À quel moment cela fut une bonne idée ? En considérant les choses dans son ensemble, cela peut paraitre bien anodin, voir un brun innocent. Toutefois, en prenant les éléments un par un, le policier possède la nette impression de s’être embourbée dans une affaire plus complexe que celles habituelles. Les assassins et autres personnalités dangereuses semblent bien moins problématiques que la jeune fille tournant autour des rayons avec une joyeuseté criante, comblant la sienne, assurément.

N’en demeure-t-il pas moins curieux, parfois perplexe sur ce comportement. C’est ainsi qu’il repère la différence de traitement envers cette propre famille, si peut-l’on épelé ainsi. « Juhee, viens, s’il te plait. », demande le plus âgé en ayant la double envie perfide de s’enfuir en la laissant et la garder près d’elle comme un chien hyperactif qui renifle chaque passant pour recevoir des caresses. Il se cache sensiblement le visage de sa large paume, se concentrant sur un point annexe et hors champ de la gamine enjouée à ses côtés.

Le tableau parait affreux et tordu, ne cohabitant aucunement ensemble et personne ne peut deviner qu’ils appartiennent un tant soit à la même famille. Ou presque. D’un côté, seulement. D’une matriarche dont l’anniversaire arrive à grands pas et Leon remplace sa sœur cadette durant cette sortie. Il n’a pu se résoudre à refuser catégoriquement devant les yeux larmoyants de celle-ci, se confondant en mutisme sous ses remerciements et sa joie évidente.

Depuis, ses lèvres sont restées cloisonnées en une ligne excessivement fine, sans l’ombre d’un sourire et encore moins de chaleur fraternel. Pas envers une quasi-inconnue, essayant même de découvrir d’où peut provenir leurs similarités. En cet instant, le compte est toujours réduit au néant. « Qu’aime maman ? Tu as des idées de cadeaux ? », se hasard-t-il en lorgnant diverses boutiques les entourant.

De la parfumerie à l’ameublement, en passant par l’art créatif et les activités familiales. Cela provoque un léger rire amer de sa part, leur figure maternelle n’étant qu’une forme d’autorité froide et pincée qui s’occupe davantage de la hiérarchie et du statut qu’au reste. Bien que cela semble avoir changé avec la princesse, dernière-née à laquelle les autorisations sont immenses et lâches, contrairement aux deux grands. Le divorce fait des merveilles, apparemment.

« Est-ce qu’elle aime toujours le fruit de la passion et la mange ? Si nous passons devant une pâtisserie, nous nous y arrêterons pour passer commande. Juhee, reste à côté de moi. ». Il répète, en se demandant s’il n’aurait pas dû subtiliser la laisse de son chat et la lui mettre pour ne pas la perdre de vue dans cette foule, aux heures de pointes. Il garde cette idée dans un recoin de sa tête, tendant sa main comme un père de famille et pointant un magasin du menton. « Peut-être dedans ? ». Il n’en est pas certain, cependant, il a déjà aperçu cette marque lors de ses rares visites, même si cela date un peu aujourd’hui.

Oh ce qu'elle était contente! Elle avait attendu ce moment avec impatience. Ça faisait si longtemps (enfin, pas tant que ça) qu'elle n'avait pas mis les pieds au centre commerciel. C'est qu'elle était bien trop occupée ces temps-ci avec son entraînement à l'agence, puis ses devoirs. Les examens approchaient. Tout comme l'anniversaire de sa mère. Et donc c'était le moment de lui trouver un cadeau! Juhee jubilait. Elle devait y aller avec Ada, mais elle a dû annuler à la dernière minute. Par contre, elle lui refilait son grand frère, comme ça au moins elle ne serait pas seule. Puis c'était une occasion pour tisser des meilleurs liens. Ada avait peut-être même fait exprès. Mais ça, Juhee n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle n'avait pas une aussi belle relation avec Leon parce qu'il est un peu grognon, mais surtout parce qu'il est bien plus âgé qu'elle, et ça fait un clash. Juhee ne se doutait pas que c'était plus profond que ça, le malaise. C'était peut-être tant mieux pour elle de ne pas tout savoir.

La jeunette était bien contente de cette journée shopping. Grand sourire, elle faisait le tour des rayons, analysant rapidement et efficacement ce qui pourrait faire plaisir à sa mère. Et à elle aussi, c'était immanquable. Tout était trop joli, trop cool, oh ça! ça sent bon! Regarde Leon!! Elle n'arrêtait pas. Leon traînait de la patte lui, visiblement moins enchanté que la cadette d'être dans les magasins. Leurs énergies étaient complètement différentes. Juhee était trop, et Leon, pas assez. Mais Juhee était aussi insousciante. Elle se faisait ramener à l'ordre. Elle écoutait, revenant sur ses pas toujours avec quelque chose à dire, quelque chose qu'elle avait dans les mains qui était intéressant.

Qu'est-ce qu'elle aime, maman? Les choses classiques, c'est sûr. Juhee lui répondit du mieux qu'elle peut. Les beaux bijoux, les parfums, passer du temps en famille, ou au contraire, une activité relaxante solo, ce serait une bonne idée ça aussi! Selon Juhee, les possibilités étaient infinies.

Oh oui! Apparament elle a tellement mangé de mangues quand j'étais dans son ventre que ça doit être pour ça que c'est mon fruit préféré moi aussi. C'est une bonne idée de passer à la pâtisserie, ça fera un bon dessert!

Annecdote qui servait qu'à parler. Juhee avait la jasette facile dans ce genre de situation. Et pendant qu'elle parlait, elle ne se rendait même pas compte qu'elle s'éloignait encore. Mais c'est ça le shopping! Juhee ne s'arrêtait pas, toujours prête à trouver le meilleur des cadeaux! Et surtout, toujours prête à découvrir de belles choses intéressantes.

Leon pointa du menton un magasin. Bijoux et sacs à main, principalement. Quelques accessoires aussi, comme des lunettes de soleil et des chapeaux.

Ouais on peut aller voir!

Un beau bracelet peut-être? Juhee se rappelait qu'elle lui en faisait tout le temps avec son kit de petites perles en plastiques. Elle les portait lors de ses rares journées de congé à l'époque. Maintenant ça revenait à la mode avec Taylor Swift, mais maman méritait plus de bling bling que ça!

Peut-être qu'on pourrait lui faire un bijou personnalisé!

Elle en avait des idées, et le défi serait de choisir.