liar's bluessong || outfit ||  @White Loukas

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Les phalanges s’obstinent contre sa sacoche, les dents venant mordiller ses lèvres inférieures avec insistance. Ses billes se promènent entre la diversité des animaux, les genoux venant s’affaisser avant de tendre la paume et caresser les bêtes en manque d’amour. Si cela ne tenait qu’à lui, il serait reparti avec plus de la moitié d’entre eux, mais son habitat ne serait pas mesure d’en accueillir autant. Ni même ses moyens financiers. Plus encore, il souhaite choisir un que son jeune frère pourrait adorer, mais il n’a pas grande idée pour cela. La frustration le gagne, avec la culpabilité écrasante d’être un mauvais frère. Il aperçoit quelques mèches blondes lorsqu’il tourne la tête, clignant des paupières sous la surprise, la main posée contre son battant, fracassant contre sa poitrine.

« Pardon, j’ai eu peur. ». Son expression démontre qu’il ne l’a vu qu’à la dernière minute, essayant de retrouver contenance dans ce lieu public. Il se racle la gorge et lève de nouveau les rétines vers son interlocuteur. « Hum, je regardais. Je… Je me demandais s’il y en a de très affectueux ? Pas forcément hyper câlin, mais avec le contact facile ? Enfin, si, euh, vous savez ? ». Il bafouille beaucoup, Eros, le manque de sociabilité et la crainte de mal faire fendillant ses paroles. Il passe sa langue sur sa lèvre inférieure et se reprend. « À supposer, si vous aidez ici ? Sinon, désolé pour la question. ».

Encore des excuses, de parler, de questionner, de mal interpréter, d’être ici. De tout. Comme une habitude qui revient inlassablement et qu’il aimerait tant pouvoir atténuer, faire volatiliser, octroyer une autre personnalité pour remplacer tout son être. La défaillante, la gênante, celle qui ne devrait pas être là. Celle qui serait bien mieux, capable de répondre sans se dire qu’il dérange. Mais être capable de savoir pour Attis. Et encore plus, être capable d’être quelqu’un.

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Les doigts se faufilent activement dans le pelage doré d'un golden retriever à la queue battant l'air. Le chien est heureux, il profite des caresses offertes par le jeune bénévole à la tignasse aussi blonde que les poils de  l'animal. Un grand sourire sur les lèvres, il émet des petits sons exprimant la joie de chacun, comme s'il parlait à un enfant en bas-âge. Le chien s'en moque, il continue de courir partout quand son ami humain ne fourrage pas joyeusement dans sa robe ensoleillée. Faut bien que le manège s'arrête, laissant le gentil golden jouer avec une peluche qui couine tandis qu'il part de son côté.

Loukas sort des toilettes, les mains encore humides. Ses yeux se posent sur une silhouette plantée là, seul au milieu d'un joli chaos. Et il s'en approche, n'annonçant pas de suite sa présence. Son excuse étire ses lèvres, donnant un air angélique à son faciès parsemé de tâche brune. Beaucoup de monde s'aventure dans ce refuge dans l'intention d'adopter un animal. Certains osent prendre le risque avec une boule de poils au caractère difficile à cause d'un vécu traumatisant, d'autres préfères la tranquillité d'un compagnon déjà habitué.

- Je suis bénévole.

Il le précise, pour que l'autre se sente plus à l'aise de poser ses nombreuses questions. Des questions auxquelles il n'a pas encore répondu.

- Tout dépend ce que vous cherchez? Un chat ou un chien? Nous avons avons des rongeurs et des reptiles, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus affectueux dans la vie. Et les rongeurs bouffent les fils, si vous tenez à vos chargeurs et autres câbles.

Un léger rire lui échappe, un son qui dénote avec le timbre de sa voix plus grave. Le blondinet se lèche les lèvres, portant son regard autour de lui avant de revenir sur le jeune homme.

- Si je dois vous donnez un conseil, le mieux serait que vous ayez un contact avec les animaux. Nous avons un catalogue, si j'peux dire ça ainsi, avec nos pensionnaires à adopter. Vous pouvez déjà voir leur tête sur une image, avant de vouloir les rencontrer en face à face? Nous avons mis quelques notes, des traits de caractère ou des habitudes, des petits défauts aussi car ils ne sont pas parfait. Si ça vous intéresse, je peux aller vous le chercher?

L'ange lui indique l'accueil, là où se trouve les ordinateurs et les dossiers, dont le fameux catalogues répertoriant les animaux du refuge.

- C'est votre premier animal? Vous n'avez jamais adopté dans un refuge auparavant? Je n'ai pas envie de faire la leçon, je trouve toujours cela barbant, mais je suis bien obligé de le faire pour ne pas revoir un pensionnaire revenir à la case départ. C'est une décision sérieuse? Vous avez vraiment réfléchi à tout ce qu'engage une adoption?

Il le demande à tous, par mesure de sécurité et parce qu'il aime les animaux aussi. Lou ne doute pas que cet homme est capable de s'occuper d'un chien ou d'un chat, ou d'un autre animal. Ce n'est pas un jugement, juste une certitude de pouvoir lui confier un être vivant sans avoir l'appréhension de le revoir venir ici des semaines ou des jours plus tard.

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Beaucoup de questions et honnêtement, il ne sait pas véritablement quelle option choisir. « Hum. Un chien, je dirais ? Chat aussi ? On va éviter les petits rongeurs alors, je tiens à mes câbles. Et puis, s’il tombe ou quoi par mégarde. ». Laissant son imagination faire, il porte une paume à son front d’un air alarmé. De même, si la petite bestiole décide à grignoter les croquis, les gouaches et tout le matériel de la famille, cela ne sera bénéfique pour personne. Et le reptile ? Si les animaux ne sont pas tant un problème pour l’Australien, cela peut, sûrement, en être pour son petit frère. Même en termes d’occupation, cela n’est peut-être pas le plus délicat, ni affectueux. Pas dans ce qu’il recherche, en tout cas. Il se laisse submerger par ces idées, revenant vers son interlocuteur en clignant des paupières. Il essaie de reprendre le fil perdu, venant hocher perceptiblement la tête.

« Est-ce qu’il est possible de faire le tour, pour les voir, ou faut-il obligatoirement passer par le catalogue ? Je ne suis pas regardant sur l’âge, la nature ou autre. Je… Je pense que, vous n’avez pas besoin de faire un détour pour ça. ». Le sentiment, l’impression. Tout est bien mieux à ses yeux que des notes qui peuvent changer, qui peuvent faire rebuter, même s’il comprend les enjeux en cas de maladie ou de petits défauts contraignants dans le quotidien. Néanmoins, malgré cela, il est plus enclin à ce qu’on le lui développe directement dans le cadre dans lequel il en vient à s’agenouiller devant une boule de poil adorable. Et encore plus devant le sérieux, abordant une mine tout aussi grave. « C’est murement réfléchi. Un animal n’est pas un objet, c’est un membre de la famille. On en prend soin. ».

Et il veut offrir autant d’amour qu’il ne désire le faire avec le reste de sa famille. Cela est bancal, mais il est certain de son choix et qu’il essaiera d’apporter un confort et un bonheur maximal envers le petit être qui partagera leur vie. « Pour le moment, je suis ici pour voir. Je ne souhaite pas prendre de décision à la hâte, surtout quand cela concerne un animal. On peut revenir plusieurs fois ? ». Revenir avec Attis, pour que celui-ci se perde à travers les êtres vivants, avoir un coup de cœur, peut-être. Toutefois, l’illustrateur est assuré de sa démarche : si ce n’est pas aujourd’hui, cela finira par arriver. Il ne voit que du bonheur, pour tout le monde.

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Chien ou chat? Chien et chat? Le blondinet observe, ne sachant pas s'il doit partir vers l'un ou l'autre. Les rongeurs ne sont clairement pas un choix judicieux pour cet homme, le cadet le devine aisément.

- ça arrive de leur marcher dessus aussi. Ou alors, certains pensent que leur hamster est mort alors que le pauvre hiberne. ça fini souvent six pieds sous terre, en mode zombie. Ou à la poubelle, tout dépend le degré d'affection chez la personne.

Il devrait se taire, pourquoi il argumente sur un sujet qui pourrait donner des cauchemars à l'autre? Lou rit, n'ayant pas pour but de perturber le brun. Il en revient à son histoire de locataire, proposant un catalogue informatif où sont répertoriés les différents animaux du refuge. Ce n'est qu'une idée, il ne serait pas vexé si l'autre refusait.

- Suffit de demander.

Dans un grand sourire, le blond indique un couloir où se situe plusieurs portes. Fermées. Les animaux ne sont pas vraiment en liberté, surtout pas les chats qui peuvent s'enfuir et ne jamais revenir. Les chiens ont des espaces où courir, en plus de promenades offertes par des bénévoles comme lui. Tout en le guidant, Lou n'oublie pas de faire son pitch habituel sur l'adoption et les enjeux. Une disquette qu'il répète à tous, mais c'est son rôle au sein de ce refuge.

- Content de l'entendre. 'Fin, les gens ne disent pas clairement qu'ils n'en sont pas capable, mais ça s'sent que vous êtes sérieux.

Parce que certains sont sournois, ils prononcent des paroles qu'ils ne pensent pas, sous un regard faussement honnête. Il en a déjà vu et entendu, des personnages écœurants, au coeur de pierre. L'Australien ne sent rien de tel chez le jeune homme, bien au contraire.

- Autant que vous voulez, dans les heures d'ouverture.

Il n'est ni froid, ni acerbe. Son esquisse reste ancré à son visage, lui donnant cet air angélique et innocent. On pourrait lui confier le bon Dieu sans confession, à ce sale môme. Loukas s'arrête devant une première porte, où est affiché une liste avec des noms. Simple récolte d'information pour retrouver les pensionnaires.

- Je vous propose de commencer par les chats. Ils sont moins énergiques que les chiens, certains plus craintif, mais avec un peu de patience ils viendront à vous. Nous avons plusieurs pièces pour eux, pour éviter les conflits.

Les chats ou les chiens ne s'entendent pas tous entre eux, faut savoir prendre ses précautions. Lou attend de capter entièrement l'attention du brun avant d'ouvrir la porte, la poussant d'une simple pression. C'est une grande pièce, aménagée pour les chats, avec des panières, des meubles où se percher, des cages pour les plus craintifs. Une porte mène à dehors, ouverte sur un bout de jardin clôturé pour ne pas qu'ils s'en aillent.

- Je vous laisse le temps de sympathiser avec ceux-là. Au fait, vous pouvez m'appeler Loukas.

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Lorsqu’il évoque les possibilités malheureuses de mortalités chez les rongeurs, les billes de l’illustrateur s’écarquillent avec une peine considérable et une surprise bien plus grande qu’imaginée – même s’il ne va pas penser à ce genre de choses habituellement, évidemment. Néanmoins, le rire du blondinet apaise sa torpeur et il passe une main derrière sa nuque avec timidité. D’autres mots se poursuivent, un échange positif qui les conduit vers les animaux, doucement. Il ne peut qu’acquiescer, désirant que l’autre sente l’honnêteté chez lui. Il est bien incapable de faire du mal aux animaux et s’il prend la responsabilité d’en avoir un, ce n’est pas pour le laisser tout seul ou ne jamais s’en occuper. Il faut en prendre conscience.

Devant la porte, il hoche la tête, l’écoute attentive vers les informations amenées. « Merci, Loukas. Vous restez aussi dans la pièce ? ». Cela résonne comme une réclamation plutôt qu’une demande, l’Australien ne pouvant se résoudre à rester seul dans un environnement qu’il ne connait pas, surtout entourer de boule de poils adorables. Il craint davantage de mal faire les choses ou d’effrayer les chats qui se promènent dans ce grand espace. « Je suis Eros. ». Il lui offre un sourire doux, de ceux qui font fondre la neige au soleil et même apaiser les cœurs les plus noircis. Enfin, doucereusement, il commence à approcher, le pas timide, vers les chats les plus curieux. Il s’abaisse lentement, prend le temps de tendre la main bien baisse pour qu’ils puissent renifler et sentir cette nouvelle odeur. Si certains paraissent farouches ou craintifs, d’autres viennent quasiment réclamer des caresses.

Et, au bout de quelques minutes, le graphiste s’éprend déjà à sourire pleinement en offrant un peu d’amour à ces bêtes qui le méritent. Il vient questionner le bénévole : « comment il ou elle s’appelle ? » ; des « Comment ça se fait qu’il est ici ? » ou encore « Oh c’est triste… ». Un amas de sentiment, de la peine envers ces histoires malheureuses ou d’autres qui se finissent plus ou moins bien. Cela rend son attachement plus conséquent, ayant fini assis au milieu de la pièce, avec quelques chats se frottant à lui, d’autres ayant les pattes sur ses jambes ou mordillant ses phalanges en le laissant avec un rire franc, conquis. « Vous êtes bénévole depuis longtemps ? »

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L'inconscience dans les mots, il ne mesure pas l'étendue de ses paroles quand il conte des histoires dramatiques, morbides. Mieux vaut en rire, comme qui dirait. La mine choquée de l'invité ne passe pas sous le regard du plus jeune, trop occupé à lui montrer le chemin vers la première salle. Et il parle, toujours plus. L'enfant sauvage instaure un climat printanier, doux et léger, au parfum floral. Il laisse quelques pétales sur son passage, l'écho d'un rire insouciant, d'un mot imprudent.

- Bien sûr. Sait-on jamais si l'un d'entre eux vous saute à la gorge et que je ne sois pas là pour éviter un homicide volontaire.

Douce esquisse, sous ce ciel parcheminé d'étoiles. Une taquinerie innocente, un bout d'humour dans une pièce presque trop étroite pour autant de monde. Un prénom résonne entre les murs, faisant écho à sa propre présentation. Loukas et Eros, une symbiose étrange entre deux origines inconnues. Et Lou rend ce sourire, plus penaud et gauche que prévu. Les corps se séparent, l'un se penchant vers les pensionnaires du refuge et l'autre, debout et droit. Appuyé contre le bois d'un arbre à chat, l'oeil distrait. Il observe les boules de poils s'agiter, craindre l'invité ou s'avancer vers lui en mettant de côté leur réticence.

La gêne s'envole, une barrière saute et le blond remarque que le fameux Eros s'ouvre davantage aux chats qui l'accueillent. Il répond à ses nombreuses questions, un prénom, une anecdote, parfois trop triste, parfois moins. Une moue affligée, un hochement de tête contrit, une grimace déroutée. Les émotions accompagnent ses histoires, rendant les récits plus réels. Il n'y a pas que du mal en ce monde, certains ont trouvé le bonheur.

- Hum, quelques années maintenant. Je suis arrivé à Séoul il y a cinq ans, mais je n'ai pas trouvé ce refuge de suite. Je suis étudiant en médecine vétérinaire, ça m'aide bien d'être ici.

Raconter n'est pas un problème pour le blond qui s'assume. Une discussion simple, mais efficace. Sans fioritures, sans étincelle ou feux d'artifices. Il pose un peu de lui ici, à l'intention de cet homme dont il ne sait rien.

- L'animal, c'est pour se sentir moins seul? Ou pour réaliser un rêve d'enfant face aux interdits de parents trop strictes?

La voix se fait plus douce, d'un ton moins grave qu'à son accoutume. Il invite son aîné à répondre ou à décliner, ne se voulant ni forceur ou intrusif, seulement dans l'intrigue.

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Le graphiste se questionne sur un principe pourtant simpliste : comment est-ce même possible qu’un visage aussi séraphique puisse aborder des thématiques morbides ? Décidément, même les plus belles lèvres recèlent de leurs propres mysticismes. Il décide ainsi, pour sa santé mentale déjà bancale, de ne pas rebondir sur les éventualités présentées, préférant séjourner autour d’adorables boules de poils et les innombrables questions débordantes de sa tête. Néanmoins, l’ambiance est tout aussi douce, planant les histoires et le vécu de chacun de ses compagnons, avant d’engager quelques curiosités sur celui qui s’en occupe, hochant la tignasse cérémonieusement. « Oh, je vois. C’était une envie d’être bénévole ou cela à débuter avec l’envie d’un stage ? ». L’un peu s’accompagner de l’autre, ceci-dit.

Lorsque la question tombe, les rétines fixent un point vide, bataillant entre les rêveries d’un enfant malheureux, celle d’un espoir craintif et de cauchemars tendancieux. Une balance peu équilibrée, lorsque ses phalanges pressent légèrement les poils d’un chat blanc, qui l’observe en biais avant de décamper, poussant l’illustrateur à revenir à la réalité. Clignant des paupières, les lèvres viennent se soulever avec douceur, sous les épaules qui émettent la même action. « J’ai un petit frère et avec nos emplois du temps respectif, j’ai peur qu’il se sente un peu seul. Je suis un peu surprotecteur avec lui, alors. ». Un léger rire résonne, lorsqu’il passe sa paume derrière sa nuque, en signe de gêne légère.

« Et puis, je me dis qu’un peu d’animation dans la maison ne ferait aucun mal ? ». Sa mère en serait ravie. Mais qu’en est-il du dernier ? Est-ce une bonne idée ? Est-ce qu’il l’acceptera ? Est-ce que cela permettra aux frères de se rapprocher ? Ces interrogations en deviennent presque douloureuses et il tente de dévier. « Et vous avez des animaux de votre côté ou le refuge suffit amplement ? ». Certains le font, d’autres estiment que passer leurs journées dans cet endroit est suffisant. Les raisons sont multiples.

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Loukas n'a jamais demandé à naître avec un visage de poupin, sous les traits d'un ange. Sa personnalité n'a rien à voir avec un être pur et divin, ou alors le paradis se confondrait avec l'enfer. Sa mère lui a toujours dit d'être poli et gentil, de ne pas faire de vague et d'être aussi discret que cet insecte ressemblant à une branche. Un phasme. Lui, il aurait préféré être un truc plus visible, plus marquant, comme les grosses araignées qu'il a côtoyé en Australie étant petit. Le blond ne cherche pas à perturber l'autre, se montrant particulièrement docile malgré sa grande énergie. Il raconte une partie de sa vie comme il pourrait lire le passage d'un livre.

- S'il y a un ordre précis, je pense que j'ai débuté par le stage avant d'être bénévole.

Il n'est plus si sûr, un jour il était là et depuis il n'est plus reparti. Le trouble-fête s'interroge sur les raisons ayant poussées le plus vieux à vouloir adopter. L'absence qui marque sa question donne l'impression au plus jeune d'avoir mis un pied dans un marécage. Peut-être qu'il aurait mieux fait de se taire, au lieu de laisser sa curiosité parler.

- Je vois, et c'est une bonne idée. Les animaux amènent leur lot d'animation.

Aucun d'entre eux n'a rythmé son existence, ni durant l'enfance, ni pendant son adolescence. Un enfant terriblement seul à la maison, quand maman se rendait à l'hôpital ou chez les gens ayant besoin de soin. Il n'était pas triste, entouré de quelques âmes perdues comme la sienne. Enfant de la ville, gamin agité et en quête d'amitié. Combien de fois s'est-il retrouvé les genoux écorchés d'avoir trop couru? Les mains coupées par les échardes des branches d'arbre escaladées. Loukas ne connaît pas la difficulté d'avoir un frère, petit ou grand. Il n'a pas eu besoin de se chipoter pour des jouets, ni pour un programme télé.

- Je n'ai jamais eu la chance d'en avoir, mais le refuge me suffit amplement. Je suis en résidence universitaire, c'est assez compliqué de ramener une boule de poils avec moi.

Un haussement d'épaules et il vient offrir quelques caresses à un chat proche de lui. Ce n'est pas l'amour pour les bêtes qui lui manque, mais d'un lieu stable. Un appartement ou une maison, la promesse de ne jamais reprendre un avion.

- J'ai beaucoup déménagé depuis que je suis gamin. Je me demande comment un animal aurait pu vivre avec nous dans ces conditions là. Dans un sens, c'était mieux ainsi car j'aurai eu trop peur qu'il s'égare et ne retrouve jamais le chemin de la maison.

Trimballé d'un pays à un autre, sans la garantis d'un pied à terre. Lou ne connaît pas réellement le plaisir d'avoir une maison où rentrer, mais il se dit que l'endroit où il aimerait vivre, c'est celui où se trouvent les gens qu'il aime. Alors Australie, Japon, Thaïlande, Amérique ou Corée du Sud, tant qu'il se sent à sa place, c'est comme être à la maison.

- Vous voulez voir les autres?

Demande-t-il en désignant la porte fermée dans son dos, celle qu'ils ont franchis plus tôt.

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Il hoche la tête doucement. « Et vous n’avez jamais ressenti l’envie d’en avoir rien qu’à vous ? Je suppose que voir autant de ces adorables animaux ici suffit à lui-même ? Entre les plus câlins, les gentils et les joueurs ? Puis, en résidence, je pense que ça peut être refusé en cas d’allergies ? », demande-t-il, en comptant les solitaires et les plus récalcitrants, évidemment. Certains craignent ces boules de poils ou ont été victimes de légers incidents. En soi, cela peut comprendre les autorités compétentes de ne vouloir s’entourer de ces problématiques probables. Il comprend totalement, lorsque son interlocuteur intervient vis-à-vis des déménagements.

En un sens, il est soulagé de ne pas avoir connu d’animaux chez lui, l’effroi de l’état de l’animal lorsque les colères de son père étaient présentes. Cela laisse un frisson parcourir son échine, clignant des paupières et revenant sur les chats autour de lui pour s’occuper l’esprit. Il n’aurait très certainement pas assumé, ni même supporter les dégâts de coups et l’aurait protégé encore plus au risque de sa santé. Fragilisé de bien des manières, il suppose que sa mère avait eu le même raisonnement à l’époque. Après une dernière caresse aux chats, il se relève et retire les poils, haussant les épaules en riant devant ce geste vain. « Je vous suis. », déclare-t-il doucement, laissant un dernier regard à ce havre de bonheur.

Parcourant les portes, l’ambiance est bien plus animée sous les chiots joueurs, les chiens essayant de lui sauter dessus, le laissant avec un sourire bien plus large. Les genoux au sol, son visage ne cesse de bouger devant les léchouilles. « Deux salles, deux ambiances. », parvient-il seulement à exposer avant d’être ensevelis d’un chiot très câlin, grimpant sur lui avec tant d’amour à offrir.

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‟ Souvent, oui. „ L'envie de rentrer chez soi et d'être accueilli par une boule de poils. Beaucoup de ses amis possédaient des animaux, il pouvait voir à quel point c'était amusant de partager son quotidien avec eux. ‟ Ce n'est certainement pas la même chose d'avoir son animal à soi et d'avoir ceux du refuge comme compensation. „ Admets le blondinet, la mine soudainement plus sérieuse et réfléchie. ‟ Je n'ai pas lu toutes lignes du contrat en signant, mais certains animaux sont peut-être acceptés. Je connais bien une fille qui a adopté un hérisson. „ Ça l'a toujours amusé de savoir cette boule de piques quelque part dans la résidence, aux soins d'une étudiante toute mignonne. Ce n'est pas tant le lieu qui dérange, mais son emploi du temps et la solitude que cela pourrait créer à l'animal. S'il devait lui trouver un ami pour combler ses absences, ce serait son porte-monnaie qui prendrait un coup. Loukas sait être raisonnable, sa mère lui a appris qu'un animal n'était pas qu'un moyen d'avoir de la tendresse ou de la compagnie.

Certains cas faits que des personnes n'ont pas la chance d'avoir un animal durant une partie de sa vie, surtout pendant l'enfance. Des parents qui n'aiment pas ça, des déménagements intempestifs, un voisinage à la noix et bien d'autres facteurs encore. Et puis ça demande réflexion, aménagement, budget, etc. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère, certains mettent des années à se décider avant d'adopter ou dans les pires cas, d'acheter. Les chats sont adorables à regarder et à côtoyer, mais l'Australien propose au jeune homme d'aller voir les chiens. Celui-ci tente en vain de retirer les poils sur ses vêtements, arrachant un sourire amusé chez son cadet. Peine perdue, ça reste en position même avec une tempête de vent. Lui-même en est couvert le trois quarts du temps, quand ça ne se retrouve pas dans ses gobelets ou sa nourriture.

Loukas l'amène jusqu'aux chiens, dans un espace plus vaste et ouvert. La plupart des canidés sont heureux de voir du monde, mais quelques-uns se terrent encore dans des pièces pour échapper aux tentatives d'approches. Ça brise toujours son cœur, quand il voit un jeune chien en boule, tremblant et grognant. Ceux-ci sont généralement mis à l'écart des plus dynamiques, le temps qu'ils s'habituent au refuge, aux pensionnaires et à l'être humain. ‟ Si vous voulez de ne pas vous ennuyer et avoir tout l'amour du monde, un chien est la meilleure option. „ Ils sont câlins, collants, bruyants, mais dispose de tant d'amour à revendre. Le blond les adore, il pourrait passer ses journées avec eux. ‟ Les plus sociables sont ici. Il existe quelques cas particuliers, malheureusement. Nous ne pouvons pas les mélanger trop vite, dès le début et parfois ça prend plus de temps que prévu. „ Explique-t-il à Eros en parlant des chiens maltraités, plus agressif à cause de la main de l'homme. ‟ Il n'y a pas de méchants chiens, juste des mauvais maîtres. „ C'est une vérité qui l'a toujours foudroyé. Hélas, un chien méchant est compliqué à remettre dans un droit chemin. Ça arrive que les comportementalistes et autres spécialistes n'y parviennent jamais et que l'animal soit condamné à une bien triste vie. ‟ Si je devais avoir un animal, je tenterais de prendre un chien n'ayant pas eu autant de chance. Ils méritent d'être aussi heureux que ces petits bouts plein d'énergie qui ont eu la chance d'atterrir ici à leur naissance. „ Fit-il en s'accroupissant pour s'amuser avec un chiot, heureux, bon vivant.