Fluorescent Adolescentsong || outfit || @Jang Ma Eum

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Il penche la tête sur le côté. « Pourquoi jouer l’offusquer ? Tu ne peux pas, c’est un fait. C’est un domaine que tu ne connais pas. ». Il soulève les épaules, les étire, la réponse et la conviction si forte et palpable, comme une vérité qu’on ne peut contester. Et cela ne le dérangera pas outre mesure, puisqu’il ne parait pas poser d’autres questions. Préférant déambuler jusqu’aux motos pour en frôler les carrosseries et lécher les perspectives. À base de rire et de boutades bienheureuses dans un but léger, jusqu’au moment fatidique des ports des casques, de la sensation de chevaucher ces bolides et de sentir cette adrénaline vibrante. Restant à une distance de sécurité, comme la vitesse et les déplacements, toujours le visuel de son compagnon de route en cas de péripéties non désirées. Mais de se sentir bien, profitant du manque de circulation pour en profiter, le sourire aux lèvres.

Comme ce qu’il se présente dans son rétro. Il avance un peu, fais signe à son acolyte de tourner au prochain angle, prudemment. Et ce faisant, de le suivre et de s’arrêter après quelques longs tours. Sûrement pas assez aux goûts des jeunes, mais, en retirant son casque, il s’enfonce avec le bicolore dans une ruelle. « J’ai vu un groupe nous suivre et vu la couleur des brassards, peu sûr que ce soient des copains. Je préfère être méfiant et attendre. S’ils repassent, c’est qu’ils nous cherchent, sinon, c’est qu’ils font simplement leur petite course à eux. ». Dans les deux éventualités, il désire minimiser le risque de chute, n’étant aucunement équipés comme les autres. Eux font cela par jeux d’enfants, mais forcément les autres, avec leurs combinaisons.

Motos dans un coin, le danseur est contre un mur. Ses bras sont croisés, ainsi que les chevilles et son allure presque trop intimidante. Sa tête est légèrement baissée, comme s’il était dans ses propres pensées. « Je te ramènerai quand on partira d’ici, j’ai ma bagnole. ». Il ne sait pas comment l’autre est venu et a l’air de s’en foutre complètement, son ordre éclaté comme un roi à son chevalier. Il vérifie régulièrement les sons des motos, tournant, ralentissant, le laissant dans une contrariété frappante. « Ils commencent à me faire chier à tourner autour. ». Ye Jun n’a jamais été quelqu’un de très tendre, sûrement quand il ne saisit pas encore la raison.

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S'il ne connaît pas, comment pourrait-il savoir que ça ne lui convient pas? C'est vrai que Ma Eum ne sait pas tout, qu'il ne peut pas tout apprendre dans un livre ou sur internet. Qu'il y a bien plus de mystère dans le monde et dans la vie en générale qu'il pourrait croire. Même si ça l'intrigue de l'entendre, le bicolore ne cherche pas à creuser plus en profondeur. S'il ne peut pas, il n'ira pas. C'est aussi simple que ça, il n'a pas d'intérêt de vouloir briser un mur dressé devant lui si l'auteur de cet ouvrage ne le souhaite pas. Et toute son attention se porte sur les motos par la suite, laissant s'envoler les quelques questions apparues dans son esprit. Il est là pour s'amuser et passer le temps, loin d'une conversation sérieuse ou de vérité à moitié révélée.

La sensation n'a rien à voir avec ce qu'il a pu connaître en étant plus jeune, mais pas moins insouciant. L'impression de s'envoler à travers le ciel, d'être pleinement libre. Il ne sent pas vraiment l'air dans ses cheveux à cause du casque, mais il peut l'imaginer. S'il n'avait pas la route à surveiller, les paupières tomberaient sur ce monde de flash et de lumière. Au lieu de quoi, il l'imprime dans sa rétine et le range dans un tiroir de sa conscience. C'est un souvenir qu'il pourrait ressortir à tout moment, n'importe quand. Le cadet suit son camarade, tournant et virant quand il le réclame, pour venir se poser dans une ruelle.

ça ne l'enchante pas de savoir qu'ils peuvent être suivi ou pourchassé. Pourquoi? Dans quel but? Il s'interroge encore, mais n'émet aucune question pour le moment. Les yeux portés vers la ruelle qu'ils viennent d'emprunter, il entend mais ne voit pas. Le bicolore ne comprend pas la raison de ce jeu, de cette chasse. Ils ont eu l'accord pour prendre les bolides, alors quoi? Ils veulent faire la course? à moins qu'ils souhaitent juste faire comprendre qu'ils n'ont rien à faire ici, parmi eux.

Casque posé sur la moto, il descend et pose ses pieds à terre. L'ordre est donné, sans chercher à savoir si l'autre est venu par lui-même. Ma Eum ne conduit pas, il préfère les moyens de transport en public que la galère d'une circulation où il faut avoir les yeux de partout.

- Tu es bien attentionné.

Il aurait pu le laisser à un arrêt de bus ou loin de ce bordel. Au lieu de quoi il propose de le ramener en voiture. Appuyé sur le deux roues soutenu par la béquille, il attend aussi que les moteurs se taisent au loin.

- Ce serait cool d'avoir un pouvoir pour se téléporter ou voler.

énonce le plus jeune en soupirant, les bras croisés sur son thorax.

- On peut prendre les égouts, comme les tortues ninja.

La référence n'est peut-être pas la meilleure et il se doute que Ye Jun va l'enguirlander s'il recommence à déconner bêtement. Il hausse les épaules, se détachant de son appuie pour faire quelques pas.

- Je ne te propose pas de se séparer? Je pars vers là-haut et toi, de l'autre côté. Sinon on peut attendre là qu'ils se lassent et s'en aillent.

Il vient se poster devant le violacé, attendant une solution ou une idée quelconque.

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Il soulève les épaules en guise de réponse. Le terme n’est pas vraiment approprié lorsqu’on parle du danseur, mais il ne s’en plaindra pas. « Ou pouvoir passer à travers les murs. Pas besoin de contourner quoi que ce soit, tu passes. ». Mais il est vrai que la téléportation ou le fait de pouvoir voler serait un bénéfice non négligeable. Lorsqu’il mentionne les tortues ninja, un air de dégoût se fissure sur son beau faciès, comme un prince refusant de connaitre les chemins empruntés par la plèbe, pour caricaturer grossièrement. Lorsque son compatriote se retrouve devant lui, celui-ci pose sa paume sur celle du bicolore.

« Là, tu parles plus intelligemment. Passe par les toits, mais reste sur les semi-basses, tu pourras passer de l’un à l’autre sans trop d’effort, ni risque de chute alarmante. L'énorme étendard noir est dressé pour tous les groupes, tu entendras la musique. Tu y vas et tu expliques la situation. ». Il se détache du mur et s’étire les muscles comme un entrainement avant de pratiquer. Échangeant un bref regard avec son interlocuteur, il lui octroie une frappe amicale sur ses fesses, le poussant à déguerpir. « Je gère en bas, c’est tout ce qui compte. ». Suivi d’un sourire carnassier dont il est habitué. Lorsque son homologue prend enfin le chemin désiré, Ye Jun vient subtiliser l’un des casques et se place près du mur et reste attentif. Dès qu’il voit le groupe de motard passé, il compte à plusieurs reprises, à chaque fois qu’ils passent.

Et, au bout d’un moment, il lance son bien entre les roues d’une seconde moto, déstabilisant et les laisser chuter comme des quilles de bowling. Avec un sourire, il fait signe à celui d’en haut de tracer autant qu’il peut et accélère de son côté. Il se met en ligne de mire des personnes qui hurlent des obscénités et qu’ils désirent lui faire la peau – avec, comme seule réponse, un joli doigt du milieu, levé en leur direction. Maintenant, il joue à travers les ruelles afin de les semer efficacement, prenant un chemin différent de Ma Eum, pour qu’ils ne le repèrent pas.

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Les traits du visage se contractent sous l'idée farfelue de jouer à Spiderman. Il a toujours été un fan, Ma Eum. Peut-être pas des araignées, mais du héro piqué par l'une d'entre elles. Pour autant, a-t-il envie de s'amuser à parcourir les toits des maisons en priant pour ne pas se rompre le cou? C'était son idée, partiellement car il parlait de se séparer sur la route. Son doigt devait indiquer le mauvais angle, lançant ainsi une controverse dans cette parenthèse. Le bicolore ne cherche pas à corriger le malentendu et acquiesce les directives de son aîné. Avec un peu de chance, et une grande dose de courage, il s'en sortira très bien en passant par là-haut. Sans toucher le ciel non plus, assez haut pour ne pas être repéré, mais pas assez pour s'envoler.

- Tu ne paries pas sur le meilleur cheval.

Il tient à le dire, il n'est pas le meilleur pour la course et encore moins pour l'endurance. La tape le fait sursauter, une légère grimace déformant son expression soucieuse. Il n'a pas à s'en faire pour lui-même. Les risques sont plus nombreux pour celui en moto que celui prenant son temps plus haut. Il aura toutes les secondes nécessaires à sa disposition pour calculer son coup, pour examiner son environnement, pour savoir si la chute sera longue et l'impact douloureux. Non, sincèrement, il n'y a aucun risque là-dedans.

- Fait attention à toi.

Aucune effusion, ni même un câlin d'adieu. Ce n'est qu'un court au revoir, une salutation de la main avant qu'il ne file vers son destin. Ma Eum n'est pas très adroit, il est gauche comme personnage, mais il n'est pas dépourvu de débrouillardise. Qu'il soit maladroit ne l'empêche jamais d'agir, quitte à se vautrer ou rester bloqué. L'adrénaline le pousse, tel un coup de vent dans le dos. Il s'aide comme il peut pour arriver à son point ciblé, prudemment, mais sûrement.

Le fracas de la bataille en contre-bas lui parvient, le corps toujours en mouvement et l'esprit aiguisé pour ne pas déraper. Comme l'a conseillé le violacé, il reste sur les semi-basses, ceux l'amenant plus loin à chaque pas. Parfois il prend une pause, inspire et expire. Son coeur se contracte sous les émotions, sous les efforts qu'il lui impose. Une main se glisse sur son visage, chassant la fatigue et la paresse qui le gagne. Difficile de savoir comment s'en sort Ye Jun, mais lui, il progresse à sa manière. Quand les toits ne lui permettent plus de parcourir une autre distance en hauteur, le bicolore revient les pieds sur terre et continue sa route à couvert. Il passe sous les toits, entre les bâtiments. Un regard de gauche à droite, aucun son qui le surprend.

Et sa carcasse atteint son but tant désiré, rejoindre l'étendard noir. La parole lui manque, il est essoufflé et le palpitant gonflé. Les regards ne le captent pas, emporté par l'effervescence et les festivités. Sa patience ressemble à un fil tendu sur lequel on tire, et on tire, jusqu'à le voir céder. Et il hurle. Il dirige l'attention sur lui dans un élan de panique, la poitrine à vif. Quand les regards se portent sur lui, il met la douleur thoracique de côté pour se concentrer. Un mot après l'autre, sans bégayer, sans trébucher. Il explique cette situation insensée auprès de gens insensés, et tout cela lui paraît presque normal. De l'aide, c'est tout ce qu'il souhaite.

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Et tout le monde se place autour de lui. Les questions, les inquiétudes, le besoin d’aide qui est réclamé aussi ardemment. De comprendre la situation et de prendre en main rapidement les choses. Tout en demandant au jeune de se poser sur le côté, de lui offrir de l’eau, à manger, une couverture. De quoi se couvrir, de calmer, s’apaiser après ce tumulte. Le monde s’agite, se désordonne, s’esquive et s’échappe. Les lumières sont moins fortes, la musique s’éteint peu à peu et les silhouettes se détournent un à un. Bientôt, peu se retrouve au centre de cette fête qui prend lentement fin, dans la précipitation, à cause de ceux qui ont causé des problèmes. Des habitués des casses, des vols, des ennuis.

Expliquant qu’ils s’attaquent toujours aux nouveaux, à ceux qui réussissent, pour se prouver quelque chose qu’ils n’ont pas. Et malheureusement, les deux acolytes se sont retrouvés mêlés à ce qui ne les regarde pas, ce qu’ils ne savent pas. Mais les motards rassurent, restent présents, recherchent et assument. Et dans tout cela, pas l’ombre du danseur. Qui revient des minutes, bien trop longues. Qui se comptent, qui s’entrechoquent, qui s’exaspèrent. Avec ce même rictus aux coins des lèvres, sous cette démarche féline et son aura intimidante. Le poids s’affaisse, les genoux craquent lorsqu’il se pose devant le bicolore. Les phalanges sont rougeoyantes, écorchées, à vif. Traces tâchant le rouge de son vêtement, quelques gouttes sur son pantalon. Et la tignasse qui se penche légèrement sur le côté. « On rentre ? ».

Pas d’autres questions. Celles qui peuvent se poser, avec légitimité. Qu’il ne pose pas, observant avec minutie chaque expression qui se glisse devant lui. Chaque émotion qui peut transparaitre, chaque réaction. D’être si attentif, le Loup qui attend patiemment. Qui ne délivre pas d’autres syllabes, se contentant de rester accroupi, camouflant son ami par sa corpulence auprès des autres. Il attend le moment, se relevant en tendant sa main pour l’aider à en faire de même, quand il voudra. Ils ont la nuit. Ils ont le temps.

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L'agitation perturbe son battant, l'écrasant dans cette cage fait d'os. Il déglutit, la gorge sèche et la sueur perlant sur son front. Un trouble qui s'imprime sur l'expression de son visage, les sourcils froncés et les doigts crispés sur la bouteille d'eau offerte. Assis dans un coin, les épaules ployant sous le poids de l'inquiétude. Il cherche du regard son ami, balayant la foule de motard qui se dispersent. Les mains sur les oreilles pour atténuer le grondement des moteurs et les éclats de voix. Le temps paraît s'étirer lentement, creusant toujours plus le trou dans sa poitrine. Cette sensation d'étouffer, de perdre son souffle même en inspirant à fond. Il se fait un sang d'encre, le dos voûté et le visage dans les paumes de ses mains tremblantes.

Et une question s'impose à lui. Même plusieurs, toutes en rapport avec son aîné. Où est-il? Est-ce qu'il va bien? A-t-il eu des problèmes? L'ont-ils attrapés? Il se mord la lèvre inférieure, réprimant une supplication au fin fond de son être pour ne pas prier tous les dieux de l'épargner. Il ne l'a jamais fait, pas même pour lui. Les yeux se relèvent quand une ombre se dessiner à ses pieds. Il croise son regard, sans un sourire, une lueur froide dans les rétines. Il a eu peur. La voix ne l'exprime pas, mais son œillade peint chaque mot dans l'air. Il pourrait le maudire pour cette crainte assourdissante, pour le sang qui pulse dans ses veines ou le battement effréné de ce fichu organe déformé qui ne cesse de rompre ce silence de mort.

- Hum.

Un simple son, un accord délivré. Le dos redressé, il craque sous le mouvement tandis que son attention tombe sur le violacé. Une nouvelle fois il dirige son regard de la tête aux pieds, jugeant de son apparence différente et inquiétante. L'anxiété refait surface, il tente d'appuyer dessus comme pour la noyer. Main tendue, il scrute les doigts abimés en pinçant ses lèvres. Et délicatement, il attrape cette main de la sienne, à la peau douce et aux bagues en argent.

- Tu t'es battu? Tu vas bien? Ils t'ont aidés?

Le bicolore ne peut retenir les bulles qui enflent dans sa conscience. Elles éclatent une à une, se faufilant sur sa langue pour filer dans la nuit. La main toujours prisonnière de la sienne, il la tourne et la retourne en évitant de briser son poignet. Simple observation, la tête penchée d'un côté ou d'un autre, suivant le mouvement qu'il impose aux phalanges rougeoyantes.

- Partons d'ici.

La réponse qu'il n'avait pas clairement donné tout à l'heure et qu'il se décide à délivrer. Il est temps de revenir à la réalité, d'écarter les dangers, de panser les plaies.

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Un rire s’échappe des lèvres du chorégraphe, laissant l’autre observer ses paumes aux meurtrissures apparentes. « T’occupes princesse, tout est sous contrôle. Ça me va droit au cœur, toute cette inquiétude. Tu veux faire le bisou magique ? ». Il pose sa main, celle tenue par l’autre contre son battant, riant de plus belle à l’expression octroyée pour sa boutade déplacée. Il vient lâcher leurs phalanges et tapoter la caboche de son interlocuteur avec un geste léger, comme s’il avait peur de lui faire du mal, le frôlant de la pulpe de ses doigts abimés. Qu’il vient très vite fourrer dans ses poches et d’un mouvement du menton, lui indiquer de le suivre. Loin des sons qui s’amenuisent, des éclairages moins éclatants, de cette adrénaline qui redescend doucement. Revenant comme une eau calme après un trouble important, laissant les pensées s’infiltrer au fur et à mesure.

« J’ai de quoi boire ou grignoter dans ma voiture, au cas où. ». L’œillade effilée vers celui qui marche à ses côtés, avant de lever les mirettes vers le ciel nocturne. « Ça va ? ». Enfin, elle se pose. Questionnant celui qui ne peut traverser autant de péripéties. Celui qui vit des dangers au-delà de l’acceptable, sous la conscience de l’efficacité cardiaque si différente entre les deux. De cette nonchalance qu’éprouve le boxeur dans sa confiance, sous ses aventures paraissant n’être qu’un détail dans sa vie, lorsqu’il s’étire comme un chat. « Tes parents m’écartèleront s’ils l’apprennent. ». Et cela l’amuse, le fait rire. La noirceur des propos, la provocation de ce danger. Et le soupir nasal qui semble si peu surpris du constat. Savoir que des parents protègent cette bouille d’écureuil est un réconfort quand d’autres ne le connaissent pas.

Ni jalousie, ni envie. Pas lorsque l’éducation et les efforts sont tournés vers le superficiel et ce qui ne s’offre qu’à soi-même. Avançant jusqu’à un parking souterrain, vers une belle voiture. Bien plus cher que sur le marché habituel. D’un mouvement du menton. « Grimpe. ». Lui, ouvre la portière côté conducteur et s’y engouffre. Il se tourne à l’arrière, prenant une couverture et la jette négligemment sur l’autre. « Envie d’un dernier détour ou je te ramène ? ». Peu importe, tandis qu’il allume ses phares et lance la voiture. Ils sont en sécurité, sous la nuit tombante. Vers le calme, enfin.

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- Ne me tente pas.

C'est droit dans les yeux qu'il prononce ces quelques mots, la mine boudeuse. L'inquiétude est un sentiment normal chez l'humain. La peur de voir l'autre blessé ou l'abandonner, la crainte qu'il se fâche ou que les mots dévoilés soient mal considéré. C'est parfois plus facile d'être inquiet et d'avoir peur, que de ressentir le bonheur et la joie. S'il dit que ce n'est rien, le bicolore n'insistera pas. Il ne le croit pas pour autant, pas entièrement, mais il accepte. Ses doigts libres viennent frôler la chevelure frôlée, une moue sur le visage. Son cerveau envoie l'ordre à son corps quand son aîné lui indique de le suivre, de partir d'ici. Et ses jambes obéissent, un pied après l'autre, jusqu'à s'éloigner de la zone où ils avaient échoués.

- Tu veux m'engrosser comme une oie?

Il a déjà pris un encas tout à l'heure, pendant qu'il marchandait avec les motards pour emprunter deux bolides. Il a même eu droit à une seconde bouteille d'eau quand il est arrivé en panique. Néanmoins, il est content que Ye Jun soit aux petits soins pour lui.

- Ce serait plutôt à moi de te demander. On dirait que tu as affronté des hyènes.

Façon de décrire les personnes après eux, ceux qui les ont pris en chasse. Pour répondre à sa question, Ma Eum se tapote la poitrine du plat de sa main, comme pour dire que tout va bien tant qu'il bat correctement.

- Plus de peur que de mal.

C'est vrai qu'il a fait des efforts éprouvants pour rejoindre l'étendard, mais il va bien. C'est toujours une fierté pour lui de s'en sortir dans sa condition, malgré toutes les fois où ils lui ont dit de se calmer. Il n'est jamais calme, d'une manière ou d'une autre, il trouvera de quoi faire qui ne soit pas noté dans sa liste de recommandation.

- Ils n'en sauront rien, si tu ne dis rien.

Pas vu, pas pris. La devise qu'il préfère dans ce monde. ça le fait toujours sourire de jouer de cette expression comme si tout lui était permis tant que personne ne sait réellement ce qu'il fait. Si jamais les parents l'apprennent, il est évident qu'ils seront en colère. Peut-être bien qu'il ne reverra plus la lumière du soleil, prisonnier dans une chambre dont la fenêtre est condamnée par des barreaux. à moins qu'il soit enfermé dans un placard sous un escalier.

La voiture fait son effet, un sifflement voltigeant au-dessus de leurs têtes. Il aimerait tant avoir une voiture, si la peur de faire une crise au volant n'était pas présente. Les doigts sur la poignée, il ouvre la portière et se laisse tomber sur le siège passager. étonné par son geste, il prend la couverture entre ses doigts et l'examine. D'où sort-il autant de petites attentions? Cela le fait sourire.

- Quitte à me faire pulvériser par mes parents, autant faire un dernier tour.

Il le sait, ils ne sont pas tendre quand il dépasse les heures autorisées, mais Ma Eum possède l'esprit rebelle d'un jeune chiot. Ceinture accrochée, la couverture posée sur ses genoux, il porte ses yeux sur les vitres en attendant que le décor change et qu'il puisse admirer la vue.

- Où comptes-tu aller?

Fluorescent Adolescentsong || outfit || @Jang Ma Eum

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Il tend la joue, le buste légèrement en avant, comme un chat réclamant sa caresse. Néanmoins, il finit par arborer un sourire en coin et tapoter la tignasse colorée de son interlocuteur. Ainsi, ils retournent doucement vers la voiture du danseur, lâchant un faible rire sur sa lutte contre les motards quelques longues minutes auparavant. « L'aspect pratique de se croire invincible est qu'ils sont devenus prévisibles. Ajoute un peu de provocation et ça se termine assez rapidement. » L'avantage de son habitude à combattre, quand bien même, il ne possède pas les traits. Il tourne ses mots envers l'autre, hochant brièvement la caboche sur son état actuel. Les rues sont tout aussi animées, roulant au pas sous les sons des klaxons et de la foule.

Dorénavant, ils sont bien loin de la route qui n'appartenait qu'à eux. De nouveau, il souffle du nez sous l'amusement, une main sur le volant. « Je leur en ferai part avant de dire que c'est de l'humour. Ils n'oseront rien me dire. » Faire passer la vérité comme une blague de mauvais goût. Ainsi, ils sauront, sans toutefois apposer cette vérité sous les mots prononcés comme un mensonge. L'art de la parole et de comment les manier. Ce qui l'amuse davantage. Lorgnant l'heure, il se dit que les horaires fixés diffèrent selon l'éducation, apparemment. « Il est à peine vingt-trois heures. Tu rentreras avant minuit, Cendrillon, ne t'en fais pas. » Il rit devant ce nouveau surnom, toujours dans la même ligne. Les lumières s'allongent et alignent d'autres décors, tout aussi urbains, tout aussi bruyants. Mais, lentement, les quartiers semblent plus aisés, mieux entretenus, une ambiance bien différente. « Un pied dans mon monde, princesse. »

Celui qu'il côtoie depuis sa naissance, qu'il arpente encore aujourd'hui, à des occasions. Emprunter les routes comme le rouage d'une horloge, connaissant chaque voie empruntée, chaque allée. Une habitude si encrée que la nonchalance s'expulse d'un soufflement nasillard à peine audible. Quelques œillades paresseuses s'opèrent envers son voisin, le laissant observer à sa guise tout ce qui en découle. Lui repère immédiatement les changements, ce qu'il a entendu ou signé quelques semaines auparavant et qui se construit, se vend ici et là. « Je m'arrêterai quelques instants. Tu peux me suivre, il n'y aura quasiment personne à cette heure-là. » Il s'engage vers d'autres chemins, les buildings toujours plus modernes et en hauteur. Loin de leur petite balade d'après-midi. Un tout autre monde.

Fluorescent Adolescentsong || outfit || @Love Ye Jun

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L'enfant est innocent, le combat n'est pas son domaine de prédilection. Il préfère user des mots, maîtriser par la parole. Et si vraiment ça ne fonctionne pas, la fuite est son dernier atout. Les mains lui sont utiles pour discuter au travers de grands gestes expressifs, rien de plus. Que l'autre se rassure, il a ressenti la peur et la panique, mais ce sont les seuls choses à noter chez lui. Aucune blessure, aucune crise. ça aurait pu être pire, mais encore heureux qu'il ne refasse pas son monde avec des "et si" sans intérêt.

Tout comme la bagarre, mentir n'est pas une qualité chez le bicolore. Il préfère déformer la réalité pour la rendre plus jolie et bonne à accepter, ou alors il garde simplement sa langue dans sa bouche pour s'éviter bien des soucis auprès de ses parents facilement inquiet. Ye Jun s'en amuse, mais cette idée fait grimacer le plus jeune.

- Ils sont assez paranoïaque pour te croire! Même si tu dis que tu plaisantes.

Et s'ils ne disent rien au loup, ils peuvent toujours coincer l'agneau. Ma Eum ne sait pas mentir, même quand il tente sa chance, son sourire le trahi. Le tic tac de l'horloge est, à bien des manières, son ennemi. Il lui mène la vie dure en ne sachant pas quand est-ce qu'il va s'arrêter, mais il amène aussi son lot d'agacement quand il approche des heures fatidiques où il n'est pas conseillé de traîner dehors. Faire le mur est une idée, une sortie de secours pour donner l'illusion qu'il est à l'abri. Tant qu'il n'est pas vu, pas pris. Alors peu importe l'heure, que la lune soit à son apogée ou que le soleil commence à se lever à l'horizon. Il n'en fera toujours qu'à sa tête, n'écoutant que ses propres désirs.

- De toute façon, ils n'oseront rien te dire.

N'est-ce pas ce qu'il a dit plus tôt? Son visage exprime de l'amusement, il n'est pas inquiet de débarquer chez lui après minuit. Dans tous les cas, il ne laissera aucune chaussure de verre derrière lui. Séoul possède son lot de chose à voir, de la ruelle piteuse aux beaux quartiers, en passant par la classe moyenne comme la sienne. Il ne siffle pas cette fois-ci, baladant juste ses iris sur les devantures des habitations.

Son monde coûte cher. Il se demande bien quel genre de métier faut-il avoir pour se payer une telle baraque. Ce n'est pas son univers, mais il n'a pas d'aprioris dessus. Il connait sa place, sans vulgarité, sans se ranger dans une case. La seule chose que peut acheter l'argent, dans son cas en particulier, c'est sa propre santé. Si ses parents ne sont pas riches, c'est bien parce que leurs salaires se retrouvent inéluctablement dans une facture d'hôpital. Au moins une fois sur trois, laissant peu de chance aux petites économies.

- Tu ne vis pas seul?

ça le fait tilter, sa façon de dire qu'il n'y a quasiment personne à cette heure-là. Quant à le suivre, si le violacé donne son aval, il n'a pas de raison de rester enfermé dans la voiture jusqu'à son retour. Le menton se soulève, puis s'abaisse, dans un accord silencieux.