Mon sac avec mon ordinateur portable à l’intérieur. Mes écouteurs et ma musique aux oreilles. Je me dirige vers mon café habituel. Le bar à chat dont je suis fan. Les chats amicaux, les boissons délicieuses, mais aussi pour le propriétaire en particulier. J’ai pris des notes de son horaire afin d’être là lors de ses nombreuses journées de travail. Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai eu un coup de foudre. Son sourire, la douceur de sa voix, mais aussi les étoiles dans les yeux lorsqu’il s’occupe de ses chats. Inconsciemment, je me suis mise à craquer pour lui. À vouloir de plus en plus le voir. Je ne suis pas courageuse de lui adresser la parole hormis ma commande. Tout ce que je peux faire, c’est de le contempler de loin comme de proche. Je pourrais trouver une astuce quelconque afin de faire le premier pas en direction. Demander s’il est en couple ou s’il a du temps à me consacrer pour discuter ensemble. Malheureusement, à chaque fois que je tente ma chance quelque chose qui arrive et je finis par abandonner en me disant : un jour, ça sera le bon moment.

Cependant, je ne suis pas là pour uniquement contempler ses beaux yeux, son merveilleux fessier et entendre sa sublime voix douce, aimable et gentille. Je vais à son café lorsque j’ai terminé de filmer les nombreuses prises d’une ou plusieurs chorégraphies pour ma chaîne Youtube. Je vais à ce café afin de travailler sur le montage, vérifier quelques commentaires, mais aussi déterminer quelle chorégraphie que je devrais apprendre et enseigner à mes prochains abonnés. Étant autre chose qu’une chorégraphe pour des groupes de kpop, je suis également active sur les réseaux sociaux. C’est un peu de cette façon que je me fais connaître. Certes, quand j’ai du temps libre, je mets à jour mes comptes. Entre créer des chorégraphies, être satisfaite de mon travail, montrer aux artistes - être pointilleuse sur le sujet – et aider ma grand-mère dans son restaurant, je trouve malgré tout la force et du temps pour les abonnés. Ne me demandez pas comment je fais, même moi, j’essaie de comprendre.

Ceci dit, sur le chemin, j’entends quelque chose de bizarre dans mes écouteurs. Je fronce les sourcils avant de reculer la chanson de quelques secondes et de remettre en marche. Le même son, mais de plus en plus fréquent. Je mets sur pause en me posant des questions. Depuis quand ce morceau possède des sons aigus ? Ça ne va pas bien avec la mélodie. Toutefois, la musique sur pause, j’entends le son. Je retire mes écouteurs pour regarder vers cette direction. Je fronce les sourcils avant d’aller dans cette ruelle. J’entends encore et encore. Puis, je m’arrête brusquement en voyant une petite boule de poils parmi les déchets. Je la prends avec délicatesse, elle est toute gelée et grelotte de plus belle. « Où est ta maman ? » Soufflais-je doucement avant de le cacher dans mon manteau pour réchauffer. Bon, je dois me dépêcher de me rendre au café. Hyun su – enfin le beau jeune homme – devrait savoir quoi faire non ? Je me mets à courir vers le café. J’entre rapidement avant d’aller vers le comptoir, il est justement en train de servir un client. Devrais-je le déranger ? C’est quand même une urgence ! Arf, non ! Je vais attendre, c’est tout de même mal vu d’interrompre. En attendant impatiemment, c’est dorénavant mon tour : « Bonjour ! Excusez-moi, je ne prendrai pas mon café habituel cette fois, mais je suis venue vous voir pour ceci. Pouvez-vous m’aider ? » Je montre le petit chaton fragile et frigorifié. Je ne connais pas assez les chats pour m’en occuper d’un, je préfère demander à un expert... ?

La journée avait commencé comme d’habitude et Hyun Su travaillait au café comme chaque jour, papotant avec les clients tout en prenant leurs commandes et, évidemment, jouant avec les chats quand il n’y avait pas trop de travail. Il se demanda d’ailleurs si cette jolie cliente qui venait assez souvent serait là, aujourd’hui. Comment s’appelait-elle déjà ? Ari ? Oui, c’était ça. Il ne se souvenait pas exactement de comment il le savait, si c’était elle qui le lui avait dit ou s’il avait entendu quelqu’un d’autre l’appeler, mais il avait retenu ce joli prénom qui lui allait vraiment très bien. C’était même parfait. Est-ce que le jeune homme craquait un peu pour cette jeune femme ? Possible. Même s’il n’osait pas trop l’admettre. Avoir un crush sur une cliente était tellement…tellement cliché ! C’était presque comme dans un drama. Sauf que c’était la réalité et qu’il n’avait jamais réellement osé lui parler en-dehors des commandes. En même temps, il ne voulait pas la déranger si jamais elle préférait rester seule et au calme avec les chats. Mais elle ne le laissait clairement pas indifférent. Il avait envie de la connaître un peu plus, de savoir qui se cachait derrière ce joli minois et cette voix si douce. Un jour, peut-être, il prendrait son courage à deux mains. Mais Hyun Su n’était pas vraiment doué pour ces choses-là, il n’avait pas eu beaucoup de relations dans sa vie et il était certainement un piètre dragueur.

Alors qu’il terminait de servir un client, il aperçut justement la jeune femme entrer. Un sourire se dessina sur ses lèvres, n’ayant pas encore remarqué la boule de poils tremblante qu’elle tenait contre elle. Elle s’approcha du comptoir et de lui une fois l’autre client parti, s’apprêtant à demander à la jeune femme si elle prendrait son café habituel. Mais elle le devança et déclara qu’elle n’était pas venue pour ça, aujourd’hui. Hyun Su fronça légèrement les sourcils avant de voir le chaton. « Oh mon Dieu ! Que s’est-il passé ? » Il contourna le comptoir pour arriver à hauteur d’Ari et du chaton, puis se mit à l’examiner d’un peu plus près. « Pauvre chou, il est frigorifié ! » Il avait un réel pincement au cœur en voyant ce petit animal si fragile, si vulnérable. Il fit signe à sa serveuse de s’occuper de la boutique pendant un instant, puis se tourna à nouveau vers Ari. « Suivez-moi. » Sans plus tarder, il l’emmena vers l’arrière du café, là où les chats se trouvaient la nuit et pour se reposer, en temps normal. « Je ne suis pas véto donc je ne pourrai pas dire s’il est malade ou blessé, mais on peut au moins essayer de le réchauffer et lui donner à boire et à manger. » Il pouvait reconnaître certains signes de maladie, évidemment, mais rien ne valait un diagnostic professionnel. « J’appellerai mon véto tout à l’heure. Tenez, enroulez-le là-dedans. » Il désigna une petite couverture bien chaude que les autres chats affectionnaient particulièrement, puis, il prépara un petit bol de lait spécial pour les chats et un autre bol avec quelques croquettes, au cas où le chaton aurait envie de reprendre quelques forces. « Pourquoi ne pas avoir été à une clinique vétérinaire tout de suite ? »

Je me sens égoïste de me servir de ce chaton pour m’adresser au beau patron du café. Enfin, de prendre ce chaton comme excuse pour me permettre de me rapprocher de lui, c’est ridicule non ? Méchant et hypocrite de ma part, quand j’y pense. Normalement, je serai arrivée, lui offrant mon plus beau sourire et de l’entendre me demander si je prendre la même commande que d’habitude. Le voir travailler et m’offrir son plus beau sourire également avant de le quitter pour prendre une table en question. J’ai pris cette habitude même si j’ai envie de lui parler davantage. Prendre de ses nouvelles. Parler de la pluie et du beau temps. Apprendre à se connaître davantage et qui sait, lui demander s’il est célibataire. Avoir assez de courage, je l’aurais fait. Malheureusement, je suis venue pour une autre raison et je lui fais clairement savoir. Je me sens mal de lui mettre un gros stop de notre habitude, mais il a un petit chaton mal en point en jeu. Il a si froid, si jeune. Je ne comprends pas comment il a pu être parmi les déchets. Le pauvre. Quelle est la personne sans cœur pour l’avoir abandonné ? Ou encore, où est la maman ? L’entendre crier la maman serait à ses côtés, non ? Je ne sais pas, mais c’était dangereux de le laisser tout seul.

Alors, je lui montre doucement le chaton en ouvrant légèrement mon manteau. Son expression ne me surprend pas contrairement qu’il puisse se rapprocher de moi. Je perds tous les moyens en le voyant si près de moi. Mon cœur bat si fort actuellement, je pourrais bafouiller en lui répondant, mais ce n’est pas le moment. « Oui, je l’ai retrouvé tout près d’ici dans les déchets... » Lui commençais-je à lui expliquer avant de le suivre. Je suis encore surprise de le suivre dans l’arrière-boutique. Je ne pensais pas me rendre aussi loin. En fait, je pensais uniquement déposer la petite boule de poil dans ses mains et le laisser faire les soins. Aussi simple que cela. Au lieu, je me retrouve à le suivre dans un endroit où les clients ne devraient normalement pas suivre. Me retrouvant dans l’arrière-boutique où les chats doivent s’y réfugier et prendre du repos lorsque le café est fermé. Je sais néanmoins qu’il n’est pas véto, mais entre lui et moi, il est nettement mieux qualifié que moi pour s’occuper de ce petit être. Je n’ai jamais eu d’animal de compagnie et je n’ai jamais eu de chats de ma vie. Le retrouver relève du miracle, car avec ma musique, j’aurais pu ne pas l’entendre et l’ignorer complètement.

« Vous êtes déjà davantage qualifié que moi, je n’ai aucune expérience avec les chats contrairement à vous. » Je lui révèle sans gêne tout en continuant de l’observer. Je caresse de temps en temps le chaton du pouce afin de le réchauffer davantage dans mon manteau avant qu’on ne me présente une couverture. Alors, je sors le chaton de la chaleur de mon manteau pour le mettre dans la couverture. Le pauvre, il s’est mis à miauler de plus belle. Qu’est-ce que ça signifie ? Je suis confuse et j’hésite à le reprendre dans mes bras. En ce moment, je suis perdue. Je vois Hyun su lui donner du lait et ensuite un bol de croquette, pour moi, tout est nouveau. J’essaie de comprendre ce qui se passe au point de presque rater sa question. « Je... Enfin... » Je me gratte la gorge pour sortir de mes pensées. « J’étais non loin d’ici et je ne connais pas de vétérinaire. Est-ce que je vous dérange avec ce pauvre chaton ? » Lui finis-je par lui demander. C’est vrai, je n’ai pas pensé une seule seconde qu’il puisse être occupé. D’ailleurs, le chaton se dirige automatiquement vers le lait. Je souris de plus belle, j’avais peur qu’il soit trop mal en point. « Je suis sincèrement désolée de vous avoir dérangé. Lorsque je l’ai vu, j’ai immédiatement pensé à vous et de votre amour des chats. »

C’était toujours un plaisir de voir Ari, alors Hyun Su n’allait certainement pas se plaindre ! Même si, cette fois, les circonstances étaient différentes de d’habitude. Il en allait même de la vie d’un chaton. A chaque fois que le jeune homme tombait sur des cas d’abandon, il sentit une vague de colère et de tristesse l’envahir. Comment pouvait-on faire ça à des êtres vivants ? Si certaines personnes étaient incapables de s’en occuper, pourquoi ne pas les emmener directement dans un refuge ou même chez un vétérinaire ? Ça leur coûtait quoi ? Non… les gens préféraient les abandonner dans la rue, souvent dans un carton, comme de vulgaires déchets. Hyun Su fit de son mieux pour ne pas s’énerver ni laisser sa colère transparaître. Il ne voulait pas que la jeune femme voie ce côté de sa personnalité et puis, le chaton avait besoin d’aide. Ses états d’âme attendraient. Il emmena donc la jeune femme et le chaton à l’arrière du café, afin de s’occuper du petit félin en attendant l’arrivée du vétérinaire. Car il faudrait tout de même examiner la petite boule de poils pour s’assurer que tout allait bien et que le chaton n’avait pas de maladie ou quelque chose qui puisse affecter les autres chats du bar. Hyun Su n’avait clairement pas besoin d’une épidémie parmi ses félins ou un truc du genre !

« Il n’y a pas de soucis ! Vous ne me dérangez pas du tout ! » Il lui adressa un petit sourire rassurant avant de reporter son attention sur le chaton qui avait commencé à doucement manger. C’était rassurant. « Je vais appeler mon ami véto pour qu’il puisse examiner le petit. Vous pouvez le surveiller pendant deux minutes ? » Il n’attendit même pas la réponse avant de se redresser et d’attraper son portable pour appeler son ami et lui expliquer la situation. Il revint quelques instants plus tard et s’accroupit non loin du chaton. « Il ne pourra pas venir tout de suite. Mais ça ira ! Vous avez bien fait de l’emmener ici, ne vous en faites pas. » Nouveau sourire. Pendant un instant, il se perdit même un peu dans le regard d’Ari. Son cœur se mit soudain à battre plus vite. Qu’est-ce qui lui arrivait ? La réponse était pourtant claire. La présence de la jeune femme le mettait dans tous ses états. Elle lui plaisait dès la première fois où il avait posé les yeux sur elle. « Vous voulez lui donner un nom ? Puisque vous l’avez trouvé, c’est un peu votre devoir ! » Il rit doucement. C’était évidemment une plaisanterie, mais le comprendrait-elle ? Dans tous les cas, il ne lui en voudrait pas si elle n’avait d’idée de prénom pour le chat. « On pourrait peut-être…se tutoyer ? » Depuis le temps qu’ils se voyaient, ça semblait presque naturel, non ? Bien qu’au fond, ils ne soient qu’un patron et sa cliente… « Alors… appelle-moi Hyun Su, d’accord ? » Il lui adressa un doux sourire avant de lui tendre son portable. « Si tu veux, tu peux me laisser ton numéro. Comme ça, je t’informerai sur l’état du chaton. » Était-ce surtout une excuse pour avoir enfin son numéro ? Totalement.