Histoire Le divorce de Carolyn Smith et de Myung Soo Jeon fut prononcé alors que Madelyn Hyemin Jeon avait à peine 1 an. Loin d’être la guerre, cette séparation se déroula dans le calme et une garde partagée respectueuse et équitable fut mise en place. Après trois enfants et plus de dix ans ensemble, on aurait pu penser que le couple allait durer pour toujours ou alors qu’un grave incident comme de l’infidélité allait être en cause. Mais non, Carolyn et Myung Soo étaient plutôt venus à la conclusion qu’ils étaient arrivés au bout de leur parcours ensemble et qu’il était plus sage, pour eux et pour les enfants, de se séparer.

Il est évident qu’un tel environnement dans lequel grandir fut bénéfique pour la petite Hyemin. N’ayant aucun souvenir de ses parents ensemble et de la vie alors qu’ils étaient en couple, elle n’a pas pu en être affectée. Chouchoutée et aimée par ses parents, mais aussi par son grand frère et sa grande soeur, elle a pu s’épanouir et se développer dans une famille heureuse. Son enfance à Fremont, en Californie, dans un petit quartier rempli de familles de la classe moyenne, se déroula sans traumatismes ni grande difficulté. Ses parents habitaient dans le même quartier, pour faciliter la vie sociale et scolaire des enfants. À défaut d’avoir réussi leur couple, Myung Soo et Carolyn répétaient à qui voulait bien l’entendre qu’ils avaient réussi leur séparation. Tous deux psychologues, la communication était la valeur la plus importante pour leur famille.

Hyemin était une enfant un peu turbulente, très active et bruyante, mais jamais malicieuse. Ses plus grandes bêtises consistaient à être incapable de garder les secrets de ses amis à trop parler en classe. À l’école, elle n’écoutait pas beaucoup, préférant de loin discuter avec ses camarades pendant que la prof donnait son cours. Durant sa première année d’école, il lui est d’ailleurs arrivé à quelques reprises de se lever et de se promener dans la classe au lieu d’écouter, ne comprenant pas pourquoi elle devait rester assise. Elle pouvait écouter et jouer en même temps!!

Son diagnostic de trouble d’hyperactivité avec impulsivité, à l’âge de 7 ans, ne fut une surprise pour personne. La médication pour ce trouble apporta un grand soulagement à ses enseignants qui n’avaient plus à s’occuper d’elle tout le temps et à mettre toute leur énergie à la discipliner. Elle s’est calmée, réussissant à augmenter ses notes et à découvrir qu’elle pouvait s’amuser autant à l’école qu’à la maison, si elle écoutait pendant ses cours puisqu’on la récompensait ensuite pour ses bons comportements.

Même si sa concentration était meilleure depuis qu’elle était médicamentée, Hyemin avait quand même un grand besoin de dépenser son énergie. Au lycée, en plus de faire partie de l’équipe d’athlétisme dans laquelle elle excellait en course d’endurance, elle aimait aussi s’impliquer dans divers comités sociaux, surtout dans l’équipe d’improvisation. Élue présidente de l’école durant sa dernière année de lycée, Hyemin ne laissait personne indifférent. Ceux qui ne l’appréciaient pas (autant des élèves que quelques professeurs) se justifiaient en disant qu’elle était trop têtue, que ses opinions étaient trop tranchées et qu’elle ne savait pas tenir sa langue. Ils n’avaient pas tort. Quand un règlement ou un comportement n’avait pas de sens pour Hyemin, elle le remettait en question avec ardeur. Ceux qui l’adoraient, au contraire, n’avaient que de bons mots à dire sur sa vivacité d’esprit et son enthousiasme débordant.

Ses activités extracurriculaires et ses engagements furent en grande partie responsable de son admission à l’University of Southern California en communication marketing. Hyemin n’était pas persuadée de ce qu’elle voulait faire dans la vie, mais la voie de la communication semblait être la bonne pour elle. L’université se déroula pratiquement comme le lycée : elle était impliquée et maintenait des notes correctes. Organisatrice des meilleurs partys de la faculté, Hyemin s’est forgée une réputation de gentille fêtarde. La compétition était forte parmi les étudiants de la sélective université et Hyemin avait autant d’ennemis que d’amis. Le doute de soi n’ayant jamais fait partie de sa vie, elle n’a jamais ressenti le besoin de plaire à tous. Elle termina ses études dans le top 5 des meilleurs élèves, une place qui la satisfaisait amplement, reconnaissant le mérite de ceux qui s’étaient placés au-dessus d’elle. Elle était maintenant prête à prendre d’assaut la vie adulte!

Durant l’été 2023, son père annonça à la famille qu’il retournait vivre en Corée. Cela faisait plus de 30 ans qu’il était en Californie et, maintenant que ses enfants étaient grands et indépendants, il jugeait que ces derniers n’avaient plus besoin de sa présence quotidienne. De plus, les grands-parents paternels de Hyemin n’étaient plus tout jeunes et il voulait aller les rejoindre pour les accompagner dans leurs vieux jours. Cette annonce suffit à semer une idée dans la tête de la jeune femme. Et si elle y allait, elle aussi? Myung Soo s’était assuré que ses enfants parlent couramment coréen. Il avait également amené ses enfants en visite au pays à de nombreuses reprises pour qu’ils connaissent la famille paternelle. Somme toute, ce n’était pas de l’inconnu à 100% pour Hyemin et rien ne la gardait vraiment en Californie. Bien sûr, sa mère, son frère, sa soeur et ses amis n’allaient pas l’accompagner, mais avec toutes les technologies disponibles, elle n’allait pas être coupée de toute communication avec les gens qu’elle aimait non plus! Hyemin sauta à pied joint dans le projet, sécurisant un appartement et un emploi dans son domaine, comme adjointe aux communications, dans les semaines suivant son arrivée à Séoul.

Évidemment, cette facilité déconcertante à se forger une nouvelle vie ne pouvait pas se faire sans embûche. Aujourd’hui installée à Séoul depuis près de 4 mois, elle rencontre quelques difficultés, mais continue (pour l’instant en tout cas!) de les accueillir avec le sourire. Alors qu’elle aurait pu débuter une belle carrière dans le domaine des communications à San Francisco ou à Los Angeles, elle se retrouve plutôt dans un rôle d’assistante qu’elle considère bien en deçà de ses compétences dans une agence de communications séoulite. Ici, son prestigieux diplôme de l’USC n’est qu’un bout de papier sans grande importance et elle doit prouver qu’elle est à la hauteur. Qu’à cela ne tienne, Hyemin raffole des défis et est prête à tout faire pour démontrer qu’elle mérite de gravir les échelons de la compagnie. Un peu déstabilisée de ne pas obtenir ce qu’elle veut du premier coup, elle voit tout de même ce nouveau chapitre de sa vie comme une belle façon de développer sa patience et sa persévérance. Il en faut bien plus pour qu’elle ne décide de plier bagage et de retourner à la maison!