The troubles started as soon as the first time I laid my eyes on her.

Chaque entrée en classe était comme une roulette russe. Cette heure allait-elle être seraine, ou, au contraire, allait-elle être remplie de murmures difficiles à ignorer? Sans laisser paraître ma confusion, j'encaisse, ne leur donnant aucune munition. Puis, les rumeurs se sont mises à circuler. Chaque pas marché, chaque pièce entrée; peu importe où j'allais, les regards semblaient rués vers moi. Songeurs, curieux, moqueurs, remplis de jugement.

Tu savais que Yujin sait pas nager? À son âge?

Comment ils ont su? Qui leur a dit? Peu mporte. Je garde la tête haute, j'ignore la rumeur (bien que réelle) qui circule, je prétends que ça ne me fait rien, je garde le sourire. Mes amis font la même chose, ils ignorent ou choisissent de me rassurer. Tu sais que 54% de la population sait pas nager? C'est rien, t'inquiète pas Yuyu. Je ravale ma fierté, tant bien que mal; j'ignore les gens qui me crient des insultes, qui me lancent des bouteilles d'eau en prétendant que j'allais m'y noyer. Leurs moqueries ne me font rien.

Quel genre de parents de merde enseignent même pas à leur enfant comment nager, qu'est-ce que c'est pathétique.

La goutte qui a fait déborder le vase. Qu'on se moque de moi, qu'on me donne des coups, qu'on s'acharne sur moi alors que je suis au sol; peu importe. Mais s'en prendre à ma famille? Trouver la source ne fut pas difficile. Après tout, il n'y avait qu'une personne dans mes classes arborant un sourire de faux-cul à chaque fois que son regard se braque sur moi.

« Hey! »

La voilà, hautaine, rieuse, chiante, quelques mètres devant moi dans le corridor. « HEY, PÉTASSE! » Le corridor en entier, vivant, bruyant, soudainement devint silencieux. Un silence presque stressant, inquiétant. Les regards se font incrédules, abasourdis, amusées même. Mais tout ce qui m'importe, c'est que la principale intéressée se retourne avec less autres. « Ouais, c'est à toi que je parle », lançai-je, la pointant du doigt. Les mots s'échappent de moi sans que je puisse vraiment les contrôler alors mes pas m'emmènent un peu plus près d'elle. « Les moqueries, ça va, on s'en fout. Les coups de coude de ta bande, c'est chiant, mais je peux vivre avec. Les bouteilles d'eau, oooh, c'est original, même si franchement c'est complètement stupide. »

Désormais à quelques centimètres d'elle, je souris; un sourire énervé, enragé. J'articule mes mots, en anglais cette fois-ci, bien lentement. « Mais des rumeurs? Vraiment? » Je ne peux m'empêcher de rire, enivrée par cette colère qui bouillonne dans mes entrailles. « C'est quoi, t'es encore à la maternelle? »

L'expression sur mon visage se transforme en une fraction de seconde; de l'amusement énervé à la colère pure et simple. Son dos se heurte contre le mur, entrainée par mes poings vivement refermés sur ses vêtements. Le geste est d'une violence qui me surprend presque, sans être dangereux. Un avertissement, tout au plus. Je la retiens contre le mur, les yeux sombres, prête au pire. « Si t'as quelque chose à me dire, tu me le dis en face, salope. Sinon tu fermes ta gueule et tu me laisses tranquille. Pigé? »

kill or be killed outfit
@Nam Yujin

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Assise deux rangées derrière ta némésis, tu passes la plupart du cours d'anglais à la fixer, un sourire mauvais au coin des lèvres. Tu n'as pas besoin d'écouter, étant plus douée que tous les autres étudiants de cette salle grâce aux cours avancés que tu as suivis pendant toute ta jeunesse, donc tu peux en profiter pour autre chose. Comme observer cette meuf qui fait semblant de ne pas être affectée par les rumeurs par exemple. Tu la vois sourire, rire avec sa voisine quand le professeur regarde ailleurs. Quelle hypocrite. Tu roules des yeux et les baisses vers l'écran de ton portable, planqué sous ton bureau. Quelques textos plus tard, la rumeur est encore plus avancée et des gloussements se font entendre dans ton dos au moment où la fin du cours est annoncée. Tu rassembles tes affaires en croisant des regards amusés, un sourire satisfait aux lèvres. Le sien, il va bientôt disparaître.

L'air de rien, tu quittes la classe pour suivre le flux d'étudiants dans le couloir. Yujin est quelques mètres devant toi et les voix autour de vous ne parlent que d'elle, de la rumeur que tu as lancée quelques jours plus tôt, après que tu aies assisté à une scène particulièrement amusante quand tu voulais aller faire quelques longueurs. Yujin et un garçon, lequel l'a poussée dans l'eau pour rire... sans savoir qu'elle ne savait visiblement pas nager. Et maintenant tout le campus est au courant. Merci Lizzie.

Quel genre de parents de merde enseignent même pas à leur enfant comment nager, qu'est-ce que c'est pathétique.

Tu lances ça en riant, ton ton se faisant moqueur tandis que ton regard se plante sur sa nuque. Et quand tu la vois se retourner, tu pivotes sur tes talons, faisant mine d'être innocente et de partir dans la direction opposée. Jusqu'à ce qu'elle t'interpelle, te traite d'un joli nom en "p" qui te fait te retourner avec un sourcil relevé dans un air surpris.

Moi ?

Bien sûr, toi. Qui d'autre ? Tu réprimes un sourire amusé et poses une main surprise sur ta poitrine quand elle te pointe de son index en fonçant dans ta direction. Les gens entre vous s'écartent pour la laisser passer, et tu ne bronches pas quand elle s'arrête juste devant toi. Elle énumère toutes les crasses que ta bande lui a faites, tout ce que tu t'es bien gardée de faire toi-même, et tu penches la tête en plissant les yeux, l'air confuse.

Je ne vois pas de quoi tu parles... Tu...

Elle te coupe la parole, parlant des rumeurs, et tu te mords la joue pour t'empêcher de sourire. Enfin, elle réagit. Finis les sourires hypocrites, finie la fausse Yujin heureuse. Tu la regardes droit dans les yeux, sans flancher, sans ciller, haussant les épaules quand elle passe en anglais et lance de nouvelles accusation. Tu switches dans la même langue, refusant de la laisser s'aventurer seule sur un terrain que tu maîtrises mieux qu'elle.

Vraiment, je suis confuse. Tu ne voudrais pas aller à l'infi... ah !

Tes mots se bloquent quand elle te prend par surprise et te pousse contre le mur. Le choc te coupe la respiration, et tu crois sentir ton coeur manquer un ou deux battements. Une de tes amies, au courant de ta condition cardiaque et de ton tempérament, veut s'interposer, mais tu lèves une main dans sa direction pour l'en empêcher, lui signalant que tu vas bien. Et tu plonges à nouveau ton regard dans celui de Yujin, plus froidement cette fois.

Je te conseille vivement de me lâcher de suite. Je suis sympa, t'as l'air désorientée donc je vais laisser couler pour cette fois. Mais si tu persistes, ça risque de pas te plaire.

Sourire en coin, provoquant, tandis que tu te saisis d'un de ses poignets pour tenter de lui faire lâcher prise. Au vu des autres, c'est elle la folle qui s'en prend gratuitement à toi. Toi qui restes calme et tolérante face à cette pauvre fille qui a clairement manqué d'éducation. Mais si elle te cherches... ouais elle va te trouver. Tu te dégages calmement de son emprise et t'écartes d'elle sous les soupirs déçus des autres, qui espéraient assister à une bagarre entre vous deux. Fière de toi, tu t'éloignes de deux pas, avant de lancer à voix haute :

C'est là qu'on voit la différence entre les paysans et les autres. C'est pas sa faute, ce sont ses parents, ils n'avaient certainement pas les moyen de lui offrir une éducation convenable...

La colère — non, la rage qui bouillonne en moi se fait brûlante, volcanique, à chaque mot que cette fille daigne prononcer de cette façon en ma direction. Elle ose nier? Elle ose ignorer ses actions et les conséquences qu'elle a directement causé? Et en plus, elle ose agir de la sorte alors que c'est cette même voix crasse et irritante qui a décidé de s'en prendre à mes parents, quelques secondes plus tôt? Si je n'étais pas la victime directe, je n'aurais eu d'autre choix que de rire devant l'hypocrisie. Quelle garce.

Mais je ne ris pas.

Cette petite seconde où ses yeux se sont ouverts bien grand, son souffle s'est coupé; délicieux. La peur s'est installée certes temporairement, mais c'était suffisant pour moi. Peut-être qu'ainsi, elle saura que je ne déconne pas. Peut-être qu'ainsi, elle saura arrêter de s'en prendre à une proie qu'elle ne peut pas chasser. Ma colère, mon impulsivité; tous des problèmes, mais jamais je n'avais eu recours à la violence auparavant. Limite, cette étincelle de peur qui est apparue dans le regard de Liz est partagée. Peur de Liz? Non, pas du tout. Peur de moi-même, de ce que je pourrais faire.

Une de ses chiennes de garde essaie de lui venir en aide, comme si ça allait la sauver. Mais elle lui fait signe d'arrêter, et la surprise dans son regard s'évapore immédiatement. Est-elle si confiante que ça? Va-t-elle réellement continuer à jouer le jeu, faire comme si de rien était? Mais si tu persistes? Quelle audace. Comme si c'était moi qui avait commencé. Comme si elle ne semait pas les conséquences de ses actions. Fuck around and find out.

Je la relâche sans la lâcher des yeux, espérant que mon avertissement soit suffisant pour qu'elle se replie. Les râlements autour de moi m'importent peu. Tant que cette fille sache que je ne me laisserai pas faire sans me défendre. Mais, la voilà, la parole de trop. Trop audacieuse, trop arrogante. Elle scande haut et fort une autre insulte envers mes parents, que cette fois-ci tout le monde peut entendre sans le brouhaha de fin de classes. Abasourdie, je me retourne vers mes amis l'instant d'une seconde, incapable de m'empêcher de rire. Un rire qui me fait presque moi-même peur, encore une fois. Tout ce que j'entends, c'est l'un d'eux essayer de me convaincre que ça ne vaut pas la peine, comme s'il savait quelle allait être ma prochaine réaction.

J'ai vu rouge. Je ne sais pas où je l'ai atteint mais me voilà, poing levé, les jointures en feu, mon expression mélangeant surprise et rage. Le volcan érupte et mon corps entier frissonne, comme s'il était incapable de contenir ma colère. « Parle pas de mes parents avec ta sale bouche, compris?? » hurlai-je presque, la voix rauque, le souffle coupé. Les râlements se changent en cris d'excitation, les téléphones sortent et se braquent vers nous. Mais moi, je ne vois rien. Il n'y a que moi et elle, le reste caché par ce tunnel qui m'engouffre.

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@Nam Yujin

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Tu ne crois pas avoir gagné ta joute verbale contre Yujin, non. Tu en es certaine. Quand tu t'éloignes d'elle, tu es persuadée qu'elle ne va pas chercher à te suivre, qu'elle va rester dans son coin, pathétique petite chose brisée, incapable de nager et avec des parents pauvres qui n'ont pas pu lui offrir une éducation digne de ce nom. La vérité ? La vérité c'est que tu imagines que ses parents l'ont probablement plus aimée que les tiens ne l'ont fait. Qu'elle a eu plus de liberté que toi. Qu'elle n'a pas vécu en cage toute sa vie. T'es pas jalouse non, t'es trop bien pour éprouver ce sentiment. Mais... ouais, tu l'aimes pas.

Quand tu entends son rire s'élever dans le silence qui a suivi ton commentaire, tu te retournes dans sa direction. Devrais-tu t'inquiéter pour elle ? Elle semble vraiment atteinte, c'est dingue. Une vraie tarée. Ils acceptent tout et n'importe quoi dans cette université. Peut-être que tu aurais du suivre tes parents en Chine finalement ? Aller dans une fac plus réputée, où seuls des gens normaux étaient admis ? Tu secoues la tête, reprends ton chemin, mais tu ne fais pas trois pas que tu l'entends arriver sur toi, et ton visage rencontre une masse dure en pivotant dans sa direction.

Tu ne pousses pas de cri, étant trop sonnée pour émettre le moindre son, et recules d'un pas pour reprendre ton équilibre. Des mains inconnues, amies ou ennemies, te retiennent et te stabilisent le temps que le monde se redresse autour de toi et que tes yeux se réalignent. Tu lèves une main pour frôler ta pommette, où ses jointures se sont abattues avec force, son élan et ton mouvement ayant ajouté à sa colère. Tu vas avoir une marque, c'est certain. Mais tu t'en fiches, elle a porté le premier coup ? Qu'elle assume. Ton regard tourne à l'orage et tu t'arraches aux mains qui te retiennent, ignorant les murmures dans tes oreilles qui parlent de ton coeur, trop bas pour que d'autres les entendent.

Mince alors, j'aurais vexé la fifille à ses parents ? À moins que je n'aie visé juste ?

Tu t'avances vers elle, te grandissant pour accentuer votre légère différence de taille - à peine quatre ou cinq centimètres pourtant. Une main levée, tu la pousses à l'épaule, la forçant à reculer mais sans chercher à lui faire mal, pas encore.

On dit que c'est pas vérité qui fait mal, non ? J'y peux rien si tu es faible. Les chiens font pas des chats, c'est pas à moi que tu dois t'en prendre.

La tête penchée sur le côté, tu continues à la provoquer d'un sourire en coin. T'as pas peur qu'elle te frappe, l'adrénaline ne t'effraye pas, au contraire. Tu dois même dire que tu en as envie, là maintenant. Tu as envie qu'elle te cogne, pour le plaisir de ressentir un shot d'énergie dont on t'a privée toute ta vie, et pour pouvoir lui rendre ses coups au centuple. Et si elle pouvait se faire virer au passage, car c'est elle qui a frappé en premier, well... just a bonus.

Le coup de poing a fait du bien. Beaucoup plus que n'importe lequel coup donné dans les sacs au club de boxe, beaucoup plus que n'importe lequel duel entre Ye Jun, Loukas ou quiconque autre voulait bien s'exercer avec moi. Une poussée d'adrénaline digne de ce nom qui me fit presque comprendre pourquoi certains décident d'être violent, de se battre, s'entretuer. C'est exhaltant, délicieux, mais effrayant à la fois.

Ce n'est pas moi.

Je ne suis pas celle qui frappe n'importe qui ou qui fait des victimes de ma colère mal gérée. Je ne suis pas celle qui s'en prend aux autres. C'est à moi que je m'en prends, mes émotions que je refoule, mes choses que je brise, mes jointures qui font mal à force de frapper ce pauvre sac qui en a vu de toutes les couleurs. Mais jamais mes émotions n'avaient pris le dessus autant qu'aujourd'hui. Jamais je m'étais laissée m'emporter. Jamais je n'avais permis à ce flot émotionel qui coule en moi de sortir de son lit. Pourtant, me voilà; poing levé, les yeux braqués en direction de celle qui fut la récipiendaire de ce coup de poing peut être un peu trop fort.

Mon coeur s'emballe, mes oreilles se bouchent et ma vision se fait floue. C'est comme si mes sens ne savaient plus où donner de la tête, comme si le temps était au ralenti. Je réalise à peine ce qu'elle réussi à dire à la suite, remarquant seulement que sa silhouette se rapproche lorsque sa main s'attaque à mon épaule. Posant un pied vers l'arrière par réflexe, je lève la tête pour ne pas rompre le contact visuel; elle qui tentait de se faire plus grande qu'elle ne l'est déjà. Croit-elle que ses quelques centimètres de plus me font peur?

Faible.

« Faible? » Je me retiens de rire, en partie pour tenter de rester un peu plus calme. Même si le premier coup allait fort probablement me mettre dans le pétrin, les actions de Liz pouvaient facilement l'attirer vers le même sort que moi. Tant que les transgressions sont égales, d'une certaine manière. « C'est un peu ironique venant de toi, non? Tu te caches derrière tes amies, t'utilises tes chiens de garde pour propager n'importe laquelle connerie sans même oser me l'avouer en face. Et tu oses me dire que c'est moi qui suit faible? »

Finalement, j'esquisse un sourire, peut-être un peu moqueur aussi. Provoqueur, surtout. Le même que Liz n'est pas arrivée à effacer de son sale visage. « Au moins mes parents m'aiment, eux. » Je me mets à son niveau malgré moi, je sors des mots tranchants sans savoir de quoi je parle. J'assume, je ne réfléchis pas. Mais impossible d'être rationelle dans une telle situation.

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@Nam Yujin

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Le coup porté à ta pommette était violent et laissera une marque, tu en es certaine, mais tu es presque contente qu'elle l'ait fait. Tu aimes la faire réagir, elle qui prétend toujours que tout va bien, qu'elle est heureuse, qu'elle est parfaite. Elle t'agace, sans que tu ne parviennes à expliquer pourquoi tu te focalises autant sur elle. Tu devrais pouvoir faire abstraction, tu devrais réussir à détourner ton attention quand elle est là, et pourtant on dirait que tes yeux ne voient qu'elle, que tes oreilles n'entendent qu'elle, comme si elle prenait toute la place et respirait tout l'oxygène qui aurait du arriver à tes poumons. Et tu as envie de la dégager, tout simplement.

Une fois remise du choc et ta dignité retrouvée, tu contre-attaque, mais avec des mots. Tu parles encore de ses parents, disant que c'est de leur faute si elle est faible et ne sait pas nager. La génétique, tout simplement. Elle réagit encore au quart de tour, presque trop facilement, et tu hausses les épaules quand elle répète le mot comme si elle avait pu mal le comprendre. Et elle te renvoie le mot au visage, prétextant que tu es faible également, que tu te caches derrière tes amies. Ce qui est le cas, certes, mais ce n'est pas une preuve de faiblesse selon toi, si ? Cependant, la pique atteint sa cible et tu serres les dents derrière ton sourire, un tic agitant ta mâchoire.

Si elle savait tout ce que tu as traversé, tout ce par quoi tu es passée pour être là aujourd'hui, face à elle. Oserait-elle te traiter de faible ? Oserait-elle même t'affronter si elle avait un aperçu de la ligne blanche qui traverse ta poitrine ? Tu ne penses pas non. Mais tu ne le lui diras pas, car tu ne veux pas de sa pitié, de sa compassion. Tu ne veux rien venant d'elle. Sa remarque te fait sourire à nouveau, car tu ne saurais même pas dire ce que tes parents ressentent pour toi. Une forme d'amour, certainement, mais peut-être de la possessivité ? Un besoin de contrôle sur ta personne ? Toi, en tout cas, ce n'est pas un amour inconditionnel que tu ressens pour eux, celui qu'un enfant devrait éprouver pour ses parents.

Tu ne sais rien de mes parents. Ni même de moi d'ailleurs, alors rends-moi service, ferme ta gueule.

Ton sourire s'efface à moitié, remplacé par une mine plus sérieuse, un sourcil dressé comme si tu jaugeais ton adversaire. Son coup de poing t'a surprise, tu dois le reconnaître, mais tu ne la crois pas capable de plus que ça. Elle a une grande gueule, mais elle se dégonflera vite si elle réalise que tu peux te battre aussi, non ?

Qu'est-ce que tu dirais d'aller continuer ça dehors ? Sans mes copines derrière qui me cacher ?

Tu penches la tête et croises les bras sur ta poitrine, lui lançant ce défi plus que osé. Des murmures désapprobateurs résonnent dans ton dos, des voix outrées qui tentent de te ramener à la raison et que tu ignores superbement. Seule Yujin existe dans ton champ de vision, et tu attends sa réponse avec une anxiété mêlée à l'adrénaline, sans savoir si tu espères qu'elle acceptera ou qu'elle se défilera, sachant que dans les deux cas c'est elle qui finira humiliée.

Elle s'est mise à flancher. Son sourire arrogant commençait à s'effacer peu à peu; d'abord à cause de ce coup de poing qui a tant fait du bien, mais ensuite par mes mots, mon institance à ne pas vouloir lui donner raison. Elle se croit tout permis, elle qui est entourée de ses amies, qui semble avoir le dessus. C'est elle qui a commencé en m'insultant, en traînant mon nom dans la boue, en envoyant ses chiens de garde contre moi à chaque jour. Les rumeurs, les aggressions, les attaques. Elle croit qu'elle va gagner.

Mais je sais me défendre.

Et elle n'était pas prête, visiblement. Même si elle s'est remise du coup de poing un peu trop facilement à mon goût, l'expression dans son visage ne ment pas. Elle a osé dire que j'étais faible alors que c'est elle qui se cache, elle qui s'en prend à autrui. Mon commentaire ne plait pas, et même si elle sourit, je le vois dans son visage. Colère. Elle n'a pas aimé que je lui mettes les faits en face? Elle est capable d'insulter mais pas capable d'en prendre? Elle est capable de s'en prendre à mes parents, mais son sourire s'efface quand je fais pareil? Quelle hypocrite.

« Prend ton conseil et fous toi le dans le cul, peut-être. » J'ai réagi un peu impulsivement, dépassée d'une certaine manière par les événements. C'est surtout l'hypocrisie qui m'emballe; comment qu'elle ose me dire de me fermer la gueule alors qu'elle a fait exactement la même chose quelques minutes plus tôt. Mais la voilà qui propose de continuer ça dehors, comme si elle avait quelque chose à prouver. Sa réaction physique pue l'arrogance, tellement que j'en suis incapable de retenir mes rires. Tête penchée, bras croisés? Vraiment? C'est ça, son power move?

Sans arrêter de la regarder, je me dirige vers la porte extérieure la plus près, à seulement quelques pas d'ici. « Allez! Amène-toi alors » lançais-je avec un mélange d'amusement et de provocation. Je m'arrête à quelques mètres de la porte, la regardant me suivre, craquant mes jointures. Impossible en ce moment de savoir si mon excitement est une conséquence directe de ma rage, ou si c'est une simple poussée d'adrénaline.

Je me remets à marcher, faisant quelques vas et viens sans la quitter du regard. J'ouvre et je referme mes mains, comme si j'étais dans le ring, comme si c'était mon tour de me battre en duel au club de boxe. Mais cette fois-ci, ça n'a rien d'un sport. C'est mon honneur que je défends, coûte que coûte. Même si c'est contre quelqu'un qui a décidé de s'attaquer à une cible trop grosse pour elle. « Alors? Ça lance des défis et ça n'ose pas aller au bout des choses? » Lentement je m'avance, continuant sur ma lancée. « T'as peur? T'es trop princesse pour récolter les conséquences de tes actions? Tu vas aller pleurer à papa et maman qu'on t'as fait mal? »