Et dans cette allure vespérale, Nae le voit filer comme une étoile sur la voûte céleste ; la brise est saupoudrée d'un brin d'univers, il réapprend à apprécier le magnifique du quotidien, les sorties entre copains. Quand il contemple la silhouette de Jisoo s'emmêler dans le vent, il y a quelque part dans le creux de ses côtes, une admiration sincère qui implose.

Car sous l'élégance de ses arabesques, une beauté bien plus brute vient crayonner dans ce bout de réalité, une histoire jamais contée.

Puis il y a ce regard qui croise le sien, qui tente de rallumer un peu d'espoir dans ces iris qui s'embaument de noir. Alors tout cela dépose sur ses joues pâles, une lueur de pivoine ; un coucher de soleil aux rêves rougeâtres. Poupon de glace s'effarouche, comme l'obscurité quand valsent dans cette immensité, les astres et les déités. On l'appelle, et on l'entraîne ! Ô le petit prince s'en voit les mirettes brûler d'une étincelle un peu moins sereine.

Pourtant il s'élève, s'élance vers le ciel ! tente d'attraper entre ses doigts, les myriades de lumières qui embrassent leur âme. Et quand le toucher de l'autre se cogne doucereusement contre son épaule, le cœur frétille ; pas bien accoutumé aux reconnaissances affectives, à ces corps trop près du sien. Alors peut-être que ça lui rappelle une amitié merveille, qui aurait existé autrefois quand bambin n'avait que quelques années déjà.

« J'arrive. » souffle-t-il tout bas avant de poser sur ses oreilles, son vieux walkman. Son accent est là, il apporte les réminiscences d'antan, fragrance japonaise qui se mêle à ses espérances. « Enfin… J'ai préparé des onigiri, te les enfile pas d'une traite, mh ? Ça va te ralentir. »

Et c'est ainsi qu'il largue son skate sur cette nouvelle terre, dans une frivolité singulière et pétillante. Ça fait écho dans ce coin de l'univers, Nae s'élance rapidement sur ces rampes qu'il a trop connues — mais c'est différent, il aime ça. Il embrase sa vie d'un nouveau vent, qui le porte et le pousse dans sa jouvence à faire ces figures pleines de prestance. On pense voir quelqu'un d'autre, Nae s'efface et renaît de ses cendres. Il est gracieux mais dégage tout de même, cette rage enfouie dans son être.

Il ne tombe pas, continue de voyager dans des rêves qu'il imagine.

Dans ce creux, là où la nuit frissonne de leur lueur — il y a Nae qui se faufile sur cette terre d'espérance, comme un astre filant parmi les cumulus fragiles du ciel et ses envies. Parfois il lève la tête, ancre ses mirettes bien belles sur cette toile de verre, et petit ange s'imagine tout là-haut ; le coeur vivace, l'être ô couronné de douces grâces. Qu'il se sent à l'écart, Nae ! et sur le bas côté des rivages, il n'y a pas le mirage d'une doucette iris qui embrasse son esprit. Seulement des couleurs qui semblent s'amouracher de son minois flatteur, jamais bien de ses pensées, ni même de son coeur.

En voilà des codes qui lui font peur ! plaire à l'ambre des yeux, s'effacer de soi et brûler dans une étreinte différente. Nae s'il vit, ce n'est que pour la musique ; et ces moments-là aussi, où s'emballent dans la nuit, quelques garçons bénis d'une vespérale adrénaline.

Alors peut-être bien que Jisoo il s'est morphé en chapardeur — car durant ces soirs-là, lorsque sa psyché s'éteint dans un ouragan de pensées, Nae y voit dans tout cela, l'aura silice de ce garçon lui voler quelque candeur. Planche de bois ainsi s’avance ! prend vie sous ces semelles usées de blanc cru, y conte toujours au cœur de cet endroit l'histoire de ces bambins à l'esprit en éclat.

« W-Wow, qu'est-ce que tu– »

L'étoile le frôle, le taquine et ; ô, la Lune l'envie de luir autant sous la nuit. Nae le regarde donc s'approcher de lui, apporter sur ses joues une couleur rougie. Mais Nae s'affole et manque peut-être de tomber sur le sol — trop près, qu'il s'imagine, un peu trop près. Pendant quelques secondes des poèmes de rock s'échappent de son walkman, se mêlent à l'essence de Jisoo, alors Nae sourit d'un air timide, pas bien accoutumé à voir le monde se cogner contre lui. « J-Je… J'en ai fait selon vos goûts, je sais que ça plaît pas à tout le monde alors… » s'écrit doucement Nae, voyant ainsi Jisoo s'éloigner vers le muret dissimulé.

Très vite, il le rattrape, ramasse cette planche de vie de ses doigts fragiles – enrobés de pansements, peut-être même de bobos qu'il tient parfois de son enfance. Puis, de son allure si délicate, il s'installe auprès de Jisoo et lui propose ses merveilles qu'il décachette. Son walkman glisse à son cou, et tendrement, il vient ramener ses mèches noiraudes derrière son oreille en posant ses lèvres sur ce verre glacé. « Merci pour le coca, Jisoo. Je te rembourserais en takoyaki cette fois-ci ! » un rire célestin lui quitte les lippes, il croise le regard de Jisoo avant de poser le sien sur les autres au loin. « Tu racontes quoi en ce moment ? »