Color outfit || @song attis

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Lorsqu’il aperçoit les phalanges se relâchent à l’évocation de l’animal, le grand frère sent que ses épaules se relâchent. Depuis quand avait-il même bloqué sa respiration ? Soufflant longuement du nez, silencieusement, pour mieux avaler des goulées d’air, il hoche la tête. Et la question lui brise le cœur, d’une manière dont il n’est pas capable de gérer émotionnellement tant il le ressent. Et pourtant, l’illustrateur tend les bras, venant déposer ses larmes paumes sur celles plus fines. Les regards se croisent, se chevauchent, essaient de capter quelque chose qui flotte entre les deux. Pour lui, il irait lui décrocher la lune et la lui déposait sur un plateau d’argent. « Bien sûr que l’on peut. On peut avoir un chien, un chiot. Tout ce que tu veux, titi ». Petit surnom octroyé, qu’il ne prononce quasiment jamais.

Et de déglutir sensiblement, l’anxiété s’écoulant comme une trainée dans ses veines, parsemant même son battant et son encéphale. Tournant jusqu’à l’étourdissement, mais tenant le choc pour celui qui ne sait pas se protéger, pour celui qui a vécu plus de malheurs qu’il n’aurait dû avoir. « Tu veux une race en particulier ? Un âge ? Qu’il soit joueur, tout sage ? Attends, viens, on peut regarder un peu sur Google. ». Il se déloge, attrapant la chaise du plus jeune pour le rapprocher de lui, changeant prestement ses dessins sur sa tablette pour switcher sur son autre écran et aller sur internet. De taper les races de chiens : des colorés, des plus petits, des obéissants, des plus joueurs aux plus doux. Une panoplie d’images, dont les secondes défilent pour laisser le temps à Attis de choisir. Ou, du moins, d’émettre un froncement de sourcil, un éclat dans les pupilles, une question, une réaction.

Eros le scrute avec une attention si particulière, si touchante. Comme s’il n’existait rien d’autres dans ce monde à part lui. Voulant le gâter, le surprotéger, l’accueillir dans ses bras et ne pas le relâcher tant que l’autre ne le souhaite pas. De le voir sourire et s’épanouir. Peut-être est-ce une première étape ? Il espère, il y croit fermement. « Et maman ne sera pas contre, je pense même qu’elle pourrait en être gaga. ». Autant qu’eux. Un peu d’animation dans la maisonnée qui parait si triste, si nostalgique des cœurs qui se lamentent et qui ne s’expriment pas.

Color outfit || @song eros

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Les attentes n'ont jamais été grandes pour un si jeune enfant. Du temps de ses parents, il ne demandait pas l'impossible en apprenant le coût de la vie. Un animal, ça demande autant d'attention, de temps à lui accorder, que des dépenses à prévoir. Son père et sa mère avaient été clair là-dessus, ils ne pouvaient avoir de chien ou de chat parce qu'ils peinaient eux-mêmes à s'en sortir. Attis a vécu ainsi, avec cette fatalité. Ce n'était pas grave, car un jour il grandirait, ses études s'achèveraient et il décrocherait un travail lui permettant de se sauver de cette misère. Lui et ses parents, car il comptait les porter avec la force de sa volonté. ça, c'était avant que ce drama arrive et qu'il se retrouve seul, les ambitions enterrées avec les corps de ses parents. Aujourd'hui, il ne rêve plus d'élever ceux qu'il aime comme des rois, mais de s'offrir à lui-même une chance de respirer à nouveau, de se sentir vivant comme par le passé.

Ce surnom le fait tilter. Deux syllabes qu'il entend rarement provenant de son grand frère. Il ne sait même pas quand ce dernier se donne l'occasion de l'utiliser. Pour le rassurer ou le consoler, pour l'apaiser ou lui faire comprendre qu'ils ne sont plus tellement des étrangers l'un pour l'autre. Et une fine esquisse se glisse sur la bordure de ses lèvres, formant une courbe douce vers le haut. Son visage s'illumine, s'accordant quelques couleurs plus vives et moins ternes. Il enferme son cynisme dans une boîte et la range précieusement dans un coin, comme s'il venait de retrouver son ombre égarée et qu'il apprenait à la coudre à ses pieds. Ainsi, il peut être entier ou presque entier.

Une race? Un âge? Joueur? Sage? Les informations tournoient dans son encéphale, mais il ne saurait dire ce qu'il préfère réellement. Eros semble retrouver de sa bonne humeur, une motivation nouvelle qu'il place dans une page internet. Rapproché de son aîné, le brun peut avoir une meilleure vue sur l'écran, sur la fenêtre ouverte sur ce site de recherche. Les images défilent sous ses yeux, des boules de poils de différentes tailles, différents gabarits, d'une couleur à une autre, parfois plusieurs à la fois.

- Hyung. Pourquoi ne pas regarder dans un refuge?

Il propose l'idée car il a déjà entendu des jeunes de son école en parler. D'après quelques postes sur les réseaux sociaux, les refuges sont pleins à craquer d'animaux abandonnés. Des chiens, ce n'est sûrement pas ce qui manque là-bas. Que ce soit un labrador, un berger Australien, un bâtard croisé entre plusieurs races. Ce n'est pas le pédigré qui l'intéresse, mais l'affinité qu'il pourrait avoir avec lui, le lien qu'ils pourraient nouer ensemble. Avec Eros aussi, et leur mère.

Qu'il parle justement de leur mère le fait sourire davantage. Elle veut probablement que le bonheur de ses enfants, même si le plus jeune n'est pas son fils biologique et qu'il a débarqué dans leur vie un beau jour par hasard.

- Une fille de ma classe a adopté un chat dans un refuge. Elle en parlait durant notre pause. »

Dit-il dans un haussement d'épaules, proposant l'idée à son aîné. ça ne coûte rien de jeter un coup d'oeil de ce côté là et de voir par soi-même s'il y a des locataires du refuge qui peuvent plaire.