Fluorescent Adolescentsong || outfit || @Jang Ma Eum

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Il lâche un simple « ouais, braille plus fort va » en octroyant une frappe amicale contre l’index tendue vers sa personne. Le rictus railleur, l’amusement plein dans ses pupilles brillantes, l’expression satisfaisante de l’autre qui s’échine à trouver des raisons de ce qu’il ne fera pas. Il ne répond qu’aux mots par la surprise de chercher à le chatouiller, loin du défaitisme contraignant vis-à-vis de leurs vécus et de leurs pensées. Ainsi, il s’acharne à le rendre essoufflé, partageant le rire, à peine gêné par les genoux cognant contre les siens. « Je ne te crois pas. Tu sais ce qui t’attend si tu recommences. ».

Pour justifier ces paroles, ses phalanges réitèrent leurs actions durant quelques secondes avant de reculer de quelques pas. S’étirant comme un chat, le danseur laisse l’amusement le trahir en laissant son interlocuteur récupérer doucement. Il fait semblant d’avancer, comme s’il allait reprendre avant de rire devant la position de défense. « Good, babygirl, tu es bien dans cette position. ». Il s’autorise cette taquinerie et se détourne, venant s’échouer contre un lit confortable, les bras allongés et le regard tourné vers les nuages artificiels de la pièce. Il se montre plus silencieux, venant lentement fermer les paupières. Sa respiration est contrôlée, douce. Il parait bien plus innocent dans cette position, loin de son cynisme et l’envie de mordre quiconque le questionne ou essaie de s’approcher.

Mais comme l’autre l’a dit, il n’en demeure pas moins aux aguets, libérant un flot de pensée coincé dans son encéphale, tournant en boucle comme un disque rayé. À mesure, ses sourcils se froncent, la contrariété sur le visage, sans toutefois l’énoncer. « Ferme la fenêtre. ». Soufflé dans le silence surprenant, à l’écoute de tout ce qu’il se passe autour de lui. Du bruit qui se referme, de chaque craquement, de tout ce que l’autre sera capable de faire. Mais, étrangement, il ne bouge pas. Le brun aux reflets violacés ne se relâche pas, persistant dans ce mutisme déstabilisant.

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 Le souffle percute l'air qui l'entoure, une respiration légèrement sifflante. Il revient doucement à lui, le sourire imprimé avec maladresse sur se visage cramoisi. Il promet, il jure. Entre deux rires, deux exclamations torturées. Son vis-à-vis en doute, le menaçant de recommencer en donnant un aperçu de sa punition et le corps tremblant cherche à l'esquiver en râlant joyeusement. La carcasse échouée, son diaphragme se soulève dans un rythme irrégulier tel un code en morse. Court, court, long, court, long. Il inspire, retient sa respiration, rit un peu, expire. Sa tête contre la fenêtre, ses paupières tombent une fraction de seconde pour lui permettre de faire le vide dans sa caboche.

Inspirer, expirer.
Un pouce se lève en réponse à la moquerie.

Seul l'enfant rieur est bruyant, l'expiration plaintive mais indolore qui s'échappe de ses lèvres entrouvertes résonne contre les parois de la pièce. Il se redresse sur un coude, la colonne de travers et lance un coup d'oeil au jeune homme sur le lit. C'est calme, c'est silencieux. L'atmosphère a changé, apaisé par un semblant de bataille anarchique. Le bicolore sourit de plus belle, se mettant en position assise. Doigts glissés dans ses mèches en désordre, il ne cherche pas vraiment à se recoiffer, juste à les retirer de son front.

Appuyé sur un genou, à moitié en équilibre, il rabat le battant de la fenêtre et fait taire le cours de la vie qui défile à l'extérieur. Nouveau silence, dernier coup d'oeil par l'ouverture et le Coréen détourne son attention du bleu du ciel. La démarche féline, sa dépouille se laisse choir à côté de son acolyte, les pupilles dirigées vers ce visage soucieux. D'un bras levé, il vient appuyer son index sur le front plissé.

- Qu'est-ce qui te préoccupe tant?

Sourcils levés au-dessus d'une petite moue intriguée.

-  Tu souriais tout à l'heure. J'ai même cru entendre un rire.

Il dit cela ainsi, comme si c'était un hasard qu'il se soit déridé, défroissé. C'est normal que le cadet se questionne sur l'irritation apparante sur ce faciès. Son index se retire, remplacé par son pouce. Un mouvement en cercle, lent et toujours dans le même sens. Il masse la zone entre les sourcils, délicatement, pour faire disparaître cette contrariété soudaine mais persistante.

- Y a quoi de si terrible? Tu peux tout me dire.

Ce qui sera dit ici, restera ici. Entre une étagère de travers, un lit qui craque sous leurs poids, des cahiers d'école aux dates dépassées et aux rebords grignotés, et ces carreaux sales d'une fenêtre crispée. Une histoire de plus accumulée dans un débarras marquant la fin d'un récit dont plus personne s'enquière.  

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Les phalanges viennent accrocher la pulpe de ce qui essaie d’édulcorer son expression, papillonnant des cils sous ce geste délicat. Les billes charbonnées s’ouvrent lentement et dérivent de leurs lignes de conduite, s’échouent momentanément vers le corps échoué à ses côtés. Le geste est lent, délogeant l’épiderme de son front pour l’apposer contre son sternum. Le soufflement nasal exprime l’indécision à délivrer les maux, partager entre l’ennui et la raison. Quelques instants flottes dans les airs et puis, progressivement, les lippes s’ouvrent. « Rien. Je me demandais si tu allais hurler ou te cacher si quelqu’un débarque. Il faut que je sois prêt à te filmer pour ça, ton cri sera ma sonnerie de réveil. ». L’âme d’un dévoreur pour entretuer ses pensées et en exprimer son inverse. Sous un rire qui se veut naturel, mais sincère, vibration de son thorax à sa propre bêtise.

Il tourne la tête vers l’autre, le regarde enfin. Il soulève les sourcils d’un air taquin, riant légèrement en passant sa langue sur sa lèvre inférieure, ayant réprimé une autre raillerie à lancer. Les secondes s’élancent dans le vide. « Tu n’as pas de passion ? Si tu me dis que tu aimes tout et n’importe quoi en me sortant une de tes conneries, je fais le tour des pièces pour trouver la plus flippante et je t’enferme dedans. Tu me supplieras de t’en sortir. ». La menace est toutefois réelle, capable, en bon diablotin des Enfers, d’exaucer ses termes. Néanmoins, son interlocuteur reste un phénomène étranger pour celui qui est discipliné, vendu dans l’opulence et aux restrictions superficielles. Il finit par laisser une caresse légère du pouce, avant de le tapoter et de se redresser. Il faut croire que les conversations sérieuses ne lui convient pas.

Il ne laisse pas le temps à l'autre répondre que déjà, il s’écarte, s’enlise dans son mutisme et se dérobe sous un habile mouvement. Les pieds contre le sol, le menton désignant la porte. « On va voir d’autres pièces, ça va commencer à devenir bizarre de rester ici. ». Dans une chambre d’enfant. Là où les difficultés étaient moins nombreuses, moins soucieuses. Le chorégraphe s’appuie contre l’encadrure, les épaules au mur et les chevilles aussi croisées que les bras. « Debout princesse, il est temps d’aller faire coucou aux fantômes. ». Le soleil décline lentement, mais pas assez pour que l’astre lunaire pointe le bout de son nez. Pas encore.

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 Il cligne des yeux, sa main emprisonnée entre les doigts de son aîné. Son geste tendre a pris fin, tout comme le loup se refuse à délier ses lèvres pour apposer des mots sur les pensées qui le taraudent. Et le gosse indiscipliné plisse le nez, désapprobateur de l'entendre se moquer à nouveau.

- Si tu veux je te cris dans les oreilles, comme ça tu t'en souviendras jusqu'à la fin de ta vie.

Assomme le bicolore en faisant mine de tourner son visage vers l'oreille à proximité de ses lippes. Son coeur s'apaise sous ce doux rire qui s'incruste inéluctablement dans son esprit vagabond. Il avait raison, il est capable d'émettre ce genre de son qui contraste avec les expressions fermées ou troublées d'un visage à la peau lisse.

Le regard se soutient.
Les yeux plongés dans ceux de l'autre.

La question peint un voile intrigué sur les traits enfantins du garçon. Une passion? Autre que découvrir les petits de la vie? Certainement aucune. Il montre déjà les crocs, aboyant des sorts terribles à lui infliger si jamais il sort une énième bêtise. ça demande un temps de réflexion, l'haussement d'une épaule et une mine concentrée. Une réponse qui ne vient pas puisque l'autre s'échappe, le laissant allongé là.

- T'intéresses-tu seulement à ma réponse?

Pourquoi lui demander s'il fuit par la suite? Le cadet n'est pas contrarié, il veut savoir ce qui se trame dans le crâne du brun. Les yeux levés au plafond, un léger mouvement de la tête. Incorrigible. Bizarre? Il n'y a rien de bizarre dans cette chambre, sauf peut-être ce papier peint décrépit. ça, c'est drôlement bizarre. Pour la énième fois il se relève, traîne ses jambes à la suite du plus grand le surnommant de princesse.

- Je peux quand même répondre à ta question en marchant?

Parce qu'il lui a posé une question, celle-ci n'avait rien de sérieuse ou de compliqué pour le malade. Une simplicité déconcertante qui lui va bien, qui lui colle à la peau. Le plus jeune n'attend pas une réponse favorable pour l'ouvrir, fidèle à lui-même et oubliant qu'à la base il devait se taire.

- J'aime le rap, écrire des paroles aussi. Je n'ai pas vraiment de grande passion, on m'a toujours empêché de faire des trucs de dingue en étant un gosse.

C'est comme ça, il n'y peut rien. L'époque d'une enfance couvée, piégé dans une cage aux barreaux scintillants. La découverte d'un intérêt particulier pour des mots placés sur une mélodie ambiante ou dessinés sur les pages d'une œuvre envoûtante.

- Lire. J'ai lu toute sorte de bouquin.

Ce sera la dernière information délivrée, avant de lui faire signe pour quitter cette pièce et trouver quelques fantômes à déranger. Il est têtu Ma Eum, il n'en fait qu'à sa tête. On aura beau lui dire de ne pas ramener sa fraise, il pointera toujours le bout de son nez. Une esquisse rayonnante plus tard et il se faufile entre la silhouette plus imposante de son aîné et l'embrasure de la porte, un pied dans le couloir sombre.

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« Je ne parle jamais pour ne rien dire, on est opposé sur ce terrain-là. ». Adosser à la porte, ses rétines le fixent intensément, se redressant lorsque le môme le rejoint en délivrant la suite qu’il lui fait pincer les lèvres. Tournant sa tête comme pour assassiner des yeux celui qui avait promis de se taire. Et pourtant, les paumes engagées dans les poches, en profondeur, il ne le réprimande pas. On ne peut enfermer indéfiniment un oiseau qui s’échappera à chaque fois de sa cage pour sa liberté, le chorégraphe l’a bien compris. Ainsi, la tignasse observe ce qu’il se trouve devant lui, dérivant ses billes ici et là, l’oreille attentive. « Ça dépend de ce que tu n’entends pas « dingue. ». Tu as quoi comme envie exactement ? Si c’est du saut en parachute ou faire des cascades automobiles, ça se fait. Si ton plan de carrière était sportif ou militaire, il y a de quoi te rire au nez. ».

Nullement à morfondre le bicolore au temps limité, qui rejoindra peut-être les anges qui lui chanteront des louanges. Comparativement à celui qui a déjà un peu tout tester. Il souffle du nez, faisant la moue devant une porte fermée. « Mais tu n’as jamais voulu aller dans la compo ? Si tu aimes écrire des paroles, tu peux rentrer là-dedans. Les agences recrutent, tu pourras voyager ou faire d’autres trucs. Même lire dans l’avion. Tu as vraiment des trucs de vieux. ». Il secoue la tête, légèrement, avant de soulever un sourcil, interrogatif.

Une porte est entrouverte, ne laissant qu’un léger rayon de lumière. Partageant un regard avec son voisin, son sourire rayonne davantage, l’espièglerie palpable dans ses pupilles. « J’y vais en premier, sait-on jamais si quelqu’un s’y trouve. Reste caché sur le côté princesse, je ne voudrais pas que ton cri alerte qui que ce soit. ». Avec un rire, il s’avance à pas de loup, si silencieux que cela en est presque étonnant. Lentement, il entre et laisse un silence entre son ami et ce qu’il fait à l’intérieur. Soudainement, il sort la tête et se cogne à l’autre en souhaitant s’exclamer. Il lâche un « putain » prononcé, posant sa main contre son front. « Pourquoi tu es si près ? ».

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 Le bout de sa langue se faufile entre ses lèvres, geste malicieux qui se veut agaçant. Il aime parler, que ce soit important ou inutile, il aime juste délivrer les mots qui flottent dans sa tête et obstruent ses pensées. Il n'a jamais demandé à être écouté, tant qu'on ne l'empêche pas de déblatérer. Ye Jun se plaint beaucoup de sa langue trop pendue, mais quand celle-ci se penche davantage vers l'avant, il ne cherche pas à l'arracher. Une mauvaise habitude. Il devrait savoir que le bicolore en possède quelques unes, plusieurs même. Des mauvaises habitudes, comme celle-ci, de toujours parler ou de ne jamais écouter.

- Juste de courir, ça m'irait. Quoi que, un saut en parachute ne me déplairait pas.

Son coeur s'emballe face à son imagination débordante et enviable. La moquerie a un goût doux-amer, bien qu'il le sache. Une carrière sportif aurait été impossible, mais ça tombe bien, il n'est pas sportif. Casse-cou, intenable, dynamique, mais pas sportif.

- Et rester enfermer dans des pièces toute la journée? On se demande bien pourquoi je suis sans emploi.

L'envie de bouger constamment, mais l'incapacité de pratiquer une activité éreintante pour le corps et l'âme. Il pourrait, ce serait une route simple pour lui. L'idée de se spécialiser dans un domaine échoue à ses pieds, tandis qu'il se plante devant une porte fermée. Tant pis. Au suivant.

- Tu dis ça parce que tu ne lis pas. Tu préfères frapper des sacs ou amocher des gars, pourtant je ne dis pas que tu as des trucs de gangster.

Croisant son regard, il hausse encore ses épaules. Pourquoi pas. Ce n'est pas lui qui va se dérober, il est trop fier et insouciant pour ça. Il motive même le plus vieux à se lancer, le prenant comme son garde du corps. Un rire étouffé entre ses lèvres pincées, ce n'était pas dans son plan de hurler au loup avant d'en voir le bout de sa queue. La carrure de son acolyte est large, c'est pratique pour se planquer derrière et rester en sécurité.

Ou presque.
Si lui-même l'attaque, il est mal barré.

- Mais c'est toi qui te retourne d'un coup!

Ok, il voulait voir par-dessus. Un coup d'oeil en biais. Le voilà à se frotter le front en grimaçant, infligeant une tape sur le bras à l'aide de sa main libre.

- Y a rien ni personne là-dedans. Il t'aurait déjà entendu sinon.

Et qu'est-ce qu'il est vulgaire, ce ténébreux à deux noix.

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Il lui lance un regard courroucé, avant de lever les yeux vers les lustres en signe d’ennui. « J'aime les séries, que veux-tu. Et j’étais chorégraphe avant d’avoir une salle de boxe, flipette. Je ne passe pas mon temps à cogner, mais à apprendre à se défendre. Reviens quand tu seras capable d’aider ceux qui essaient d’avoir moins peur des autres. ». La pulpe de ses doigts avance afin d’offrir une pichenette sur le front sur son acolyte, avant de trouver une distraction plus attrayante. Jusqu’au frontal peu agréable, les sourcils de nouveaux en avant sous les mots, haussant les épaules. « Je ne suis pas un prince charmant et toi non plus. Au moins, on est honnête, Juliette. ». Sa princesse grincheuse. Ils pénètrent dans la salle étrangement spacieuse, comme pour se détendre. Une stéréo qui ne fonctionne plus, des poufs nonchalamment exposés pour qu’on s’y prélasse sans vergogne.

Un lieu de vie autrefois animé, comme si les murs étaient encore capables de vibrer des rires anciens et des corps enlacés. Quelques livres juxtaposant les sièges, des étagères poussiéreuses. Le jeune homme reste au centre, sous le luminaire endormi, bougeant sous une musique imaginaire. Les pas sont dansés, les mouvements précis et graciles, l’exposition même de sa passion, de son talent, d’un métier si aimé et pourtant délaissé. Il vient même entrainer son partenaire dans cette improvisation, le vrai sourire, le regard pétillant de malice enfantine, comme on aime la vie et ce qu’elle offre. Sans se poser de questions, sans prendre en compte tout ce qui les entoure. Peu importe le temps et les affres passés qui se sont passés ici, il l’éclipse en dansant, en faisant tourner le bicolore en un tour radieux.

Loin de son ton mauvais, de sa vulgarité volontairement abusive, il lui délivre une facette qui ne se voit que rarement. « Faisons danser les fantômes avec nous, babygirl. ». Et un tour de plus. Que l’autre, en tournant, virevolte en découvrant le monde en trois cent soixante. À grande vitesse, comme la vie qu’il semble mener, tout en contrôle par celui qui le fait tournoyer comme dans une série romantique. Mais prêt à rattraper au besoin. Et de venir le taquiner, à la taille, au ventre, pour frôler les chatouilles et d’en rire joyeusement.

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 - Tu es susceptible?

Faut l'entendre déballer tout ça d'un coup, avec son regard mécontent. C'est comme appuyer sur un petit bouton qui le fait réagir et s'offusquer. Les mots se perdent quand ses doigts frappe son front. Ce n'est plus de la susceptibilité à ce niveau-là. Le haut de son visage en prend un nouveau coup, quand les deux se rencontrent dans un face à face impactant. Quelques étoiles flottent au-dessus de sa tête, lui donnant le tournis.

Un prince charmant.
Juliette.

Ses yeux lancent des éclairs, un nouveau surnom pour compléter la liste qui s'étend. Ses lèvres restent closes, porté par la curiosité à l'intérieur de cette nouvelle pièce. Un petit côté détente, une mélodie silencieuse se déversant d'une stéréo muette. Ses pieds le mènent automatiquement vers l'étagère décorée de livre et ses doigts saisissent un ouvrage ravagé par le temps. La poussière le fait éternuer, mais il ne détache pas ses iris des pages jaunies. Jusqu'à se sentir tiré vers l'arrière, le bouquin tombant à ses pieds dans un bruit mat. Entraîné dans une danse où seul son acolyte connaît les pas et la musique, cloîtré dans une bulle qu'il n'est pas sûr de capter. La grâce maladroite, la cadence déséquilibré.

Son palpitant se réveille, il manque de louper un enchaînement et de se vautrer sur le plancher. Une jambe dans l'autre, la perte d'équilibre se fait sentir mais il s'accroche aussitôt à ce corps dansant. L'âme ressuscitant au creux d'un cocon chaleureux.

- Hyung...

Les ongles s'enfoncent dans les manches blanches. L'espace d'une seconde, il a senti sa poitrine se serrer et l'encombrer dans une sensation affolante. Une chance, ce n'était qu'une impression désagréable qu'il fait passer en donnant une tape sur le torse du brun.

- Je sais encore moins danser que me battre. Deux choses où tu sembles doué.

Une pointe de jalousie teint ses paroles insouciantes. Il aimerait apprendre à se défendre, ne pas être maladroit, s'animer sur une chanson moderne ou d'époque. Les mains proches de sa taille, l'éclair dans sa tête lui remémore la scène précédentes. Avant que loup ne s'amuse à frôler sa peau sensible, il attrape ses deux poignets dans une poigne ferme.

- Ne me fais pas regretter de t'avoir suivi.

Avec ses chatouilles, sa manière d'être tactile et sans gêne. Le bicolore relâche la prise qu'une fois son équilibre solide et la fuite possible. Il ne compte pas s'éterniser entre les griffes de la bête sauvage et devenir sa victime, l'agneau qu'il pourrait égorger de ses canines acérées.

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Il fronce les sourcils devant les nuages venant obscurcir l’horizon de celui qui, pourtant, illumine les eaux les plus sombres. Les mains le rattrapent par la taille et fait en sorte que le bicolore soit face à lui. Les phalanges frôlent, marquant la distance que l’autre impose. « Je suis doué parce que ce sont mes exutoires, je n’ai que ça. Chacun ses domaines de prédilections. Qu’est-ce que tu as ? ». À aucun moment, il ne laisse le regard fuyant, cherchant celui-ci avec fermeté. « La danse, ça s’apprend. L’autodéfense, ça s’apprend. Et ça tombe bien, je suis prof dans ces deux-là, tu as de la chance. Tu auras même le droit à des cours privé. ». Néanmoins, il sent quelque chose au-delà de cette plaisanterie, comme un flottement qui ne passera pas et dont il ne saisit pas le sens.

La tignasse aux reflets violacée se penche sensiblement sur le côté, les billes chatoyantes ancrées dans celles de ses voisines, comme s’il n’existait que lui dans ce monde. « C’est parce que je t’ai empêché de lire ? Tu peux retourner à ta lecture, si tu veux. ». Les lèvres ont envie de délivrer d’autres mots, mais le soupir nasal prend le pas. Les épaules se soulèvent et la silhouette se détache. Il retourne dans son univers dansant, arpentant la pièce en observant les quelques disques au sol, les éclairages installés pour des séances cinéma improvisé. « Ils devaient bien s’amuser, ceux qui étaient ici. ». Il imagine des amis et tant de soirées à danser, chanter, regarder des films. Mais il ne peut s’empêcher de lancer une œillade envers le coréen, de temps à autre, en lui laissant sa distraction.

Le silence d’un loup, la fluidité sauvage et le talent comme seconde peau. Il réfléchit également à son agressivité, son acerbité si tenace depuis des semaines, s’accrochant à sa peau et perdure à travers ses veines, pulsant si fortement qu’il renvoie cette amertume au premier venu. Sans le vouloir, mais cela lui laisse un soupir sans bruit, tout en secouant la caboche avec agacement. Il finit par s’adosser à l’encadrure de la porte, les chevilles croisées, autant que les bras, sa tête se déposant contre le mur, tout en observant muettement celui qui parcourt la pièce.

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 Il n'aime pas assombrir l'horizon. Il déteste quand les nuages noirs s'amoncèlent au-dessus de sa tête. En temps normal, le bicolore les chasse d'un éclat de rire, d'une esquisse espiègle ou d'un monologue sans fin. Tant que la lumière perce à travers, il fait en sorte qu'elle se dirige sur lui. Un exutoire. Il pourrait en désigner sa signification tiré d'un dictionnaire instruisant, mais en cet instant, il peine à trouver une réponse qui lui convienne vraiment. Peut-être n'en possède-t-il aucun, d'exutoire. Ni l'écriture, ni la lecture ne sont suffisante. Trop éparpillé, trop instable, trop désireux de vivre une vie sans attache. à la fin, il se perd et se détache.

Un petit rire s'échappe, il a bien compris ce qu'il lui a dit.

- Tu serais prêt à m'apprendre?

Il l'a dit lui-même, il peut donner des cours privés si ça lui chante. Son coeur le laisserait-il en paix pour pratiquer? Et si l'afflux de sang est abondante? Médecin n'est pas sa vocation, mais il a saisi les interdits à la longue. La surprise naît sur son visage aux énoncés de son camarade. Il n'a jamais été question de lire ou de le déranger, ça n'avait rien à voir avec ça et le plus jeune fait comprendre sa pensée d'un mouvement de tête circulaire.

La prise défaite, il regarde l'enveloppe charnelle continuée sa danse enivrante. Seul. Dans sa bulle. C'est beau, une admiration qu'il ne cache pas et qui s'exprime dans ses iris iridescentes. Lui aussi il s'amuse, au travers de son exutoire et d'un flot de songe illusoire. Ce n'est pas un bouquin poussiéreux et vieux comme le monde qui le captive tant, mais plutôt la démarche dansante du violacé et cette lueur que possède son regard.

Il n'a plus parlé, Ma Eum.
Les mots se sont taris sur ses lèvres.
Les yeux détaillant la valse somptueuse du garçon aux humeurs changeantes.

Et il se détache de tout ça. Avec un pincement de lèvre. Il revient vers ce livre délaissé, le replaçant dans son étagère d'origine. Un ensemble de titre à moitié connu, à moitié oublié. L'enfant cherche encore la réponse à la question, il court après des souvenirs passés à la recherche d'une passion véritable, d'un exutoire notable.

Rien. Il ne trouve rien.
Pas l'ombre d'une activité prenante, ni d'un passe-temps attrayant.

Il soupire. Relève la tête, détourne le regard, examine la pièce pour revenir sur lui. Le danseur. Incapable de dire pourquoi, il étire un nouveau sourire et s'approche, tapotant l'épaule à portée de sa main. Un effort dû à la différence de taille, forçant le plus petit à lever le bras.

- On continue?

Le bicolore lui passe devant, ramenant sa carcasse dans le couloir. Il ne reste pas tant d'option, loin de l'image d'un palace aux dix huit chambres aménagées. Sa voix chantonne doucement, emporté par ses pas vers une nouvelle porte.