De légers flocons maculent le sol de la ville, le vent de la nuit faisant virevoltaient le reste de la neige sur les passants. Les lumières s’illuminent, couleurs se mélangeant, créant une atmosphère douce et chaleureuse pour émerveiller les plus petits. Noël et fête de fin d’année s’annonçant à grand pas, la population grouille dans les rues, à chaque coin, tous d’âges différents. Halcyon est l’un d’entre eux, fleur en main, un bouquet de trop parmi celles achetés pour les femmes de la famille. Manteau sur le dos, non loin de sa voiture, ses pas s’éloignent du véhicule pour retourner en boutique, mais une musique au loin attire ses sens et il s’en approche à grands pas. La mélodie d’une guitare jouée attire les plus curieux, annonce une foule qui écoute cette chanson d’un artiste émérite.

Les têtes vacillent, les yeux brillent et les sourires se soulèvent sur les visages. Halcyon, les mains croisés derrière le dos, observe la foule. Les familles, les couples, les amis, tous se mélangent jusqu’à ce qu’une silhouette féminine ressorte de l’amas d’amour naissant qui les entourent. Une idée papillonne dans son esprit et son pas s’approche déjà d’elle. Toujours concentré sur le guitariste, elle ne le voit pas arriver, lui, n’en est que plus amusé. Le jeune homme arrive derrière Nova, restant un instant derrière elle en silence. Ses pupilles sombres naviguent jusqu’à ce que ses bras changent leur position pour être en avant, autour du corps de la brunette, offrant ce bouquet à la jeune inconnue. Il l’entoure de ses bras sans la toucher, la laisse se remettre de sa surprise en attrapant le bouquet tandis que lui affiche un sourire pleinement amusé. Il penche légèrement la tête sur le côté quand elle se tourne face à elle et il hausse simplement ses épaules en signe de réponse, de façon innocente et joueuse. Elle est libre de refuser le cadeau, ce bouquet de sa part ou de simplement l'accepter. 

le chant du torrent s’abattant sur la ville berce la cruauté du soir. la noctambule s’agite à peine, poursuivant les lignes manuscrites d’une lecture qui l’abreuve de chimères. jusqu'à se laisser porter par la foule, se créant un chemin parmi les silhouettes inanimées, elle s’enfonce parmi ses pairs devenant à son tour rien autre qu’une statue de marbre envoutée par ce qui la conduit à sa perte. guitariste se donnant en spectacle à ceux qui veulent le voir, et le cygne en oublie sa réalité. s'abandonne à une danse imaginaire, ne faisant qu’un avec la mélodie jusqu’à ce que le souvenir d’une cheville qui craque, d’un corps qui s’effondre ne vienne la ramener à la vie délaissée. au même moment, son attention se trouve accaparé à nouveau, par un bouquet tendu en sa direction, tombé tout droit du ciel. effaçant la noirceur des plumes qui tombent telle de la cendre pour n’en voir que le blanc immaculé. effaçant la douleur pour que rien autre que la douceur d’un inconnu persiste. « je... » prononcé avec difficulté quand la danseuse se tourne pour faire face à son chevalier anonyme. « merci. » ajoute-elle en saisissant le présent de ses doigts abîmés.

puis, elle l’entoure lui, comme un songe de son être famélique, de ses bras frêles, reine aux souvenances dévastées, l’orbe noyé d’une tendresse fictive, fouillant ce regard qu’elle pourrait se persuader d’aimer et de chérir si on lui demandait. muscles se relâchant pour laisser tomber toute résistance, se libérer de ses propres rêves pour en devenir un. faciès remontant vers le sien, promiscuité qui ne fait qu’essouffler un malheureux soupir entre les labres sournoises, la main glissant du visage encore inconnu quelques secondes auparavant, index déloyal s’opposant au baiser timide sur les lèvres interdites qui ne vient pas, liseret qu’elle ne saurait profaner. « tu en as mis du temps. j'ai bien failli partir sans toi. »