L’heure de midi fait lever l’ensemble de l’amphithéâtre. Le professeur range ses affaires pour laisser un bureau vide pour le prochain possesseur. Le sac sur le dos, je sors parmi la foule. Individu confondu avec le reste de la troupe, je marche sur mon chemin quotidien, et cela, depuis bientôt un an.

Entre ces murs scolaires, j’y suis depuis le début de cette année. C’est la seconde chance que la SC Agency m’a donnée. Tous les jours, j’essaye de me donner à fond pour ne pas la foirer. Quand j’ai du temps, je révise et je m’aérer l’esprit en faisant du sport ou en allant voir de bonnes fréquentations. J’veux plus qu’essayer, j’veux réussir, GAGNER !

Avant de devenir étudiant, j’étais une âme errante parmi les tas de débris qui se font shooter à coup de pied. Escroc, je passais mon temps à vendre des produits de bas de gamme à un prix exorbitant par rapport à leurs valeurs initiales. J’usais de mes charmes pour en venir à me faire glisser les billets péchés.

L’orage grondait et l’épée tranchante de Damoclès tenait difficilement en équilibre au-dessus de ma tête.

Orage branle-bas de combat
Même les hirondelles volent bas
Bientôt le tonnerre et la foudre
Le feu et ses odeurs de poudre
Pour ce monde pris au dépourvu
Tout est possible même l’imprévu

Epée de Damoclès
Suspendue au-dessus de nous menace
Epée de Damoclès
Inconnu obsédant tenace
Epée de Damoclès
Ne tient plus qu’à un fil
Epée de Damoclès - Pratice PICHS

Aujourd’hui, le soleil rayonne au-dessus de ma tête. Et c’est l’estomac qui gronde. Avec mon vélo, je me rends à un resto plutôt connu pour sa qualité maison et sa tranquillité. La salle est à moitié pleine. Ici, c’est principalement des ouvriers qui y passent et qui restent peu de temps à table.
Comme les autres, je fais la queue. Je me place derrière un mec, qui fait la même taille que moi et j’attends sagement. Un par un, nos commandes sont traitées. Soudain, ça n’avance plus. Le gars devant moi est au téléphone et il en oublie son tour. La dame l’appelle une fois, mais n’ose pas le faire une seconde fois, ce que je ne comprends pas immédiatement. Plutôt pressé, je décide de tapoter mon index sur l’épaule de l’inconnu. “Pardon, c’est à votre tour.” Il me fait un signe et poursuit son appel. Le ventre qui gargouille davantage, le sang qui commence à bouillonner, je recommence le processus. “Hey, si vous n’avancez pas, je passe devant vous.” Encore un type qui se croit au-dessus de tout le monde.
Ce mec, je l’avais déjà rencontré, mais pas physionomiste pour un sou, je ne l’ai pas reconnu, cet idole dont le visage est exposé sur chaque grand écran d’un croisement digne d’Hollywood Boulevard.