crime n.01

Du silence. Des silhouettes fantomatiques qui ne résonnent qu’à peine dans l’immense maison. Et pourtant, cette solitude l’apaise, lui permet de centraliser ses idées. Tout en déviant vers une petite qui tend les bras, réclamant une certaine attention. Des portes claquées, des soufflements indistincts. Il a, depuis longtemps, appris à ne plus s’en soucier. « Tu veux goûter ? », dit-il, le visage tourné vers sa sœur. Le sourire plein devant la joyeuseté si innocente, lui donnant une bouchée de ce qu’il cuisine. L’unique trésor dans une famille inexistante.


crime n.02

Les lèvres sont pincées, sous les papiers jetés et les valises. Il tient sa jeune sœur dans les bras, essayant d’apaiser les larmes qui se déversent et ne semblent vouloir s’apaiser. « Vous aviez d’autres moments pour cela. Et vous le savez. ». À peine quelques regrets, les regards déchirés par deux personnes qui ne peuvent décidément plus s’adresser la parole dans une même pièce. Il savait que cela allait arriver, c’était inévitable après tout. Pas devant elle, pas dans ces circonstances. Le premier barrage s’est immiscé, coupant un fil invisible dans cette famille déchirée.


crime n.03

« Je ne suis pas surpris. Mais nous sommes adultes. Nous nous sommes élevés seuls. Ainsi, nous n’avons rien à entendre de vous. », claque-t-il sous les regards assassins. Voie déviée, lorsque le résultat fut tombé : p o l i c e. Pas avocat, pas médecin, un peu différent et pourtant, il soupire devant la déception tombante dans les yeux. Toute sa vie a été tracée par sa volonté et ses choix, il en sera de même pour sa sœur, faisant écran entre elle et leurs parents. Ils n’ont rien à dire, dans une famille assujettissante.


crime n.04

Les sourcils se froncent légèrement. « Pourquoi devrais-je entretenir une relation ? Nous partageons en partie le même sang, mais cela ne veut pas dire qu’il faut l’exécuter pleinement. Continue de les voir si tu le souhaites. », coupant la conversation en se levant, prétextant un message urgent du commissariat concernant un crime violent. Il dérive son regard, ne désirant pas apercevoir les yeux larmoyants de sa sœur. Des demi-frères et sœurs ? Ils les voient peu et cela est suffisant. Pas dans une famille bancale.


crime n.05

Les bras posés contre son balcon, il surveille du coin de l’œil le chaton roux à ses côtés, semblant fasciné par un point imaginaire. Les rétines portées vers le ciel nocturne, il ne répond pas au téléphone. Pour une énième demande de repas familiale. Il soupire, répond d’un geste harassé, qu’il verra en fonction de ses congés et renvoyant le tout avec lassitude. En promettant de revoir sa sœur dès que possible pour en discuter. Il peut au moins lui octroyer cela, après tous ces efforts. Mais Leon n’en a aucunement envie. Sa vie est accomplie, sans jugement, sans retord et cela ne le dérange pas. Loin d’une famille vaporeuse.


crime n.06

Existe-t-il ? Il n’en a pas l’impression. Peut-être regarder les refuges pour un nouveau chat. Probablement chercher un café tous les jours et de manière plus régulière — il abandonne l’idée vu ses horaires. Le menton sur sa main, il prend plaisir à vivre sa vie. Dans ses relations et ses activités. De la simplicité, bienheureuse et existante.