Know you don't know meoutfit || @White Loukas

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Souvent, pour rentrer chez elle après le travail, Gael devait passer aux abords de l'université où elle avait étudié en alternance pendant quatre ans. Elle prenait le métro jusqu'à une station à quelques rues de là, et passait non loin du campus qu'elle avait longuement fréquenté, sans pourtant passer réellement devant. Parfois, par nostalgie ou pour aller intercepter son frère qui finissait à l'heure où elle passait, elle faisait un détour pour frôler la devanture des bâtiments, mais c'était assez rare. Ce qui ne l'empêchait pas d'être prise dans le flux des étudiants qui finissaient journée et se ruaient vers les bouches de métro, alors qu'elle en sortait. Parfois, des personnes plus âgée la confondaient même avec l'une d'entre eux, et il était compliqué le matin d'expliquer pourquoi elle allait à contre courant - quand bien même elle aurait été majeure et libre de se rendre aux cours ou non.

Aujourd'hui n'était pas un jour nostalgique, et son frère avait déjà fini les cours depuis deux bonnes heures. Gaeul n'avait pas de raison de s'approcher de l'université, et resta donc à distance raisonnable, marchant dans les rues parallèles pour rentrer chez elle, mais vite rejointe par des groupes d'étudiants qui bavardaient joyeusement de leurs projets du soir. Certains prévoyaient visiblement une soirée bien arrosée, d'autres se lamentaient d'avoir trop de travail. Elle sourit en baissant la tête, n'ayant plus à se soucier de ce genre de choses maintenant qu'elle était dans le monde du travail. Plus d'examens à passer, plus de notes pour lesquelles s'inquiéter, plus de cours à réviser jusqu'au bout de la nuit...

Au croisement de deux rues, un nouveau groupe passa devant elle, et Gaeul reconnu au centre le profil d'un garçon sur lequel elle avait crushé pendant toutes ses études. White Loukas. Un étudiant en vétérinaire, aux cheveux blonds et taches de rousseurs qui lui donnaient un air adorable et exotique. Elle rougit en constatant à quel point elle était proche et ralentit le rythme pour lui laisser de l'avance, bien consciente qu'il n'était même pas au courant qu'elle existait et foulait le même sol que lui. En quatre ans, elle n'avait jamais osé l'aborder, et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait changer. Elle s'éloigna suffisamment pour ne plus entendre sa conversation, mais garda un oeil sur son groupe, incapable de détacher son regard de sa démarche fluide.

Jusqu'à ce qu'elle entende un aboiement furieux dans son dos. Elle se retourna pour apercevoir un chien énorme, la bave aux babines, qui fonçait droit sur elle. Son regard était empli de folie et, l'espace d'une seconde, elle crut qu'il allait l'attaquer. A la dernière seconde, elle s'écarta de sa trajectoire, et le chien continua comme s'il ne l'avait pas vue, filant droit vers le groupe devant elle. Le groupe de Loukas. Gaeul se mordit la lèvre, hésitant, puis se gifla mentalement. Elle devait agir.

LOUKAS ! ATTENTION !

Peut-être que, avec un peu de chance, tout le groupe se retournerait et s'écarterait à temps pour laisser passer le chien enragé ? Et peut-être que personne ne s'étonnerait qu'une inconnue connaisse le prénom de l'un d'en eux ?

Know you don't know meoutfit || @Roh Gaeul

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Les rires résonnent dans les couloirs de l'université, ils ricochent contre les vitres et s'échouent à leurs pieds. La petite bande d'étudiants vient de terminer leur journée, prête à se lancer dans d'autres plans. L'un pense à réviser, l'autre propose un cybercafé. Loukas sourit, amusé par les différentes invitations. Hélas, il ne peut se partager en deux ou en trois, mais il tente de regrouper les idées. Loukas, c'est le soleil du groupe. Il brille comme le feu, mais ses potes tournent autour de lui tel un astre incandescent. S'il dit noir, tous les autres vont être d'accord pour sélectionner cette nuance sombre plutôt qu'une plus claire. Ainsi, le blondinet aux tâches de rousseur opte pour une partir de league of legends au cybercafé, avant d'aller réviser à la bibliothèque et de se rendre ensuite dans un endroit où manger un bon barbecue coréen. Telle est la vie d'un jeune étudiant sans entrave, dont les parents ne sont pas là pour peser sur son dos. L'insolent n'a qu'à envoyer un message à sa mère pour la rassurer et ensuite, il s'envole comme un papillon attiré par les lumières des réverbères, au coeur de la nuit sans fin.

Sans jamais perdre son esquisse éclatante, l'étudiant papote bruyamment avec ses camarades de fac en rejoignant le commun des mortels au-delà des barrières. Ils sont très animés dans ce petit groupe, discutant de chose et d'autre, des nouvelles récentes comme plus anciennes, des idoles, des scandales politiques, des trucs qui n'intéressent pas grand monde aussi. Un sujet revient parfois, récalcitrant, sur le visage du jeune Australien et sa ressemblance avec une idole. Loukas et Lukas, le blanc et le noir, le ying et le yang, la douceur et le piquant. Deux personnalités totalement différentes, mais deux corps qui se ressemblent étrangement. Et Loukas le redit encore et toujours, il n'est pas une star chantante ou dansante.

Quand ils sont ensemble, le reste du monde n'existe plus. Les garçons sont absorbés par leurs discussions, leurs fou-rires ou leurs comédies enfantines. Ils se bousculent, se chamaillent gentiment, se confondent avec des gamins en récréation. Ils ne font pas attention aux gens qui passent, ceux qui les regardent ou les ignorent. C'est ainsi, quand on est au coeur d'un système solaire où nous sommes soi-même une boule en feu. Il a l'impression de ne plus voir, de ne plus entendre, d'être seulement là au milieu de cette bande. Sauf qu'il n'est pas sourd, que la voix qui s'élève dans son dos l'alerte comme une pluie de météorite à deux doigts de s'écraser sur la terre. Il pivote par réflexe, il le fait souvent à l'école quand on l'appel.

Une boule de nerf lui fonce dessus, la bave souillant le bitume du trottoir et l'écho de son aboiement percutant l'encéphale du jeune garçon. La bande se disperse brusquement, une sorte de réaction chimique quand une goutte de savon rencontre du poivre regroupé à la surface d'un bol d'eau. Loukas manque de peu l'impact du chien, et celui-ci disparaît dans la foule où quelques cris lui parviennent de loin. Le coeur encore battant à chaud, le blond se tourne à la recherche de la personne l'ayant interpelé de justesse et ses yeux tombent dans ceux d'une demoiselle. La seule personne en ces lieux qui le regarde en cet instant précis.

" - Je reviens les gars, partez devant. " Dit-il en se détachant de son groupe d'amis. Il se rapproche de la jeune fille, d'une démarche calculée pour ne pas paraître fou, ni pour l'effrayer. " - C'était toi, n'est-ce-pas? Tu m'as appelé pour me prévenir. " C'est ainsi qu'il l'a compris, un appel de détresse en sa faveur. " - Pardon si j'me trompe, mais tu me connais? Enfin, je ne dis pas ça pour t'agresser, hein. Juste de la curiosité. " Il se reprend avant qu'elle ne se sente insultée ou agressée, par sa manière de le demander. Faut dire qu'en ce moment, beaucoup de personne le confond et qu'il ne sait plus comment gérer ces malentendus.

Know you don't know meoutfit || @White Loukas

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Se mordant la lèvre, Gaeul regarda nerveusement le chien foncer vers le groupe devant elle. Elle avait peur qu'il s'attaque à un des étudiants, qu'il n'en blesse un avec ses mâchoires puissantes, mais que pouvait-elle faire de plus ? Elle avait crié le seul nom qu'elle connaissait pour les avertir, et les secondes s'écoulèrent aussi longuement que des heures, jusqu'à ce que la tête couronnée de blond ne se tourne dans sa direction, imitée par ses semblables. Ils remarquèrent le danger immédiatement, et c'est avec soulagement que Gaeul les vit se disperser et éviter la boule de nerfs furieuse.

Une main sur la poitrine pour calmer les battements de son coeur, elle attendit que le groupe reparte pour se remettre elle aussi en marche, espérant que cette frayeur leur fera oublier la façon dont ils avaient été avertis. Après tout, d'autres étudiants étaient derrière elle, donc l'un d'entre eux aurait pu crier après Loukas ? L'un d'entre eux aurait pu le prévenir, n'importe qui d'autre qu'elle. Mais quand elle vit le jeune homme fouiller la rue du regard et arrêter ses yeux sur elle, elle devina qu'elle devrait répondre de ses actes.

Détournant le regard, Gaeul chercha une excuse sur le temps que Loukas traversait la distance qui les séparait en quelques foulées rapides. Trop rapides pour qu'elle ait le temps de réfléchir... En quelques secondes, il fut face à elle, et elle leva vers lui un regard abattu, presque désolé, voire larmoyant. Elle se retint de s'excuser, comme si c'était elle-même qui avait lâché le chien sur lui et ses amis, alors que son seul crime était d'avoir eu un crush sur un garçon qui ignorait son existence.

Loukas lui adressa la parole, et elle hocha la tête, ses joues arborant une teinte rosée qui faisait un joli rappel avec son rouge-à-lèvres. Toujours cette voix grave qui avait fait battre son coeur chaque fois qu'elle l'avait entendue dans les couloirs. Et aujourd'hui c'était à elle qu'elle s'adressait.

Je... Non... Enfin, si... Enfin, je...

Comment lui dire ? Gaeul baissa les yeux, impressionnée par ces pupilles qui la fixaient de bien trop près.

J'étais à la SC University ces dernières années et je... j'ai du entendre ton nom une fois ou deux, tout simplement. Donc quand j'ai vu ce chien courir vers vous, tu es le seul que j'ai reconnu dans le groupe alors j'ai voulu vous prévenir et c'est la seule façon que j'ai trouvée pour attirer votre attention. Mais promis c'est rien de chelou, fin je vous suis pas ou un truc du genre, c'est mon chemin pour rentrer chez moi, c'est un hasard, je... vais me taire.

Tête baissée, elle se mit à triturer les manches de son pull, craignant de passer pour une stalkeuse alors qu'elle avait juste voulu éviter qu'il pense qu'elle avait crushé sur lui pendant ses études. Une véritable idiote...

Know you don't know meoutfit || @Roh Gaeul

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Les yeux se sont posés sur cette silhouette et leurs regards se sont croisés. Loukas n'a pas cherché plus loin, se disant que cette voix appartenait à cette fille. Elle semble le connaître ou le reconnaître, quand ce n'est pas son cas. Et cela l'intrigue forcément. Le blondinet abandonne sa bande d'amis, leur informant qu'ils se retrouvent plus tard au même endroit. Les garçons partent d'un côté, tandis que l'Australien part de l'autre. Ses pas le mènent peu à peu vers la jeune femme l'ayant interpellé, ou du moins ce qu'il en pense. Ce n'est pas une valeur sûre, mais ce ne serait tarder. Dès qu'il est à portée de voix, Loukas interroge la personne pour s'assurer que ce soit elle. Leur sauveuse, celle les ayant prévenus du danger imminent.

L'expression de son visage est alarmée, une lueur scintillante dans ses grands yeux bruns. Loukas ne comprend pas, il se demande bien pourquoi elle est autant agitée, quand il n'a rien fait de particulier. La brunette se décompose sous ses prunelles, ses joues prenant une teinte qu'il connaît bien pour l'avoir déjà aperçu à maintes reprises sur différents faciès. La voix est tremblante, un bégaiement qui laisse le plus vieux dubitatif. C'est obligé, elle le connaît. D'une manière ou d'une autre, leurs chemins se sont déjà rencontrés par le passé et il ne s'en souvient même pas.

‟ Wouah, respire ! Tu es toute rouge. „ Fit-il en mettant les rougeurs sur le compte de l'apnée due aux paroles enchaînées. ‟ Tu viens de la même fac que moi ? Pourquoi je ne t'ai jamais vu là-bas ? „ Ça l'étonne un peu, à moins qu'ils n'aient pas partagé le même cursus, ni le même bâtiment. ‟ Merci d'avoir prévenu pour le chien. Ça aurait été embêtant qu'il nous tombe dessus ou qu'il morde quelqu'un ... Enfin, pour ça, je ne suis pas trop rassuré en vérité. „ Le chien doit toujours courir, il ne sait où et ça pourrait être un souci sur le long terme.

‟ Tu connais mon prénom, mais j'ignore le tien. „ C'est sa manière à lui de récupérer l'identité de la jeune femme, un sourire amical sur les lèvres. ‟ Y a rien de mal à c'que nos chemins se suivent, tu sais. „ Il se fait taquin, trouvant adorable cette manière qu'elle a eue de se justifier, alors qu'il n'avait rien demandé.