Deux ans de combat pour venger une décennie de tromperie... Le divorce n’a rien de salvateur pour beaucoup d’individus. Mais dans le cas d’Ara... C’est un poids en moins sur ses épaules, déjà bien lourdes de regrets. La procédure avait été bien plus longue que prévu. Cependant grâce à son jumeau Su, la contrepartie pécuniaire fut... excessivement avantageuse. Afin de préserver sa réputation, son ex-mari fut contraint de racheter ses parts d’entreprises quatre fois plus chères. Ainsi... les médias ainsi que les journalistes auront pu obtenir l’excuse du “commun accord” au lieu du divorce à l’arraché pour adultère répété. Ce n’était qu’un petit retour sur investissement pour ces années perdues en sa compagnie... Ara avait 37 ans... Divorcée et toujours sans enfant... Sa mère l’avait déjà incité à se remarier au plus vite, ayant proposé des agences matrimoniales et autres idées de riche... Mais si c’était pour terminer avec un homme de vingt ans de plus, il n’y avait pas grand intérêt.  
Maintenant... Elle était enfin libre. Grâce à son amie Haruhi, pendant ces années de solitude émotionnelle, elle avait pu combler son manque de transcendance. Il lui semblait donc logique de lui annoncer de vive voix son divorce.

Après lui avoir donné rendez-vous dans un café, elle l’attendait sagement. Inspirant et expirant l’air ambiant... La maquilleuse se sentait tellement plus légère... De plus, elle avait l’avantage d’avoir gagné son procès... et les dommages et intérêts étaient plus que généreux en plus de la compensation financière. Sincèrement ? Elle pouvait décider d’arrêter de travailler et vivre posément. Néanmoins... Elle avait d’autres projets. L’investissement immobilier, de telle sorte à pouvoir continuer à gagner de l’argent et pour que plus tard... Elle puisse n’avoir besoin de rien ni personne.
Malgré tout, elle souhaitait en discuter avec son amie en priorité. Haruhi était toujours de bons conseils. En parlant de cette dernière... Il ne fallut que quelques malheureuses minutes d’attente pour qu’elle pointe le bout de son nez.

- Bonjour Haruhi.  

Toujours polie, elle avait même commandé la boisson préférée de la japonaise pour s’assurer qu’elle soit accueillie comme il se doit. La laissant s’installer, Ara avait pris le soin de faire planer le mystère dans son message... Lui ayant simplement demandé de la rejoindre afin de discuter de choses sérieuses. Une fois qu’elle fut pleinement posée, elle se redressait avant de déposer le dossier juste à côté de sa boisson.  

- Enfin divorcée, je suis libre.  

Il n’était pas complexe d’anticiper la réaction de la photographe. La Asano ne s’était jamais privée de dire ce qu’elle pensait de son couard de mari... et elle avait certainement suivi ces deux années de procédure avec soin. Il s’agissait là de la consécration d’efforts acharnés. Un grand sourire joyeux s’étirant sur les lippes de la divorcée alors qu’elle passait sa main dans ses cheveux détachées.

- Grâce à mon frère... Il n’a eu que ce qu’il mérite.  

Il n’y avait qu’à jeter un coup d’oeil pour voir la sanction... Ara était déjà aisée de base mais maintenant... Elle était riche. Même s’il s’agissait d’un maigre lot de consolation pour cette souffrance accumulée...

finally divorced song - outfit @Kwog Ara

Le message envoyé par son amie eut, sans aucun doute, l'effet escompté. La curiosité de la photographe on ne peut plus attisée, elle s'affaire à terminer ses quelques obligations le plus rapidement possible, désirant à tout prix se rendre au lieu de rendez-vous établi sans trop de retard. Elle a ses espoirs, Haruhi; elle espère que derrière les mots mystérieux qui s'affichent dans les bulles de ses messages textes se cache une bonne nouvelle, quelque chose qu'elle veut célébrer depuis si longtemps. Mais la japonaise n'ose pas s'emballer toute suite, son aînée ayant peut-être simplement besoin de ses services pour quelque chose d'autre, que ce soit relié à ladite situation ou non. Après tout, son amie a mentionné avoir besoin de parler de choses sérieuses.

Depuis l'aube de leur rencontre qu'elle tente de pousser Ara à se départir de son mari, ce poids mort qu'elle traîne sur ses épaules depuis déjà trop longtemps. Elle sait que trop bien les déboires qu'il lui a fait vivre, les obstacles qu'elle a dû surmonter et les plans parfois complexes qu'elle dû pondre pour une simple chance d'être enfin libre. Et c'est tout ce qu'elle lui souhaite, Haruhi; un moment de répit, sa liberté finalement accordée pour qu'elle puisse s'épanouir comme elle le mérite.

Alors elle pousse la porte du café, les iris pétillants d'espoir même si elle s'était pourtant promise de ne pas célébrer trop rapidement. Sa tête qui s'incline maintes fois, la japonaise qui s'installe devant son aînée, les mains qui entourent ce café glacé commandé par celle qui la connait si bien. Elle est chanceuse, Haruhi; entourée d'autant de bonnes personnes, un exemple vivant d'une âme vouée à une misérable vie administrative qui a su se réinventer hors des griffes du mariage et de sa famille. « Bonjour! Je suis terriblement désolée, j'ai fait aussi vite que j'ai pu. J'espère que tu n'as pas trop attendu. » Son regard scrute l'expression sur le faciès de Ara, tentant de deviner au moins de quel côté cette sérieuse discussion ira.

Et, cette fois-ci, elle croit peut-être voir juste. « À en voir ton petit sourire, dois-je m'attendre à de bonnes nouvelles? » Et bonnes nouvelles il y a, à la vue de ce dossier de divorce finalisé, les signatures apposées; la japonaise feuillette les différentes pages à une vitesse fulgurante, elle qui arrive à peine à y croire. Enfin libre, enfin libérée de cette carcasse qui sert d'homme, enfin maître d'elle-même. « Je... mais c'est incroyable!! » Les deux femmes s'arment chacune d'un énorme sourire, et Haruhi peine à contenir sa joie, le corps qui sautille malgré lui sur sa chaise, les poings refermés sous son enthousiasme contagieux.

Elle se surprend à rigoler presque vicieusement, visualisant presque parfaitement ce qu'Ara veut dire par « ce qu'il mérite »; la japonaise qui n'a pourtant aucune malice dans le coeur. Parfois, il faut se réjouir des petites choses, se dit-elle. Et parfois, certaines personnes méritent ce qui leur arrive, peu importe la gravité des actes. Pour une fois, elle ne se sent pas coupable de penser ainsi.

Étincelles aux yeux, idée à l'esprit, elle sort son téléphone, les doigts qui s'affairent à taper quelques lettres et chiffres rapidement. « Je me dis, unnie... il faut célébrer ça. » Un petit sourire satisfait naît au coin des lèvres de la photographe, l'espièglerie qui traverse son âme; et elle montre finalement l'écran de son téléphone à son amie, qui affiche deux billets d'avion. « Ibiza, ça te dit? L'endroit parfait pour une femme libre, non? » La plage, les eaux claires, le tourisme, les clubs. Que de bons ingrédients pour une célébration bien méritée.

 Persévérance, patience et pragmatisme... Ce fut donc elle s’arma afin de pouvoir combattre courageusement cette situation. Depuis tout ce temps, il était clair qu’avec un peu moins de déni, tout ceci aurait été plus rapide. Mais avec des “si” l’on refaisait aisément le monde. Le principal étant que tout soit terminé...  

- A peine quelques minutes, rassures-toi.

Lui avait-elle assuré alors que son amie s’était confondue en excuse pour l’attente. En somme, après avoir attendu pendant presque dix ans de sa vie, ce n’était pas quelques malheureuses minutes qui allaient la tuer, surtout pour que Haruhi lui gratifie de son agréable présence.
Un acquiescement suivit afin de lui répondre brièvement. Oui, la raison de cette entrevue était pour lui annoncer de très bonnes nouvelles. Un léger rire et sourire franc s’affichaient sur son visage, hochant presque frénétiquement la tête, Ara avait encore du mal à y croire, l’acceptation complète ne se fera pas trop désirer mais ce n’était qu’une question de jours.  

- Je m’en doutais que tu serais dans dans cette optique. Ibiza ? Je n’y suis jamais allée, ce sera l’occasion.  

“Une femme libre” cette simple appellation sonnait délicieusement à ses oreilles... Pendant ses deux années de combat, son comportement dût être irréprochable afin de s’assurer qu’il ne puisse pas avoir la moindre preuve affligeante contre elle.  

- Avec ma quarantaine approchante, je ne risque pas de faire tâche entourée de jeunes ?  

Même si la douce Haruhi l’avait peut être oublié... La maquilleuse avait neuf ans de plus qu’elle... Presque une génération complète. Même si le temps avait préservé son corps et qu’elle ne semblait pas les faire... Se retrouver entourer de jeunes hommes et femmes pourraient susciter la controverse ? Peut être devrait-elle mentir sur son âge afin de ne pas avoir de problèmes pendant le voyage ? Ou se voyait-elle comme une femme davantage proche de la date de péremption que la fraîcheur limpide d’une jouvencelle...  

- Certes... J’ai dix ans de frustration sexuelle à combler mais si je peux éviter de me retrouver avec un homme qui pourrait être mon fils...  

Un brin d’humour noir qui ne la relâchait jamais. A vrai dire... Elle s’était toujours moquée des apparences, n’ayant pas particulièrement de honte envers ses fréquentations. Néanmoins, il ne fallait pas mettre mal à l’aise son entourage. Son manque de honte n’était pas universel.