Fuie loin l’ombre de ton passé qui te suit le jour.
Mais sache que même la nuit, l’ombre pourtant aussi obscure que le ciel te suivra toujours.
Cours.
À en perdre le souffle.

Les silhouettes inconnues dévalent devant mon corps essoufflé et bouleversé. Le cœur qui bat la chamade, je veux m’éclipser comme la lune qui se cache derrière les nuages massifs une fois la nuit tombée. Je cours, encore et toujours.
Pourtant, mon passé finit toujours par me rattraper.
Même si je change, aux yeux de mes fantômes, je serais toujours le même.
L’arnaqueur dont sa vie est une arnaque.

Deux hommes me collent comme un vieux chewing-gum qui traînait sur notre chemin et qu’on aurait bien évité. Le choix n’est pas de notre côté. On a juste à morfler.

J’essaye de fuir, puisque je ne suis plus le même. Mais les erreurs sont comme des cicatrices.
Elles sont marquées à jamais.
Elles sont bien là.
Tu ne peux pas les effacer.
À jamais.

Les épaules qui cognent contre les autres, je tente de disparaître parmi la foule. Ils sont derrière moi, je les entends crier «Sale rat !» comme autrefois. Les souvenirs refont surface. J’me prends le passé en pleine face.
Alors, je cours.
Je cours encore plus vite.
À en perdre le souffle.

Tel un rat, je me faufile dans un coin de rue en interceptant un inconnu. Je le plaque contre le mur à bout de souffle et rapproche mon visage de son cou. «Je ne te veux pas de mal, attends juste quelques secondes comme ça. S’il te plaît, aide-moi…» Tout transpirant, je suis fatigué. Fatigué de fuir.

Les notes se jouent dans ses oreilles, un casque sur la tête et cette dernière dodelinant lentement au son de la musique. Il était, quelques minutes plus tôt, dans la librairie de son amie pour discuter de chose et d'autre. Notamment de livre, débattre sur des résumés qui plaisent à chacun ou moins à d'autres. Laissant l'imaginaire prendre le dessus sur la réalité, l'espace d'un court instant où le temps s'est figé. Et comme il est venu vers elle, il est reparti de plus belle.

Et il déambule dans les rues, toujours au rythme de la mélodie. Les lèvres frémissent sur quelques paroles connues, apprise par coeur au fil des écoutes répétées. Ses pas s'accordent à la cadence et son esprit projette un semblant de comédie musicale que lui seul peut entendre. Ce sont les petites choses de la vie, un livre ou une musique, qui lui font apprécier cet aspect là de son monde. Loin d'un quelconque problème sans solution, loin d'une réalité sur laquelle il s'attarde à peine, parfois jamais.

Il continue ainsi, un pied devant l'autre, jusqu'à sentir une bourrasque l'emporter et son casque tomber. Dos contre un mur qu'il longeait paisiblement, coincé contre un corps inconnu et figé par une voix étrangère. Ses rétines captent quelques mèches brunes, mais pas le visage dissimulé dans son cou.

Une requête est faite, un appel au secours.

- D'accord.

Les mots lui manquent sous la surprise, il accepte de ne pas bouger, de ne pas le repousser. Simplement de rester là, pantois, les bras le long du corps et les épaules appuyées contre la surface lisse mais dure de cette paroi de brique.

Le temps semble s’arrêter lorsque nous sommes dans l'attente de quelque chose. Pourtant, il ne se rallonge pas, mais l’impression est tout comme. Situation complexe qui perdure, pourquoi ce ne sont pas les moments que nous aimons qui s’éternisent ? Pourquoi, c’est toujours la complexité qui vient durer dans le temps, qui s’accroche, qui étrangle jusqu’à respirer le moment de liberté ?

Ma liberté sonne quand je vois les deux ombres passer en courant au coin de l'œil. Un long soupir vient soulager ma cage thoracique, comprimée jusqu’ici par la tension qui me suivait. Ce souffle chaud caresse la nuque dénudée de mon sauveur inconscient de l’histoire dans laquelle il vient de mettre les pieds malencontreusement.

Prenant du recul, mes yeux rencontrent enfin ceux de l’inconnu pour venir briser ce mystère. Ce visage ne m’est pas secret. Alors, le regard perçant qui tente de trouver son identité, je tente de me rappeler de ce garçon. «On… on se connaît non ?» La mémoire défaille. Les années m’ont brouillé les souvenirs. Pourtant, je suis certain de l’avoir déjà vu.

Mes prunelles dessinent chaque recoin de son visage. Et une étincelle vient allumer ma boîte crânienne. *Hamster !* Les pages poussiéreuses s’ouvrent devant moi et maintenant, je me rappelle de lui. Il est même apparu comme une illusion dans certaines de mes nuits. Par contre, son nom me manque. *Comment s'appelle-t-il déjà ?* «On était ensemble à l’école !» La paume ouverte dans sa direction, je tente une ouverture par l'étonnement de le croiser dans de telles circonstances.
Encore.
À croire qu’un fil rouge nous lie.


Autrefois, nous étions dans un gymnase.
Aujourd’hui, nous sommes dans un coin de rue.

Nous sommes comme deux constellations aux étoiles bordéliques.
Dont…
Certaines brûlent.
Et certaines meurent.

Le corps fébrile n'ose inspirer l'air dont ses poumons ont besoin, par crainte de déranger ou de se faire repérer. Ses doigts ont saisis le bord de son vêtement, le plissant légèrement dans une étreinte serrée. Rien ne se passe durant ce lapse de temps où chacun retient son souffle, où personne ne fait de bruit. Et quand l'horloge reprend sa course habituelle, les membres se décrispent. Le garçon frissonne sous la caresse de ce souffle, déglutissant légèrement tout en récupérant l'oxygène délaissé quelques instants plus tôt.

L'enveloppe charnelle se détache, elle s'écarte pour permettre à l'autre de retrouver son espace vital. Les yeux se croisent, un regard plongé dans l'infini de l'autre. Et sans un mot, ils se contemplent dans le silence. Le brun hausse les sourcils, l'air étonné. Il le connaît? Peut-être bien. Tellement de personne ont défilé dans sa vie, certaines sont restées plus longtemps que d'autre, mais faut admettre que celui-ci n'était pas une âme constante dans son monde.

Hamster. Ils sont peu à le nommer ainsi, pourtant des surnoms ce n'est pas ce qui lui manque. En vérité, une seule personne l'a surnommé de la sorte et les souvenirs reviennent comme des coups de feu.

- Oh.

Ce n'est ni un mot, ni une réponse. Seulement une exclamation étonnée, comme pour dire qu'il se rappelle lui aussi. Le garçon sourit à cette remarque, c'est vrai qu'ils se sont croisé dans cette école. Fidèle à lui-même, le brun tape sa main dans celle ouverte du fameux étudiant de son souvenir.

- Ma Eum, je m'appelle Ma Eum. C'est facile à retenir.

Un sourire aux lèvres, il apporte sa main à sa poitrine pour désigner son coeur. C'est là le sens de son prénom, d'où le fait qu'il soit facile à retenir quand on se souvient de sa condition.

- Et toi, tu es ...

Tout comme son vis-à-vis, le temps a filé plus vite qu'il ne l'aurait cru. Il creuse sa mémoire, à la recherche d'un indice, d'une voix énonçant un prénom ou encore d'une plaque sur laquelle il serait inscrit. Il lui suffit de revenir à la fois où ils se sont vus, dans ce gymnase.

- Im Ji Soo?

Le sable dans le sablier a trop coulé pour qu’il se rappelle de tout ça. Après tout, ce n’était qu’un court passage d’un épisode de sa vie. Qui suis-je pour prétendre marquer les esprits ? Je ne suis qu’une vermine parmi tant d’autres qui grouille dans ce monde impur. «Ah… oui.» Ma Eum, son prénom me revient maintenant. Je le relis sur son badge d’école. Les souvenirs sont poussières, mais il est parvenu à en raviver un. Plutôt indélicats sans le vouloir, les mots s’échappent comme des bandits de ma bouche qui ne sait les terminer derrière les barreaux. «Je t’ai surnommé hamster après.” Un air un peu gêné se ressent dans ma gesticulation. Avait-il vraiment besoin de le savoir ? Peu importe. C’est dit.

Alors que mon cerveau préférait me faire passer pour un connard, le garçon en face de moi s’en était souvenu. Lui, il s’est rappelé de ma sale caboche. D’ailleurs, ça me touche. Pourtant, je n’attends rien de lui. Nous ne sommes même pas amis. Tout ce que j’espère, c’est qu’il n’a pas retenu ce nom pour de mauvaises choses. L’habitude est de l’entendre avec mon passé d’escroc.
Alors, Ma Eum, comment suis-je à tes yeux ?
Un court et bon souvenir.
Une vermine de plus.
Une banalité sans encre.

«C’est bien ça.» Un léger sourire fait son apparition sur mon visage fatigué. Et pendant que le souffle reprend un rythme normal, je viens adoucir la situation actuelle, sûrement incompréhensible aux yeux de Ma Eum. «Désolé de t’avoir dérangé. Mais tu m’as sorti d’un sacré pétrin.» Le regard ennuyé et toujours inquiet, je passe une main dans mes cheveux pour les ébouriffer avant de zieuter rapidement les alentours. Et alors que je pensais être un rescapé, voilà que les deux hommes surgissent à nouveau dans notre ruelle. Ils semblent s’amuser de la situation en nous regardant.

«C’est ton petit copain ?» L’un des gars réplique débilement pendant que l’autre réagit au même niveau. «Ils sont mignons !» Il tapote la joue de Ma Eum avec un air supérieur, ce qui me fait partir dans les tours. Brutalement, je lui dégage sa main. «Le touche pas !» Et l’autre imbécile m’insulte. «Ta gueule PD !» Je connais ce genre de situation et généralement, ça ne se termine pas bien si on ne fait rien. Alors, je choisis d’agir et de prendre mes responsabilités jusqu’au bout. Avec agressivité, je fous un coup de pied dans le ventre d’un des gars et je prends par le poignet mon ancien camarade, pour l’entraîner avec moi dans une nouvelle course à en perdre le souffle.

Les grains de sable ont glissés, mais le jeune homme n'a pas oublié. L'encéphale ne cesse de carburer, s'agitant dans tous les sens pour ranger tel ou tel souvenir à tel ou tel endroit. Il suffit d'ouvrir un tiroir, la porte d'un placard ou simplement une malle. Un mot sélectionné et c'est une vague qui déferle dans sa tête. Le brun sourit face à ce surnom déjà entendu par le passé. Lui non plus, il ne l'a pas totalement zappé.

- Apparemment. Et ça ne me dérange pas.

Ce petit surnom n'est pas une gêne pour le garçon, il sait que ses joues rondes inspirent quelques comparaisons avec des rongeurs. D'ailleurs, celles-ci s'arrondissent dès qu'il étire ses lèvres dans une esquisse amicale. Son prénom refait surface, il n'a pas de mauvaises images de sa personne. Rien qui ne puisse le faire fuir, prendre ses jambes à son cou. C'est rare qu'il veuille s'en aller tel un voleur, lui qui accorde souvent une seconde chance. Un nouveau sourire, il est content de se rappeler son nom et de ne pas faire d'erreur en l'épelant.

- Y a pas de quoi.

Il présume. Les questions s'entassent davantage, sans oser les étaler sur la table. Il ne veut pas se montrer indiscret, bien qu'il en meurt d'envie. C'est dans sa nature d'être curieux, de s'interroger tout en questionnant l'autre. Des raisons de courir, il doit en avoir des tonnes, mais le brun n'en connaît aucune. De toute façon, il n'a pas le temps d'ouvrir la bouche pour étancher son appétence que les hommes reviennent les titiller.

Les remarques sont moqueries et le regard de Ma Eum est dur. Les yeux posés sur l'un des hommes, il fusille de ses iris sombres celui qui lui touche la joue. Ji Soo le défend, ne laissant pas l'intru recommencer son mauvais geste. Les lèvres se pincent, il se sent inconfortable dans cette situation, impuissant. L'insulte lui vrille le cerveau, laissant une impression incommodante. Qu'importe les préférences de l'un ou de l'autre, personne ne devrait avoir le droit de critiquer ou de juger.

Si les battements de son coeur étaient au ralentis sous la pression du moment, il se lance rapidement dans une course ininterrompue quand l'autre se met à détaler. Les paupières écarquillées, la bouche entrouverte dans un exclamation qui ne vient pas, il s'élance à sa suite en gardant le mouvement de ses jambes à l'esprit. Une chose après l'autre, il doit rationnaliser pour ne pas perdre pied.

Car le moindre petit caillou dans la roue peut la faire dérailler.
et le précipiter au coeur d'une tempête susceptible de tout ravager.  

Les doigts agrippés au poignet de Ma Eum, je l’entraîne dans la fuite. Peur qu’il lui arrive quelque chose, je préfère le tirer avec moi car ces mecs ne font pas de différences. Même si nous ne sommes pas vraiment des amis, je ne veux qu’aucun mal lui soit fait, surtout par ma faute. Alors, sans le lâcher, nous courons pour trouver un abri.

Mon cœur bat très vite, j’angoisse à l’idée que les deux hommes nous rattrapent. La peur ne concerne pas ma carcasse, mais la victime de cette scène qui lui a été imposée. Quelle horreur que de penser qu’ils mettent à nouveau la main sur le jeune homme au cœur sensible.
Les cheveux dans le vent, je lui crie un peu désespéré «Ne t’arrête pas.» Ces deux gorilles pourraient le tabasser gratuitement juste pour se défouler un bon coup. Et même s’il tente de se défendre physiquement ou verbalement, rien n’y changera. Le seul moyen, c’est de rentrer dans un bus sur le départ. Nous pourrons les semer aisément, surtout grâce aux quelques mètres qui nous séparent maintenant.

Toujours dans la fuite, je scrute avec fièvre un bus à intercepter dans la hâte. «Fais-moi confiance. Je te ramènerais après chez toi.» Lui dis-je sincèrement droit dans les yeux. Soudain, par sécurité, ma main glissant dans la sienne pour l’attirer dans un bus qui allait fermer ses portes. Plaqué à la porte, je regarde derrière nous. Les portes se ferment et le bus démarre. Au loin, je vois les silhouettes chasseuses qui guettent les environs. Ils nous ont perdus de vue. Toute la tension s’évapore dans un soupir. Les yeux fermés, je me sens soulagé. Sans plus attendre, je nous paye deux places et j’en donne une à Ma Eum. Je m’enfonce silencieusement au fond, les yeux baissés comme si je cherchais à me cacher du regard des autres. Je m’arrête à deux places libres pour m’y mettre au fond et laisser l’autre à mon compagnon. Dès qu’il se joint à moi, je décide de m’excuser. «Désolé pour ce qui s’est passé. Tu vas bien ?» Le visage qui tire sur l’inquiétude, je me sens navré de l’avoir mêlé à tout ce bazar brouillé.

Il ne comptait pas s'arrêter. Maintenant qu'il est lancé dans cette spirale infernale, l'idée n'était pas de ralentir et d'abandonner l'autre à son sort. Si leurs routes se sont croisées, c'est qu'il y a sûrement une raison à cela. à moins que ce ne soit qu'un pur hasard. L'un ou l'autre, il se retrouve à devoir courir derrière la grande silhouette du jeune homme qui l'emporte avec lui. Le diable aux trousses, sans un regard en arrière. Si par malheur le brun vient à tourner le visage pour s'assurer que les deux gorilles ne les suivent pas, il pourrait s'emmêler les jambes et entraîner le garçon dans sa chute. Autant garder les yeux sur l'avenir, plutôt que diriger vers le passé.

La confiance est une chose qui se mérite, étrangement chez le plus jeune, elle s'acquière sans grandes difficultés. Quand il entend les paroles de Jisoo, il se contente d'hocher son visage, dans l'approbation. Comme ça, juste en plongeant son regard dans le sien, Ma Eum ne saurait dire quel est son plan. Il lui fait confiance, même s'il ne le connaît pas vraiment. Tiré vers un bus, il monte les quelques marches avec maladresse et se retient où il peut. Son corps pivote à moitié, son regard se portant vers la rue qu'ils ont laissé. Les hommes sont là, pourtant ils ne semblent pas savoir où ils sont.

Le ticket entre ses doigts, l'examination est rapide avant qu'il ne ramène ses iris vers le garçon. Celui-ci s'enfonce vers l'arrière du bus et le brun le suit, tel un caneton. Il se fait silencieux, se glissant aux côtés du brun en observant l'intérieur du véhicule. à peine se sent-il à l'aise que son camarade lui fait des excuses. Comme attiré par un aimant, Ma Eum dépose son regard sur lui et sourit.

- Je n'ai rien.

Il a eu peur, à courir de la sorte et sans s'arrêter, mais il va bien. Le môme porte sa main à sa poitrine, son coeur bat fort et vite. Quelques minutes de plus, et qui sait si ce fichu organe serait parvenu à gérer la situation.

- Et toi? Tu vas bien? Ces types, ils avaient quelque chose après toi? Tu es sûr qu'ils ne vont pas te retrouver?

Les questions fusent, comme il fallait s'y attendre. à demi assis sur son siège, le plus jeune s'est tourné vers l'autre en attrapant son bras de ses deux mains. Il est de travers sur sa place, presque entièrement dirigé vers son aîné, la mine soucieuse.  

Rassuré par la condition du compagnon forcé, un léger sourire déguise mes lèvres effrayées. Mes erreurs du passé refont surfaces à des moments inattendus. Elles me poursuivent comme si je ne serais jamais digne d’être libre. La liberté peut être un concept flou pour certains, surtout quand les cauchemars habitent votre esprit même les yeux ouverts. Que faut-il faire pour la mériter ?

Claude Aveline a écrit:“L’homme qui réclame la liberté, c’est au bonheur qu’il pense.”

Les pensées obscures s’évaporent suite au comportement de Ma Eum. Mes yeux amusés et attendris par celui-ci, le sourire doux avoue une petite affection. “J’vais bien, merci.” Puis, comme pour éviter la vérité et la réalité, je regarde les ruelles par la fenêtre où la pluie vient tout juste de faire son entrée en scène. Le cadre me rend nostalgique, un peu triste. “Certains ne parviennent pas à tourner la page.” Le regard lourd tombe sur les jambes et je viens à dépoussiérer mon pantalon noir. Au moins, ça, je peux m’en débarrasser facilement. Pour tenter de rendre l’atmosphère moins tragique, je termine cette discussion. “J’suis sportif. S’ils me trouvent, je vais courir encore plus vite.” Puis, avec attention, mon index vient décaler une petite mèche de cheveux sur le front de Ma Eum. Il est gentil ce petit gars.“T’as faim ?” Après s’être dépensé à courir dans tous les sens, c’est la moindre des choses que de lui offrir à manger. “Ça te tente un ramen ?” J’avais pas grands sous en poche, je ne pouvais pas lui payer un resto quatre étoiles. J’espère ne pas le décevoir avec ma simplicité.

La respiration retrouve un rythme normal, les yeux portés vers son interlocuteur dans l'intention de pécher quelques réponses rassurantes sur ce visage. Les mots le rassure, il soupire de soulagement en portant une main à son torse. Le jeune homme semble être coursé par une rancune tenace de la part de ces personnes. Une page qui ne se tourne pas, qui persiste à vouloir rester ouverte sur un chapitre en tout point embêtant. Jisoo continue de se vouloir rassurant, énonçant des faits susceptibles de lui sauver la mise. Seul, il pourrait courir loin, mais avec un fardeau comme Ma Eum, il risque d'être rattrapé. Le brun garde cette pensée pour lui, souriant tendrement au jeune homme.

Les yeux restent fixent quand cette main frôle son visage, mais ce dernier se penche de côté quand il l'interroge. A-t-il faim? Son ventre grogne en sourdine, lui indiquant une possibilité d'avoir faim, mais il le connait et il sait qu'il a toujours faim. Le temps qu'il se pose la question à lui-même, Jisoo propose une offre qui surprend le plus vieux. Il cligne des yeux, une pensée cocasse dans la tête. Un rire lui échappe et il appuie sa tête contre le dossier du siège, le regard au plafond.

- Tu sais que c'est une proposition assez indécente dans notre pays? Enfin, tu ne me demandes pas de venir les manger chez toi, alors ça perd de son effet.

Il pouffe à nouveau, se disant qu'il aurait dû se taire qu'évoquer cette histoire de drague Coréenne. Au moins, cette petite parenthèse lui a permis d'oublier la course poursuite.

- ça ne me fera pas de mal.

Accepte-t-il avec une esquisse, le visage tourné vers lui. Un dernier soupir et le garnement reprend son sérieux.

- Et, où nous mène ce bus au juste?

Le dos se décolle du siège, les mains sur ses genoux et le regard bifurquant d'un côté à un autre pour voir aux travers des vitres. à la recherche d'un indice, sous la pluie qui modifie sa vision du monde.