La nuit tombe, les étoiles apparaissent discrètement sous les lumières aveuglantes de cette ville qui ne dort presque jamais. La douce princesse dépose ses vêtements délicats pour enfiler une tenue plus percutante. Un maquillage qui change des tons clairs qu'elle aborde en temps normal. Les cheveux attachés en tresse, d'où quelques mèches se dérobent par esprit de rébellion, sous une casquette camouflant une partie de son beau visage. Ce n'est plus la poupée de porcelaine qui s'engage dans les rues animées de Séoul, mais ce personnage dérisoire qui s'inspire du chaos pour exister. Elle délaisse les talons hauts pour des chaussures plates, aux semelles épaisses. Les tons roses laissent places à des nuances plus sombre, un style rock qu'elle affectionne tout particulièrement.

Veste en cuire sur le dos, ses pas résonnent sur le trottoir éclairé par des lampadaires et quelques spots de commerce. Sa démarche est assurée, pas des plus féminines, mais elle s'en moque bien. Sa carcasse se traîne jusqu'à cette enseigne, ce bar qu'elle fréquente souvent dans sa déchéance. Poussant la porte de l'établissement, elle entre en saluant quelques connaissances, un joli sourire sur ses lèvres teintées. Les mots s'étouffent dans le brouhaha du bar, elle s'échappe entre les corps et traverse la foule. Ses yeux se portent au-devant de la scène et elle reconnaît la silhouette surplombant la jeunesse qui se déchaîne.

Elle lève le bras, tentant de capter l'attention du jeune homme. Un ami à elle, si on peut dire cela ainsi. Difficile de savoir qui sont ses véritables amis, mais une chose est sûre, il n'est certainement pas son ennemi. Ces gens-là n'ont aucune place dans la vie de la demoiselle, si ce n'est sur une cible où elle pourrait lancer quelques fléchettes empoisonnées. Quand le regard se pose enfin sur elle, un sourire illumine la partie de son visage visible sous la casquette qu'elle retire dans un mouvement gracieux, dévoilant son fasciés. Un portrait délicat, une peau blanche comme la neige, un nez fin et des lèvres bien dessinées.

Soirée enivrante @Nae Hayan

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Un soir comme tant d'autres avant. Une nuit comme bien d'autres plus tard. Guitare accrochée et lèvres collées au micro. Young Jae chante son désespoir. Pleure sa peine et sa haine. Les cordes résonnent. Les voix au pied de la scène font échos à la sienne. Son regard se promène ici et là, envahissant l'espace. Se sentant à sa place. Plus qu'ailleurs en tout cas. Mais moins qu'il ne l'aurait pensé aussi. Un entre deux dont il ne peut se débarrasser.. Un verre encore à moitié plein sur l'une des enceinte, le liquide vibrant au son trop fort. Trop dur. Les glaçons fondu depuis longtemps sous la chaleur. Chemise blanche déboutonnée sur le haut, jean élimé aux genoux, la veste en cuir jetée sur une chaise à côté.

Une chanson. Une autre. La troisième se termine alors qu'il croise son regard. Casquette retirée, sourire illuminant son visage aux traits si doux, si délicats. Jae esquisse un sourire aussi. Les notes s'arrêtent, micro dans une main, bras appuyé sur le haut du support et corps un peu penchée vers le monde. Pourtant, il ne voit qu'elle.

- Hey, c'est pas ma jolie poupée~

Déjà bien alcoolisé, il l'avait pourtant reconnu. Une poupée de porcelaine, mais aux allures de rockeuse déchue. Il aimait ça. La sienne, sans risque qu'il ne vienne lui faire d'avances ou quoi que ce soit d'autre. Une amie, douce épine dans sa vie nocturne ici à Séoul. Jae aimait la voir, chanter avec elle, partager sa scène.

- Barman, deux verres ! J'paye !

Il fait signe de la scène et le barman lui répond d'un "ok" avec les doigts. Vidant le sien en passant. Il s'approche du bord et tend la main à la jolie demoiselle. Portant à nouveau le micro à ses lèvres.

- Tu montes ?

Un moment d'éclate ensemble ? Un instant de liberté ? Ils iraient boire après. Se raconter milles histoires. Des centaines de rêves. Ou simplement, oublier qui ils sont la journée. C'était pas ça le but de leurs soirées ici ? La plupart, Jae avait tendance à les noyer dans un brouillard épais d'alcool alors..   

Qu'elle déteste être une poupée, jolie poupée de son ou de porcelaine. Néanmoins, elle accepte ce surnom quand il vient des personnes qui ne peuplent pas cet univers de fortune et de faux semblant. Le sourire étirant ses pulpeuses, elle est ravie que le jeune homme remarque sa présence au coeur de la foule. Elle est lumineuse, une étoile qui irradie dans cette marée de corps sombre. Le visage découvert, elle en oublie qu'à moitié les importuns qui pourraient la reconnaître et l'interroger. Hayan ne vit que pour se faire plaisir, elle survit au milieu de cet enfer.

Elle fend les flots, se frayant un passage entre les épaves pour s'avancer au plus proche de la scène. Maintenant qu'il l'a vu, elle est certaine de ne plus pouvoir passer inaperçu. La main tendue dans sa direction, la jolie brune n'hésite pas à attraper cette dernière pour se hisser en hauteur, aux côtés du garçon. La scène, c'est ce qui la rend heureuse et vivante. Mettre les pieds sur cet espace réservé, face à tous ces yeux qui les observent et les admirent. Son esquisse ne veut plus disparaître, tandis qu'elle se recoiffe sauvagement.

- Tu me laisses jouer?

Une demande respectueuse, alors qu'elle se dirige déjà vers une guitare posée sur la scène. La demoiselle jette sa casquette dans un coin et se saisit de l'instrument, elle s'assure qu'il soit bien branché et réglé, avant de tenter une note. ça vibre, remplissant son corps d'une multitude de papillons. Il n'y a rien de plus exquis que le son d'une guitare, la mélodie se déversant des enceintes pour assommer la jeunesse. Et le feu prend. Il brûle sa conscience, réduisant sa retenu à un tas de cendre que le vent emporte. Ses doigts jouent avec les cordes, donnant un aperçu de son talent à cette foule impressionnée.

- Une petite chanson avant?

Elle questionne celui qui l'a invité, sa bouche frôlant l'un des micros. Prête à faire les chœurs, à le guider dans une cadence effrénée. Hayan fait exprès de le motiver avec quelques accords, l'incitant à se joindre à elle pour un moment de folie.