'autre continue son exploration.

La brunette ressort de la boutique, sac en papier à la main. à l'intérieur, deux ou trois vinyles aux titres qui ne collent pas à son apparence. Du rock, comme elle l'aime tant. Des musiques qu'elle ne peut écouter dans cette demeure luxuriante, à moins que les parents soient absent. Il y a aussi un album d'un groupe connu, ainsi qu'un CD plus classique dont la couverture représente son instrument fétiche, le violon. Maintenant qu'elle a dégoté son trésor, la musicienne peut se perdre devant les vitrines aguicheuses, trouver d'autres pépites qui pourraient faire briller ses pupilles. Prête à succomber à la tentation d'une nouvelle marque de luxe, les pas ralentissent quand elle croit reconnaître quelqu'un venant vers elle. Hayan s'arrête complètement à son approche, étonnée de le croiser ici.

- Llewelyn?

La voix est douce, bien qu'une pointe de surprise transperce ce timbre léger. Elle le détaille rapidement, avant de revenir à son visage. Ce n'est pas pour habitude de le rencontrer en dehors de son bureau, de sa salle de consultation, ou peu importe le nom donné à cet endroit où elle relâche toute la pression accumulée. Justement, ici, elle ne peut pas ouvrir les vannes pour que les flots débordants déferlent tel un tsunami. La douce peut seulement se contenter d'un sourire gêné, sa main venant coincer une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

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Là où le pied se dépose, le regard atteint d’autres prunelles. Et celles-ci se rencontrent, permettant à l’esprit de continuer. Se taire serait semblable à l’éloigner, alors qu’elle l’informe continuellement lors de leurs séances. Elle craint peut-être d’appeler et pourtant, elle s’y déroge sous la timidité naissance. Le sourire se veut doucereux, mettant de côté le silence pour ne pas fermer la porte. « Bonjour Hayan. Nous réalisons nos achats dans le même temps. J’espère qu’elles sont bénéfiques ? ». Rejetant le nom synonyme d’ignominie pour l’amabilité de la belle aux décors défaits. Il n’y a plus alambiqué que le patient et son thérapeute : car celui-ci se nourrit des larmes à la place des sourires, sous le besoin des questions et des mots afin d’essuyer les larmes. Et de consoler l’âme ternie par les doutes et les maux, accrochant l’espoir comme on entrouvre une porte. En soi, la différence se tient sur la place que chacun occupe.

« Il est vrai qu’un brun d’emplette apaise l’âme. Je me dirigeais vers cette boutique, votre regard s’est tourné vers celle-ci également. Allons-y ensemble, si vous le désirez ? ». Le consentement avant toute chose, vers cet endroit si discret. Cette devise des ambitieux dont le jeune homme parait se voiler entièrement. Après tout, il n’y a aucune considération que le monde ne peut accorder à ceux qui lui obéissent. Les vertus sont des parades par les plus grands et méprisés par les plus miséreux qui le proclament. Nullement répréhensible en chacun dans les libertés d’actions, mais rompant en visière les idées des mœurs. Comme eux deux, qui se dirigent vers ce luxe dont une poignée peuvent s’enquérir et n’éprouver aucune culpabilité à cette parade. Tout est dans la forme.

Les articles sont élégamment disposés, de toutes tailles et pour tous les sexes. Les œillades sont légères, le toucher aussi frêle que secret. Sous un sac porté, de poésie et de littérature sont de toutes choses humaines la voisine des choses divines selon lui. N’en déplaise aux réfractaires, car pour lui, les mots sont comme ceux qui regardent les étoiles alors qu’il contemple les astres. Chacun possède sa propre façon d’observer les choses. Il en vient même à apposer un chapeau sur le sommet de son crâne, le buste se penchant comme on saluait à l’époque où la romance était aussi paisible et aimée que les lettres fougueuses. Là où tout n’est que finesse et discrétion.

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Il y a toujours une certaine fragilité dans les actions de la demoiselle, comme si elle cherchait la meilleure réaction à sélectionner dans sa liste de démarches surjouées. Llewelyn n'a rien d'un étranger à ses yeux, il n'est pas non plus celui qui ignore sa rage et ses peurs. C'est la raison pour laquelle la brunette s'enveloppe d'une timidité démesurée, quand elle agit trop souvent avec mépris. L'homme est d'une bienfaisance qui calme les démons qui la ronge, elle sourit avec douceur et chaleur, incapable d'employer un timbre plus sec.

- Plus ou moins, elles sont satisfaisantes.

Et ce n'est que le début. Hayan met -au possible- de côté le fait qu'il soit son thérapeute et qu'il en sait davantage sur elle que sa propre famille. Une dangerosité dont elle a conscience, mais qui ne dérange pas. C'est justement parce qu'il est un professionnel, qu'elle n'a peur de lui. Sous silence par un contrat qui les relie, un accord en commun que tout ce qui est dit reste là où ça a été dit. Pas en dehors, ni au delà de cette porte qui les enferme dans une bulle privatisée, stérile. Les mots l'apaisent, les intentions du jeune thérapeute aussi. Jamais dans le jugement, toujours dans la précaution.

- Je ne voudrais pas qu'on se méprenne sur notre relation, docteur.

Elle le dit sur un ton de plaisanterie, un fin sourire aux lèvres. Il n'y a rien d'ambiguë entre la patiente et le thérapeute, rien de plus qu'une entente formelle. La violoniste hoche son visage, acceptant de le suivre à l'intérieur de la boutique sans plus attendre. Elle ne se nomme pas désirée, il ne faudrait pas l'oublier. D'un pas léger, à peine plus bruyant que la patte d'une louve, elle suit la haute silhouette qui l'entraîne dans cette richesse, ce luxe qu'ils peuvent se permettre. Les iris se déposent sur les tissus et les matières plus souples ou lisses. Une œillade sur un mannequin féminin, une autre vers un portant. Elle déambule dans les allées, à proximité de Llewelyn.

- Un petit air de Sherlock. Plutôt séduisant à l'époque, même si tout vous scie à merveille, Llewelyn.

La demoiselle s'en amuse, une esquisse apposée sur les lippes. D'un geste délicat, elle récupère une cravate du côté homme et s'approche du professionnel, le portant à son buste. Plus petite, elle doit lever le bras pour que ce soit à la bonne place.

- Ou plutôt Watson. ça reste un peu trop formel à mon goût.

Et sans plus tarder, elle retire la cravate avec une moue. Les lèvres pincées, elle cherche autre chose pour s'amuser après avoir rangé l'accessoire à sa place. Hautaine, certes, mais pas bordélique pour autant. Elle navigue, d'un point à l'autre, tout en s'imaginant dans telle ou telle tenue. Une robe légère, un manteau épais, des bottes montantes ou des gants élégants. S'il y a bien une chose qu'elle regrette point, c'est cette facilité de pouvoir posséder ce qu'elle désire.

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Hayan.
Elle possède, dans ses rétines, tous ces mots qu’elle ne prononcera jamais.
Malheureuse enfant absorbant les souffrances pour ne pas avoir de peine, sous l’allure glacée, l’opulence et tous ces contours d’ors qui essaient d’être parfait. Sans savoir y faire. La maladresse d’expressivité, suppliant d’apercevoir la vérité criante derrière le faciès empli de beauté. Que ses pupilles pétillent jusqu’à ne plus savoir où regarder qu’elle. D’attraper chaque détail et d’en faire sien. Le plus malheureux chez les êtres humains et ne pas comprendre à quel point ils sont beaux. Elle s’est construite sur des peut-être et se divise sous des mensonges. Hayan, l’enfant qui attend presque la délivrance. Les phalanges attrapent un ruban noirci par l’élégance, le nouant autour de la nuque comme un ruban que l’on ne peut arracher. « Le noir vous sied bien, Hayan. ».

Avec dextérité et douceur, tout se noue dans une chevelure réhaussée dont on pourrait s’émerveiller. Moins endoctriner par l’étiquette de son statut, bafouant les interdits pour une brève incartade : celle de l’évasion. Probablement pour faire taire la peine qu’elle essaie tant bien que mal de dissimuler au creux de ses yeux et d’en étirer l’un des sourires dont on pourrait s’échouer pour elle. La différence entre les deux se tient à cette seule pensée : lui vit pour aimer, elle vit pour les cicatrices et tous ces gens qui ne sont jamais restés. Il vient chercher une chemise en troquant les carreaux pour de la simplicité, une jupe qui permet de virevolter sans crier gare à ceux qui observent du mauvais œil et un long chapeau pour en cacher ses rêves qui n’appartiennent qu’à elle et à elle seule, sous son sourire accueillant. « C’est un peu différent, mais je vous trouve tout aussi bien comme cela. Si vous le souhaitez. ».

Elle a le droit, Hayan, de rêver que le monde soit à ses pieds, peu importe la façon dont elle le désire. Llewelyn sait qu’il est étranger à ce monde d’aujourd’hui, sous la pâleur des pleurs, alors qu’il n’en demeure pas moins qu’un homme à la recherche d’amour et de beauté. Lui cherche un regard sur lequel se poser et s’y perdre désespérément. Mais elle, que veut-elle vraiment ? Il lui montre des bijoux, un sac ou même une montre en argent et de l’autre, la sortie vers des fleurs, de la musique et des livres. Tomber avec ignorance fait partie de la vie, recommencez est un choix.

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Les rétines s'écrasent sur ce visage à l'aspect parfait, peut-être trop. Elle en détaille chaque trait, de l'esquisse de ses lèvres jusqu'à l'élégance de ses yeux, en passant par la courbure de son nez et la ligne de sa mâchoire. Une analyse silencieuse et sans commentaire, pour revenir se plonger dans son regard. Le thérapeute embellit son petit monde de joyeuseté éphémère, d'un vêtement élégant ou d'un ruban soyeux. La violoniste ne sait quoi en retenir, si elle préfère taire la voix qui hurle dans sa tête ou laisser parler ce démon qui chuchote à son oreille. La pauvre enfant n'a jamais été douée pour les remerciements sincères, les paroles honnêtes et les sourires francs. Du faux, une mer de mensonge qui entoure une île d'hypocrisie. Et elle est là, seule sur le sable, à regarder ce goéland qui vole haut dans le ciel bleu.

- Tout me va bien. C'est ce qu'ils disent tous.

Parce qu'ils ont tendance à la placer plus haut et plus loin, sur une colonne de granite et un socle de marbre. Froid et terne, sous l'envie de se jeter dans le vide pour rencontrer davantage de couleur. Hayan, elle ne sait plus si elle veut plaire à son entourage ou s'effacer de leurs œillades. La marée monte dans son âme, les vagues grignotent de plus en plus de surface habitable, jusqu'à tout emporter sur son passage. Si elle sourit, c'est par courtoisie. Si elle rit, c'est seulement pour ne pas sombrer. L'argent, les possessions, tout ce qu'il lui montre. Tout ceci, toutes ces choses futiles, ne ramèneront jamais celle qu'elle cherche sans relâche dans ses rêves.

Et la fleur se fane au rythme des saisons. La pluie ne tombe pas dans son jardin d'Eden, dans cette clairière où les ronces ont remplacées les roses. Aucun bijou, aucun sac, ni aucune montre, ne pourront lui rendre ce qu'elle a perdu. Rien de ce qu'elle désire réellement ne peut s'acheter avec l'argent, hélas, c'est tout ce qu'elle possède aujourd'hui. Un compte en banque, pour quelques obligations.

- Tout est si superficiel, vous ne trouvez pas ? Posséder une montre en argent en guise de couronne. Se pavaner dans des vêtements à la marque brodée là où l'oeil peut le capter. Ne plus avoir de limites dans sa déraison, ne pas voir toute la misère du monde.

Ses iris éludent la foule, de manière évasive. Tous ces gens n'ont pas de visage pour elle, ce ne sont que des surfaces lisses et floues. Des inconnus, sans nom, ni identité. Elle se sent comme une poupée dansante au milieu d'un champ brumeux, indiscernable, vaporeux. La tête lourde de pensées, le corps désarticulé, le pas emmêlé. Il n'y aura que la chute pour la freiner, que des jambes brisées pour l'arrêter.

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« Peut-être pour certains. Et un peu moins pour d’autres. Nous avons des gens comme cela. Qui aiment les folies et les apparences. D’autres ayant des lubies et des incohérences. Certains s’en offusquent et d’autres les tournent en ridicule. Ce qui est sage et bon pour vous et probablement un peu différent pour quelqu’un d’autre. La vanité expose les faiblesses, même indirectement. L’orgueil en est une autre, quoique justifiée, sera tenue très bien tenue. Tout dépend dans quelle ligne vous appartenez. ». Il n’accuse en rien, il expose les faits des badauds et tous les êtres dont leurs yeux ne s’arrêtent qu’à peine quelques secondes dans leurs courtes existences.

Nul besoin de compréhension envers les aspérités de personnes que l’on ne puisse connaitre et dont le temps passé n’équivaut à rien dans le silence de leurs propres existences. « Il est plus doux de trouver sa propre élégance loin de ce qui nous afflige. Étirez-vous la nuque pour contempler ce que vous désirez réellement, Hayan. Vers où se dirigent vos yeux, en ce moment-même ? ». Vers le champ brumeux des silhouettes aux montres d’or, les foulards en dorures et les faciès insipides ? Vers les fleurs aux fortes fragrances ? Vers les livres poussiéreux que peu lisent aujourd’hui ? Tanguer auprès des vêtements pour mieux s’emmitoufler ?

Musarder près des parcs ? Et, silencieusement, les bras se croisent derrière son dos et ses pas suivent lentement la belle brune qui occupe son propre esprit de ses envies. Les pas mènent naturellement là où les rétines se posent. Là où chacun est à même d’être plus heureux que la veille, sous la pâle chaleur du soleil où l’on octroie des vœux de beaux temps. D’un bel endroit où les ennuis se vident d’apparats et de superficialités, si telle est la raison de sa démarche. Pour mieux profiter de ce qui persiste dans la poitrine que des attentes glaciales qui s’enlisent autour d’elle. « Je vous suis. Je suis vous. ». Il n’est pas simplement pas à même de vouloir couper le fil qui l’emmène quelque part de lointain. Pas lui.

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Une ligne instable, certainement. Entre le jour où elle va accepter tout ce qu’elle possède déjà et celui où elle va vouloir tout rejeter en bloc. Une jeune femme dont l’identité pose problème, à ne pas savoir si elle est plus princesse qu’esclave. Si elle est vraiment aimée ou juste manipulée, si on tient à elle ou s’ils désirent seulement se servir d’elle. Hayan ne sait plus, elle tourne tellement dans cette tempête qu’elle en perd le nord, et la raison. ‟ Des belles paroles, dignes d’un homme philosophe. „ Dit-elle avec une esquisse, lui trouvant ce petit quelque chose d’intrigant et de mystérieux à la fois. Llewelyn est insaisissable pour elle, telle de la fumée ou les nuages qu’on ne peut toucher. Ce n’est pas faute d’essayer de vouloir l’attraper, de le comprendre, mais comment le pourrait-elle… Alors qu’elle ne se comprend pas elle-même. Hayan abandonne, sans s’offusquer de poser les armes pour cette bataille. Elle n’est pas faite pour ça, pour se battre, pour trucider ses ennemis ou pour comprendre ses alliés non plus.

Il n’y a rien de tel dans sa psyché, ni montre en or, ni fleurs, ni bouquins ennuyants. La brune sourit, portant ses pupilles sur une boutique moderne et féminine, aux tenues plus chic et mordantes. ‟ Rien de tout cela ne m’attire vraiment, je préfère ce qui me donne l’impression de vivre et d’être libre. „ Ce vaisseau qu’elle s’est construit pour échapper à sa planète conquise, envahie, sur le point d’être détruite. Une navette susceptible de l’emmener loin, très loin de cet enfer. Au-delà des barrières de son empire la retenant contre son gré, seulement parce qu’elle est née sous le règne de quelques gouvernants horripilants. Hayan rêve d’une vie plus simple, moins hypocrite. La demoiselle garde son sourire, délaissant les marques et les beaux habits pour des enseignes plus abordables. ‟ C’est ici que me mènent mes désirs. „ Devant une vitrine dont le mannequin porte une veste en cuir, des bottes aux semelles épaisses et une robe à l’allure rebelle.

‟ Je ne suis pas une princesse. Ils veulent me coller cette étiquette pour mieux me vendre au plus offrant. „ Elle aimerait tous les faire fuir, les effrayer par sa folie révélatrice. Être elle-même devant ceux qui ne le sont pas, casser les codes, briser les chaînes, repousser toutes les barrières. Un léger rire lui échappe quand elle constate une chose pas si étonnante en soi. ‟ J’ai bien l’impression de faire une séance en plein air. Moins monotone qu’être enfermé entre quatre murs, même si votre présence est agréable que ce soit ici ou dans votre cabinet. „ La douce créature se défait de sa timidité des premières minutes, se parant d’une expression plus naturelle, en étant pleinement elle-même. Ou presque, car elle n’oserait pas se défaire entièrement de ce masque camouflant sa véritable identité.