Fluorescent Adolescentsong || outfit || @Jang Ma Eum

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Cela lui hausse seulement un sourire en coin, sachant qu’il ne l’emmènera de toute façon pas dans cet endroit. Même s’il gagne le pari, il trouvera une parade suffisante en mettant fin par son intimidation et sa brusquerie volontaire. Et l’autre ne s’en offusquera de toute manière pas, ce qui l’arrange fortement. Il apprécie cette maniabilité qui lui permet d’exercer le comportement qu’il désire plutôt que ce qu’il est concrètement, comme danser sur la musique de cet opening d’anime de manière enjouée et engagée, chantonnant avec lui sur les paroles connues. « On est deux. ».

Lui aussi aime ces activités-là et lui octroie quelques notes aux autres animes récemment sorties. Avant de dériver sur le fameux pas vulgaire. « Ça reste du twerk, on n’aura jamais le déhanché de Shakira. ». Les mouvements, la danse latine et cette fluidité pour l’âge, même le chorégraphe reste admiratif de cette aisance et espère être tout autant vigoureux lorsqu’il l’atteindra. « Si. C’est parce que tu n’as pas confiance et tu te trouves des excuses. Ça ne vient jamais au bout d’une semaine quand on commence de zéro. Il faut savoir vivre avec la frustration. ». La maladresse n’est pas une justification suffisante à son regard et il est toujours certain que même les plus timides cachent leurs plus grands trésors. C’est qu’ils ne sont pas dans l’environnement adéquat, ni dans la confiance nécessaire pour se laisser aller.

Lorsqu’il se fait repousser, il se met à rire d’un air espiègle, comme attendu et finit par se reculer au loin et reprendre sa contemplation du ciel qui décline, allongé. Toujours le même schéma, il faut croire que personne ne déroge et n’opte pour d’autres solutions. « Regarde la course, d’autres sont sûrement arrivés, ça va démarrer dans peu de temps. ». Les bras croisés sur son ventre, il ferme les paupières, laissant ses oreilles prêter attention aux vrombissements des moteurs, la circulation de l’autre côté et ses propres pensées.

Fluorescent Adolescentsong || outfit || @Love Ye Jun

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Il râle beaucoup, Ma Eum, mais le danseur sait qu'il n'est pas difficile à vivre et qu'il accepte bien trop facilement les invitations à sortir. C'est justement parce qu'il est malléable que les gens l'apprécient, toujours à dire oui et à s'en réjouir. Un enfant qui n'a pas grandi, qui veut continuer à se faire plaisir. Si un jour il se sent le vague à l'âme, la petite luciole sera là pour le guider dans cette sombre nuit hivernale. Ma Eum, c'est l'instant présent avant tout. Rire, déconner, prendre le temps comme il vient et le rendre meilleur au fil des secondes qui s'écoulent. Se creuser la tête à la recherche de quelques paroles d'une langue qui ne lui est pas familière, se fendre la poire sur les prouesses artistiques d'un garçon parfois trop cynique. Encore un point en commun, une manière de s'apprivoiser comme le renard et le petit prince.

Comme disait l'auteur,
On ne voit bien qu'avec le coeur.
L'essentiel est invisible pour les yeux.

Il n'a pas tort. Ils n'auront jamais le déhanché de Shakira, ou de quiconque sachant le danser. Pour autant, est-il interdit de le reproduire? Rien ne les empêche de faire les pitres. Ma Eum est d'humeur joyeuse, derrière ses mimiques et ses moues enfantines, à l'intérieur c'est un champ de fleurs aux couleurs vives où un soleil brille. La confiance en soi n'est pas un problème pour le bicolore, il serait capable d'aller au devant de grands efforts, de danger insoupçonnés mais ... Danser comme une étoile sur une scène improvisée? Pas si sûr. Sa maladresse le rappelle à l'ordre, là où son grain de folie pourrait le faire céder tout aussi vite.

- à t'entendre, on dirait que tu as vraiment envie de tester ça avec moi. Est-ce un défi à relever pour toi? Apprendre à un gars complètement gauche à savoir placer correctement ses jambes sans les entremêler?

Il se plaît à l'interroger, à voir l'expression de son visage changer et se modeler. ça lui a toujours plu, de scruter les traits qui se déforment sous une émotion différente, plus vive, moins retenue. Et ça le fait sourire, encore et toujours. Avant qu'il ne repousse d'une main l'épaule qui le surplombe. La silhouette s'écarte et le souffle revient. Il glisse sa langue sur sa lèvre inférieure, ses billes mordorées se délectant de ce tableau crépusculaire. Parfois, pour une petite seconde, il se demande quel monde se déploie dans l'imaginaire de ce garçon sauvage.

Le corps se soulève, il reprend appuie sur ses deux jambes maladroites et se rapproche, le regard se portant au loin.

- Je mangerais bien des Tteokbokki.

Il sait qu'il n'a pas le droit, mais il prendra le gauche s'il faut. Sans perdre les motards de vue, il écoute les moteurs qui tournent, les voix qui s'élèvent sans comprendre le sens. Et il attend, que les roues chauffent le bitume, que les engins fendent l'air à la vitesse de la lumière, que leurs phares percent la pénombre qui se profile peu à peu entre les bâtiments, au coeur de la ville animée.

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 « Je ne perds jamais de temps avec ceux qui n’en ont pas envie ou manque de volonté. Soit, tu te décides et on se lance, soit on ne commence même pas. Je n’ai pas ton temps. ». Il hait l’immobilisme et la complaisance des plus ignares à brailler au monde des choses qu’ils ne débuteront jamais. Tout en trouvant des excuses pour s’assommer de leurs propres conditions. Là où l’un est édulcoré, aux envies volages et douces, l’autre est voué à dévorer de ses crocs pour se forger son trône et conserver son statut. Leurs vies sont fondamentalement différentes et cela se ressent. Les pupilles closes, seules ses lèvres s’élèvent. « On ira en chercher après, princesse. ». Le ton las, comme on cède à un enfant qui ne sait pas faire soi-même. Et, qu’étrangement, le danseur accède sans rechigner. Et lorsque la lune apparait, les moteurs se font hurlants, faisant ouvrir les rétines du plus âgé.

« Va regarder, ça va commencer. ». Les drapeaux se dressent, les motards se placent, tout est sur le point de débuter. Et sous les cris et moteurs, la course démarre. Ye Jun s’est levé pour choir aux côtés de son ami, le regard détaillant ce qui l’entoure et à la fois pas. Le circuit est classique, sans trop de dangerosité et suffisamment éloigné pour que les autorités ne débarquent pas soudainement. Il lève les bras lorsque les tours sont réalisés, comme on encourage son équipe favorite, avec une exaltation surprenante pour celui qui grognait quelques instants auparavant. Il le doit bien, farouchement. Il s’exclame sur leurs poulains désignés au hasard. Et lorsque le dernier vient, lorsque la dernière ligne est franchie, ce ne sont aucun des deux sélectionnés.

Le chorégraphe vient pincer la taille de l’autre. « On s’est plantés tous les deux. Je n’ai pas vu lequel est arrivé avant l’autre, cependant. ». Le mensonge comme seconde langue. Il se relève et retire quelques particules, tendant sa paume pour aider l’autre à se relever. « Allez, on descend les voir, il y a toujours des stands de bouffe à côté. On va sûrement pouvoir choper quelques trucs. Et sûrement des Tteokbokki. Si tu flippes trop, on prend juste la bouffe et on repart. » Et ils descendent de leur perchoir vers l’amas de silhouettes bruyantes, dansantes, enchantés, rieurs. Un tout autre univers.

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Il dit ça parce qu'il ne travaille pas? C'est vache, mais il a raison. Il pèse le pour et le contre, ne trouvant pas vraiment de raison démotivante pour l'empêcher de se lancer à corps perdu. Il n'a rien à perdre, il se le dit souvent.

- Tu m'as convaincu. Je suis prêt à me lancer.

Qui sait, il pourrait se trouver une passion dans ce domaine. Dans la danse ou dans la boxe, si Ye Jun est prêt à donner autant de son temps à l'écureuil. Il pourra toujours ajouter ces expériences à sa liste de chose qu'il sait faire, plutôt que les voir noter dans celle à faire. Quitte à partir plus tôt, autant faire le plus de chose possible. Il n'est pas si farouche, un brin insatiable et gourmand seulement. Son ventre en vient à parler pour lui, l'envie de déguster un plat chaud et épicé, un désir qui ne presse pas cependant. C'est posé là, comme on pose un post-it.

Le départ est lancé dans un brouhaha fracassant, qui résonne jusqu'aux hauteurs où les deux garçons se sont perchés pour admirer ce spectacle. Une bataille sur deux roues, à travers les routes de Séoul. Ma Eum encourage à son tour, participant à l'effervescence du moment. Les yeux ne savent pas s'ils doivent rester braquer sur la piste ou s'ils peuvent dériver vers l'autre qui s'agite tel un supporteur fidèle. Un peu des deux, un coup d'oeil vers le violacé pour finalement revenir aux bolides. Au désarroi de chacun, ni le rouge, ni le bleu, franchit la ligne en premier. Peut-être que l'un a dépassé l'autre, dans un instant d'égarement mais le bicolore s'est dit que ce n'était pas important de le savoir.

- Quelle importance? ça n'apporte rien de parier sur un cheval perdant.

Il ne s'écarte pas tant au geste de l'autre, il ne lui tape pas la main non plus. à la place, il s'en saisit pour se relever et disperse la poussière sur son vêtement.

- Flipper? Pour quelle raison?

Demande le plus jeune en le suivant dans la descente, curieux de savoir ce qui pourrait être si effrayant. Il n'a pas peur d'entamer la conversation, ni de commander à manger, encore moins de traîner vers eux.

- Mais c'est cool de te suivre.

L'ennui n'est jamais au rendez-vous quand ils sont ensemble. C'est ce qu'il remarque depuis qu'il le connaît, depuis qu'il a décidé de le suivre. Ma Eum n'a jamais regretté ses rencontres, qu'elles soient de passage ou qu'elles restent, mais il apprécie particulièrement le danseur et son tempérament pas toujours facile à gérer. ça donne son lot de surprise, ça chasse la paresse.

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« C’est illégal, ça peut vite dégénérer en bagarre ou autres, les possibilités négatives sont infinies. Mais au moins, tu es sûr que tu t’amuseras et que tu vivras quelque chose de différent. Qu’est-ce que tu n’as jamais encore fait dans ta vie ? ». Descendant avec soin, les rétines parcourent rapidement l’assemblée, jaugeant efficacement le plus adaptable en cet instant précis : le stand de nourriture pour régaler le ventre de sa princesse ici présente. Les paumes dans les poches, il se faufile à travers les badauds bruyants, les étendards des drapeaux gagnants, les brassards des perdants et des autres participants. Sous les danses, la musique en fond et les bouteilles alignées. Il s’approche des différentes allées présenter, peur certain de leur qualité, mais vient près de l’oreille de son acolyte pour se faire entendre. « Tu veux quoi ? ».

Et une fois la réponse donnée, il se charge de payer la consommation. Dans son cas, il a opté pour de l’alcool et un regard étrange, neutre. Ils viennent près d’un groupe, s’apposant contre les murets et accessoires de fortune. « Je leur demanderai après des infos sur leurs motos, elles sont customisées. Et s’ils veulent bien pour faire un tour. Tu viens avec moi, tu veux faire autre chose ? ». Il ne se souvient pas avoir entendu l’autre dire qu’il conduit ce type de véhicule, mais son envie de tester ce bolide et sentir la vitesse dans un espace urbain, sans restriction, sans limites des autres usagers ou code de la route l’anime à bien des égards.

Assis, son corps ne cesse de bouger sous le rythme de la musique, bien qu’affaibli en raison des cris et des chants qui sonnent faux. « J'arrive, je vais chercher les brassards de nos équipes. ». Ceux du pari. Il se lève et trottine gaiement jusqu’aux participants, dialoguant avec aisance et revenant quelques instants plus tard. Sans sa bouteille, mais avec d’autres choses et un sourire élargi. « Tiens, ta couleur. Et on peut prendre celle qu’on veut, ils sont ok. ».

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Il lui vend du rêve avec ses explications. Il a beau dire que les possibilités négatives sont infinies, il doit y avoir un mince pourcentage de positif pour qu'ils y aillent. La certitude de s'amuser un peu dans un chaos environnant, par exemple.

- C'est une question réthorique? La liste pourrait être longue et la nuit trop courte.

Il y a plein de chose qu'il n'a encore jamais fait dans sa vie. Squatter un circuit illégal durant des courses de moto illégales en fait partie. Il se console, au moins ils ont des stands de nourriture et ça, ce n'est pas si illégal si? La silhouette fine se faufile à travers la foule dense et les voix fortes, se mêlant à cet air festif et enjoué sans perdre son camarade des yeux. Le bicolore n'est pas certain que tout soit en ordre mais il est mal placé pour chipoter. Le choix est sien, il indique les mets qui attirent son oeil en évitant de s'interroger sur la composition. Pas d'alcool pour lui, il tiendra plus facilement à l'eau. Et toujours en trottinant, il ne cesse de poursuivre l'ombre en mouvement.

- Tu veux conduire l'une de leurs motos?

Est-ce bien ce qu'il a compris? Il est déjà monté sur des motos, jamais à son nom, ni pour des grandes escapades. Des vadrouilles de quartier au sein d'un groupe de pote, à l'époque du lycée. Ce n'était pas à grande vitesse, ni sur des routes principales. Trop souvent sur des parkings vides après la fermeture des commerces ou sur des chemins moins fréquentés. Quant à savoir s'il veut faire autre chose, il hausse les épaules en mastiquant la nourriture dans sa bouche, les joues gonflées.

Ye Jun s'éloigne, désireux de récupérer des brassards aux couleurs de leurs équipes. En attendant son retour, l'enfant termine d'engloutir ce qu'il a pu se trouver à manger et entame sa bouteille d'eau, les jambes se balançant d'avant en arrière et tapant contre le muret.

Du rouge.
La couleur de la veste du loup.

- Tu parles des motos?

Sont-ils vraiment ok? Il espère que l'alcool soit joyeux ici, et qu'ils ne déclinent pas à tout moment pour changer d'avis.

- Tu veux faire la course? On peut toujours parier sur notre propre victoire?

Le ton de plaisanterie flotte dans l'air, il ne dit pas cela en étant sérieux et avec un sourire espiègle. Le brassard entre ses doigts, qu'il tortille dans tous les sens sans pour autant le porter à son bras. Il y a déjà ce bracelet à son poignet, un gadget offert par ses parents en cas d'urgence. Fort heureusement, ce bijoux de technologie n'a jamais servi à ce jour.

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Il cligne des cils. « Non, de ta connerie. Je me dis qu’ils seront prêts à écouter une énième info sur les pneus ou les moyens de brûler quelque chose ou de choper la crève. ». Il lui jette un regard railleur, tout en nouant le brassard contre son vêtement, que celui-ci puisse être en accord avec ses vêtements. Il ne développe pas comment il a réussi à obtenir ce droit et l’autre ne le questionne pas, donc tout est parfait. « Tu veux faire la course ? On peut, si tu veux. Mais il faut parier un truc qui vaut le détour. ». Il partage sa blague, voyant son air espiègle. Il avait dans l’idée de commencer par une simple balade, offrir la sensation de liberté sans personne à ses côtés, sans bruits et autres véhicules à toute heure dans cette capitale bondée.

« Ne te chie pas trop dessus à l’idée de conduire de gros bolides. Ce serait moche pour ceux qui la récupèrent après. ». Il en rit, avant de s’éloigner pour aller danser avec les autres, le temps que l’autre finisse de manger tranquillement. Quelques bavardages, quelques échanges murmurés, le danseur revient avec un sourire tout aussi large et l’esprit semblant léger. Et entre ses phalanges, les clés des fameux bijoux. « On peut aller se familiariser quand tu veux avec, mais on a le temps. ». Après tout, ils sont entourés de gens qui s’animent autour d’eux, leur posent des questions, chantonnent, dansent, la joyeuseté et la liberté. En omettant quelques jeux d’alcools et de stupéfiants, tout paraît assez enfantin, sans compétitivité arrogante ou besoin d’aller contre la loi.

Comme des adolescents souhaitant profiter de leurs passions tranquillement, en groupe et sans gêner personne. Il reste proche de son acolyte, guettant tout de même en cas de chahut trop conséquent pour l’emmener un peu plus au calme, près des deux roues qui n’attendent que de ronronner sous le contact. « Tu as pas mal de premières fois aujourd’hui, princesse ? On continue ? ». Il vient caresser du bout de la pulpe la carrosserie de la moto gentiment prêtée pour l’occasion. Et vu la manière de dandiner de la tête, l’adrénaline commence à pulser dans ses veines. Autant que l’envie.

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Ils peuvent en débattre longtemps de sa connerie. C'est un sujet intéressant susceptible de finir dans un examen de philosophie.

- L'essence brûle vite, le gaz aussi, mais c'est plus explosif.

C'est de la pure provocation. Le plus jeune est assez naïf pour croire qu'on ne refuse rien à Ye Jun, même une moto customisée qui vaut un rein. Il s'interroge quelque part, mais garde sa curiosité pour lui. Ce n'est pas le moment d'un interview et d'ici qu'ils s'évadent de ce rassemblement, la pensée intrusive l'aura quitté.

- Tout dépend ce qui vaut le détour pour toi?

Il est prêt à tout parier, même l'impensable. Il fait le malin, Ma Eum, mais il n'est même pas sûr de savoir correctement conduire un tel engin. Une simple balade côte à côte ne le dérangerait pas non plus, ceci dit. Le garnement roule des yeux à la raillerie de son acolyte, n'y répondant pas pour  ne pas paraître plus enfantin qu'il ne l'est déjà à l'heure actuelle. Le violacé se fond aisément dans la masse, tel un poisson dans l'eau. Le cadet est plus à l'écart, se remplissant le ventre d'une bouchée salée ou d'une gorgée d'eau à peine fraîche.

Les mains se frottent sur son pantalon, tandis qu'il saute de son perchoir pour faire face au plus grand. Son attention se focalise principalement sur la personne faisant office de garde du corps, rarement sur l'assemblée qui s'agite. Il ne tient pas à se faire entraîner par un inconnu, incité à consommer un truc ou un autre. La bouteille à moitié vide glissée dans la poche de sa veste, il fait comprendre qu'il est prêt à bouger.

Le coin de ses lèvres s'étire dans une esquisse amusée. C'est vrai qu'il découvre quelques trucs plaisants en sa présence, qu'il ne ferait pas habituellement. Les yeux s'accrochent à la forme élégante du deux roues, et il se dit qu'il est vraiment cinglé de se lancer dans des paris stupides. Pourtant il ne cesse de sourire, appuyant son index sur le siège du bolide prêté.

- Hyung, tu diras à mes parents que je les aimes.

La voix est décontractée, amusée. Il n'a jamais conduit ce modèle de moto, ni dépassé un certain kilométrage. Il pourrait se fracasser sur l'asphalte, exploser sa carcasse, que cela ne le fait pas reculer pour autant. Mieux vaut se dire qu'il a essayé, plutôt que regretter de ne l'avoir jamais fait. Le diablotin se tourne vers son partenaire de folie, la main tendue, les doigts en mouvement et les sourcils haussés. Il réclame la clé, celle qu'il n'a pas récupéré plus tôt à défaut d'avoir ses deux mains libres.

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 Il lui lance un regard presque mauvais à cette provocation, capable de lui offrir une première leçon de boxe inoubliable. Promesse qu’elle sera excessivement frappante, mais il se retient en roulant des yeux et paradant comme un paon autour des badauds et des beaux bolides. Sa tête se penche sur le côté, magnanime quant à la déclaration. « On laisse tomber, tu ne pourras jamais prétendre à ce que je souhaite et encore moins l’atteindre. On va dire que tu me dois une bouffe après ça. ». Plus simple et amicale, la compagnie de son interlocuteur lui suffit dans ces heures où son encéphale peut se permettre de penser à autre chose, s’envoler autrement que ce qui le rapproche un peu plus des Enfers. Ainsi soit-il.

Ses rétines prennent le temps d’observer la paume tendue, comme s’il pesait les tenants et aboutissants de lui céder les clés. Et après quelques longues secondes, il finit par lui déposer au creux de la main. « Tu iras leur dire toi-même. » Et avec lenteur, il opère un demi-tour vers le sien. Techniquement, l’équipement sera rudimentaire et peu adapté, mais ils auront au moins un casque. Il lève plusieurs fois la tête afin de jeter des coups d’œil vers l’écureuil peu débrouillard. « On n’ira pas trop vite, il ne manquerait plus que tu viennes embrasser le bitume pour en faire ton copain. ». Sourire espiègle en caressant du bout de la pulpe ce nouveau bolide. Il approche néanmoins le bicolore et l’aide à grimper, ainsi qu’effectuer les réglages nécessaires à son besoin.

« Je resterai près de toi de toute façon, mais mollo sur la pédale, je ne ramasse pas les morts. ». Véritable prince charmant. Avec un dernier sourire, il vient jusqu’à sa moto. Il prend appui, essayant de se calibrer, si différente de la sienne, mais l’animant à bien des raisons. Le moteur gronde, réclame de démarrer, mais il prend le temps sur les réglages. Une fois prêt, il lance une œillade à son camarade et lui fait signe, le casque camouflant sa chevelure et son visage. Mais au moins, il se sent vivant, il se sent bien.

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- Comment ça?

La mine offusquée, il lance un regard choqué à son ami sans comprendre le sens de ses mots. Il hausse à nouveau les épaules, ne cherchant pas plus loin que le bout de son nez. Ye Jun doit avoir des attentes incroyables pour dire qu'il n'est pas capable d'atteindre ce qu'il souhaite. Vrai ou faux, il n'en sait rien et il ne le saura certainement jamais. Le bicolore n'aime pas vraiment l'idée qu'on le juge, quand quelqu'un lui dit qu'il ne pourra pas, il a juste envie de prouver le contraire. Le problème avec ce comportement-là, c'est que les gens peuvent rapidement le trouver agaçant ou irritant. Et Ma Eum aime être au centre, il aime être aimé par ses paires.

Ce serait cruel de ne pas lui donner cette clé après les efforts qu'il a fait pour les obtenir. Le garçon attend, main tendue. Une seconde de plus et il aurait eu une crampe au bras, mais le violacé se décide à poser la clé dans sa paume ouverte. Son sourire s'élargit, bien sûr qu'il ira leur dire lui-même. Il l'a déjà dit trop de fois, mais ça paraît pas assez pour lui. Le casque entre les mains, il l'enfile dans un premier temps, l'oreille dirigée vers son acolyte.

- Je suis de nature sociable, que veux-tu.

Son rire résonne une nouvelle fois dans l'air, tandis que son aîné l'aide avec le véhicule à deux roues. Ce n'est pas un cheval, il aurait su comment grimper dessus. Faut croire qu'il en profite un peu, lui posant une ou deux questions sur l'engin avant qu'il ne s'écarte.

- Je ne suis pas suicidaire, ne t'inquiète pas.

Rassurant ou pas, tout dépend de Ye Jun. La moto n'a rien à voir avec les scooters de son adolescence, beaucoup plus rudimentaire et classique. Sans allumer le contact, il se familiarise avec les pédales et les poignées. Quelques œillades vers son partenaire et il tente d'apprendre de lui, de l'imiter, de le copier. Son coeur bat fort, il s'agite dans sa poitrine comme une percussion lors d'un concert de musique. Les regards se croisent, il opine du chef sous la question qui brûle ses rétines. Ils peuvent se lancer, effleurer cette nouvelle liberté.

Contact allumé.
Moteur qui gronde.

Il s'accroche, mais reste prudent. Il dose, sans précipitation, sans geste brusque. D'un mouvement plus lent, plus précautionneux, comme si la peur de chuter rôde dans un coin de son cerveau. Il se pavane beaucoup, Ma Eum, mais il agit bien trop souvent à l'encombre de ses paroles confiantes et nonchalantes. L'aiguille sur le cadran ne va pas à l'opposé, lui-même ne tente pas de distancer son camarade par crainte de le perdre. Prudence est son mot d'ordre.